mercredi 1 mai 2019

La huitième plaie

Le contrat social se compose de textes écrits, clairs et visibles, mais le filigrane ne saute pas forcément aux yeux.

Vient d'être exprimée l'idée que dire "violence politique" est préférable à dire "violence policière" ;  on avance.

Allons plus loin pour dire peut être "violence de civilisation" , "violence des paradigmes" ...


Celui qui, armé-casqué, obéit aux ordres, est sans conscience, ou plus exactement a abdiqué et renoncé à son libre arbitre ; exactement comme certains citoyens, qui pour obtenir salaire vital, acceptent d'être un maillon de la chaîne des œuvres nuisibles, acceptent un travail critiquable, dans lequel, dit on, "ils se réalisent" ! Je tenais à défocaliser notre regard, afin que la critique de l'obéissance ne soit pas concentrée sur les "forces de l'ordre" : nous sommes cette civilisation de l'obéissance, dans laquelle être complice du mal est trop souvent nécessaire et vital ; simplement, il y a des situations dans lesquelles c'est plus évident que dans d'autres ...

Par contre, celui qu'on appelle décideur, celui qui d'un décret peut tout changer, celui qui donne les ordres, celui là le fait en connaissance de cause, raisonne, pense, projette, harangue, exhorte, récompense, punit, organise, tout cela librement ; celui-là n'a pas abdiqué : il choisit ses actes en conscience, conformément à la couleur de son âme et à son degré d'humanité, ou d'inhumanité ; son esprit, pervers ou sain, donne le ton.

Dans cette prétendue civilisation où être complice est trop souvent vital, le donneur d'ordre faîtier est bien l'un des seuls à être libre et responsable de ce qui advient, de pire ou de meilleur.
Cependant, changer le décideur faîtier sera de bien peu d'effet : ce qui est à changer, à éliminer, c'est la possibilité du chantage par le salaire, c'est le fait que pour manger ou nourrir leur famille certains doivent obéir, renoncer à mesurer leurs actes contributifs et leurs conséquences, proches ou lointaines, à l’aulne de leur conscience.

Ceux qui on écrit la DUDH ont loupé le coche : chacun a droit a un travail lui conférant dignité matérielle, mais quid des conséquences morales de ce travail ...

Une société dans laquelle dire non n'est possible qu'à Diogène devient fatalement une société sans conscience, incohérente, de peine et de douleur.

Telle est la nôtre.

 La dépendance au salaire est la huitième plaie.

2 commentaires:

Je a dit…

"La dépendance au salaire est la huitième plaie"; exact ! Mais qu'est-ce que le salaire ? C'est la relation entre le propriétaire (des moyens de production) et le travailleur (non-propriétaire). Donc, la clé de voûte de cette société, c'est la propriété (à ne pas confondre avec la possession dirait Proudhon). Bernard Friot distingue lui aussi la propriété lucrative (à bannir) et la propriété d'usage (celle que Proudhon accepte absolument). Rien ne justifie l'appropriation définitive d'une terre, d'un bien immobilier, et l'aubaine qu'ils permettent de dégager sans avoir à participer à l'effort productif collectif. Chaque fois qu'un travailleur produit une richesse, il est spolié d'une partie de cette richesse par le propriétaire. En conséquence, le salaire d'une journée de travail ne lui permet pas d'acheter la richesse produite en une journée de travail (puisque la part/le bénéfice du propriétaire s'y est ajoutée). La propriété lucrative conduit à l'appauvrissement des travailleurs et à l'enrichissement sans borne des non-travailleurs propriétaires. Dans une société juste, le travailleur recevrait un salaire exactement identique à la quote-part de richesse produite; y compris en devenant copropriétaire (propriété d'usage) de l'outil de production qu'il utilise (terre ou usine ou bureau ...). L'article 17 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen est à supprimer !

Je a dit…

Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789

Article 17

La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.