Par Leïla Marchand
Publié le 21 déc. 2019 à 9h02
Êtes-vous
bien vacciné contre la coqueluche ? Pour le savoir, nul besoin d'aller
chercher votre carnet de santé. Dans le futur, il vous suffira de
scanner votre bras à l'aide d'un smartphone. C'est en tout cas l'idée
sur laquelle le Massachusetts Institute of Technology (MIT) est en train
de travailler.
Une équipe de
scientifiques du MIT a développé un outil afin que chaque personne
vaccinée en garde la preuve dans son propre corps. Cette méthode
pourrait s'avérer très utile dans les pays en développement où les
cartes de vaccination papier sont souvent perdues - quand elles ne sont
pas inexistantes - et où les bases de données électroniques ne sont pas
utilisées.
« Cette technologie
pourrait permettre la détection rapide et anonyme des antécédents de
vaccination des patients pour garantir que chaque enfant est vacciné »,
explique Kevin McHugh, auteur principal de l'étude. Et ce en ajoutant
peu au coût ou au risque de la procédure, selon l'étude publiée mercredi
dans Science Translational Medicine.
Des petits points invisibles sous la peau
Cette nouvelle technique utilise
des nanocristaux à base de cuivre, appelées des boîtes quantiques
(« quantum dots » en anglais), de 3,7 nanomètres de diamètre
et encapsulés dans des microparticules de 16 micromètres (1 micromètre
égale un millionième de mètre, et 1 nanomètre égale un milliardième). Le
tout est injecté par un patch de microaiguilles de 1,5 millimètre de
longueur.
Les microaiguilles sont
fabriquées à partir d'un mélange de sucre soluble et d'un polymère,
ainsi que du colorant associé aux boîtes quantiques. Ainsi, après avoir
été appliquées, les microaiguilles se dissolvent en deux minutes et
laissent seulement derrière elles les petits points de colorant,
répartis par exemple en forme de cercle ou d'une croix.
Ces
petits points sont invisibles à l'oeil nu mais détectables lorsqu'ils
sont exposés à une partie du spectre lumineux, invisible pour nous,
proche de l'infrarouge. Un smartphone modifié, pointé sur la peau,
permet de faire apparaître, fluorescent sur l'écran, le cercle ou la
croix.
D'après les conclusions de l'étude, les
« quantum dots » peuvent ainsi « être utilisés pour coder les
informations vaccinales de manière fiable et peuvent être injectées en
même temps qu'un vaccin », à l'aide d'une seringue et d'une aiguille
traditionnelles.
La technique est
censée être durable. Les chercheurs ont simulé cinq années d'exposition
au soleil (sur de la peau de porc) pour vérifier que les points
restaient visibles. Et cette méthode requiert moins de technologie qu'un
scan de l'iris ou que la maintenance de bases de données médicales.
Déjà testé sur des rats
Le
système n'a pour l'instant été testé que sur des rats mais l'équipe de
scientifiques, financée par la Fondation Bill et Melinda Gates, espèrent
les tester sur des humains en Afrique dans les deux prochaines années.
D'autres études de sécurité seront nécessaires avant de passer à cette
étape.
Des
patchs sont en cours de développement pour délivrer des vaccins contre
la rougeole, la rubéole et d'autres maladies. Les chercheurs travaillent
également à augmenter la quantité de données pouvant être encodées,
afin d'inclure des informations telles que la date d'administration et
le numéro de lot du vaccin.
La
Fondation Gates poursuit le projet et finance des enquêtes d'opinion au
Kenya, au Malawi et au Bangladesh pour déterminer si les populations
seront prêtes à adopter ces microscopiques boîtes quantiques.
Leïla Marchand
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