jeudi 3 octobre 2019

Conseil de lecture sur la Révolution française


Plusieurs chapitres de ce génial bouquin de Soboul parlent de l'autogestion. C est le meilleur bouquin que j'aie lu sur la Révolution française.

6 commentaires:

Je a dit…

J'ai lu que les "enragés" de la Révolution française étaient porteurs des valeurs sociales desquelles je me sens le plus proche. J'ai le sentiment que le "travail" (de démocratisation) n'a pas été achevé ... et que nous devons donc le poursuivre, l'accomplir.

Anonyme a dit…

Pas seulement les "enragés"; c'était le cas de l'immense majorité des sans-culotte, avec lesquels les Gilets Jaunes ont énormément de points communs. Mais le problème stratégique des sans-culotte était qu'ils avaient intérêt économiquement à défendre en partie l'Ancien régime contre la bourgeoisie qui voulait un libéralisme favorable à l'accumulation du capital et des inégalités économiques.

Les partis politiques de l'époque (Girondins Jacobins, Montagnards...) ont tous trahi le peuple pour servir les intérêts bourgeois, les Hébertistes, Maratistes et autres "curés rouges" ont été tous éliminés politiquement ou physiquement. Du coup la révolution ne fût que bourgeoise et substitua à la féodalité (propriété et privilèges de droit divin, régime de droit divin) une propriété formellement libre mais en fait absolutiste aussi, et un régime représentatif formellement plus démocratique, et en réalité absolutiste aussi. Depuis trois siècles, on a juste remplacé Dieu par des idoles bourgeoises en inculquant cela comme un progrès de la raison, mais réellement on n'a pas avancé beaucoup vers la démocratie... Donc, oui, il ne s'agit pas d'abolir mais d'accomplir; c'est toujours vrai ;-)

Je a dit…

Lors de la Révolution française, les enragés étaient un groupe de révolutionnaires radicaux qui eurent notamment pour représentant le prêtre constitutionnel Jacques Roux. Ils revendiquent l'égalité civique et politique mais aussi sociale, préconisant la taxation des denrées, la réquisition des grains et des taxes sur les riches.

On peut les situer à gauche des montagnards. Ils sont combattus aussi bien par Maximilien de Robespierre que par Danton, Marat et les hébertistes. Leurs idées furent reprises et développées par Gracchus Babeuf. Marat, dans son journal Le Publiciste de la République française du 4 juillet 1793, décrivait les enragés de la façon suivante : « Ces intrigants ne se contentent pas d’être les factotums de leurs sections respectives, ils s’agitent du matin au soir pour s’introduire dans toutes les sociétés populaires, les influencer et en devenir enfin les grands faiseurs. Tels sont les trois individus bruyants qui s’étaient emparés de la section des Gravilliers, de la Société fraternelle et de celle des Cordeliers : je veux parler du petit Leclerc, de Varlet et de l’abbé Renaudi soi-disant Jacques Roux ». En plus de ces trois hommes, on peut aussi citer Pauline Léon et Claire Lacombe, toutes deux membres des républicaines révolutionnaires.

Les discours de Varlet, de Roux, de Leclerc, ou des républicaines révolutionnaires prônent le caractère populaire de la souveraineté, son exercice direct par le peuple. Cette aspiration à une démocratie populaire, corollaire dans la réflexion enragée d’une critique de la représentation nationale, s’appuie sur une méfiance permanente envers les représentants du peuple. Celle-ci s’accompagne naturellement de la volonté de contrôler fortement ces mandataires du peuple. Jacques Roux écrira ainsi : « Peuple ! Sous le règne de la liberté, tu dois avoir sans cesse les yeux fixés sur tes magistrats ».

Pour Varlet, la défiance pour les représentants du peuple est la même : « Point de députés sans pouvoirs, sans mandats. Ce principe nous garantit de la Tyrannie législative ».

Je a dit…

Les hébertistes, appelés les « exagérés » pendant la Révolution française, sont sous la Législative et la Convention principalement des membres du club des Cordeliers, appartenant pour un grand nombre aux rangs de la Montagne à la Convention, à l’administration de la Commune et du Département de Paris, et qui étaient en relation avec Jean-Nicolas Pache, Jean-Baptiste Bouchotte ou Jacques-René Hébert qui, lui-même, n’avait pas de parti à proprement parler.

Les hébertistes est un néologisme né du procès des exagérés, dont Hébert fut la « vedette », la figure la plus familière aux yeux du public en raison de son journal le Père Duchesne.

Je a dit…

Maratisme : en histoire, courant de pensée du révolutionnaire Marat.

Jean-Paul Marat, né le 24 mai 1743 à Boudry (Principauté de Neuchâtel (aujourd'hui canton de Neuchâtel)) et mort assassiné le 13 juillet 1793 à Paris, est un médecin, physicien, journaliste et homme politique français. Il est député montagnard à la Convention à l’époque de la Révolution. Son assassinat par Charlotte Corday permet aux hébertistes d'en faire un martyr de la Révolution et d'installer pendant quelques mois ses restes au Panthéon.

Le 12 septembre 1789, Marat publie le premier numéro de L'Ami du peuple ou Le Publiciste parisien, journal quotidien politique, libre et impartial. Il comporte normalement 8 pages in-8°, parfois 10 ou 12, quelquefois 16. De septembre 1789 à septembre 1792, Marat fait ainsi paraître près de mille numéros. Sous la Constituante, il défend la cause des citoyens passifs, des victimes du marc d'argent. En effet, pour être « citoyen actif » il fallait payer un minimum d'impôt annuel correspondant à trois journées de travail et pour être éligible il fallait payer une contribution annuelle directe d’au moins un marc d'argent (soit environ 50 livres). De plus, les impositions directes de Paris étaient calculées sur le prix du loyer selon la loi du 18 avril 1790. Pour pouvoir être éligible à l'Assemblée nationale, il fallait donc avoir non seulement un loyer, mais un loyer d'au moins 750 livres pour payer les 50 livres d'imposition requises.

Le 30 juin 1790, on trouve dans le journal de Marat une « supplique du citoyen passif » où l'on peut lire :« Qu'aurons-nous gagné à détruire l'aristocratie des nobles, si elle est remplacée par l'aristocratie des riches ? Et si nous devons gémir sous le joug de ces nouveaux parvenus […]. » Il prend même position sur les questions coloniales entre mai 1791 et avril 1792. Imprégné de la pensée de Montesquieu auquel il a rendu hommage dans un concours pré-révolutionnaire pour l'ironie de son texte De l'esclavage des Nègres en mai 1791 il défend la cause des gens de couleur libérés, condamne l'amendement Rewbell du 15 mai qui reconnaît la citoyenneté à certains mais en discrimine d'autres. Il publie même le 18 mai 1791 un plan d'abolition progressive de l'esclavage des Noirs avec indemnisation des planteurs. À l'automne 1791 à l'annonce de l'insurrection d'esclaves à Saint-Domingue, il radicalise sa pensée prenant fait et cause pour les insurgés, dont il prédit le 12 décembre 1791 l'accès à l'indépendance. Juste avant son assassinat, ayant reçu une lettre d'un ami créole emprisonné après une intrigue de colons blancs, Philippe Rose-Roume, il s'apprête à reparler de la situation à Saint-Domingue dans une lettre à la Convention. Roume sera libéré peu après sur initiative de Chabot.

Je a dit…

C'est G.Brégail qui lance l'expression "curé rouge" dans un article de 1901 : Les curés rouges et la société montagnardes d'Auch. Il narre les péripéties qui jalonnèrent, de septembre 1793 à janvier 1795, les rapports entre le club jacobin et les prêtres qui, pendant le mouvement déchristianisateur, abjurèrent : "Ce furent tantôt les sociétés populaires, tantôt les municipalités, souvent les unes et les autres, qui reçurent l'abjuration des prêtres républicains auxquels le langage populaire de la révolution devait donner le nom pittoresque de curés rouges.".