Ces
structures – dont l’UNSA, ATD quart-monde, la Mutualité
française, France terre d’asile, le Réseau action climat, la
FAGE… – sont rassemblées dans une coalition inédite en
faveur d’un « nouveau pacte politique, social
et écologique », qu’elles définissent comme « un pacte pour l’humain et pour l’humanité (…).
Un pacte du pouvoir de vivre, aujourd’hui et
demain, dans la dignité et le respect, un pacte qui nous
engage tous ».
A
l’appui, 66 propositions, qui vont du logement à la
formation, de la lutte contre l’exclusion à la mobilité, de
la fiscalité à la politique du grand âge, avec comme
exigence centrale la préservation de l’environnement et des
conditions de vie futures de l’humanité.
Le Monde les publie ci-dessous en
intégralité.
-
Garantir l’accès à un logement digne
1.
Encadrer les loyers dans les zones tendues.
2. En
finir avec les logements indignes et les passoires
énergétiques en finançant leur rénovation et en interdisant
à terme leur mise en location.
3.
Investir massivement dans le logement social et très social
avec l’objectif de mixité sociale, notamment en revenant sur
les ponctions [des organismes] HLM.
4.
Revenir sur les coupes opérées sur les aides personnalisées
au logement depuis 2017.
-
Combattre les inégalités dans l’éducation et la formation et construire des parcours d’émancipation
5.
Faire reculer le poids de l’appartenance sociale sur la
réussite scolaire.
6.
Investir dans les politiques publiques d’éducation
populaire.
7.
Développer une culture d’écoute des aspirations
individuelles dans l’éducation, l’orientation et la
formation tout au long de la vie.
8.
Faire du compte personnel de formation un levier d’éducation
permanente autant que d’adaptation aux métiers.
-
Un travail émancipateur
9.
Généraliser les accords de qualité de vie au travail dans
les entreprises et administrations.
10.
Faire évoluer automatiquement les grilles salariales en
fonction de l’évolution du smic dans le privé et le public.
11.
Lutter contre les recours abusifs aux contrats courts et/ou
au temps partiel subi.
-
Construire un bouclier de services publics dans tous les territoires
12.
Systématiser la proposition d’accompagnement humain à
l’exercice des droits.
13.
Généraliser les maisons de services au public.
14.
Garantir un accès à la santé, en développant notamment les
maisons et centres de santé accessibles à tous.
-
Une solidarité intergénérationnelle
15.
Garantir une protection sociale pour tous les jeunes : la
« garantie jeunes universelle ».
16.
Garantir une retraite par répartition avec un niveau de
pension qui ne puisse pas être inférieur au smic pour une
carrière pleine.
17.
Donner les moyens d’une politique ambitieuse du grand âge et
de la perte d’autonomie.
-
Construire l’égalité réelle entre les femmes et les hommes
18.
Construire dès le plus jeune âge une culture de l’égalité
entre femmes et hommes.
19.
Réévaluer les classifications pour revaloriser les métiers
majoritairement occupés par des femmes.
20.
Promouvoir l’orientation non genrée lors de la formation
initiale.
-
Lutter contre les discriminations
21.
Construire une politique nationale de lutte contre les
discriminations.
22.
Renforcer les moyens dans les territoires du défenseur des
droits et de l’inspection du travail pour lutter contre les
discriminations.
-
Accueillir dignement les migrants dans le respect des droits fondamentaux
23.
Construire et garantir un régime du droit d’asile européen
dans le respect de la Convention de Genève.
24.
Promouvoir une politique d’intégration bienveillante qui
s’inscrit dans notre devoir d’hospitalité.
-
Rendre accessible à tous une nourriture saine et éco-responsable
25.
Généraliser les repas bio dans les établissements publics et
privés.
26.
Favoriser l’accès aux produits locaux éco-responsables en
organisant les circuits courts sur les territoires.
-
Une économie et une finance vraiment responsables
27.
Adosser la rémunération variable des dirigeants à la
performance sociale et environnementale, et pas seulement
financière.
28.
Rendre les stratégies climat des entreprises réellement
compatibles avec l’accord de Paris.
29.
Taxer plus fortement les dividendes et taxer le rachat par
les entreprises de leurs propres actions.
30.
Conditionner les aides publiques aux entreprises pour les
rendre solidaires de leur territoire.
31.
Soutenir l’économie sociale et solidaire (coopératives,
mutuelles et associations) et des modèles d’organisation
d’entreprises plus responsables.
32.
Porter politiquement les spécificités du modèle non-lucratif
français au niveau européen.
33.
Définir des services sociaux d’intérêt général préservés des
logiques de marché.
-
Redonner du sens au partage des richesses
34.
Plafonner les rémunérations des dirigeants d’entreprise, et
encadrer les écarts entre les plus hautes et les plus basses
rémunérations.
35.
Négocier le partage de la valeur ajoutée au sein des
entreprises et avec les sous-traitants.
36.
Revaloriser les minimas sociaux et les faire évoluer au même
rythme que les revenus du travail.
-
Engager une réforme de la fiscalité pour plus de justice
37.
Introduire une plus grande progressivité de l’impôt (impôt
sur le revenu et fiscalité indirecte).
38.
Taxer les hauts patrimoines.
39.
Mettre fin aux dérogations bénéficiant aux revenus du
capital.
40.
Evaluer, modifier et réorienter les dépenses (niches)
fiscales et les aides publiques aux entreprises pour
qu’elles profitent à l’emploi, à la transition écologique, à
l’investissement social et à la qualité de vie.
41.
Augmenter les moyens pour lutter contre l’évasion et
l’optimisation fiscales, et promouvoir une assiette commune
consolidée pour l’impôt sur les sociétés au niveau européen.
-
Appliquer le principe de pollueur-payeur à tous
42.
Mettre fin aux exonérations de la taxe carbone française
pour certains secteurs, en particulier le transport aérien
et maritime, les entreprises du marché carbone européen et
le transport routier de marchandises.
-
Utiliser de nouveaux indicateurs de richesse
43.
Concevoir, piloter et évaluer les politiques économiques en
fonction de leur impact sur la qualité de vie, la justice
sociale, la réduction des inégalités, l’usage sobre des
ressources et leur capacité à favoriser des emplois de
qualité.
-
Développer des mobilités plus durables et sortir de la dépendance aux énergies fossiles
44.
Fixer la fin de vente des véhicules essence ou diesel neufs
à un horizon compatible avec l’accord de Paris sur le
climat.
45.
Réengager l’Etat dans le maillage ferroviaire du territoire,
pour lutter contre le dérèglement climatique et les
fractures territoriales.
46.
Faire respecter l’obligation de plans négociés de mobilité
dans les entreprises et administrations et les territoires.
47.
Instaurer le droit pour tous les salariés de bénéficier du
remboursement employeur pour les frais de covoiturage ou de
vélo liés aux trajets domicile-travail.
-
Organiser la transition écologique dans les territoires et anticiper les mutations de l’emploi
48.
Créer des budgets participatifs au niveau local pour
organiser la transition : 10 milliards de l’Etat, 10 % du
budget des collectivités locales, 10 % du budget de l’Agence
nationale pour la rénovation urbaine.
49.
S’engager résolument dans les énergies renouvelables et les
économies d’énergie, créatrices d’emplois non
délocalisables.
50.
Garantir l’accompagnement des salariés et des entreprises
quant aux conséquences de la transition écologique sur
l’emploi.
-
Instaurer une fiscalité écologique solidaire et sociale
51.
Adopter une trajectoire de la taxe carbone compatible avec
l’accord de Paris et reverser l’ensemble des recettes de la
fiscalité écologique aux ménages et au financement de la
transition.
52.
Supprimer les subventions et mesures fiscales dommageables à
l’environnement et à la préservation du patrimoine naturel.
-
Adopter un plan d’investissement dans la transition écologique
53.
Sortir les investissements verts du calcul du déficit public
dans les règles européennes.
54.
Définir un plan d’investissement public et privé dans la
transition écologique à hauteur des 55 à 85 milliards
d’euros manquants par an entre 2019 et 2023, et soumettre la
politique commerciale et d’investissement de l’Union
européenne aux objectifs climatiques, environnementaux et
sociaux.
-
Permettre l’expression et la participation de tous les citoyens
55.
Accroître le pouvoir d’expression des plus défavorisés.
56.
Mettre en œuvre une stratégie nationale sur l’engagement
citoyen tout au long de la vie.
57.
Soutenir la vie associative et syndicale en renforçant ses
moyens et en prenant en compte ce qu’elle représente.
58.
Inclure des citoyens tirés au sort dans le Conseil
économique, social et environnemental (CESE) et les Conseils
économiques, sociaux et environnementaux régionaux.
59.
Mieux inscrire le CESE dans le processus d’élaboration
législatif et renforcer son rôle d’évaluation des lois et
des politiques publiques.
-
Co-construire les politiques publiques
60.
Multiplier les jurys citoyens pour l’évaluation des projets
de loi, des politiques publiques, mais aussi avec un droit
d’interpellation des gouvernements et institutions.
61.
S’appuyer sur la vitalité associative dans les politiques
publiques et l’encourager en permettant partout le
déploiement des initiatives citoyennes.
62.
Impliquer les citoyens et la société civile organisée dans
l’élaboration des politiques de redistribution et politiques
sociales.
-
Partager le pouvoir dans les entreprises
63.
Instaurer une représentation pour moitié des salariés dans
les conseils d’administration et les conseils de
surveillance.
64.
Rendre obligatoire la négociation dans les entreprises sur
leur « raison d’être » – finalités économiques, sociales,
environnementales, sociétales.
-
Accroître le droit d’expression au travail
65.
Généraliser les espaces d’expression des travailleurs et
travailleuses pour intervenir sur les transformations de
leur travail (cadences, évolution des tâches, conditions de
travail…).
66.
Faire participer tous les salariés à la définition de
l’agenda social dans l’entreprise, à l’initiative des
institutions représentatives du personnel.
Ces « 66
propositions pour donner à chacun le pouvoir de
vivre » sont l’initiative d’ATD quart-monde, la
CFDT, la CFTC, la Cimade, la FAGE, France nature
environnement, France terre d’asile, la fondation
Abbé-Pierre, la fondation Nicolas Hulot pour la nature
et l’homme, Humanité et biodiversité, la Ligue de
l’enseignement, le Mouvement associatif, le Pacte
civique, les Francas, la Mutualité française, Réseau
action climat, le Secours catholique-Caritas, l’Uniopps
et l’UNSA.
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