En avril 1992, quelques mois avant le référendum français sur le traité de Maastricht, Francis Wurtz, député européen et responsable des affaires internationales au PCF - Parti Communiste Français,
expose les raisons pour lesquelles les communistes s'opposent au traité
de Maastricht et au tournant ultralibéral qu'il impose à la
construction européenne. 🇪🇺
► Extrait de "Francis Wurtz sur l'Europe de Maastricht" à découvrir en intégralité sur le site de Ciné-Archives : https://bit.ly/2VMB8S6
Expression directe du 25 avril 1992.
Francis Wurtz, député européen et responsable des affaires
internationales au PCF, expose les raisons pour lesquelles les
communistes s'opposent au Traité de Maastricht et au tournant
ultralibéral qu'il impose à la construction européenne. Il présente la
pétition lancée par le Parti pour exiger la tenue d'un débat national
sur le sujet.
Francis Wurtz explique que la question de la souveraineté est au cœur du
traité de Maastricht : "Ce traité institue une loi au-dessus des lois.
S'il est ratifié, vous continuerez à élire vos députés mais le pouvoir
réel sera ailleurs, dans des instances non élues, non françaises. (...)
Dans quelques années 80% des législations économiques et fiscales
seraient transférées vers ces pouvoirs technocratiques. S’ajouterait une
Banque Centrale Européenne à Francfort qui gèrerait la monnaie unique
future." D'ici là, ces institutions se verront confier la chasse au
déficit et la baisse des dépenses publiques dans les domaines social, de
la santé, de la formation, des salaires et des retraites, avec sanction
à la clé pour les gouvernements qui ne respecteraient pas cette ligne.
Cela aurait des répercussions très concrètes sur la vie des français :
la récente autorisation par le gouvernement français du travail de nuit
pour les femmes est un exemple parmi d'autres du nivellement pas le bas
imposé par cette logique ultra-libérale. Ou le recul social présenté
comme une mesure "d'harmonisation" européenne.
Le patronat lui-même estimant que certaines contraintes imposées par le
Traité seront inacceptables, Francis Wurtz s'attend à des explosions
sociales.
Au nom du PCF, il met en garde contre ce traité : "Il ne faut pas céder à
ceux qui disent que c'est Maastricht ou le chaos. C'est faux! Ce sont
les mêmes qui demain, si Maastricht passe et que vous les critiquez,
utiliseront la mauvaise Europe qu'ils auront construite comme rempart au
mécontentement de leur peuple, en disant "On n'y peut rien, les ordres
viennent de là-haut"."
A ceux qui croient que l'Europe de Maastricht sera plus forte, Francis
Wurtz répond l'inverse : le marché unique européen ne permettra pas de
concurrencer les États-Unis et le Japon, dans la mesure où il
s’accompagnera d'une libéralisation des mouvements de capitaux et des
importations. En outre, cette Europe aura pour effet pervers, dit-il, de
niveler les différences culturelles qui font la richesse de chaque
pays. Pour une organisation qui se prétend garante de la paix, l'Europe
de Maastricht consacre beaucoup d'investissements à l'armement et au
renforcement de l'OTAN. Au point de vue diplomatique, le député
communiste se fend d'un trait d'humour : "Maastricht interdit à tout
gouvernement toute politique étrangère qui ne soit pas conforme à
l'opinion de la majorité. Le Général De Gaulle doit se retourner dans sa
tombe!"
Fort de toutes ces réserves, Francis Wurtz demande l'organisation d'un
débat contradictoire, suivi d'un référendum (comme ce fut le cas dans
deux pays, l'Irlande et le Danemark). Elisabeth Guigou, ministre
déléguée aux Affaires européennes, a refusé cette proposition une
première fois. Il la réitère donc une seconde fois.
Mots clés : construction européenne, libéralisation économique, Traité
de Maastricht, pétition, consultation des français, souveraineté
nationale
L'émission « Expression Directe » est une case de programmation réservée
à l'expression des partis politiques français sur les chaînes de la
télévision publique. Chaque parti dispose de moyens et d'un budget
attribués par l'Etat pour la préparation de ces émissions dont la
réalisation lui appartient en propre. A l'origine, elles duraient en
moyenne un quart d'heure et étaient diffusées aux heures de grande
écoute.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, BNF
Source : https://www.cinearchives.org/Catalogue-d-exploitation-FRANCIS-WURTZ-SUR-L-EUROPE-DE-MAASTRICHT-494-1599-0-1.html?ref=55ebca3c85366fad24d7a08d54ef366c&fbclid=IwAR0aSUP7SryWIL_l8xvZLX5VD5_6LN__ujTLkg__y3-2vkhIgEH-sj1PTZM
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