mardi 24 septembre 2019

Des députés ou des représentants

Sitôt que le service public cesse d'être la principale affaire des citoyens, et qu'ils aiment mieux servir leur bourse que leur personne, l’État est déjà près de sa ruine. Faut-il marcher au combat ? ils payent des troupes et restent chez eux; faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. A force de paresse et d'argent, ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie et des représentants pour la vendre.

Donnez de l'argent et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d'esclave; il est inconnu dans la Cité. Dans un État vraiment libre, les citoyens font tout avec leurs bras et rien avec l'argent.  [...] Je suis bien loin des idées communes; je crois les corvées moins contraires à la liberté que les taxes.

Sitôt que quelqu'un dit des affaires de l’État : "Que m'importe ?", on doit compter que l’État est perdu.

A l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre; il n'est plus.

Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social, livre III, Chapitre XV

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