I. Etymologie
Le mot «
crédit
» vient du
latin
«
creditum
», participe passé du verbe «
credere
»
qui signifie «
croire
». Le terme est attesté au
XVème
siècle
(Commines).
A partir du
radical créd-
, on trouve des termes
dérivés
comme
créditer
(1671), ou
créditeur
(1723).
Citons également des mots formés par
composition
comme «
crédit-bail
» (1966).
II. Champ sémantique
1. Le
premier sens
du mot est
étymologique
. Accorder du crédit à quelqu’un
signifie
faire
confiance
à quelqu’un. Le mot appartient donc au
vocabulaire
moral.
2. Le terme « crédit » a ensuite évolué dans un
sens
restrictif
. Dans le domaine
financier
, le mot désigne la
confiance en la
solvabilité
de quelqu’un. Payer « à
crédit », c’est ne pas exiger de paiement immédiat,
en faisant confiance à l’acheteur
qui pourra régler plus tard.
3. Ce vocabulaire
spécialisé
a ensuite évolué dans un sens plus
restrictif
encore.
« Crédit » devient un
terme
technique
, sans rapport direct avec une qualité morale :
c’est une
opération bancaire
qui par laquelle une personne (une banque) met une
somme d’argent à disposition d’une autre personne (
un particulier). Il s’agit donc d’un
prêt
à long, moyen, ou court terme. Ce service est géné
ralement soumis à un
taux
d’intérêt
: l’emprunteur s’engage à rembourser au prêteur le
montant de son prêt par
mensualités successives, auquel s’ajoutent des inté
rêts calculés en pourcentage. On
parlera ainsi de crédit à la consommation, de crédit-relais, de crédit revolving, etc...
Par
métonymie
, le mot « crédit » peut désigner
l’
établissement
qui se propose de
réaliser les opérations de crédit : le « Crédit Municipal » est l’ancien Mont de Piété ; il
prête des sommes sur gages.
4. Par une nouvelle
restriction
de sens, en
comptabilité
, un crédit est une
somme
d’argent
précise
pour un usage déterminé à l’intérieur d’un budget.
Il s’agit de
« crédits budgétaires ».
5. Dans un sens encore plus
spécialisé
, le crédit est la
partie d’un compte
où sont
inscrites les sommes remises ou payées à la personne qui tient un compte. « Porter
au crédit de quelqu’un », c’est inscrire une somme
précise dans la colonne « crédit »
d’un relevé de compte, par opposition à « débit ».
III. Synonymes et champs lexicaux
Les deux sens du mot « crédit » (confiance et opération financière) ont une relation
étroite
. En effet, une
confiance mutuelle
doit se développer entre les deux
partenaires de la transaction. Le prêteur prend un
risque en confiant de l’argent et
l’emprunteur s’engage à rembourser intégralement la
somme perçue.
1. Le premier sens du mot « crédit » (confiance) appartient au
vocabulaire
moral
. Ce
terme est
connoté
de façon
méliorative
. Une nuance apparaît toutefois rapidement.
La confiance qu’inspire une personne lui donne de l’influence
sur les autres, un
certain prestige. Le « crédit » que l’on accorde à
quelqu’un tient à la position de celui
qui exerce une influence sur quelqu’un d’autre. On
accordera du crédit à un individu
qui le mérite par sa position sociale, ses qualités
morales. « Crédit » est à rapprocher
de
faveur, c’est à dire une disposition d’esprit favorable,
une bienveillance à l’égard
d’autrui.
Mais cette
influence peut évoluer négativement
, et devenir un ascendant, une forme
d’autorité, en usant d’un pouvoir qui débouche sur une
domination
, une
emprise
,
jusqu’à la
tyrannie. Dans tous ces termes, l’idée positive de confiance, c’est-à-dire
de fascination irrésistible, de charme que donne l’
influence exercée sur autrui, laisse
la place à des
aspects plus
péjoratifs
. Le crédit que l’on accorde à quelqu’un rend
alors esclave de cette personne. La confiance est donc totalement dévoyée.
La
connotation
péjorative
du terme « crédit » au sens d’influence néfaste sur autrui
se manifeste dans de nombreux mots pour désigner une personne qui se laisse
tromper en accordant une confiance excessive à quelqu’un : la
crédulité
est une
absence de discernement, une
simplicité
qui suppose une
ingénuité
, une
candeur
allant jusqu’à la
naïveté
, une forme d’innocence
qui ne perçoit pas le mal, avec une
idée de pureté, de blancheur, d'enfance... Il ne faut
donc accorder du crédit qu’à des
personnes de confiance sous peine de sombrer dans la
crédulité
et se laisser
abuser.
2. Ce
risque de tromperie
explique que dans le domaine économique, le crédit
comme opération financière (deuxième sens du mot )
a été longtemps été considéré
contraire aux principes de la
religion chrétienne
. Charlemagne interdit cette
pratique en 789 et il faut attendre le XIVème siècle pour qu’elle prenne de
l’importance.
On voit bien ici que les deux principaux sens du mot « crédit » sont en rapport étroit.
L’usure,
au Moyen Âge, est condamnable car elle ne repose sur aucun mérite
particulier : le prêteur augmente sa fortune sans effort particulier en profitant de la
faiblesse économique d’autrui. Dans
l’échelle de valeur
chrétienne, c’est immoral.
L’émergence du capitalisme, à la fin du Moyen Âge, va radicalement faire évoluer
cette
connotation
négative
du mot. En effet, l’opération financière du crédit
va
devenir une
technique
valorisée
pour produire de la richesse
.
© Edouard, collège Aumeunier – Michot, 2010
Vocabulaire (3
ème
) : expliquer un mot (« crédit »)
Source : http://col58-aumeuniermichot.ac-dijon.fr/IMG/pdf/expliquer-un-mot-credit-prof.pdf
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