vendredi 7 septembre 2018

Comment la non-violence protège l’État : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux (Peter Gelderloos)

Parlons franchement, au vu de la situation, la grande majorité des mouvements sociaux et écologistes échouent lamentablement, depuis des décennies, ne serait-ce qu'à freiner la catastrophe sociale et écologique en cours (de la sixième extinction de masse aux inégalités économiques phénoménales et croissantes qui caractérisent notre temps).

La plupart de ces mouvements se targuent de respecter scrupuleusement les principes de la non-violence, qu’ils considèrent comme la seule méthode de lutte acceptable. Et pourtant, ainsi que Peter Gelderloos l’expose brillamment dans ce livre, cette adhérence dogmatique au concept de la non-violence est injustifiée et injustifiable. En outre, il s’agit d’une des principales raisons pour lesquelles ils sont inefficaces.

En démystifiant les figures historiques inexorablement citées par la majorité de ceux qui défendent la non-violence comme un absolu — Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela —, en exposant les réalités complexes derrière leurs accomplissements (souvent réduites à des simplismes mensongers), et en exposant les nombreux problèmes d’éthique qui découlent de l’absolutisation de la non-violence, Gelderloos nous offre ici un ouvrage essentiel qui devrait nous aider à sortir de l’impasse manifeste dans laquelle s’enlisent les mouvements militants.

Loin de faire l'apologie d'une violence irraisonnée, ce livre déboulonne l’argumentaire fallacieux de ceux qui affirment que la non-violence est la seule méthode acceptable de lutte face à la violence du capitalisme et de l’État.

Source http://editionslibre.org/produit/prevente-comment-la-non-violence-protege-l-etat-peter-gelderloos/

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La non violence sert évidemment les dominants, et enferme les dominés dans l'impuissance absolue.

C'est à la fois logique et factuel.

C'est pour ça que la non violence est promue à tout crin par le système de domination.

Gandhi et Martin Luther King sont des légendes ressassées par les médias des riches pour que le peuple des dominés ignore ou oublie l'impact décisif des Blacks Panthers.

J'ai posté le message suivant il y a quelques jours (en commentaire sur un fil) :

"Cher Benoît, je vous conseille vivement ce livre, qui vous concerne et vous parle (comme il me concerne et il me parle) :

Comment la non-violence protège l’État : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux (Peter Gelderloos)

http://editionslibre.org/produit/prevente-comment-la-non-violence-protege-l-etat-peter-gelderloos/

Je pense qu'il vous bouleversera comme il me bouleverse.

Condamner ceux qui usent de violence contre les violeurs pour se défendre c'est se comporter, objectivement et indubitablement, comme un complice des violeurs, volontairement ou non, consciemment ou pas.

Bien amicalement.

Etienne.

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« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d'hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d'abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d'étouffer la seconde en se faisant l'auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n'y a pas de pire hypocrisie de n'appeler violence que la seconde, en feignant d'oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Hélder Câmara"

Je a dit…

Merci pour le conseil de lecture. C'est important d'avoir des points de vue différents pour avoir une compréhension plus complète de la réalité.

J'avoue néanmoins craindre qu'un mouvement violent ne mette en place de nouvelles institutions étatiques (au sens de "s'appuyant sur la coercition") et ne serve finalement qu'à remplacer une oligarchie par une autre; comme ce fut le cas en France, lors de la Révolution de 1789, ou en Russie, lors de la Révolution de 1917.

Toutefois, j'ai conscience que seule une action massive, de non-coopération (boycott de produits industriels, grève générale ...) et de désobéissance civile (refus de participer aux guerres, refus de payer l'impôt) ont un chance d'aboutir.

En Islande, il a fallu des dizaines de milliers de manifestants (20.000 d'après mes sources) devant le parlement pendant des mois, pour obtenir la démission du gouvernement et la fausse promesse de changer la Constitution. Rapporté à la population de la France, cela correspondrait à 4 millions de manifestants pendant des mois (sauf erreur de ma part).

D'une certain façon, je suis d'accord avec vous et ce qui est dit sur la quatrième de couverture du livre que vous recommandez : les mouvements non-violents actuels sont inefficaces; et les violents institutionnels (États et marchands multinationaux s'en amusent, s'en réjouissent).

C'est le nombre de participants qui sera déterminant.
Quelques milliers de manifestants violents et ce sera le bain de sang.
Quelques millions, difficile à dire ce qui adviendra ...

D'où l'importance de ce qui précède : l'éveil citoyen, l'éducation populaire, l'évolution des mentalités comme le préconisait Elisée Reclus.

Par contre, si on choisit la violence, que cibler ? Des individus ultra-riches ? Des institutions ? Les ultra-riches ne seraient-ils pas immédiatement remplacés par leurs héritiers ? Ou les présidents, législateurs, exécutants hauts-fonctionnaires ne seraient-ils pas remplacés par leurs pairs, par d'autres élus ?

Je vais commander ce livre pour affiner ma réflexion.

Pour l'instant, je demeure non-violent, visant prioritairement l'éducation populaire (tout en ayant conscience de l'immense tâche à venir, sur plusieurs générations sans aucun doute).

Merci pour l'échange.

PS : Le débat entre violence et non-violence est peut-être à rapprocher de celui entre peine de mort ou abolition de la peine de mort.

Anonyme a dit…

Peter Gelderloos - Comment la non-violence protège l’État

Sommaire :

Ebauche d’avant-propos pour une édition en français
Introduction
Chapitre 1 : La non-violence est inefficace
Chapitre 2 : La non-violence est raciste
Chapitre 3 : La non-violence est étatiste
Chapitre 4 : La non-violence est patriarcale
Chapitre 5 : La non-violence est tactiquement et stratégiquement inférieure
Chapitre 6 : La non-violence est illusoire
Chapitre 7 : L’alternative : Possibilités pour un activisme révolutionnaire

Source : https://paris-luttes.info/comment-la-non-violence-protege-l-5610

EBAUCHE D’AVANT-PROPOS POUR UNE EDITION EN FRANCAIS

Depuis un moment déjà, une étrange menace pèse sur le monde : le spectre de la non-violence.
Celle-ci se définit en opposition à un concept qui n’est que très vague mais dont tout le monde dit avoir une idée très précise. En réalisant l’exercice de demander à plusieurs personnes différentes ce que représentent pour elles la violence, il y a fort à parier que les réponses divergeront. Et d’autant plus à mesure que l’on étend la diversité des personnes à qui on pose cette question.

La question de la violence est une question récurrente dans les luttes que nous menons. Pour prendre quelques exemples d’arguments resservis à toutes les sauces, elle est généralement associée au mal universel qui viendrait s’attaquer à la sacro-sainte démocratie (participative ou non). Mais la démocratie est bieeeeeeeeeeen loin de ne pas avoir de sang sur les mains et des pratiques quotidiennes autrement plus violentes qu’un banal bris de vitrine au cours d’une manifestation. Qu’on pense un instant ’au temps béni des colonies’ et aux ’guerres de civilisation’ sur lesquelles la démocratie française s’est construite, par exemple. A Michelle Alliot-Marie qui propose le ’savoir-faire français’ aux forces armées de Ben Ali au moment du soulèvement révolutionnaire en Tunisie. Belle ’démocratie’ que voilà.

Elle ferait ’perdre de la légitimité’ au mouvement, selon certains. Mais vis-à-vis de qui ? Poser la question en ces termes, c’est laisser à ceux contre qui nous luttons le soin de déterminer de quelle manière il est légitime que nous luttions (autant dire qu’ils vont légitimer ce qui ne leur coûte rien), et il nous semble qu’il s’agisse d’un suicide politique avant même d’avoir fait le premier pas.