mardi 6 octobre 2020

Geoffroy de Lagasnerie : l’action directe, y compris violente, est le seul moyen de faire plier les gouvernants

Pas souvent que je relaie une émission de France Inter. Je n’écoute pas France Inter. Mais on m’a signalé le passage de Geoffroy de Lagasnerie chez Demorand. J’ai rattrapé le coup via les podcasts. 25 minutes de subversion à l’état pur !

Cédric Herrou, Carola Rackete, sont les véritables acteurs politiques d’aujourd’hui

Pour de Lagasnerie, les formes d’action instituées et ritualisées – la manifestation, la grève, l’occupation, la pétition… – ont perdu toutes leurs capacités d’action et de conquête sociale et ne sont plus que des moyens d’expression défensifs voués à la défaite. On appelle "gagner" le fait de ne pas perdre, dit de Lagasnerie, mais au final on perd à tous les coups.

Mais alors qu’est-ce qu’une forme active d’action qui ferait le temps politique aujourd’hui ? « L’action directe », répond de Lagasnerie, celle par laquelle des individus ou des groupes résolus imposent leur propre légalité à l’État. À ce titre, Cédric Herrou ou Carola Rackete sont les véritables modèles d’acteurs politiques à suivre aujourd’hui.

« Dès que vous mettez l’État sur la défensive, très souvent c’est vous qui pouvez produire des régressions de la part de l’État. On l’a vu avec Cédric Herrou où il y a eu une sorte de transformation de sa lutte du point de vue pratique sur l’accueil des migrants en une guérilla juridique sur la question du droit de l’hospitalité et qui fait qu’il a gagné jusqu’au Conseil constitutionnel puisqu’il a fait constitutionnaliser le principe de fraternité. »

L’emploi de la violence en politique ne peut être posé qu’en terme d’efficacité

Geoffroy de Lagasnerie va encore plus loin dans l’engagement subversif quand il aborde le problème de l’utilisation de la violence en terme d’action politique. Ce sujet ne peut pas être posé en terme d’infraction à la loi, ni d’éthique, ni de morale, affirme-t-il, mais en terme d’efficacité pour atteindre un but.

« Il n’existe pas de non-violence dans un monde d’antagonismes. Quand vous vous définissez comme non-violent, vous laissez à l’État, c’est-à-dire aux gouvernants, le monopole de la violence sur vous. Vous les laissez vous entraver, définir les limites, vous mettre en garde à vue, vous arrêter… »

Bon allez, fermons le ban, comme s’exclame un Demorand sidéré par les propos de son interlocuteur. Regardez, écoutez la vidéo de l’émission. Tout est à l’avenant : explosif, subversif et finalement assez jouissif.

Sourcehttps://yetiblog.org/archives/27182


Sourcehttps://www.youtube.com/watch?v=5VVCrFhJ9vk&feature=emb_logo

6 commentaires:

France Inter a dit…


Le philosophe et sociologue, Geoffroy de Lagasnerie, est l'invité du Grand entretien de la matinale de France Inter. Il est l'auteur de "Sortir de notre impuissance politique" aux éditions Fayard, paru le 26 août. Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite

Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et sociologue, professeur de l'Ecole nationale supérieure d'Arts de Paris-Cergy, auteur de "Sortir de notre impuissance politique"(Fayard).

Je a dit…

J'ai un avis très partagé sur les déclarations de Geoffroy de Lagasnerie.

Selon moi, il a raison sur le fait que les manifestations, les grèves ne sont que des modes d'expression. Pas des modes d'action.

Mais là où je suis en désaccord, c'est quand il propose d'intégrer les institutions pour les changer de l'intérieur car, dit-il, elles ne sont pas mauvaises en soi. Mais pourtant, l'institution de l'élection est conçue pour faire toujours gagner le candidat des riches. Donc elle est intrinsèquement mauvaise pour les intérêts du grand nombre.

Je a dit…

L'école et les médias sont des outils de transformation des esprits.
L'école s'adresse aux jeunes esprits non encore formatés.
Les médias de masse sont la propriété privée d'individus milliardaires qui façonnent l'opinion pour leurs intérêts particuliers.

Je a dit…

En politique, la violence ne doit être analysée qu'en termes d'efficacité ou de non-efficacité.

Je a dit…

Mais Geoffroy de Lagasnerie n'est pas un démocrate. Il considère qu'il y a un antagonisme irréconciliable entre "la gauche progressiste" et "la droite conservatrice".

Division du peuple assurée !

Je a dit…

Geoffroy de Lagasnerie cite en boucle deux sujets qui lui semblent au cœur de ce qu'il appelle "la gauche progressiste" :
- la cause animale
- et la cause des migrants.

A le comprendre, un végétarien qui ouvre les frontières est un "progressiste".

On est loin de la lutte traditionnelle de "la gauche" contre le capitalisme ...