jeudi 18 avril 2019

Il faut investir 267 milliards de dollars par an pour éradiquer la faim d’ici à 2030

Près de 800 millions de personnes souffrent de sous-alimentation dans le monde. En maintenant le statu quo, elles seront encore près de 650 millions dans quinze ans, selon la FAO.
 
 Par Laetitia Van Eeckhout Publié le 10 juillet 2015


Au prix d’un investissement de 267 milliards de dollars (239 milliards d’euros) par an pendant les quinze prochaines années, il est possible d’éliminer la faim dans le monde d’ici à 2030, estime l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport présenté vendredi 10 juillet. Cela équivaut à débourser 160 dollars de plus par an pour chaque personne vivant dans l’extrême pauvreté.

Alors qu’aujourd’hui près de 800 millions de personnes sont encore en proie à la faim dans le monde, le deuxième des objectifs de développement durable (ODD) qui doivent être adoptés cette année par la communauté internationale vise l’éradication totale de la sous-alimentation chronique d’ici à 2030. Or « si nous maintenons le statu quo, nous aurons encore en 2030 plus de 650 millions de personnes souffrant de la faim. Le message est clair », a déclaré José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, en présentant à Rome ce rapport élaboré avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA). « Deux cent soixante-sept milliards de dollars, c’est plus ou moins 0,3 % du PIB mondial : le prix à payer pour éradiquer la faim chronique est relativement bas », a-t-il insisté à trois jours de la troisième conférence internationale sur le financement en faveur du développement qui doit se tenir du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba (Ethiopie).

Briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la faim

Pour briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la faim, les trois organisations onusiennes soulignent la nécessité de conjuguer investissements productifs et mesures de protection sociale. « Il faut investir en faveur des personnes les plus vulnérables et s’assurer qu’elles disposent des outils dont elles ont besoin non seulement pour surmonter la faim mais aussi pour valoriser leurs ressources et capacités », soutient la directrice exécutive du PAM Ertharin Cousin.

Sur les 267 milliards de dollars nécessaires, un investissement annuel de 116 milliards de dollars (104 milliards d’euros) mériterait d’être ainsi consacré aux programmes de protection sociale, dont 75 milliards de dollars en zone rurale – où vivent aujourd’hui 78 % des personnes pauvres – et 41 milliards de dollars en zone urbaine, selon le rapport, qui dresse un tableau précis des besoins par pays. « La protection sociale sous forme de transferts en espèces permet, certes, d’éliminer la faim dans l’immédiat, mais elle améliore aussi la nutrition en permettant aux plus pauvres de diversifier leur régime alimentaire au bénéfice d’une meilleure santé », relèvent ses auteurs.

Dans le même temps, chaque année, 151 milliards de dollars (135 milliards d’euros) devraient être alloués aux investissements productifs, générateurs de revenus pour les populations les plus démunies (105 milliards de dollars pour le développement rural et l’agriculture et 46 milliards de dollars pour les zones urbaines). Si l’essentiel de l’effort doit venir du secteur privé, celui-ci doit nécessairement être complété par des investissements publics dans les infrastructures rurales, les transports, la santé et l’éducation, estiment la FAO, le FIDA et le PAM.

Il s’agit d’amener les personnes les plus vulnérables au-dessus du seuil de pauvreté de 1,25 dollar par jour, mais aussi de construire les conditions d’une activité rémunératrice et durable, insistent les trois organisations onusiennes. Et celles-ci d’affirmer : « Eradiquer la pauvreté, la faim et la malnutrition est possible, à condition qu’une volonté politique forte existe. »

Sourcehttps://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/11/il-faut-investir-de-267-milliards-de-dollars-par-an-pour-eradiquer-la-faim-d-ici-2030_4679595_3244.html?fbclid=IwAR2manNSFe-eo_tK_DLPZlaiGSlnPZaO3xNqEecQH_MDHhR1cW8oo0kakJY

2 commentaires:

Je a dit…

Dans un article du 29 janvier 2009, intitulé "10000 milliards de dollars", j'écrivais ceci :

Selon Jean Ziegler, rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation (des populations) du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies, auteur, entre autres, du livre Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent (Éditions Fayard, Paris, 2002) annonçait à la télévision que 84 milliards de dollars par an pendant cinq ans seraient nécessaires pour éradiquer la faim dans le monde.

Quelques semaines plus tard, survenait la crise financières des "subprimes" (prêts immobiliers accordés à des emprunteurs incapables de rembourser) qui allait plonger l'économie mondiale dans la panique.

Pour relancer son économie devenue chancelante, les États-Unis d'Amérique auraient emprunté, sur les marchés financiers, la faramineuse somme de 10.000 milliards de dollars. Une bonne part de cette somme ayant été prêtée par la Chine (imminente nouvelle nation dominante).

Quand on compare ces deux sommes (84 et 10.000), il y a de quoi perdre espoir dans l'humanité ... [ou du moins dans ceux qui la dirigent]

Je a dit…

Peut-être que le fait de passer du simple au triple (en numéraire -de 84 à 267 milliards- mais aussi en durée -de 5 à 15 ans nécessaires-) est dû à deux ou trois facteurs :

- indiscutablement l'augmentation démographique (donc du nombre de pauvres)

- couplée à la concentration des richesses (due au capitalisme financier ; quelques dizaines de milliardaires possédant autant de richesses que la moitié de l'humanité)

- et enfin à l'inflation (augmentation de la masse monétaire, c'est-à-dire des dollars en circulation, sans contrepartie réelle en termes de création de richesses; les 10.000 milliards de dollars émis pour sauver les banques ont fait baisser la valeur unitaire de chaque dollar existant auparavant).