J-M. : Étant un peu dans le domaine social, le plan que le gouvernement français
a présenté sur la pauvreté m'a intéressé car c'est un sujet humain et
tellement délicat. J'ai étudié en profondeur ce plan et surtout sa
philosophie pour l'avenir et j'aurais souhaité avoir l'opinion de
quelqu'un comme toi qui est très pointu. Étant éloigné du monde
économique et politique français mon analyse est peut-être trop
académique et ne reflète pas la réalité du terrain. Ton analyse
m'intéresse;les bonnes décisions et les moins bonnes décisions?
J. : Je viens d'apprendre à la radio qu'Emmanuel Macron avait effectivement présenté son plan hier.
J'avoue ne pas l'avoir lu.
Le journaliste a simplement annoncé qu'il engageait 8 milliards
d'euros mais que les critiques avaient fusé dès son annonce notamment
parce que les 18-25 ans et les retraités étaient les grands oubliés des
mesures annoncées.
Il faudrait que je lise le texte pour me faire mon opinion.
Dans un premier temps il faudra définir la notion de pauvre (très relative).
Selon la définition de l'INSEE, la pauvreté en France concerne tous les ménages dont le revenu est inférieur à une fraction donnée (50 ou 60 %) du revenu français médian.
En 2014, le revenu médian d'un ménage constitué d'un seul individu est
de 20 150 euros annuels, soit 1 679 euros par mois (donc le seuil est
de : 846€ pour 50% et 1 015 pour 60%).
Selon l'Insee, la France compte de 8,5 à 8,6 millions de personnes pauvres, soit environ 14 % de la population de 2010 à 20121 et 20 % des enfants2.
Le taux de pauvreté s'élève à 13,9 % des ménages en 2012 (contre 14,3 %
en 2011). Le niveau de vie des ménages vivant en dessous du seuil de
pauvreté a diminué, près de la moitié d'entre elles vivant en 2012 avec
moins de 784 euros par mois3.
Ceci étant dit, je ferai une simple division : 8 milliards d'euros
pour 8 millions de pauvres, cela fait 1000 euros par personne. Est-ce
suffisant pour éradiquer la pauvreté que de donner 1000 euros à
quelqu'un ? Par mois, cela représente 83 euros.
Mais bien entendu tout dépend de la façon dont c'est utilisé.
Faut que je lise le plan.
J-M. : Je sais que tu n'es pas comme ces négatifs qui ne voient que le point noir
sur le tableau blanc. J'ai vu une émission de C dans l'air hier avec des
journalistes de tout bord, sur ce sujet, qui semblent être confiants ; que
ce plan, s'il est mené à bien, devrait être bénéfique pour éradiquer la
pauvreté ! Lis et donne-moi tes commentaires POSITIFS et NÉGATIFS sur
toute les mesures. Si j'étais en France j'aurais voulu être mêlé à ce
chantier pour aider.
J. : Ah ! Ah ! Tu sais parler aux hommes pour les influencer : " [...] tu n'es
pas comme ces négatifs qui vois que le point noir sur le tableau blanc."
Si je dis qu'il y a plus de noir que de blanc, je serai un "négatif".
Direction des ressources humaines, psychologie des foules ... ne serait-ce pas un peu de déformation professionnelle ?
Mais je te taquine. Tu sais que j'aime bien discuter avec toi et argumenter. C'est une excellente stimulation intellectuelle.
J'en reviens au "Plan pauvreté"
J'ai commencé par la lecture de l'article qui apparaît en premier dans
le moteur de recherche Google (celui du journal Libération) :
http://www.liberation.fr/france/2018/09/13/plan-pauvrete-un-revenu-universel-qui-n-en-a-que-le-nom_1678584
Il y a quelques citations entre guillemets mais comme je me méfie toujours des journalistes ...
D'après eux, il y a une volonté de refonte des aides sociales, de
simplification, mais ce n'est pas très précis au niveau des chiffres,
notamment du montant de "l'allocation universelle".
De ce montant, et des conditions pour y avoir droit (ce n'est donc
pas "universel" entre parenthèses), dépend beaucoup que ce soit une
mesure sociale (pour les plus pauvres) ou antisociale (contre les plus
pauvres). En effet, on imagine bien que les employeurs vont proposer des
emplois à temps partiels, plus flexibles pour leurs entreprises, en
s'appuyant sur ces revenus qui deviendraient complémentaires à un
salaire partiel.
Selon que le montant de base sera élevé ou très bas, les
bénéficiaires pourront se montrer plus exigeants ou pas du tout
exigeants dans les offres d'emplois.
En clair : si c'est 1000€ par mois, je peux prendre le temps de
chercher un emploi qui me convient ; si c'est 300 €, je serai contraint
d'accepter la première ou la deuxième offre parce que c'est insuffisant
pour vivre décemment.
Je continue à chercher le texte lui-même pour en savoir plus ;-)
J. : Je viens de lire un autre article car je ne trouve pas (encore) le texte de loi lui-même.
Celui-ci
est plus précis :
https://www.rtl.fr/actu/politique/plan-pauvrete-ce-que-contient-le-texte-presente-par-macron-ce-jeudi-7794764362
Il
parle de 8 milliards sur 4 ans, soit 2 milliards par an, soit (répartis
entre les 8 millions de pauvres en France) : 250 euros par personne et
par an, ou encore moins de 21 euros par pauvre et par mois.
Premier point noir : le budget est bien évidemment ridiculement faible.
L'intention
"aider les pauvres" et "simplifier les aides" est louable mais avec un
budget pareil, il apparaît comme évident que la pauvreté ne sera pas
éradiquée en France dans les quatre prochaines années ; surtout si cette
aide vient en remplacer une ou plusieurs autres qui serait ou seraient
supprimées.
Quand on compare avec les crédits d'impôts accordés
aux entreprises (le CICE à lui seul représente 15 milliards par an sans
obligation d'embauche ni contrepartie du style investissement pour
l'entreprise ...), il y a de quoi avoir le vertige ... ou la nausée.
Je positiverai en disant que de nouvelles crèches seront bien utiles,
que des petits déjeuners offerts aux enfants les plus pauvres seront
bien utiles.
Je me montrerai plus méfiant concernant l'indemnité
offerte aux 16-25 ans (entre 0 et 475 euros par mois) car soumise à un
stage professionnel. Ne serait-ce pas là une façon de remplacer un vrai
salaire par un indemnité beaucoup plus basse ?
Je
conclurai en disant (pour rester "gris", donc avec une vision ni trop
"noire", ni trop "blanche") que ce Plan Pauvreté est mieux que rien
[encore une fois : à condition qu'il vienne s'ajouter et non remplacer
des aides égales ou supérieures qui seraient retirées] mais que ce n'est
pas grand chose.
A mes yeux, c'est juste un "coup
de comm" (de la "relation publique", comme dirait Edward Bernays
l'auteur de "Propaganda") comme l'était la présence de Nicolas Hulot au
gouvernement.
J. : Pourrais-tu m'aider, s'il te plaît, en m'indiquant le lien pour accéder au texte complet ? Je ne le trouve pas et je ne peux donc pas te répondre précisément sur les points POSITIFS et NÉGATIFS sur toute les mesures
[...]
J-M. : Premièrement, je te remercie d'avoir éclairé ma lanterne sur certains
points techniques de ce plan.C'est vrai que je t'ai mis un peu la pression
pour essayer de voir certains points "positifs" et je réalise que même
s'il ne sont pas légion en tant que gars intelligent tu as essayé et
trouvé quelques uns.Comme dirait l'anglais "You have thought out of the box" bravo.
J : "Se mettre la pression" respectivement, fait partie du jeu
intellectuel. On partage avec l'autre des arguments contradictoires et
cela ouvre l'esprit à de nouveaux points de vue, complémentaires. Cela
m'évite de rester figé dans mes opinions; et j'imagine que s'il existe
autant d'opinions politiques c'est que chacune d'entre elles possède des
aspects positifs.
Je regrette de ne pas avoir pu trouver le texte de loi sur internet.
Je n'en ai eu que des extraits, commentés par des journalistes ou des
députés. Je suis aussi allé sur le site de La République En Marche mais
ce qui était fourni tenait plus du prospectus publicitaire que d'un
texte prêt à être déposé devant le parlement. De belles propositions
mais aucune explication sur le comment, ni les modifications de
l'existant.
D'une façon générale, il y a de bonnes intentions affichées mais le budget est déterminant sur la faisabilité de l'action.
De toute façon, le système capitaliste n'a pas pour vocation
d'éradiquer la pauvreté; simplement de fournir des dividendes aux
propriétaires de grands moyens de production. Tout au plus a-t-il besoin
que les pauvres aient un revenu de base pour continuer à consommer les
produits de l'industrie. Peut-être que le Plan Pauvreté va dans ce sens :
maintenir artificiellement un minimum de pouvoir d'achat, de pouvoir de
consommation.
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