samedi 2 mai 2020

Dans le futur (très, très proche), le carnet de vaccination pourrait être injecté sous la peau

Des ingénieurs du MIT ont inventé des nanoparticules injectables sous la peau et lisibles avec un smartphone permettant de confirmer qu'une personne a bien été vaccinée. Cette innovation serait utile dans les pays en développement où les cartes de vaccination en papier sont souvent erronées ou incomplètes.


Publié le 21 déc. 2019 à 9h02
 
Êtes-vous bien vacciné contre la coqueluche ? Pour le savoir, nul besoin d'aller chercher votre carnet de santé. Dans le futur, il vous suffira de scanner votre bras à l'aide d'un smartphone. C'est en tout cas l'idée sur laquelle le Massachusetts Institute of Technology (MIT) est en train de travailler.

Une équipe de scientifiques du MIT a développé un outil afin que chaque personne vaccinée en garde la preuve dans son propre corps. Cette méthode pourrait s'avérer très utile dans les pays en développement où les cartes de vaccination papier sont souvent perdues - quand elles ne sont pas inexistantes - et où les bases de données électroniques ne sont pas utilisées.

« Cette technologie pourrait permettre la détection rapide et anonyme des antécédents de vaccination des patients pour garantir que chaque enfant est vacciné », explique Kevin McHugh, auteur principal de l'étude. Et ce en ajoutant peu au coût ou au risque de la procédure, selon l'étude publiée mercredi dans Science Translational Medicine.

Des petits points invisibles sous la peau

Cette nouvelle technique utilise des nanocristaux à base de cuivre, appelées des boîtes quantiques (« quantum dots » en anglais), de 3,7 nanomètres de diamètre et encapsulés dans des microparticules de 16 micromètres (1 micromètre égale un millionième de mètre, et 1 nanomètre égale un milliardième). Le tout est injecté par un patch de microaiguilles de 1,5 millimètre de longueur.

Les microaiguilles sont fabriquées à partir d'un mélange de sucre soluble et d'un polymère, ainsi que du colorant associé aux boîtes quantiques. Ainsi, après avoir été appliquées, les microaiguilles se dissolvent en deux minutes et laissent seulement derrière elles les petits points de colorant, répartis par exemple en forme de cercle ou d'une croix.

Ces petits points sont invisibles à l'oeil nu mais détectables lorsqu'ils sont exposés à une partie du spectre lumineux, invisible pour nous, proche de l'infrarouge. Un smartphone modifié, pointé sur la peau, permet de faire apparaître, fluorescent sur l'écran, le cercle ou la croix.

D'après les conclusions de l'étude, les « quantum dots » peuvent ainsi « être utilisés pour coder les informations vaccinales de manière fiable et peuvent être injectées en même temps qu'un vaccin », à l'aide d'une seringue et d'une aiguille traditionnelles.

La technique est censée être durable. Les chercheurs ont simulé cinq années d'exposition au soleil (sur de la peau de porc) pour vérifier que les points restaient visibles. Et cette méthode requiert moins de technologie qu'un scan de l'iris ou que la maintenance de bases de données médicales.

Déjà testé sur des rats

Le système n'a pour l'instant été testé que sur des rats mais l'équipe de scientifiques, financée par la Fondation Bill et Melinda Gates, espèrent les tester sur des humains en Afrique dans les deux prochaines années. D'autres études de sécurité seront nécessaires avant de passer à cette étape.

Des patchs sont en cours de développement pour délivrer des vaccins contre la rougeole, la rubéole et d'autres maladies. Les chercheurs travaillent également à augmenter la quantité de données pouvant être encodées, afin d'inclure des informations telles que la date d'administration et le numéro de lot du vaccin.

La Fondation Gates poursuit le projet et finance des enquêtes d'opinion au Kenya, au Malawi et au Bangladesh pour déterminer si les populations seront prêtes à adopter ces microscopiques boîtes quantiques.

Leïla Marchand

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