mardi 25 juin 2019

A méditer par ceux, même éclairés, qui veulent s’emparer du pouvoir politique (versus la démocratie directe)

Raphaël Correa a été le président de l’Équateur de 2007 à 2017. Correa a permis l’institution d’une nouvelle Constitution issue d’une assemblée nationale constituante, a renégocié avec succès la dette du pays (avec l’aide du CADTM) et les contrats de la société PetroEcuador avec les pays étranger, institué une politique fiscale permettant de récupérer l’argent détourné par les plus riches, afin de promouvoir une politique sociale en faveur des plus défavorisés et un vaste plan sur l’Éducation. Il a également créé un ministère du Bien Vivre chargé de promouvoir une relation harmonieuse entre l’être humain et la nature, une vie communautaire faite d’entraide, de production collective et de distribution des richesses selon les nécessités des membres de la communauté.
En 2012, il a été le seul dirigeant à accorder l’asile politique, dans l’ambassade de l’Équateur à Londres, à Julian Assange.
Il a du surmonter une tentative de coup d’état policier et militaire survenue en 2010.
Finalement, il sera trahi par Lenin Moreno, son successeur (alors qu’il ne s’est pas représenté en 2017), qui lancera une procédure judiciaire contre lui, et il assistera impuissant, en exil en Belgique, au démantèlement de tout ce qu’il avait contribué à mettre en place dans son pays.
Sa combativité ne semble pas amoindrie pour autant, mais cette expérience assez exemplaire (même si tout n’est pas parfait) incite à réfléchir aux moyens de créer des changements réellement pérennes. Lorsque l’exercice du pouvoir, et donc les changements, dépendent d’un seul homme providentiel, il est facile de le trahir ou de l’éliminer. ( Ndlr : C’est ce qui c’est passé, dans de nombreux pays, et plusieurs fois par l’assassinat de leader tel que Le Che, Sankara, Lumumba assassinés. Ou par la judiciarisation comme Lula, Cristina Kirchner ou Jorge Glas)
Partout dans le monde, la Police, l’Armée, la Justice et les media sont rarement opposés aux forces réactionnaires et corrompues. Correa met ici l’accent sur le rôle décisif des média. Mais les média ne manipulent que des esprits manipulables . ( Ndlr : mais quand presque tous les médias sont contrôlés par l’oligarchie de marchés, c’est difficile d’y échapper pour la grande masse de la population. D’autant que l’Éducation Nationale n’enseigne plus l’esprit critique)
Créer des media alternatifs est certes indispensable. Mais ce sont surtout " d’esprits alternatifs " créatifs, de capacité de pensée, et d’ouverture réelle du cœur, dont nous avons besoin.
Comment la société civile peut-elle devenir massivement réactive et non manipulable, avoir conscience de son pouvoir propre et l’exercer indépendamment de la présence de tel ou tel leader politique? Telle est la question qui demeure ouverte, en Équateur comme en France.
SE

RAFAEL CORREA : « LA PRESSE EST L’ARME LÉTALE DES ÉLITES NÉOLIBÉRALES »

En exil en Belgique depuis deux ans, persécuté par son successeur qui l’a trahi et qui a récemment livré Julian Assange, Rafael Correa reste déterminé. Nous l’avons rencontré alors que son mouvement venait d’obtenir des victoires significatives au niveau local contre le pouvoir de Lenin Moreno. Au cours de cet entretien, nous avons pu aborder l’expérience de son passage au pouvoir et du processus de Révolution citoyenne, aujourd’hui en danger, mais aussi les barrières qu’il a trouvées sur sa route et la facilité avec laquelle tout ce qu’il avait construit a été démantelé. Presse aux mains de l’oligarchie, élites corrompues, judiciarisation de la politique en Amérique latine, Rafael Correa s’est livré sans détour. Entretien réalisé par Vincent Ortiz, Maximilien Dardel et Lenny Benbara. Retranscrit par Aluna Serrano et traduit par Marie Miqueu-Barneche, Guillaume Etchenique et Maxime Penazzo.

Source :  https://lvsl.fr/rafael-correa-la-presse-est-larme-letale-des-elites-neoliberales/

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