Extrait de "Des décisions absurdes aux processus de la haute fiabilité"
Dans les organisations hautement fiables, les subordonnés ont un grand pouvoir de décision. Ce qui fait la sécurité d’un cockpit, d’un sous-marin nucléaire ou d’un bloc opératoire n’est pas l’autorité mais, au contraire, la collégialité. Dans les années 1990, la compagnie Korean Air a enregistré 12 accidents graves, provoquant 750 morts. Ce taux d’accident désastreux a été largement imputé à des excès d’autorité dans le cockpit. Dans plusieurs cas, le commandant de bord avait commis une erreur et le copilote n’avait pas osé le lui signaler. Des mesures ont été prises pour assurer un fonctionnement plus démocratique, et la compagnie est devenue l’une des plus fiables du monde.
À la suite des accidents de Toronto et du Rio-Paris, Air France a fixé de nouvelles règles d’organisation du cockpit, qui vont dans le sens d’un plus grand partage des responsabilités plutôt que d’un renforcement de l’autorité. Le copilote peut désormais décider la remise des gaz, même si c’est le commandant de bord qui pilote. De même, sur les porte-avions américains, des non-gradés sont autorisés à décider d’interrompre un appontage.
Une étude a montré que dans les blocs opératoires, les équipes les plus démocratiques obtiennent le taux de mortalité chirurgicale le plus faible, car ce sont elles qui appliquent le mieux les nouvelles techniques. Des chercheurs américains ont également montré que les groupes de randonneurs de haute montagne disposant d’un leader fort subissent davantage d’accidents mortels dans des avalanches que ceux qui prennent les décisions de façon plus collégiale.
Source : https://www.cairn.info/revue-le-journal-de-l-ecole-de-paris-du-management-2012-2-page-37.htm
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