samedi 4 juillet 2020

Extrait de “Mon dîner avec André”. Réflexion philosophique sur le devenir de l’humain

Dans le fil de discussion https://koz.ronkoze.info/t/extrait-de-mon-diner-avec-andre-reflexion-philosophique-sur-le-devenir-de-lhumain/977 de "Ronkozé - Espace de Discussion Civilisée", la vidéo suivante Un Cauchemar Orwellien - "Mon dîner avec André" (1981) a été postée et commentée d'une façon très intéressante que je me permets de partager avec l'autorisation de son auteur.


Source : https://www.youtube.com/watch?v=ReKxI_Ik3G0

Commentaires 

Jérôme

Un monde totalitaire et des poches de résistance … Oui, cela ressemble au présent.
L’un de ces îlots (anarchistes) est le Chiapas, au Mexique.
Mais nous pouvons essayer d’en édifier un autre, ici même, à la Réunion.

Je m’interroge sur le film. C’est bien un film américain réalisé en 1981. Hollywoodien donc ? Je pose simplement la question car je sais que le cinéma est un vecteur de propagande et la CIA l’a très bien compris puisqu’elle a infiltré l’industrie cinématographique (cf. le documentaire Out of the Shadows). Qu’est-ce que l’État profond a à gagner en laissant de tels dialogues être accessibles au grand public ? Est-ce que psychologiquement, cela prépare les esprits au totalitarisme, en le banalisant en quelque sorte ?

[...] 

Luc-Laurent :

L’extrait est vraiment très très intéressant par l’enjeu qui s’y reflète et, justement, l’incertitude qu’il y a quant à sa finalité et, donc, son intention véritable.
La question que tu poses est vraiment celle qu’on peut se poser, en effet.
Pour tenter d’y répondre, après avoir poussé le curseur parano au maximum (du raisonnable ;-)), on pourrait de se demander ce « que veut l’Elite ? » :
  1. 100% de moutons dociles, n’est-ce pas ?
  2. Donc l’objectif sera de décourager dans la population la part de ceux qui ont compris que notre « ennemi, c’est la finance » (et le grand capital et/ou les banquiers-marchands pour parler comme Valérie Bugault). Les autres, ce qui n’ont pas compris cela ou se refusent à cette pensée « complotiste ») ne sont pas dangereux car ils se battent sur des objectifs ponctuels (climat, haine, discrimination, emploi, salaires, retraites, etc.) sans être capables de « relier les points » et d’identifier « la cause des causes ».
  3. Afin de dérouter les « lucides », il est probablement intéressant de les faire partir d’une représentation à laquelle ils puissent adhérer… pour les mener ensuite dans des impasses ! Cela, en suggérant… :
  4. Qu’il n’y a aucun espoir sérieux que cela puisse changer (découragement affiché d’entrée afin de rendre disponible aux options proposées ensuite)
  5. Que ce qui prime avant tout c’est une démarche individuelle :
    _ se couper des médias (une vraie bonne idée qui sert à ferrer le poisson) ET, DONC,
    _S’isoler, c'est-à-dire, fuir le collectif (implicitement désigné comme dangereux autant que docile au pouvoir totalitaire). Thématique individualiste typique d’Hollywood qui cultive l’idée du héros solitaire et éloigne ainsi de l’idée que seuls les mouvements collectifs et solidaires ont des chances de changer la donne.
    _Revenir (implicitement) vers les formes archaïques de sacralisation de la Nature
    a) comme si elle avait le pouvoir de nous sauver de nous-même
    b) par la pratique de rites « magiques » comme planter une graine d’un arbre improductif comme le pin
  6. Validation de la contre-culture new age des 60’, dernier avatar de l’idée révolutionnaire avec laquelle on pousse les peuples à renverser l’ordre établi depuis 2000 ans, depuis qu’un peuple n’a pas reconnu son messie et relance ses espérances planétariennes en toutes occasions.
  7. L’idée sous-jacente qui transparaît est celle d’une Élite « illuminée » (cf. « poches de lumière » à 3’43) qui serait comme des « planètes invisibles sur cette planète » (3’47) que l’auditeur est invité à joindre ou rejoindre afin de se remplir de la connaissance qui lui permettra de bâtir « un nouveau futur ». On est donc bien en plein dans une utopie messianique où le messie est l’Élite elle-même.
  8. Bref, il s’agit d’un tableau qui, de manière trompeuse, fait craindre une robotisation par élimination des affects et des émotions alors que ceux-ci sont exploités à outrance et constituent le moyen n°1 de gérer le « parc humain » en fabriquant des zombisounours toujours plus (intellectuellement) grégaires.
  9. Enfin, pour conclure, je ne peux pas ne pas souligner la présence de « motifs » typiquement hollywoodiens tels que :
    a. la référence à la situation des juifs en 1936
    b. l’idée d’une élimination complète du genre humain (génocide)
    c. L’idée d’un gouvernement totalitaire qui fait du lavage de cerveau (c’est la corde de l’aversion suscitée par l’Allemagne nazie qui est ici jouée, bien sûr, mais la thématique reste en retrait car l’argent lui sert de paravent)
    d. L’idée d’un « camp de concentration » auto-engendré par les serviles moutons.
    e. L’idée de « poches de lumière » constituées par une élite messianique car salvatrice du genre humain
    f. Élite préfigurée par la contre-révolution bobo new age (et donc, elle aussi, d’orientation messianique)
    g. La finalité étant de rejoindre le divin (conscience océanique et omniscience), c'est-à-dire, d’entrer dans la religion du N.O.M. qu’Hollywood prépare depuis, grosso modo, son origine.’
Bref, voilà, en très raccourci, ce que ce discours séduisant m’inspire. Je pense au serpent de la Genèse: « vous serez comme des dieux »… :wink:
Il me semble très improbable que la CIA ait eu besoin d’intervenir ici. C’est du Hollywood pur sucre.

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