12.
Comment les politiques se protègent du peuple, en prétendant le protéger.
___________________________________________________________
« Les empereurs romains n’oubliaient surtout pas de prendre le titre de Tribun du peuple, parce que cet office était tenu pour saint et sacré ; établi pour la défense et la protection du peuple, il jouissait d’une haute faveur dans l’État. Ils s’assuraient par ce moyen que le peuple se fierait mieux à eux, comme s’il lui suffisait d’entendre ce nom, sans avoir besoin d’en sentir les effets. »
Étienne de la Boétie, discours de la servitude volontaire.
1574 !!!
Le vocabulaire a changé, mais le principe demeure :
Ceux des maîtres du monde qui occupent les parlements, les ministères, ou toute position sommitale des hiérarchies institutionnelles, prennent grand soin de régulièrement rappeler qu’ils sont les « représentants » du peuple, surtout lorsqu’ils sont contestés dans leurs actes. Ils espèrent s’assurer, par ce titre, de la confiance du peuple , lui laissant entendre qu’ils font don de leur personne à la nation, et consacrent toute leur énergie physique et mentale à l’édification d’un mieux commun.
… « tu parles Charles » …
Tribun du peuple & représentant, c’est à deux millénaires près bonnet blanc et blanc bonnet.
Mais j’ai déjà publié sur les représentants ;)
De cet extrait de La Boétie, retenons ce premier mécanisme de l’enfumage, qui consiste, pour le maître, à se dire au service.
Un enfumage plus général et riche en outils divers et variés permet au petit nombre des enfumeurs d’enfumer le grand nombre des enfumés. C’est cela qu’on nomme démocratie. Dans ce nuage étouffant, certains réussissent pourtant à percer de leur regard une fumée voulue opaque. Ceux là toussent, et ça s’entend, hélas trop peu. C’est ceux-là qu’on nomme lanceurs d’alerte ...
Outils divers et variés, disais-je ; je vais ici faire allusion à quelques uns d’entre eux.
Certains thèmes ont déjà été abordés sur « mon mur », mais j’avais envie d’en faire un paquet thématique. Limité à quatre pages A4, ère du zap oblige.
;;;;;;;;;;;
1)
« Il n’y a pas d’argent magique » ; ça, face une infirmière qui en lieu public lui égrenait les malheurs et impasses du service public santé, c’est l’argument massue utilisé par l’actuel résident du palais de l’Élysée. Mais avec d’autres mots, c’est aussi l’argument de tout hiérarque qui prône la prétendue nécessaire rigueur, pour justifier la destruction de ce qui fut édifié en 1945, dans une France pourtant désargentée.
« Il n’y a pas d’argent magique » est en réalité un mensonge : depuis ~1975, il n’y a que de l’argent magique !!! Toute monnaie mise en circulation est créée ex nihilo ( à partir de rien ), et qu’il y en ait assez et là où il est impératif qu’il y en ait assez, cela ne dépend donc que de la bonne volonté des créateurs de monnaie ou de leurs donneurs d’ordres. Des gens qui ont fait de hautes études savent cela, et s’ils propagent ce mensonge, ce n’est pas par ignorance, c’est volontaire ; ces gens sont des menteurs, des enfumeurs.
Outre le mensonge direct, il y a le mensonge par omission. Grand soin est pris par la classe politique dominante d’oublier de rappeler que c’est cette même classe qui a autorisé les banques commerciales à battre monnaie et a interdit aux banques centrales de financer le nécessaire vital, celui des États, des communautés locales, voire celui des gens.
Cette dissimulation autorise ensuite les « tribuns du peuple » à le trahir, en prétendant l’équilibre budgétaire, voire la rigueur, être une nécessité analogue à celle que vit un individu ou une famille. Ceci est ce qu’on peut appeler un mensonge second, en ce sens que le mensonge amont le rend possible.
Nous pouvons ensuite nous interroger sur l’intention qui préside à cette vilenie.
Création d’une angoisse collective, donc d’une obéissance collective … osons penser cela, et attendons de pied ferme les qualificatifs « complotiste » ou « populiste » ……………
Il faudra(it) que je publie un texte court décrivant simplement un mécanisme monétaire juste et facile à comprendre :)
Ne doutons pas qu’alors les flèches du type « complotiste » seront remplacées par la dénonciation fallacieuse du « yaka » et de « l’utopisme ».
Car parmi les outils de la dominance, il y a le spray lexical balancé sur tout ce qui bouge ...
Humour caustique : je ne pense pas pouvoir copier un modèle monétaire sain à partir des discours de campagne des candidats à la présidence de ce dernier demi siècle ……..
;;;;;;;;;;;
2)
A l’occasion d’un longue interview de début d’année, le président de la République justifie ses actes ( en particulier les bombardements français en Syrie ) en se fondant sur le fait de l’élection et sur les institutions de la cinquième république.
Sa réponse s’inscrit clairement dans le thème annoncé en haut de page.
Le politique s’appuie sur les institutions pour se protéger du peuple, et quant à lui, le peuple est interdit d’action politique par ces mêmes institutions.
J’ai déjà publié à ce sujet ;) et me contenterai donc de retranscrire les mots du personnage, ce que je n’avais pas fait à l’époque ; pour qui est au parfum, c’est triste à pleurer. Mais il y a hélas des esclaves ignorants qui ne percevront peut être pas la saveur de ce morceau d’anthologie ; j’en sais qui pourraient même me rentrer dans le lard, qui devraient lire La Boétie ...
« … Je ne parlerai pas d’un pouvoir solitaire, je parlerai d’une responsabilité, celle de chef des armées, qui est définie dans notre constitution ((( ndlr : bien noter le « notre » ))) ; c’’est pas moi qui l’ai décidé, c’est notre constitution, et donc cette constitution, elle a été votée par le peuple français, ça peut vous déplaire, mais c’est le cas ((( ndlr : En 1958, le peuple n’a pas rédigé, n’a fait que répondre à un choix binaire, entre une forme de sa soumission et une autre ! ))) et donc, cette constitution, elle prévoit qu’il y a un chef des armées qui ne décide pas seul, il y a un chef d’état major particulier, un ministre des armées, … de par l’élection présidentielle, dans le mandat qui est donné démocratiquement par le peuple au président de la République, il y a ce mandat de chef des armées ((( ndlr : le peuple n’a pas d’autre choix que celui de délivrer ce mandat à l’un des candidats )))
… La question que vous posez, c’est celle de notre constitution …
Le pouvoir du parlement, il est défini par notre constitution et donc notre constitution prévoit à l’’article 35 alinéa 2 cette information et un débat sera organisé lundi à 17 h … on ne va pas changer de constitution parce qu’elle ne vous plaît pas ; si elle ne vous plaît pas, vous pouvez proposer de la changer, vous présenter devant le peuple pour la changer ((( ndlr : sans financement et face aux médias mainstream …… ))) ; c’est ça la souveraineté du peuple ((( ndlr : tu l’as dit bouffi:) ))) ; ce n’est pas dire : moi elle ne me plaît pas, ou, elle est archaïque »
Je ne publie pas tout de la transcription, la suite est du même tonneau ...
;;;;;;;;;;;
3)
Ici, je suis paresseuse et ne commenterai pas le discours de Madame Pénicaud, qui quand un parlementaire propose un référendum lui répond qu’on n’a pas besoin de consulter le peuple pour modifier la constitution … Manu pourra donc faire ça tout seul … Ben voyons … Un 2005 en 2018 fait peur aux démocrates de pacotille, c’est sûr ...
;;;;;;;;;;;
2) & 3)
Les deux précédents exemples ont ceci en commun qu’ils sont connexes à l’idée de constitution. On y voit deux dominants qui s’appuient sur un texte quasi sacré pour justifier leurs actes ( actes que je prétend malveillants, et je ne suis pas seule ).
La constitution est ce texte sacré qui devrait protéger le peuple des abus de pouvoir.
Elle est en fait le texte faîtier qui protège les abus de pouvoir et leurs acteurs de la contestation légitime des masses.
Il s’agit d’une mise à l’envers du sacré, qui fait du prétendu souverain peuple un peuple obéissant, et de qui devrait n’être qu’un mandaté obéissant fait un maître abusif.
Cela tient au fait unique que la constitution est écrite par les gens de pouvoir.
Attendre d’eux qu’ils écrivent un texte qui nous protègerait d’eux est d’une grande naïveté.
Ayant écrit ou modifié ce texte, ils proposent au peuple de l’adouber, ou décident sans lui, mais jamais le peuple n’écrit.
Remercions au passage le promoteur essentiel de cette compréhension simplissime et pourtant vitale : Étienne Chouard. Engagement continu depuis 2005 ...
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4)
N’hésitez pas à déposer en commentaires :) quelques autres de ces outils de l’enfumage des peuples par le petit nombre.
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This shit must end.
Comment les politiques se protègent du peuple, en prétendant le protéger.
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« Les empereurs romains n’oubliaient surtout pas de prendre le titre de Tribun du peuple, parce que cet office était tenu pour saint et sacré ; établi pour la défense et la protection du peuple, il jouissait d’une haute faveur dans l’État. Ils s’assuraient par ce moyen que le peuple se fierait mieux à eux, comme s’il lui suffisait d’entendre ce nom, sans avoir besoin d’en sentir les effets. »
Étienne de la Boétie, discours de la servitude volontaire.
1574 !!!
Le vocabulaire a changé, mais le principe demeure :
Ceux des maîtres du monde qui occupent les parlements, les ministères, ou toute position sommitale des hiérarchies institutionnelles, prennent grand soin de régulièrement rappeler qu’ils sont les « représentants » du peuple, surtout lorsqu’ils sont contestés dans leurs actes. Ils espèrent s’assurer, par ce titre, de la confiance du peuple , lui laissant entendre qu’ils font don de leur personne à la nation, et consacrent toute leur énergie physique et mentale à l’édification d’un mieux commun.
… « tu parles Charles » …
Tribun du peuple & représentant, c’est à deux millénaires près bonnet blanc et blanc bonnet.
Mais j’ai déjà publié sur les représentants ;)
De cet extrait de La Boétie, retenons ce premier mécanisme de l’enfumage, qui consiste, pour le maître, à se dire au service.
Un enfumage plus général et riche en outils divers et variés permet au petit nombre des enfumeurs d’enfumer le grand nombre des enfumés. C’est cela qu’on nomme démocratie. Dans ce nuage étouffant, certains réussissent pourtant à percer de leur regard une fumée voulue opaque. Ceux là toussent, et ça s’entend, hélas trop peu. C’est ceux-là qu’on nomme lanceurs d’alerte ...
Outils divers et variés, disais-je ; je vais ici faire allusion à quelques uns d’entre eux.
Certains thèmes ont déjà été abordés sur « mon mur », mais j’avais envie d’en faire un paquet thématique. Limité à quatre pages A4, ère du zap oblige.
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1)
« Il n’y a pas d’argent magique » ; ça, face une infirmière qui en lieu public lui égrenait les malheurs et impasses du service public santé, c’est l’argument massue utilisé par l’actuel résident du palais de l’Élysée. Mais avec d’autres mots, c’est aussi l’argument de tout hiérarque qui prône la prétendue nécessaire rigueur, pour justifier la destruction de ce qui fut édifié en 1945, dans une France pourtant désargentée.
« Il n’y a pas d’argent magique » est en réalité un mensonge : depuis ~1975, il n’y a que de l’argent magique !!! Toute monnaie mise en circulation est créée ex nihilo ( à partir de rien ), et qu’il y en ait assez et là où il est impératif qu’il y en ait assez, cela ne dépend donc que de la bonne volonté des créateurs de monnaie ou de leurs donneurs d’ordres. Des gens qui ont fait de hautes études savent cela, et s’ils propagent ce mensonge, ce n’est pas par ignorance, c’est volontaire ; ces gens sont des menteurs, des enfumeurs.
Outre le mensonge direct, il y a le mensonge par omission. Grand soin est pris par la classe politique dominante d’oublier de rappeler que c’est cette même classe qui a autorisé les banques commerciales à battre monnaie et a interdit aux banques centrales de financer le nécessaire vital, celui des États, des communautés locales, voire celui des gens.
Cette dissimulation autorise ensuite les « tribuns du peuple » à le trahir, en prétendant l’équilibre budgétaire, voire la rigueur, être une nécessité analogue à celle que vit un individu ou une famille. Ceci est ce qu’on peut appeler un mensonge second, en ce sens que le mensonge amont le rend possible.
Nous pouvons ensuite nous interroger sur l’intention qui préside à cette vilenie.
Création d’une angoisse collective, donc d’une obéissance collective … osons penser cela, et attendons de pied ferme les qualificatifs « complotiste » ou « populiste » ……………
Il faudra(it) que je publie un texte court décrivant simplement un mécanisme monétaire juste et facile à comprendre :)
Ne doutons pas qu’alors les flèches du type « complotiste » seront remplacées par la dénonciation fallacieuse du « yaka » et de « l’utopisme ».
Car parmi les outils de la dominance, il y a le spray lexical balancé sur tout ce qui bouge ...
Humour caustique : je ne pense pas pouvoir copier un modèle monétaire sain à partir des discours de campagne des candidats à la présidence de ce dernier demi siècle ……..
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2)
A l’occasion d’un longue interview de début d’année, le président de la République justifie ses actes ( en particulier les bombardements français en Syrie ) en se fondant sur le fait de l’élection et sur les institutions de la cinquième république.
Sa réponse s’inscrit clairement dans le thème annoncé en haut de page.
Le politique s’appuie sur les institutions pour se protéger du peuple, et quant à lui, le peuple est interdit d’action politique par ces mêmes institutions.
J’ai déjà publié à ce sujet ;) et me contenterai donc de retranscrire les mots du personnage, ce que je n’avais pas fait à l’époque ; pour qui est au parfum, c’est triste à pleurer. Mais il y a hélas des esclaves ignorants qui ne percevront peut être pas la saveur de ce morceau d’anthologie ; j’en sais qui pourraient même me rentrer dans le lard, qui devraient lire La Boétie ...
« … Je ne parlerai pas d’un pouvoir solitaire, je parlerai d’une responsabilité, celle de chef des armées, qui est définie dans notre constitution ((( ndlr : bien noter le « notre » ))) ; c’’est pas moi qui l’ai décidé, c’est notre constitution, et donc cette constitution, elle a été votée par le peuple français, ça peut vous déplaire, mais c’est le cas ((( ndlr : En 1958, le peuple n’a pas rédigé, n’a fait que répondre à un choix binaire, entre une forme de sa soumission et une autre ! ))) et donc, cette constitution, elle prévoit qu’il y a un chef des armées qui ne décide pas seul, il y a un chef d’état major particulier, un ministre des armées, … de par l’élection présidentielle, dans le mandat qui est donné démocratiquement par le peuple au président de la République, il y a ce mandat de chef des armées ((( ndlr : le peuple n’a pas d’autre choix que celui de délivrer ce mandat à l’un des candidats )))
… La question que vous posez, c’est celle de notre constitution …
Le pouvoir du parlement, il est défini par notre constitution et donc notre constitution prévoit à l’’article 35 alinéa 2 cette information et un débat sera organisé lundi à 17 h … on ne va pas changer de constitution parce qu’elle ne vous plaît pas ; si elle ne vous plaît pas, vous pouvez proposer de la changer, vous présenter devant le peuple pour la changer ((( ndlr : sans financement et face aux médias mainstream …… ))) ; c’est ça la souveraineté du peuple ((( ndlr : tu l’as dit bouffi:) ))) ; ce n’est pas dire : moi elle ne me plaît pas, ou, elle est archaïque »
Je ne publie pas tout de la transcription, la suite est du même tonneau ...
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3)
Ici, je suis paresseuse et ne commenterai pas le discours de Madame Pénicaud, qui quand un parlementaire propose un référendum lui répond qu’on n’a pas besoin de consulter le peuple pour modifier la constitution … Manu pourra donc faire ça tout seul … Ben voyons … Un 2005 en 2018 fait peur aux démocrates de pacotille, c’est sûr ...
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2) & 3)
Les deux précédents exemples ont ceci en commun qu’ils sont connexes à l’idée de constitution. On y voit deux dominants qui s’appuient sur un texte quasi sacré pour justifier leurs actes ( actes que je prétend malveillants, et je ne suis pas seule ).
La constitution est ce texte sacré qui devrait protéger le peuple des abus de pouvoir.
Elle est en fait le texte faîtier qui protège les abus de pouvoir et leurs acteurs de la contestation légitime des masses.
Il s’agit d’une mise à l’envers du sacré, qui fait du prétendu souverain peuple un peuple obéissant, et de qui devrait n’être qu’un mandaté obéissant fait un maître abusif.
Cela tient au fait unique que la constitution est écrite par les gens de pouvoir.
Attendre d’eux qu’ils écrivent un texte qui nous protègerait d’eux est d’une grande naïveté.
Ayant écrit ou modifié ce texte, ils proposent au peuple de l’adouber, ou décident sans lui, mais jamais le peuple n’écrit.
Remercions au passage le promoteur essentiel de cette compréhension simplissime et pourtant vitale : Étienne Chouard. Engagement continu depuis 2005 ...
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4)
N’hésitez pas à déposer en commentaires :) quelques autres de ces outils de l’enfumage des peuples par le petit nombre.
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This shit must end.
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