jeudi 12 septembre 2019

La France n’est pas une démocratie et ne l’a jamais été.


Les pères fondateurs de la République française l’ont voulu ainsi ; car ils détestaient la démocratie. Ce mot « démocratie » était une insulte à leur époque. Et cela ne devint un argument électoral (démagogique), mais sans changement des institutions oligarchiques, qu’à partir de 1848 quand le suffrage censitaire fut remplacé par le suffrage masculin (tous les hommes riches ou pauvres).

Emmanuel-Joseph Sieyès, l'un des pères de la Révolution française, avait bien compris aussitôt la différence fondamentale entre un « gouvernement représentatif » (où les citoyens se donnent des élus) et un « gouvernement démocratique » (qui supposerait un régime direct d'assemblées générales exerçant simultanément un pouvoir souverain, par exemple de validation a posteriori des lois, comme ce fut d''ailleurs prévu plus tard dans la Constitution de l'an I, ainsi que le tirage au sort des fonctions spécialisées qu'on attribue actuellement aux élus professionnalisés, telles que la préparation et le contrôle du budget, l'ordre du jour de l'actualité gouvernementale, la délibération législative, etc.).

Voir cette citation peu connue (recommandée notamment par Etienne Chouard), où Sieyès, malgré tous ses mérites d'auteur du célèbre libelle insurrectionnel « Qu'est-ce que le tiers état ? » et de participant au Serment du Jeu de paume, montre le vrai visage de la nouvelle domination bourgeoise instaurée à partir de 1789 en France, à la suite des États-Unis après la guerre d'Indépendance :

« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »
 
(Discours du 7 septembre 1789, intitulé précisément : « Dire de l'abbé Sieyès, sur la question du veto royal : à la séance du 7 septembre 1789 »)

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