vendredi 27 mars 2020

Gaz : la Chine renforce ses liens avec la Russie

Le gazoduc Power of Siberia, inauguré ce lundi, acheminera du gaz russe vers le nord-est de la Chine. Face à une consommation chinoise qui monte en flèche, Pékin cherche à diversifier ses approvisionnements. Pour Moscou, ce contrat s'inscrit dans une réorientation économique et diplomatique vers l'Asie.



« Le robinet est ouvert », a lancé Alexeï Miller, le patron du groupe gazier russe Gazprom , à l'adresse de son ami Vladimir Poutine. Le gazoduc Power of Siberia a été inauguré ce lundi. Il s'étirera à terme sur quelque 3.000 kilomètres, de l'est de la Sibérie aux provinces du nord-est de la Chine. Le nouveau pipeline permettra d'exporter jusqu'à 38 milliards de mètres cubes de gaz russe par an vers la Chine lorsqu'il arrivera à pleine capacité en 2025. Le contrat, signé pour trente ans, s'élève à 400 milliards de dollars. C'est le plus gros jamais remporté par Gazprom, la compagnie proche du Kremlin qui détient le monopole des exportations de gaz par pipeline depuis la Russie.
Pour la Chine, c'est une infrastructure cruciale qui répondra à la demande croissante en gaz, une source d'énergie poussée par Pékin pour le chauffage et l'industrie en remplacement du charbon , plus polluant. La demande a déjà triplé en moins de dix ans mais le gaz ne représente encore que 8 % de la consommation d'énergie du pays, contre 23 % en moyenne dans le monde. Le potentiel est donc énorme. La Chine produit elle-même du gaz, mais pas assez : les importations représentent plus de 40 % des besoins, une proportion qui ne cesse d'augmenter.

Guerre commerciale

Le président chinois Xi Jinping cherche à diversifier le plus possible les approvisionnements pour ne pas trop dépendre d'un pays étranger. La Chine est déjà reliée par gazoduc au Turkménistan, au Kazakhstan et à la Birmanie. Elle importe aussi massivement du gaz sous forme liquéfiée (GNL) d'Australie, d'Indonésie, du Qatar et… des Etats-Unis.


Cette dernière source s'est tarie avec la guerre commerciale entre Washington et Pékin car le gouvernement chinois applique désormais des taxes douanières sur le GNL américain. Pour Vitaly Yermakov, chercheur associé à l'Oxford Institute for Energy Studies, le nouveau gazoduc ne devrait cependant pas se substituer au GNL, consommé majoritairement dans les régions côtières de la Chine. « Il n'y a pas de concurrence directe entre les deux sources d'approvisionnement », dit-il.

Poutine regarde vers l'Asie

Pour Gazprom, ce pipeline est un précieux débouché pour le gaz extrait du sous-sol de la Sibérie orientale, une région éloignée des zones de consommation. « Il n'est aujourd'hui pas viable économiquement de l'acheminer vers l'Europe, explique Michael Moynihan, analyste chez Wood Mackenzie. Le nord de la Chine est le marché le plus évident ».

Cela permet aussi à Gazprom de diversifier sa clientèle. Le groupe exporte aujourd'hui l'essentiel de sa production vers l'Europe. Or les flux de gaz russe vers l'Union européenne sont incertains à long terme, pour des raisons à la fois environnementales -l'Europe cherche à réduire sa consommation d'énergies fossiles- et politiques - de nombreux Etats-membres, à commencer par la Pologne, critiquent cette dépendance vis-à-vis de Moscou. Le gazoduc s'inscrit plus largement dans la réorientation de la diplomatie de Vladimir Poutine vers l'Asie . La moitié du gaz liquéfié produit en Russie est déjà exportée vers le Japon et la Corée.





1 commentaire:

Je a dit…

A l'époque, le contrat a été libellé en dollars us (400 milliards). Est-ce que Vladimir Poutine et Xi Jingping ont eu l'idée de changer de devise entre temps ? Ce serait un motif de Troisième Guerre mondiale aux yeux des États-Unis d'Amérique et de la FED.