En regard de la situation des Kurdes du Rojava, il est important
de comprendre que si de mauvaises décisions de terrain ont été récemment
prises, du moins depuis 2016, notamment de faire “alliance” avec les
Américains (qui du reste a vraiment pris cette décision?… Les assemblées
populaires des communes ?… ou quelques leaders financièrement inféodés,
corrompus, par les Américains ?…), ce que représente le Rojava en terme
de progrès politique est expliqué ci-dessous, de l’intérieur, dans une
chronologie du développement politique du PKK (Parti Ouvrier du
Kurdistan) d’origine marxiste, ayant vu le jour en Turquie au milieu des
années 1970 et avec son adhésion en 1999 à un modèle de communalisme,
municipalisme libertaire, non étatique et non exclusif aux communes
kurdes, mais ouvert à tout à chacun, inspiré des travaux de
l’ex-marxiste devenu anarchiste américain Murray Bookchin.
Mis en place dès 2005 au Rojava sous la forme de l’organisation du
YPG, extension dans la zone du PKK, le confédéralisme démocratique
préconisé par Abdullah Öcalan, leader du PKK et prisonnier politique en
Turquie, se renforça en 2011 avec le début des troubles en Syrie et la
lutte armée contre l’EIIL, armée d’ingérence mercenaire salafiste,
financées par le Qatar et l’Arabie Saoudite et aidé logistiquement par
la Turquie, les Etats-Unis, Israël, la Grande-Bretagne et la France.
N’oublions pas que l’EIIL est une création des Etats-Unis en Irak pour
perpétrer la guerre civile et diviser une population dirigée par un
gouvernement d’obédience chiite, aidé par l’ennemi juré des Yanks dans
la région: l’Iran.
En 2011, Öcalan publia son “Manifeste du Confédéralisme Démocratique”, comme feuille de route politique des communes libres confédérées.
Depuis 2016, un grand flou règne au Rojava, l’EIIL a été vaincu
sur le terrain, par les forces kurdes seules jusqu’à récemment, et
devant les pressions syrienne mais surtout turque, certains éléments
influents pactisèrent avec le fourbe empire américain, plaçant ainsi le
Rojava entre le marteau et l’enclume, dans une configuration politique
hybride, celle de la “charte du Rojava”, ayant trahi en grande partie le
Confédéralisme Démocratique ; ce qui fit dire à Hassan Nasrallah, SG du
Hezbollah, en 2018:
“Les États-Unis ne font qu’exploiter les Kurdes afin de
réaliser leurs plans ; les Américains n’hésiteront à trahir les Kurdes,
une fois qu’ils auront fini leur travail …
Nous savons que le Pentagone reçoit un budget de 500 à 700
millions de dollars sous couvert de l’appui aux Kurdes de Syrie…À quoi
est destiné ce budget ? Cette somme, devra-t-elle être dépensée pour
instaurer la démocratie en Syrie ou pour soutenir les Kurdes qui sont
censés tirer la leçon de l’expérience du passé… Vous devez savoir qu’à
l’heure actuelle, les États-Unis vous utilisent comme un instrument pour
faire avancer leurs plans, y compris le cadre de leur lutte contre la
Syrie, l’Iran, la Russie et l’axe de la Résistance. Mais finalement, ils
ne se préoccupent que d’assurer leurs propres intérêts. Ils vous
vendront tout simplement et vous laisseront seuls. »
Nasrallah avait raison bien entendu, la preuve en est faite depuis
quelques jours, mais il y a néanmoins une chose à dire: Il ne peut y
avoir de démocratie en Syrie, ni dans toute la région, ni dans le monde,
sous l’égide d’un régime politique étatique quel qu’il soit. La voie du
futur pour les peuples, l’émancipation et la liberté est celle du
Confédéralisme Démocratique, bien compris et intégré par les peuples où
qu’ils soient pour servir leurs intérêts en toute autonomie politique.
Le fait est que l’expérience politique du Confédéralisme
Démocratique kurde et de toute initiative politique mondiale tendant à
mettre l’Etat et la dictature marchande sur la touche, voient
systématiquement une coalition de tous les Etats se lever pour préserver
les intérêts des privilégiés au pouvoir. Aujourd’hui, nous voyons tout
le monde, des traîtres yankees, aux Russes en passant par les Iraniens,
demander aux Kurdes du Rojava de “s’en remettre à l’autorité du
gouvernement syrien”. En cela, cette affaire de l’autonomie confédérale
non étatique kurde commence à singulièrement ressembler à
celle menée par les Espagnols entre 1936 et 1939, qui vit une coalition
étatique multinationale de l’URSS marxiste à l’Allemagne nazie en
passant par l’Italie fasciste et la France “modérée” de Front Populaire
ne l’oublions pas, se liguer contre les collectifs autonomes de
Catalogne, d’Aragon et du Levant pour éradiquer le seul type
d’organisation politique fondamentalement létale pour l’État et les
oligarchies en place, la société libre émancipée, qu’on l’appelle
“confédéralisme démocratique”, ou quoi que ce soit d’autre. Ils le
firent en soutenant directement ou indirectement la réaction franquiste
qui finît par l’emporter.
Ce scénario est en train d’être rejoué au Rojava, situé dans le
nord de l’actuelle Syrie résultat d’un découpage colonial arbitraire et
donc par essence oppresseur, via les rouages étatiques toujours en
vigueur. C’est ce qu’a finalement magnifiquement compris le leader du
PKK Abdullah Öcalan lorsqu’il émit l’idée du confédéralisme démocratique
en 1999.
Pour mieux comprendre la position fondamentale des Kurdes du
Rojava et du PKK tel qu’il est pensé depuis 1999 et non pas au travers
du prisme des délires propagandistes turcs, occidentaux et
moyen-orientaux, il est important de lire ce qui suit, ce texte de la
Commune Internationaliste du Rojava, que nous avons scindé en deux
parties pour en alléger la lecture.
Vive les Communes Libres Confédérées pour que vive enfin la Société des Sociétés au Rojava, au Moyen-Orient, partout dans le monde!…
~ Résistance 71 ~
« Quiconque se fie aux Américains ou mise sur les accords conclus
avec eux finira par être trahi . c’est le destin de quiconque voudrait
miser sur les Etats-Unis.”
~ Hassan Nasrallah ~
Pour qui en doute… Demandez aux nations originelles amérindiennes ce qu’elles en pensent…
De l’État à la démocratie: anatomie d’un changement de paradigme
Komun
Commune Internationaliste du Rojava
Juin 2018
Source: https://komun-academy.com/2018/06/27/the-new-paradigm/
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~ Octobre 2019 ~
1ère partie
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, Partiya Karkêren Kurdistan) a
émergé au milieu des années 1970 comme un mouvement de libération
nationale, largement inspiré par les idées d’un socialisme réellement
existant. Mais, au cours du processus de développement du parti, le
fondateur et le leader de ce parti, Abdullah Öcalan, préféra développer
une compréhension du socialisme et de la révolution allant au delà de
celle, centralisée, trouvée en Russie et en Chine. Au travers de ce
processus, le PKK fut transformé d’un petit groupe idéologique en une
des forces politiques et militaires les plus puissantes au Moyen-Orient.
Tandis que la lutte armée de guérilla qui continue depuis 1984 est une
des plus longues et endurantes luttes armées au monde, les zones
d’organisation du PKK se sont étendues du nord-Kurdistan aux autres
parties du Kurdistan (ouest, est et sud) et englobent les diasporas
kurdes de l’Australie aux Etats-Unis en passant par la Russie et
l’Europe.
A la fin des années 1990, le PKK est devenu le plus grand et le plus
dynamique des mouvements kurdes. Alors que tout ceci prit forme sous
l’égide d’un mouvement de libération nationale et une compréhension du
socialisme qui fut cadrée lors du processus fondateur du parti ; au
début des années 90, Ocalan intensifia ses efforts pour renouveler ses
buts idéologiques et organisationnels. Son but fut de développer une
nouvelle approche, en particulier avec une critique radicale de la
compréhension du socialisme existant et en ouvrant la question de la
femme dans la société. Bien que le congrès du PKK en 1995 fit quelques
progrès sur ce sujet, il n’y eut pas de changement d’échelle signifiant à
ce niveau.
Le PKK entreprit alors une régénération radicale après que son leader
et fondateur Abdullah Öcalan fut enlevé au Kenya par l’entremise d’une
conspiration internationale et fut livré à la Turquie en 1999. Öcalan,
qui est détenu en QHS et en isolation dans la prison de l’île de Imrali
en Mer de Marmara depuis le jour de sa capture, a créé un changement de
paradigme au PKK au moyen de ses écrits de défense légale soumis à la
Cour Européenne des Droits de l’Homme, écrits préparés sur l’île de sa
détention. De fait, le seul rare contact qu’Öcalan puisse avoir avec
l’extérieur, sont ses contacts, souvent empêchés, avec ses avocats..
Dans les premières années de sa détention, il était autorisé de voir ses
avocats une fois par semaine pendant deux heures, temps réduit pas la
suite à une heure. Il était aussi autorisé de recevoir la visite de
proches pendant une heure une fois par mois. Au cours de ses rencontres
hebdomadaires avec ses avocats, Öcalan produisit deux groupes de textes
qui formeront l’idéologie fondamentale du parti.
Le premier groupe de textes fut celui de sa défense légale en regard
de ses procès en Turquie et à la Cour Européenne des Droits de l’Homme
(CEDH), textes qui étaient manuscrits et passés à ses avocats, ils
devinrent une référence idéologique fondamentale pour le PKK. Le second
groupe de textes était composé de notes prises par ses avocats lors de
leurs rencontres. Ceci fut autorisé jusqu’en 2005, puis interdit, ce qui
obligea les avocats à écrire ces notes juste après les réunions. Ces
notes furent communiquées au public au travers des chaînes de
télévision, des agences de presse et des journaux kurdes. Ces textes de
manière générale traitaient de questions politiques spécifiques. Après
des années d’obstruction, les réunions d’Öcalan avec ses avocats prirent
fin en 2011. Depuis 2014, à part une visite, Öcalan n’a plus la
permission même de recevoir les membres de sa famille.
Mais le véritable travail en profondeur qui détermina la
transformation idéologique du PKK eut lieu sur une période de douze ans
entre 1999 et 2011, fondée sur les textes qui constituèrent sa défense
légale, soumise aux tribunaux par Ôcalan. Ces textes peuvent être
divisés en deux groupes : ceux soumis aux tribunaux turcs et ceux soumis
aux tribunaux européens, en fait à la CEDH de Strasbourg et à un
tribunal en Grèce s’occupant de son extradition depuis la Grèce. Ces
textes de défense ont été publiés en kurde, en turc et dans d’autres
langues. Le premier groupe de ces textes consistent en deux textes
fondamentaux: le texte principal envoyé au tribunal d’Imrali et ses
appendices soumis à la Cour de Cassation (Haute Cour d’Appel turque) en
1999 et à un tribunal de district d’Urfa en 2001. Les titres, tels
qu’ils sont publiés de ces deux textes sont: “‘Resolution Declaration
in the Kurdish Question’ and ‘Urfa: a symbol of history, sanctity and
malediction in the Tigris-Euphrates basin’.
Quant au second groupe de texte soumis à la CEDH en 2001, la cour
d’Athènes en 2003 et à la grande chambre de la CEDH en 2004, il consiste
en deux livres de trois volumes. Le titre du premier livre en deux
volumes est : ‘From the Sumerian Priest State towards the People’s Republic I-II’ (2001), le second livre connu sous le vocable de “la défense d’Athènes”, porte le titre : ‘Free Human Defence’ (2003) and ‘To Defend a People’
(2004). Dû au fait d’une autre affaire enregistrée avec la CEDH sur la
base qu’il n’y avait pas eu de juste procès, Öcalan prépara une nouvelle
défense. Ce travail, définit par Öcalan comme ‘The Problematisation of Capitalist Modernity’
fut publié en turc en cinq volumes entre 2009 et 2012. Ces textes de
défense furent publiés par le PKK et furent acceptés en congrès du parti
après 1999 comme étant la ligne officielle du PKK.
Öcalan en général résume sa position sur le premier groupe de textes
soumis à la cour d’Imrali puis à la Haute Cpur d’Appel de cette façon: “[Pour
ma défense], je n’ai pas de vue pour un nationalisme kurde classique ni
pour une interprétation de gauche de celui-ci. L’ère s’en est allée
bien au-delà de tout cela.” (Ocalan, 1999:10)
Dans le second groupe de textes envoyé à la CEDH, Öcalan approfondit
son approche théorique. Le premier des trois volumes s’engage dans une
analyse historique de la civilisation, commençant au Moyen-Orient,
focalisant sur la civilisation sumérienne comme étant la “première
société étatique”. Bien que plus loin dans le livre, Öcalan parle
d’autres sociétés et d’autres périodes, son but principal est d’analyser
l’État comme étant le “pêché originel” de l’humanité. Ceci est
stupéfiant, car il est un leader politique d’une société largement
décrite comme “le plus grand peuple du monde sans état”. Quoi
qu’il en soit, Öcalan maintint sa critique de l’État, y ajoutant
l’expérience du socialisme, disant que la libération ne peut pas être
acquise en construisant un état, se faisant au contraire l’avocat du
fait que la démocratie devrait être renforcée. Comme sa première défense, ceci fut accepté comme un nouveau manifeste qui prit le titre de “Manifeste pour le Confédéralisme Démocratique” au VIIIème congrès du PKK de Serxwebûn en 2002.
Dans le second volume soumis à la CEDH, Öcalan analyse en détail la
société kurde, son histoire et en particulier, le rôle du PKK dans
celle-ci. Tout en positionnant la société kurde dans l’histoire de la
civilisation, Öcalan la présente comme uns société naturelle ou comme
une communauté vis à vis des sociétés à état. Il attribue ce naturalisme
à l’existence d’une culture néolithique profonde assumée avoir
longtemps continuer dans les tribus kurdes. D’après Öcalan, les société
de classe (état) et la modernisation ont amené la ruine aux Kurdes, le
PKK devenant ainsi le dernier rempart de résistance à ce processus. Dans
ce cadre précis, Öcalan a entrepris de montrer les limites et le point
de congestion du PKK. Les restrictions idéologico-politiques de la
guerre froide ont conditionné le PKK, même 10 ans après la fin de ce
conflit. Avec cette analyse, Öcalan visait à évaluer l’histoire du PKK
et à adresser ses erreurs passées.
Dans ses écrits de défense légale à la Cour d’Athènes et à la Grande
Chambre de la CEDH, Öcalan transforma ses idées théoriques en une
conceptualisation pour une démocratie radicale (NdT: ancrée dans ses
racines profondes). Cette idée de démocratie radicale fut développée
dans le contexte de trois projets connectés: une répubique démocratique,
une autonomie démocratique et un confédéralisme démocratique. Ces trois
projets politiques fonctionnent comme “un déterminant stratégique”. En
d’autres termes, elles sont des idées et des instruments, moyens par
lesquels les demandes politiques des Kurdes sont redéfinies et
réarrangées. Cette idée de démocratie radicale est radicale parce qu’elle analyse le concept de démocratie au-delà de la nation et de l’État.
Le concept d’une république démocratique envisage une réforme dans la
république turque dans laquelle la citoyenneté est séparée du
nationalisme. De cette façon, la démocratie retournera à la
“compréhension de la démocratie du début de l’époque moderne” et à son
pouvoir radical de transformation. En fait, la démocratie fut formulée
au XVIIIème siècle sur la base des droits des citoyens et que chacun
gouvernerait chacun. Mais aux XIXème et XXème siècles avec la perte
dominante de la notion de démocratie radicale, celle-ci perdit de sa
substance et gagna une signification culturelle. Cette veine, qui
émergea de la pensée moderne, considéra l’homogénéité culturelle être
nécessaire pour l’état moderne et affirma la forme nationaliste de ceci
comme étant indispensable.
Cette condition “nationale” de modernité est exclusive et intolérante
; elle ne permet pas une quelconque alternative à ceux qui ne possèdent
pas les caractéristiques culturelles “correctes” et ne laissent pas
d’autre choix que l’assimilation (réelle ou fictive, superficielle) ou
l’émigration. Les autres options dans ce contexte pour l’État en plus de
l’assimilation sont le déplacement forcé, le nettoyage ethnique ou le
génocide. En Turquie, le kémalisme fut formulé d’un point de vue de
projet de modernisation, résultant en des politiques d’assimilation
dures et drastiques envers les Kurdes.
Ôcalan, en proposant une république démocratique, se fait l’avocat de la démocratie dans le contexte des droits citoyens.
L’idée de Confédéralisme Démocratique, dans
des écrits de sa défense ultérieurs, fut développé avec l’idée
d’autonomie démocratique, est défini comme un modèle
“d’auto-gouvernement démocratique” (Öcalan, 2008: 32). La démocratie
radicale d’Öcalan est intrinsèque au concept de confédéralisme
démocratique qui est emprunté à Murray Bookchin. Celui-ci, qui appela
son idéologie, le municipalisme, proposa une nouvelle politique
radicale. Il reconnut “les origines de la démocratie dans les communautés de villages et dans les tribus” et arriva éventuellement à formuler son projet de Municipalisme Libertaire.
Dans ce projet, Bookchin envisageait la mise en place de structures
démocratiques locales comme des “assemblées communales, des réunions de
ville et des conseils de voisinages”. Afin de prévenir du danger que ce
projet ne s’épuise ou ne soit utilisé que pour des buts purement locaux,
Bookchin proposa le principe du confédéralisme. Par ceci il voulait
dire “un réseau consistant en des conseils administratifs directement
élus par des assemblées de membres ou de délégués de villageois, des
villes et même de voisinages pour les grandes villes. Ôcalan fut
influencé par ces idées et des principes du confédéralisme, développa
une compréhension toute similaire.
En parallèle à son analyse historique de la civilisation fondée sur
une critique de l’État, Öcalan insiste également sur les échecs du
socialisme existant et des mouvements de libération nationale. Selon
lui, les deux tombèrent dans le piège de l’idée de la création d’un
état. Au lieu de cela, Öcalan puise dans les influences toujours
existantes des valeurs communales de la société néolithique qui n’ont
pas été entièrement éradiqués par le développement d’une société
hiérarchique fondée sur l’état. Ces valeurs communales
peuvent être résumées comme la socialisation fondée sur le genre, une
vie en harmonie avec la nature et une société fondée sur le
collectivisme et la solidarité. Ceci constitue la base de la
compréhension d’Öcalan sur la démocratie prenant la forme du
confédéralisme démocratique.
Basé sur ces valeurs, le confédéralisme démocratique est organisé sur
quatre niveaux. En bas se situent les communes des villages et des
districts. Ces communes sont inter-reliées dans une ville et aussi au
niveau régional. Puis il y a les catégories sociales comme les enfants
et les femmes. Un autre niveau d’organisation émerge au niveau culturel
dans un cadre d’interaction des différents groupes ethniques, religieux
et culturels. Le quatrième et dernier niveau est celui des organisations
de la société civile. Le confédéralisme démocratique organisera la
société au travers d’assemblées au niveau des villages, des villes et
des régions, via une organisation horizontale. En d’autres termes, le confédéralisme démocratique se définit comme un modèle “d’auto-gouvernement démocratique”.
D’après Öcalan “ce projet est fondé sur l’auto-gouvernement des
communautés locales, de parlements locaux et de congrès plus larges. Les
agents directs de cet auto-gouvernement sont les citoyens eux-mêmes et
non pas des fonctionnaires d’état.”
De ce point de vue, Öcalan insiste constamment pour que la structure
confédérale de ce projet n’ait absolument rien à voir avec la
“communauté des états membres dirigeant”. Au contraire, le
confédéralisme démocratique vise à consolider, à approfondir les
communautés fondées sur la démocratie. En plus de cela, il y a un besoin
de refaçonner les processus politiques et judiciaires et la structure
politique dans le pays. En conséquence, le modèle d’organisation des gens par delà l’État, c’est définir leur relation avec l’état existant ou l’autorité.
Öcalan propose une république démocratique comme forme de
gouvernement à cet égard. Il sera possible de trouver une résolution de
la question kurde sous cette forme de gouvernement. Il a ensuite
développé le concept d’autonomie démocratique comme une forme de
relation. Le confédéralisme démocratique est en même temps un complément
de l’autonomie démocratique pour la position des gens sur un plan
économique, culturel et social. L’autonomie démocratique exprime la
forme de relation avec l’état et ses fonctionnaires. (NdT: ceci est un concept développé par Gustav Landauer dans les années 1910).
En ce qui concerne la Turquie, une alternative pour une résolution
politique démocratique de la question kurde lui est offerte et cette
résolution nécessite la reconnaissance constitutionnelle de l’identité
nationale kurde.
Quoi qu’il en soit, cette reconnaissance n’est pas proposée par le
PKK comme une façon de dessiner une ligne séparant le système confédéral
démocratique kurde et l’état turc. Au lieu de cela, une relation
inclusive est envisagée exprimée de la sorte: “l’autonomie
démocratique est un concept qui définit le relation avec l’état, cela
peut-être réalisé au sein d’un état unitaire ou dans un système fédéral.”
Mais cette relation inclusive n’exclut pas une sorte “d’unité” entre
les kurdes dispersés dans bien des pays du Moyen-Orient. Comme Öcalan a
proposé la mise en place de corps de gouvernement partout au Kurdistan
et où les Kurdes vivent, le confédéralisme démocratique deviendra le
mécanisme principal pour unifier le Kurdistan et les Kurdes. D’après
Öcalan, le mouvement de libération kurde devrait s’attacher à établir un
tel système d’auto-gouvernement.
A suivre…
Source : https://resistance71.wordpress.com/2019/10/10/confederalisme-democratique-du-rojava-de-letat-a-la-democratie-anatomie-dun-changement-de-paradigme-1ere-partie/
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