jeudi 9 mai 2019

Débat Étienne Chouard / Olivier DELAMARCHE : Ils ne sont pas d'accord ...

Étienne CHOUARD et Olivier DELAMARCHE se rencontrent pour par parler de la création monétaire, de la dette et de la souveraineté du peuple en économie. Un premier débat passionnant avec des visions très différentes !



Sourcehttps://www.youtube.com/watch?v=CHbGrptXvaE

13 commentaires:

Je a dit…

17' : Sur la loi de 1973 (Pompidou-Giscard), lire "L'ordre de la dette" de Benjamin Lemoine.

Je a dit…

L'ordre de la dette

Enquête sur les infortunes de l’État et la prospérité du marché

Benjamin LEMOINE

Pourquoi la dette publique occupe-t-elle une telle place dans les débats économiques contemporains, en France et ailleurs ? Comment s’est-elle imposée comme la contrainte suprême qui justifie toutes les politiques d’austérité budgétaire et qui place les États sous surveillance des agences de notation ?

À rebours de ceux qui voient la dette comme une fatalité et une loi d’airain quasi naturelle, Benjamin Lemoine raconte dans ce livre comment, en France, l’« ordre de la dette » a été voulu, construit et organisé par des hommes politiques, des hauts fonctionnaires et des banquiers, de gauche comme de droite – parmi lesquels François Bloch-Lainé, Charles de Gaulle, Antoine Pinay, Valéry Giscard d’Estaing, Michel Pébereau, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn… Autrement dit, il fut le fruit d’un choix politique.

Ce livre reconstitue la généalogie détaillée de ce choix stratégique, et prend la mesure de la grande transformation de l’État dans l’après-guerre. On réalise alors à quel point les nouveaux rapports entre finance privée et finances publiques sont au cœur des mutations du capitalisme, dans lequel l’État est devenu un acteur de marché comme les autres, qui crée et vend ses produits de dette, construisant par là sa propre prison.

« Ce qui est mis en cause dans ce livre, c’est l’évidence même de la dette. » André Orléan.

Source : https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L_ordre_de_la_dette-9782707185501.html

Je a dit…

D'un côté, les présidents et gouvernements successifs (avec le vote des parlementaires "godillots") ont privé l'Etat de son pouvoir régalien de création monétaire et, de l'autre, on voté depuis 40 ans des budgets en déséquilibre pour obliger l'Etat à emprunter sur les marchés financiers.

Depuis lors, la dette (perpétuelle) s'accumule et la totalité de l'impôt sur le revenu du travail est utilisée pour payer les intérêts de la dette.

Je a dit…

La souveraineté populaire, c'est décider. Mais il faut aussi la souveraineté monétaire. Pour financer les décisions.
Il ne faut pas être dépendant des marchés financiers.

Je a dit…

Dans l'économie actuelle, la croissance est à 70% basée sur la consommation, à 25% sur l'investissement et 5% "divers trucs avariés" , nous indique Olivier Delamarche.

Olivier Delamarche présente l'existant (favorable à des intérêts particuliers), sans pour autant le défendre, tandis qu'Etienne Chouard propose un autre fonctionnement qui serait plus dans l'intérêt général.

Je a dit…

Le taux de croissance a baissé d'environ 1% par décennie depuis les années 1960-70; en partie à cause du vieillissement de la population.

Voir le graphique à 40'49''.

Je a dit…

Olivier Delarmarche utilise l'image "On a cru que c'était la queue qui faisait bouger le chien" pour expliquer que, dans les années 2000, les banquiers (à la demande des gouvernements qui veulent séduire l'électorat en affichant de la croissance) ont créé un excédent de masse monétaire qui n'était plus corrélé à la création de richesses réelles.

Illustration par le graphique à 45'11''

Je a dit…

Etienne Chouard précise (et Olivier Delarmache est d'accord) que cet excédent de masse monétaire est allé dans les poches des 1% voire même des 0,1% les plus riches c'est-à-dire ceux qui ont fait élire les présidents/gouvernements (par exemple en leur ouvrant les plateaux de télévisions dont ils sont les propriétaires).

Si cette monnaie était allé dans les poches des consommateurs de base, la croissance aurait sans doute suivi la courbe de création monétaire.

Abandonner le pouvoir de création monétaire à des banquiers privés est une hérésie. Il ne faudrait même pas le confier à des politiciens mais à des chambres de citoyens tirés au sort et formés, avec plusieurs chambres réparties dans le pays pour avoir des avis contradictoires.

Je a dit…

A 55', Etienne Chouard parle de la "courbe de Phillips" qui montre la corrélation inverse entre taux d'inflation et taux de chômage, puis du NAIRU : le taux de chômage minimum pour maîtriser l'inflation.

Deux graphiques illustrent ces notions.

Je a dit…

A 1h10-1h11, Etienne Choaurd raconte l'une des expériences de création monétaire locale, communale, dans les années 1930, juste après la crise de 1929, qui ont fleuries en Autriche et en Allemagne.

Il parle plus précisément de la commune de Wörgl et de la monnaie Wära :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/W%C3%B6rgl#Exp%C3%A9rience_%C3%A9conomique_au_XX%C3%A8me_si%C3%A8cle
- https://fr.wikipedia.org/wiki/W%C3%A4ra

Je a dit…

Expérience économique au XXème siècle

La réussite de l'expérience de la monnaie locale wära à Schwanenkirchen inspira la commune autrichienne de Wörgl sous l'impulsion de son maire, Michael Unterguggenberger, et devant la faillite menaçante, à établir un système semblable, mais sur la base de « certificats de travail ». Le 5 juillet 1932, le bourgmestre transforme la monnaie régulière circulant à Wörgl en une monnaie accélérée du type prôné par Silvio Gesell. La commune émet des bons de 1, 5 et 10 schillings qui seront nommés « bons-travail ». Ces bons avaient la particularité de diminuer de 1 % de leur valeur par mois, 10 schillings à ce régime perdraient en un an 1,20 schilling. Pour conserver des billets de valeur fixe, on pouvait, à la fin de chaque mois, moyennant la perception de la chute de 1 %, faire donner à la mairie un coup de tampon sur le billet, lui rendant sa pleine valeur. Les premiers billets furent émis en août 1932 pour une somme totale de 32 000 schillings. Cette somme était garantie à 100 % en argent autrichien régulier déposé à la caisse d'épargne locale. Cette forme de paiement fut stoppée le 15 septembre 1933 et définitivement interdite le 18 novembre de la même année. La banque centrale autrichienne aurait craint pour son monopole de l'émission de monnaie. Le premier emploi des bons fut l'organisation d'un plan de travaux publics. On paya le salaire des ouvriers et on régla les fournitures faites à la ville uniquement en bons-travail. C'est ainsi qu'ils furent introduits dans la circulation. La rapidité de circulation de cette monnaie locale permit d'effectuer en trois mois 100 000 schillings de paiements avec une quantité de bons de 12 000 schillings. Les différents commerces acceptaient donc bons et argent autrichien en parallèle. La nouvelle monnaie ne stimulant pas l'épargne, la caisse d'épargne de Wörgl qui connaissait un excédent de retraits sur ses dépôts de 10 000 schillings en juillet 1932, vit cet excédent tomber à 5 000 schillings en août, après l'introduction des bons et 1 an après les dépôts et les retraits s'équilibraient. Les communes voisines de Kirchbichl, Brixen im Thale, Hopfgarten im Brixental et Westendorf admettent la circulation des bons de Wörgl et émettront à leur tour des bons de travail. Le maire a même le projet de donner à Wörgl le statut d'un « État-libre » et « laboratoire monétaire » sous l'égide de la SDN. L'expérience de Wörgl fit reculer le chômage de 25 % à l'époque de sa mise en œuvre (juillet 1932-septembre 1933), alors que sur l'ensemble de l'Autriche, pour la même période 1932-1933, le chômage augmenta de 20 %.

Je a dit…

Le Wära est une monnaie fondante locale en circulation en 1931 à Schwanenkirchen, une petite ville minière de Bavière.

Introduction

Le « wära » est une forme de monnaie non thésaurisable, dite monnaie « fondante », créée en Allemagne en 1919 par la société des « franchistes ».

Fonctionnement

Une monnaie fondante est une monnaie qui perd régulièrement de sa valeur. Ainsi, le wära perdait-il environ 1 % de sa valeur tous les mois. Il fallait apposer un timbre toutes les fins de mois sur les billets pour que ceux-ci retrouvent leur valeur d'origine. 12 cases figuraient au dos de chaque wära à cet effet. Les bons étaient changés chaque année quand les cases étaient pleines. Cette "sanction" à la thésaurisation empêchait de les stocker et de déclencher des crises.

Historique

L'idée de monnaie fondante revient à l'allemand Silvio Gesell qui a émis cette idée en 1918 dans son ouvrage L'Ordre économique naturel (Ed Uromant, Bruxelles).
La société des franchistes fut créée en Allemagne en 1919 pour mettre en place cette monnaie.

Je a dit…

L'expérience de Schwanenkirchen

Expérimentée notamment à la suite du rachat d'une mine de 40 ouvriers dans la région désolée de Schwanenkirchen en Allemagne en 1930. N'ayant pu obtenir un prêt que des franchistes et ne disposant pas de trésorerie en marks, le nouveau propriétaire Max Hebecker utilisa des wära pour payer ses ouvriers et convainquit les commerçants de les accepter. Les grossistes de ceux-ci pouvaient les utiliser pour acheter du charbon à la mine.
Le ministre allemand des finances réussit à faire interdire le wära en octobre 1931 malgré ses spectaculaires résultats sur l'économie locale. La conséquence de cette interdiction fut la fermeture de la mine.

L'expérience de Wörgl

L'expérience somme toute réussie du wara à Schwanenkirchen inspira la commune autrichienne de Wörgl sous l'impulsion de son maire, Michael Unterguggenberger, à établir un système semblable, mais sur la base de "certificats de travail", qui fut également interdit le 5 janvier 1933.

Au Liechtenstein

Dans le village de Triesen, au Liechtenstein, circulaient en 1932 des "certificats de travail" selon l'exemple de Wörgl.

En Suisse

Le procureur fédéral interdit en 1933 l'entrée en Suisse et la parole à Michael Unterguggenberger qui était invité à tenir des conférences à Zürich, Shaffhouse et en Thurgovie.

En France

En 1933 fut créée en France la "mutuelle nationale d'échange", un réseau sur une base privée qui utilisait le "Valor" comme moyen d'échange et qui suivait l'exemple du Wära. Cette expérience fut interdite par le ministère de l'intérieur en 1935.