Gael GIRAUD : Effondrement financier ou effondrement climatique [EN DIRECT]
Chef économiste de l'Agence Française de Développement
Source : https://www.youtube.com/watch?v=2oFARgqG0NA&feature=share&fbclid=IwAR3rsL6fDGBqArR76Nrzx478Z9Lb_pzT_BKSvzdjTvRCs6Pe2BDSNyMfVXo
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Gaël Giraud, économiste en chef de l'Agence Française de Développement, qui est une banque publique à but non lucratif, qui finance des projets de développement dans des pays du sud. Egalement directeur de recherche au CNRS en économie, directeur de la chaire énergie et prospérité, prof à l'école des Ponts, ... et jésuite, prêtre catholique romain.
S'il advient un nouveau tsunami financier (très probable), et si les autorités politiques décident à nouveau de sauver les banques (privées) aux frais du contribuables, cela va approfondir la crise sociale parce que, après les classes défavorisées et moyennes, même les classes aisées seront impactées (à l'exception des 0,1% les plus riches).
Dans les années 1970-80, après la fin des accords de Bretton Woods, les banques se sont mises à proposer des assurances, des produits financiers, pour compenser les risques de change, beaucoup plus rentables que le métier traditionnel des banques : dépôts et prêts aux particuliers et aux entreprises, et dans une moindre part, aux Etats.
Mais ce secteur financier extrêmement rentable peut aussi s'avérer extrêmement risqué ... et, en cas de krach, de faillite d'une grande banque (comme la BNP, le Crédit Agricole, etc.) un Etat comme la France ne serait même pas en capacité d'honorer la loi qui protège les dépôts des clients à hauteur de 100.000 € par tête (puisqu'une seule de ces quatre banques française pèse autant que le PIB annuel de la France (environ 2000 milliards d'euros).
Il faudrait donc appliquer une version du Glass-Steagall Act voulu par Roosevelt en 1933 pour séparer les départements "spéculation financière" et "dépôts et créidts".
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Glass-Steagall_Act
Le Glass-Steagall Act est le nom sous lequel est généralement connu le Banking Act de 1933 aux États-Unis par lequel sont instaurés :
1 - l'incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d'investissement ;
2 - le système fédéral d'assurance des dépôts bancaires ;
3 - le plafonnement des taux d'intérêt sur les dépôts bancaires (règlementation Q).
Il tient son nom d'un sénateur démocrate de Virginie, Carter Glass, ancien secrétaire au Trésor, et du représentant démocrate de l'Alabama, Henry B. Steagall, président de la commission Banque et Monnaie de la Chambre des représentants. Cette loi du Congrès est votée sous majorité démocrate, puis signée par le président Franklin D. Roosevelt.
Battu en brèche depuis le milieu des années 1970 et largement contourné par l'ensemble de la profession bancaire, il est finalement abrogé « sous l'administration Clinton, le 12 novembre 1999 » par le Financial Services Modernization Act, dit Gramm-Leach-Bliley Act, juste à temps pour permettre la fusion constitutive de Citigroup.
A la 22ème minute : Une banque est une institution financière qui a reçu du "roi", de l'Etat, le droit de créer de la monnaie.
Pour créer de la monnaie, il faut qu'elle ait un client externe (elle ne pe.ut pas créer de la monnaie infiniment ou pour elle-même ... en principe) qui lui demande un crédit.
Au moins 80% (et bien souvent nettement plus de 90%) de la monnaie empruntée est créée ex nihilo à l'instant où le client obtient son crédit.
La prudence devrait s'appliquer dans la création monétaire avec un ratio très simple (loin des usines à gaz utilisées par les banques pour masquer la dangerosité de leurs spéculations) : volume des crédits accordés divisé par fonds propres purs.
Aujourd'hui les fonds prores ne représentent que 2% alors qu'il faudrait (d'après Gaël Giraud) qu'ils soient au moins de 20%, compte tenu des risques.
Le "shadow banking", ce sont des ex-employés de la banque qui forment artificiellement un fonds d'investissement, et qui en tant que "client" (puisqu'il faut un client extérieur pour autoriser le crédit, d'après les accords de Bâle 3) demande de la monnaie à la banque ... qui se fait un plaisir de la créer pour ses copains.
Le film "Margin Call" est celui qui correspond le mieux à la réalité des traders, d'après Gaël Giraud.
Margin Call ou Marge de manœuvre au Québec, est un film dramatique américain écrit et réalisé par J. C. Chandor et sorti en 2011. Il évoque, sur une période de 36 heures, le déclenchement de la crise financière de 2008, à travers la découverte inopinée par les employés d'une banque d'affaires new-yorkaise de l'aspect toxique de ses actifs qui la mettent en danger de mort. Qu'ils aient ou non des états d'âme, les personnages font le nécessaire pour se débarrasser de ces actifs, tout en ayant pleine conscience de la réaction en chaîne qu'ils vont provoquer.
Acteurs principaux
Kevin Spacey
Paul Bettany
Jeremy Irons
Zachary Quinto
Penn Badgley
Un soir de l'automne 2008 à New York, une banque d'investissement entame une procédure de licenciement d'un grand nombre de membres de son personnel. Eric Dale, le directeur de la gestion des risques, travaille de son côté à l'analyse de très nombreux actifs toxiques que son entreprise possède. Mais il est renvoyé avant de pouvoir terminer l'évaluation. Juste avant de quitter l'entreprise définitivement (son forfait téléphonique et son accès au bâtiment étant bloqués dès sa sortie, en raison de la nature sensible de son poste), il confie une clef USB contenant ses découvertes à un jeune analyste prometteur, Peter Sullivan, qui était le matin encore un des membres de son service. Et lui conseille d'être prudent.
Celui-ci, après avoir terminé son travail quotidien, se lance dans l'analyse du contenu de la clef USB et complète l'étude. Frappé par l'importance de sa découverte, il avise son nouveau chef de service, Will Emerson, et lui explique tout. Durant la nuit qui va suivre, l'information remonte jusqu'au dirigeant de la banque d'investissement, John Tuld, qui, à l'aide de son conseil d'administration et des cadres présents pour lui présenter les faits, prend la décision de vendre au plus vite tous les actifs toxiques.
Cette décision est contestée, car l'entreprise devrait alors tromper la confiance que lui accordaient ses clients et ses intermédiaires financiers, en vendant au prix du marché un produit dont ils connaissent la déficience. Par ricochets, l'ensemble du marché en serait déstabilisé pour longtemps. Tuld doit également mettre en première ligne deux cadres qui vont subir les conséquences, l'un vis-à-vis des traders, qui seront réticents à s'aliéner durablement leurs partenaires financiers, et l'autre vis-à-vis des actionnaires, pour justifier cette décision. Sam Rogers, chef du service clé des traders, au départ très réticent, finit au bout de cette folle nuit par se ranger à cette décision et ordonne lui-même la vente de tous ces actifs, en échange de primes très importantes pour ceux qui arrivent à se débarrasser de leurs produits. Cette vente est menée à bien et tous les actifs sont vendus durant la journée, à l'aide d'importantes remises, alors que la rumeur de la non-fiabilité de la banque se répand sur toutes les places financières. Sarah Robertson, qui avait mis en garde Tuld et sa hiérarchie un an auparavant au sujet des risques encourus, sera sacrifiée devant les actionnaires. À peine les transactions sont-elles terminées que les employés — notamment les traders — subissent une deuxième vague de renvois, prévue par Tuld pour compenser les pertes de la société induites par cette vente forcée.
Lors d'une ultime entrevue entre Rogers, venu lui faire part de son désir de quitter la firme, et Tuld, dévorant à pleines dents un substantiel repas, ce dernier lui résume ce qu'il pense du système tout entier : il ne peut ni le contrôler, ni le ralentir, ni le changer mais il peut seulement réagir, en espérant en tirer le plus d'argent possible, sans égards pour les perdants, qui constitueront, de toute façon, selon lui, la même proportion de pauvres vis-à-vis des riches. Tuld rappelle à Rogers les dates de toutes les grandes crises et lui fait remarquer que celles-ci n'ont jamais remis en cause le système. Ce point de vue est dicté par le cynisme et l'égoïsme du personnage et est présenté comme une fatalité que Rogers, pour qui cette ressource financière est devenue une nécessité, doit accepter, sans la cautionner.
Peter Sullivan, qui a aidé à la découverte du problème, est promu. Rogers conserve son poste. Mais d'autres sont renvoyés, sans que leur compétence soit remise en cause. Le film s'achève sur l'image de Rogers ensevelissant son chien bien-aimé.
Quand on est un jeune trader, d'à peine 30 ans, et qu'on gagne 10.0000, 20.000 ou 50.000 € par mois (en spéculant sur des matières premières, alimentaires), on peut rapidement se déconnecter de la réalité (la spéculation a des effets sur des villages pauvres en Inde, au Bangladesh, ...) et croire que le désir supplante le réel (sentiment de toute-puissance).
Les jésuites sont des moines qui font voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance mais pas, comme les autres moines, le voeu de stabilité. C'est-à-dire qu'ils ne sont pas clos dans un lieu (le monastère) et au contraire ont une mission d'évangélisation dans les villes (où ils peuvent travailler).
En 2015, l'Eglise catholique a publié une encyclique qui affirme que :
- la question écologique est la question primordiale aujourd'hui (au XXIème siècle)
- on ne peut pas être chrétien et croire que les marchés vont résoudre les problèmes écologiques ("même logique entre le viol des enfants, l'abandon des vieillards et l'idéologie du marché qui nous sauverait de la question écologique").
Les éthologues ont observé que, chez les chimpanzés, le mâle qui devenait le chef était celui qui avait la capacité d'avoir des relations sexuelles et de se reproduire avec les guenons les plus attirantes.
Chez les hommes de pouvoir, il y a également une sorte de légitimation du pouvoir par la sexualité débridée.
Lien sexualité-pouvoir-argent dans toutes les hiérarchies/bureaucraties dont l'Eglise catholique.
Pour réussir la transition écologique, il faut comprendre qu'il faudra accepter de changer son mode de vie :
- ne plus manger de viande rouge
- devenir végétarien
- apprendre la permaculture
etc.
Mais ce ne sera pas suffisant; il faudra un changement majeur au niveau de nos élites.
[57'-58'] Le lieu de la résistance la plus grande (à la transition écologique) c'est la finance.
Les financiers de la City sont bien informés. Ils savent, ont compris, que nous allons vers des effondrements de type régional, continental. Dans les prochaines années, des millions, des dizaines de millions de personnes vont chercher des endroits non hostiles à la vie humaine. La fonte du permégisol ("permafrost" en anglais) va libérer du méthane (en Sibérie, en Alaska mais aussi sous la mer) ce qui va produire à un réchauffement global de 5, 6, 7, 8°C dans les prochaines décennies ... ce qui implique que la survie de l'espèce humaine est menacée. Il y a un débat extrêmement intense et angoissé parmi les scientifiques à ce sujet.
Une fois qu'on a dit tout ça, les financiers qui ont du pouvoir ont dit : "On ne fera rien, nous les Européens, parce que cela nous obligerait à détricotter tout ce qu'on a mis 40 ans à mettre en place : la capture du régulateur qu'est la puissance publique, le démantèlement de l'Etat-providence, l'indépendance de la Banque Centrale Européenne, la privatisatino des profits, la mutualisation des pertes, etc."
Les financiers ne sont pas prêts à remettre en cause le modèle social hyper-inégalitaire. Ils vont laisser les Chinois (le splus gros pollueurs de la planète) faire le "sale boulot" et les très très riches vont se contenter d'envoyer leurs enfants en Suède (où le climat va s'adoucir) ou dans des bunkers.
Les classes politiques ne sont pas dans le cynisme des financiers mais elles naviguent dedans. C'est compliqué pour elles :
- d'un côté les "gilet jaunes" ou les lycéens qui manifestent pour le climat
- de l'autre, la sphère financière.
Néanmoins, certains financiers, comme le patron d'Axa, sont conscients du problème : "Une planète à +4°C n'est pas assurable."
La COP21 de 2015 s'était conclu par un accord pour ne pas dépasser les +2°C à la fin du siècle. C'est vraisemblablement trop tard. Mais pour assurer la transition écologique qui peut s'étaler sur un siècle, il faudra débourser entre 50.000 et 90.000 milliards de $ pour les 10-15 années qui viennent. C'est de l'ordre du PIB mondial. C'est beaucoup d'argent.
A la question : "Est-ce qu'on a cet argent ?" ; la réponse est "Oui".
A la question : "Est-ce que la sphère financière est prête à le débourser ?", la réponse est "Non".
La monnaie qui circule actuellement sur la planète, c'est plus de 240.000 milliards. C'est en particulier l'argent qui a été créé par les banques centrales, au cours de ces dix dernières années, à la faveur des "politiques monétaires non conventionnelles" (quantitative easing). Mais cet argent en sert pas à l'économie réelle; il est capté par des financiers qui spéculent sur des marchés purement financiers.
On pourrait récupérer cet argent en régulant les marchés finacniers afin qu'ils ne restent pas (beaucoup) rentables que l'économie réeelle.
Les banques centrales créent des milliers de milliards pour sauver des banques; pourquoi n'en créeraient-elles pas autant de monnaie pour sauver la planète [et l'humanité] ?
A 1h10 de l'entretien, Gaël Giraud pose la question à voix haute "Est-ce que les investissements pour la survie de l'humanité sont compatibles avec les traités européens ?" ...
Là, franchement, cela devient surréaliste.
[1h15] En 2014, Gaël Giraud a proposé à la BCE de faire de la titrisation "verte" mais la BCE a refusé au prétexte de ne pas favoriser un secteur plutôt qu'un autre, parce que dans l'idéologie financière, la finance est universelle.
Gaël Giraud ne voit que deux options dans la situation actuelle :
- "être solidaires, créer des communs, permaculture, économie circulaire ..."
- ou "la guerre de tous contre tous."
Il faut une puissance publique qui investisse massivement dans l'énergie verte.
Les petits gestes du quotidien (par exemple les communautés hippies) ne suffiront pas ; ils ne réduiront que de 20% les émissions de carbone actuels.
Gaël Giraud propose que la Banque Européenne d'Investissement, experte en investissements verts, et unanimement reconnue, émette des titres verts (pas ceux d'aujourd'hui qui sont du "greenbashing", des faux) et qu'ensuite la BCE les rachète pour libérer la BEI des risques liés à ces investissements.
Discours de Jiddu KRISHNAMURTI sur la Paix dans le monde lors de la cérémonie des 40 ans de l'ONU - 11 avril 1985
Source : https://vimeo.com/175133337
ou https://www.youtube.com/watch?v=UE6y7R9XvvE
Conseils de lecture :
- "L'écologie intégrale", 2018, par Delphine Batho
Lire : https://www.nouvelobs.com/planete/20190108.OBS8127/delphine-batho-l-ecologie-ne-peut-pas-etre-consensuelle.html
- "Illusion financière", 2012, par Gaël Giraud
Voir : https://www.amazon.fr/Illusion-financi%C3%A8re-%C3%A9dition-revue-augment%C3%A9e-ebook/dp/B00J4K135I
- l'encyclique "Laudato Si", dédiée à la création et à l'écologie humaine, 2015, par le pape François.
Texte intégral téléchargeable à : https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Ecologie/Texte-integral-de-l-encyclique-Laudato-Si
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