L'iségorie (ἡ
ἰσηγορία),
c'est l'égalité de parole.
Il
ne s'agit pas ici d'une simple liberté d'expression. L'iségorie
ne s'exerçe pas tant sur l'Agora qu'à l'Assemblée,
où le débat débouche sur un vote et une décision
immédiatement applicable.
Tout citoyen (ὁ βουλεύμενος, "celui qui le veut"), a donc le droit de prendre la parole à l'Ecclesia, en fonction du temps qui lui est attribué. C'est un des aspects les plus séduisants de la démocratie athénienne. A titre de comparaison, imagine-t-on un électeur français demandant à intervenir à l'Assemblée Nationale pour proposer une loi, appeler à la guerre ou à la paix, accuser un homme politique d'incompétence ou de corruption ?
Tout citoyen (ὁ βουλεύμενος, "celui qui le veut"), a donc le droit de prendre la parole à l'Ecclesia, en fonction du temps qui lui est attribué. C'est un des aspects les plus séduisants de la démocratie athénienne. A titre de comparaison, imagine-t-on un électeur français demandant à intervenir à l'Assemblée Nationale pour proposer une loi, appeler à la guerre ou à la paix, accuser un homme politique d'incompétence ou de corruption ?
Les
Athéniens étaient parfaitement conscients que la
prise de parole est un des fondements de la démocratie
mais il est évident qu'il s'agissait, dans leur
esprit, d'une égalité en droit et non de nature.
Que chacun puisse s'exprimer en public ne signifie nullement que
tous en avaient l'envie ou les capacités. En effet, défendre
un point de vue en public demande parfois du courage et quelques
aptitudes, ce qui exclut les pusillanimes et les maladroits. Très
tôt, sur la Pnyx, on écouta plus volontiers des orateurs
rompus à cet exercice, des spécialistes de la parole
formés dans les écoles de rhétorique. Pour
un Grec dont l'idéal est toujours celui du καλός
κἀγαθός, il
n'y a là rien de choquant. Tout le monde bénéfice
d'une égalité des chances. A chacun de la saisir,
prouvant ainsi ses aptitudes et sa vertu, comme
le dit Périclès dans l'oraison funèbre rapportée
par Thucydide (Guerre du Péloponnèse).
Mais il faut noter
aussi qu'une prise de parole à l'Assemblée n'est
pas sans risque. Si chacun est libre de ses propos, il est aussi
responsable de ce qu'il dit et tout autre citoyen peut lui en
demander raison devant l'assemblée. Toute proposition de
décret jugée contraire
à la constitution peut conduire son rapporteur devant
un tribunal. Rappelons enfin qu'au V° siècle, l'ostracisme
peut frapper un citoyen manifestement trop ambitieux ou jugé
dangereux pour la démocratie en raison du pouvoir que lui
conférent ses actions ou son prestige.
Lire aussi :
- Introduction : http://www.cndp.fr/archive-musagora/citoyennete/citoyennetefr/democratie-principes.htm
- Mythologie et citoyenneté : http://www.cndp.fr/archive-musagora/citoyennete/citoyennetefr/democratie-mythologie.htm
- Autochtonie et isogonie : http://www.cndp.fr/archive-musagora/citoyennete/citoyennetefr/autochtonie-isogonie.htm
1 commentaire:
Athènes a-t-elle inventé la démocratie ? On peut répondre par l'affirmative [si l'on excepte les peuples premiers qui sont organisés autour d'un chef sans pouvoir coercitif; donc d'une forme de gouvernement qu'on peut qualifier d'anarchie]
Une constitution donnant le pouvoir au demos aurait peut-être existé à Chios avant les réformes de Clisthène, qui s'en serait peut-être inspiré, mais nous n'en savons rien de précis. Des régimes analogues ont vu le jour dans d'autres cités d'Asie Mineure et en Sicile, mais sans doute à l'imitation du modèle athénien. Quoi qu'il en soit, c'est bien à Athènes qu'ont été posés pour la première fois les principes fondateurs qui nous inspirent encore aujourd'hui.
Dans la littérature, le terme "δημοκρατία" apparaît pour la première fois en tant que tel dans un texte d'Hérodote et son emploi est peu courant dans la littérature grecque avant Aristote.
Pourtant, l'association des termes δῆμος et κρατεῖν se trouve très tôt, dans un passage des Suppliantes d'Eschyle.
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