lundi 6 août 2018

Demain La Décroissance N° 14 - Etienne Chouard

Démocratie Directe et Résiliente

Le préalable à toute modification en profondeur de notre organisation sociale est l’instauration de la vraie démocratie, c’est à dire de la démocratie directe. La démocratie directe est le seul système qui donne à l’ensemble des citoyens la maîtrise du pouvoir législatif et le contrôle sur l’exercice du pouvoir exécutif.

Chaîne Youtube : https://www.youtube.com/playlist?list=PLin6ZE6xCKvLp6LBruxRmnOudDxQMCIAq

Demain la Décroissance

Cette section a pour objectif de rendre compte de toutes les tendances et visions de la "Décroissance". Il offre un espace d’expression, aussi bien à ceux qui y croient qu’à ceux qui n’y croient pas, à ceux qui la redoutent autant qu’à ceux qui simplement doutent, à ceux qui la souhaitent et également, pourquoi pas, à ceux qui rêvent de l’imposer, à ceux qui cherchent l’anticiper et, au contraire, à ceux qui, superbement l’ignorent. Entre autres questions récurrentes : La décroissance économique est-elle une réalité prochaine ou un bobard non crédible ? Est-elle inéluctable ou doit-on la provoquer volontairement ? Si elle est inéluctable, c’est pour quand ? Et quoi faire entre temps ? Si elle est volontaire, doit elle survenir par un libre changement individuel du comportement ou être imposée à tous par la réglementation ? Face au déclin des énergies fossiles, que doit-on penser de l’impact des énergies nouvelles sur le modèle civilisationnel actuel ? Etc.....En effet, nous pensons, contrairement à beaucoup d’autres, que nous pouvons débattre "de tout avec tout le monde". Et que cela est bon pour la santé de la démocratie et la libre circulation des idées. Quelle que soit l’opinion des uns et des autres sur ces questions, ou sur toute autre liée au thème de la décroissance, quelle que soit l’appartenance ou sensibilité politique : socialiste, libéral, étatiste, libertarien, autogestionnaire, capitaliste, trotskiste, monarchiste, de droite ou de gauche, seul compte le débat d’idées. Demain, c’est sans doute la fin de la croissance, mais certainement pas la fin du monde !…

Chaîne Youtubehttps://www.youtube.com/playlist?list=PLin6ZE6xCKvJcFQSxvEGbI26Eg7D9eKbB

Étienne Chouard, 58 ans, enseignant en droit et économie, a acquis une certaine notoriété en 2005, lorsqu'il argumenta pour le « non » à l'occasion de la campagne du référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe. Le journal Le Monde dressa alors son portrait le présentant comme un « Don Quichotte » du « non » et son site devint l'un des plus fréquentés de France avec plus de 30.000 connexions par jour. Depuis lors, Étienne Chouard déclare « chercher la cause principale des injustices sociales » et étudie différents régimes démocratiques et constitutions. Il défend notamment le système du tirage au sort et soutient qu'une nouvelle assemblée constituante devrait être réunie et fondée sur cette méthode. Il défend également le référendum d'initiative populaire et le vote direct des lois par les citoyens. Il dénonce également le « sabordage monétaire » que constitue, selon lui, le monopole de la création de la monnaie par les banques privées.


Interview de 91 mn réalisée par Christian Laurut
http://www.demainladecroissance.com





Sourcehttps://www.youtube.com/watch?v=thwQ6rZrt4Q

27 commentaires:

Je a dit…

Je connaissais le concept de "cheval-vapeur" [1] mais pas celui "d'équivalent-esclave".
Il faudra que je me renseigne sur ce Jean-Marc Jancovici cité par Etienne Chouard.

[1] Le cheval-vapeur est une unité de puissance ne faisant pas partie du Système international d'unités, qui exprime une équivalence entre la puissance fournie par un cheval tirant une charge et celle fournie par une machine de propulsion à vapeur ou un moteur à combustion.

Je a dit…

Jean-Marc Jancovici

https://jancovici.com/qui-suis-je/

Hélas pour moi, éditer un site de vulgarisation sur les questions d’énergie et de changement climatique, cela ne fait pas vivre son homme (ou sa femme !). Même si j’ai passé un temps significatif à coucher par écrit mes élucubrations sur la question, cela ne justifie pas non plus d’y consacrer toutes ses heures éveillées : j’ai donc quelques petites occupations annexes, que vous trouverez exposées ci-dessous.

Ingénieur consultant en énergie / climat

Activité destinée à remplir mon frigidaire

- Associé fondateur de Carbone 4

Activités qui remplissent parfois un peu mon frigidaire, mais pas toujours

- Enseignant à Mines ParisTech
- Auteur de livres
- Conférences

Activités qui videraient plutôt mon frigidaire, mais ça me plaît

- Fondateur et président de The Shift Project
- Chroniqueur dans la presse
- Co-fondateur et co-organisateur des Entretiens de Combloux
- Membre du comité scientifique de la Fondation Nicolas Hulot
- Membre du Conseil Scientifique du Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère de l’Ecologie
- Membre de l’Independent Expert Panel de la Ellen MacArthur Foundation
- Membre occasionnel de diverses commissions

[...]

Quand j’étais petit…

- Diplômé de l’École Polytechnique (1984)
- Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Télécommunications de Paris (1986).

Je a dit…

Pour tous les individus plongés dans l’énergie au quotidien, le kWh est aussi familier, en apparence, que le litre d’eau l’est au jardinier ou le kg de farine au boulanger. Pourtant, sur le fond, personne ne sait vraiment ce que représente un kWh, pas même moi ! L’énergie, cela ne se touche pas, c’est juste un chiffre abstrait sur un bout de papier, quelques fois le préalable à une facture, et pour en appréhender la signification, il faudra toujours – on n’échappe pas à ses sens – mettre en face d’une consommation une action du monde physique qui l’illustre de manière parlante pour tous.

Il est donc très difficile, avec des kWh, ou des tonnes équivalent pétrole et autres gigajoules (sans parler des quadrillions de British Thermal Units de nos amis anglo-saxons), de faire comprendre combien notre consommation d’énergie – celle de chacun d’entre nous, et pas seulement du conducteur de 4×4 (et, de plus en plus souvent, de la conductrice !) – est devenue totalement « hors normes » par rapport à ce qu’a toujours été la condition de l’humanité.

Pour la bonne cause, il va falloir faire quelque chose que la morale réprouve hautement : je vais me permettre de réintroduire l’esclavage, pour comparer l’énergie déployée par les machines qui nous entourent et celle utlisée par nos propres organismes. En effet, l’homme, comme toute « machine », consomme de l’énergie, qu’il(elle) va transformer ensuite – avec un très mauvais rendement, comme nous allons le voir – en énergie mécanique, et bien sûr aussi en énergie thermique. L’homme transforme aussi, ce que l’on ne peut oublier, l’énergie qu’il consomme en organisation de l’information, mais ceci est une autre histoire.

Je a dit…

L’homme, combien de kWh ?

En fait, l’unité d’énergie que chacun d’entre nous connaît le mieux n’est pas le kWh, mais probablement… la Calorie. En effet, presque chacun d’entre nous sait (et surtout les femmes quelques mois avant l’été en lisant leur magazine préféré) qu’une personne sédentaire a besoin d’environ 2.000 Calories par jour, qui nous sont fournies par notre alimentation. Ces Calories ne représentent rien d’autre que le contenu énergétique extractible de ce que nous mangeons, et notre corps en fera bien sûr le meilleur usage (y compris la confection de poignées d’amour), sauf quand quelque vendeur de régimes minceur nous persuade du contraire.

Puisque c’est de l’énergie dont il est question, il est donc possible de convertir nos 2.000 Calories en kWh, qui est une autre unité de mesure de l’énergie, et qui est applicable à toute forme d’énergie, et pas seulement à l’électricité. Une petite règle de trois (1 Calorie (avec un C majuscule) = 1.000 calories (avec un c minuscule) = 4,18 kilojoules, et 1 kWh = 3,6 megajoule) permet de déboucher sur la conclusion qu’un homme (ou une femme, pardon !) au repos absorbe environ 2,3 kWh par jour.

Dit autrement, le métabolisme de base d’un homme (ou d’une femme, re-pardon !) absorbe 0,1 kWh par heure, dont l’essentiel (et même la totalité, quand nous sommes immobiles) retourne dans l’environnement sous forme de chaleur (c’est bien la peine de se donner tant de mal à faire des petits plats raffinés pour que nous transformions tout cela comme une vulgaire ampoule !). La puissance absorbée par un corps au repos est celle d’une bonne ampoule de 100 watts, et c’est la raison pour laquelle les salles de réunion chauffent quand elles sont très remplies : à 100 watts par actionnaire, une assemblée générale chauffe au sens propre avant de chauffer au sens figuré.

Je a dit…

Revenons maintenant à nos esclaves (fictifs, bien sûr), pour voir combien il en faudrait à notre service, à chacun d’entre nous, pour que nous bénéficions du même niveau de confort qu’avec les machines et l’énergie « moderne ». Tout le monde, malheureusement, n’aura peut-être pas la chance d’avoir Zidane ou Diagana à son service, dont les corps peuvent restituer de l’ordre du kW mécanique en plein effort, et il nous faudra peut-être nous contenter d’un esclave « ordinaire » comme moi, dont le corps peut consommer environ 1000 watts pendant quelques heures si je suis bien entraîné (avec une restitution sous forme mécanique de 200 watts seulement).

Si mon esclave turbine violemment 10 heures par jour, avec une puissance moyenne absorbée pendant l’effort de 500 watts (elle sera nécessairement inférieure à ce qu’un organisme absorbe sur une durée plus restreinte) il aura consommé 5 kWh (soit 500 watts x 10 heures), et les 14 heures restantes, comme il sera au repos parce que je suis un bon maître, il consommera les 100 watts mentionnés plus haut, pour un total de 1,4 kWh (soit 100 watts x 14 heures). Total de la journée : 6,4 kWh (soit environ 5.000 calories absorbées).

Si nous supposons que notre esclave est une femme, ne consommant que 400 watts en plein effort, et autorisée à ne travailler que 8 heures par jour (sauf si l’égalité des femmes commande ici aussi !), l’énergie consommée sur la journée se limitera à 4,8 kWh, et si nous avons un travailleur qui n’est pas de force (lavage du linge, cuisine, ou que sais-je), ne consommant que 250 watts en activité, mais 12 heures par jour, c’est 4,2 kWh sur 24 heures qui seront engloutis par son organisme. En première approximation, un être humain effectuant un travail très « physique » consomme donc de l’ordre de 5 kWh par jour.

Je a dit…

C’est là que nous commençons à mesurer le « saut de puissance » fantastique qui est arrivé à notre espèce en domestiquant les énergies fossiles : avec 1 euro, je m’achète 1 litre d’essence, qui contient 10 kWh d’énergie (à peu près), soit l’équivalent de la consommation de 2 « esclaves » pendant une journée complète. Et le pétrole vaudrait cher ?

Le prix ridiculissime du pétrole apparaît encore plus si nous basons notre calcul non point sur l’énergie consommée par un homme, mais sur l’énergie mécanique qu’il peut restituer. Imaginons un manoeuvre qui creuse un grand trou, et va donc charrier des pelletées de terre toute la journée. Si notre homme (c’est rarement une femme, pour le coup) remonte une pelletée de terre de 3 kg toutes les 5 secondes, il aura remonté environ 17 tonnes en 8 heures de travail (c’est en fait un total considérable ; essayez et vous verrez !). Si cette remontée se fait sur 1 mètre de hauteur, la belle formule de physique que tous ceux (et celles) qui n’ont pas trop dormi près du radiateur ont gardé en mémoire (E = mgh) permet de dire que l’énergie mécanique correspondant à ce travail vaut…. un peu moins de 180.000 joules, c’est-à-dire un ridicule 0,05 kWh ! Si notre homme a absorbé 5 kWh dans la journée pour soutenir ce régime de travail de force, nous voyons que le rendement purement mécanique de la machine humaine est de l’ordre de 1%. Abracadabrantesque !

Je a dit…

Mais ce rendement peut être encore plus faible : si les bras sont utilisés pour boucher des bouteilles, par exemple, l’énergie mécanique obtenue à la fin de la journée sera probablement inférieure d’un facteur 10 à 50 à celle mise en mouvement par un ouvrier qui creuse un trou (et ca sera encore moins si les bras servent… à taper sur un clavier).

Le rendement des jambes, toutefois, est meilleur que celui des bras : si le même manœuvre, pesant 70 kg « tout nu », a grimpé 2000 mètres de dénivelée dans la montagne, avec 30 kg sur le dos (les connaisseurs apprécieront), il aura fourni un travail de (70+30)*2000*9,81 = 2 mégajoules, soit 0,5 kWh en chiffres ronds. Dans ce cas, le rendement fait un bond astronomique, puisqu’il passe à quasiment 10%.

Je a dit…

Dans le même temps, un moteur à explosion a un rendement de l’ordre de 20% à 40%, c’est-à-dire que je récupère sous forme d’énergie mécanique 20% à 40% de l’énergie thermique contenu dans le carburant de départ. 1 litre d’essence, consommé dans un tel moteur, produira donc 2 à 4 kWh d’énergie mécanique. Si c’est uniquement le côté mécanique de l’esclave au travail qui nous intéresse, alors nous voyons qu’avec le litre d’essence précédemment mentionné, et ses 2 à 4 kWh de travail mécanique une fois passé dans un moteur, nous avons l’équivalent de 100 (grosses) paires de bras pendant 24 heures à 0,05 kWh pièce, ou de 10 (grosses) paires de jambes sur la même durée. Et le pétrole serait cher (bis) ?

Il est bien évident, quand on voit cette astronomique différence de prix entre l’énergie humaine et l’énergie fossile, que tout ce qui peut être confié à une machine le sera si c’est le raisonnement purement économique qui est le critère déterminant. Heureusement, ce n’est pas toujours le cas, et heureusement aussi, rare est le travailleur qui ne fournit que de la force mécanique, sans le moindre soupçon d’intelligence (qui elle vaut plus cher) et d’aptitude à gérer l’imprévu (qui elle vaut considérablement plus cher chez la machine que chez l’homme).

Je a dit…

Combien d’esclaves dans la vie moderne ?

Maintenant que nous savons qu’un être humain au travail consomme de l’ordre de 4 à 5 kWh par jour, et restitue 0,05 (voire moins) à 0,5 kWh d’énergie mécanique sur la même période, nous pouvons convertir à peu près toute consommation d’énergie de la vie qui est devenue courante en « équivalent esclave », ce qui revient à dire combien nous avons d’esclaves fictifs à notre service à travers la consommation d’énergie liée à ceci ou cela. Vous n’avez pas peur du vertige ? Alors c’est parti…

En l’an 2012, un Français consomme environ 30 000 kWh d’énergie finale par an toutes énergies et tous usages confondus (environ 50 000 kWh par an en énergie primaire), mais hors importations (car ces dernières « contiennent » l’énergie utilisée ailleurs pour un bien ou service que nous consommons chez nous).

Je a dit…

Nous allons maintenant jouer à l’esclavagiste (en tout bien tout honneur, quand même…) en convertissant ces consommations d’énergie en « équivalent esclave ». Le principe sera le suivant :

* pour les usages thermiques de l’énergie, nous utiliserons comme équivalence un homme = 2,5 kWh par jour (il fournit donc son métabolisme de base), soit 876 kWh par an,

* pour les usages mécaniques de l’énergie, cela dépend :
- si le service rendu est assimilable à de la « force brute », sans que la précision du geste ne soit déterminante (la montée d’une charge sur un chantier, par exemple), nous imaginerons que ce sont uniquement des jambes qui le fournissent, et que notre esclave fournit 0,5 kWh par jour sur 2/3 des jours de l’année (il se repose un peu quand même !),
- si le service rendu demande de la précision (par exemple un assemblage mécanique de pièces d’un objet), nous imaginerons que ce sont uniquement des bras qui le fournissent, et que notre esclave fournit 0,02 kWh par jour en ne se reposant qu’une journée sur 10 (la puissance de référence est plus faible par jour travaillé que pour charrier de la terre, car cette dernière activité n’est pas vraiment « de précision »),

Je a dit…

Sur ces bases nous allons prendre des hypothèses de conversion simple (simpliste ?) selon les secteurs consommateurs d’énergie.

* le secteur agricole de notre pays utilise beaucoup de pétrole, et un peu d’électricité.

graphique : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/esclaves_graph3.png

Nous allons supposer que le pétrole sert à faire fonctionner des moteurs à 20% de rendement, qui substituent un peu des jambes (labour), mais surtout du travail « de précision » (semis, épandage de phytosanitaires, cueillette de céréales et légumes, travail de la vigne, etc) qui substitue des bras.
L’électricité, quant à elle, est supposée faire fonctionner des machines « de précision » (machines à traire, trieuses, etc) mais aussi de l’éclairage (par exemple pour les élevages) et du chauffage. Pour refléter tout cela nous prenons l’hypothèse que 30% seulement de l’énergie consommée par le secteur est convertie en mouvement (70% est de la chaleur perdue dans les moteurs des tracteurs), et que dans cette énergie 20% vient remplacer des bras (semis, récolte, traite, etc) et 10% des jambes (labour….). Le besoin en chaleur (séchoirs par exemple) est négligé.

Je a dit…

* L’industrie utilise un peu de tout.

graphique : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/esclaves_graph4-1024x353.png

Nous allons supposer que gaz et charbon ne servent que pour la chaleur, que le pétrole sert pour faire tourner des moteurs à 20% de rendement, et que l’électricité est essentiellement utilisée pour produire du mouvement (machines tournantes, ponts élévateurs, convoyeurs, robots industriels, compresseurs, pompes…). Cela donne donc 50% de l’énergie qui sert à fournir de la chaleur, 80% de 15% qui est perdue (chaleur fatale dans les moteurs à pétrole), et pour la fraction mécanique (environ 35%), nous allons supposer que les 2/3 viennent substituer des jambes et 1/3 des bras.

Je a dit…

* le résidentiel-tertiaire (le tertiaire est l’ensemble de ce qui n’est ni industriel ni agricole : commerces, écoles, hopitaux, bureaux, prisons, etc) utilise un peu de tout, mais en premier lieu de l’électricité

graphique : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/esclaves_graph5.png

Nous allons supposer que gaz, pétrole et ENR thermiques ne servent qu’au chauffage (et à l’eau chaude sanitaire), et que les 2/3 de l’électricité ont des usages thermiques (chauffage, eau chaude, plaques de cuisson, fours, chaleur perdue de l’éclairage, chauffage de l’eau des machines à laver et des lave-vaisselle, etc). Pour le 1/3 restant de l’électricité, nous allons supposer que les 3/4 remplacent des bras (parce que imprimer du papier, laver une assiette ou une chaussette, enlever de la poussière ou transmettre une information sont loin de correspondre à de la seule puissance brute), et 1/4 seulement des jambes (ascenseurs, par exemple).

Je a dit…

* Enfin les transports ne consomment quasiment que du pétrole !

graphique : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/esclaves_graph6.png

Pour le coup, cela va être simple : 80% de l’ensemble est de la chaleur perdue, et 20% du mouvement qui vient remplacer des jambes.

Je a dit…

Résultat des courses : notre consommation moderne d’énergie met à notre disposition l’équivalent de … plus de 400 esclaves par Français !

graphique : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/esclaves_graph2.png

Un Français a l’équivalent de 400 à 500 esclaves à sa disposition 24 heures sur 24 ! (sans compter les importations, qui en rajoutent pas loin de 100). Ce résultat serait le même, en ordre de grandeur, pour l’essentiel des européens.

Je a dit…

En bref, aujourd’hui, l’énergie mécanique ne vaut pas cher, elle ne vaut rien, et son abondance a fait du plus minable des Occidentaux un nabab au regard de ce qu’étaient les conditions matérielles d’un « Français moyen » du 19è siècle. Qui avait les moyens, avant que charbon, pétrole et gaz – et marginalement le reste – n’envahissent nos vies, se se payer avec le seul fruit de son travail « normal » l’équivalent de cinq cent domestiques pour se déplacer, se nourrir, se divertir, faire sa cuisine et sa vaisselle, et j’en passe, ce qui est maintenant la condition de M(me). « tout le monde » ? Le roi, et encore !

Je a dit…

Si nous détaillons un tout petit peu le graphique ci-dessus, voici quelques commentaires :

* Pour produire la nourriture aujourd’hui consommée par les français, il faudrait une population agricole de… 1,8 milliards de personnes (pour 65 millions de français) si nous avions le même régime alimentaire et pas d’énergie fossile ou fissile. Bien sûr, les conventions choisies peuvent se discuter, il est possible qu’il suffise de 500 millions (!!).
Il n’empêche : on voit ici que l’énergie a pour premier effet de permettre à l’essentiel de la population active de faire autre chose que de l’agriculture, et cela se retrouve si l’on regarde, pour l’ensemble des pays du monde, comment évolue la part de la population active en fonction de la consommation d’énergie par personne.

graphique : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/esclaves_graph7.png

légende du graphique : Part de la population active dans l’agriculture (axe vertical, en %) en fonction de la consommation d’énergie par personne (axe horizontal, en tonnes équivalent pétrole) pour tous les pays du monde pour lesquelles les deux données sont disponibles.

La courbe noire donne la tendance d’ensemble.

NB : les pays pour lesquels les données ne sont pas disponibles sont des pays « pauvres », qui seraient de toutes façons avec une consommation d’énergie par personne très faible, et essentiellement des agriculteurs dans la population active.

Source des données Banque Mondiale, 2013.

Je a dit…

Une conclusion dérivée de ce qui précède est que manger du bifteck-frites à tous les repas n’est pas possible sans énergie abondante, car il faut une production végétale très importante pour nourrir les animaux que nous mangerons ensuite.

* Le résultat pour l’industrie est dans l’ordre des ratios que l’on observe à chaque fois que l’énergie passe par là. Par exemple un mineur avec sa pelle et sa pioche extrait 100 fois moins de minerai ou de charbon par jour qu’un mineur… qui est devenu un conducteur d’engin de chantier (excavateur, dumper, bulldozer, etc) dans une mine industrialisée. De même, avec une grue de chantier un homme peut hisser 100 fois plus de poids par jour que s’il le portait à dos d’homme (les tours de la Défense seraient un peu plus longues à construire en pareil cas….). Nous avons donc tous 200 ouvriers à notre service – sous forme de machines d’usines alimentées à l’énergie – qui fabriquent nos vêtements, assiettes, tables, lunettes, voitures, fenêtres, télévisions, et même les barbecues et les raquettes de plage !

* Pour les transports, le résultat peut sembler faible en comparaison du reste, mais il ne faut pas oublier que les moyens de transport sont utilisés très peu d’heures par an : de l’ordre de 200 heures pour une voiture (alors que j’ai imaginé que mes esclaves travaillent en permanence). La plus modeste Twingo, avec ses 42 kW de puissance (soit environ 60 CV), tracte autant que 90 cyclistes de compétition en train de pédaler comme des forcenés (et plus près de 500 cyclistes comme moi !). Si mes esclaves n’étaient sollicités qu’au moment du déplacement, ce n’est donc pas 20 qu’il m’en faudrait, mais plutôt 10 fois plus.Un autre parallèle peut être utilisé : sachant qu’un cheval de puissance (environ 0,7 kW) représente réellement un cheval attelé en termes de puissance de traction, cela signifie que le moindre smicard, aujourd’hui, a les moyens de se payer un attelage de 60 chevaux pour le prix de 6 à 8 mois de salaire. Et l’énergie vaudrait cher (bis ou ter) ? Même une pétrolette de 50 cm³, avec ses 2 ou 3 kW de puissance de moteur, représente déjà l’équivalent de 15 à 20 êtres humains en train de pédaler…

* Enfin pour le résidentiel-tertiaire, nous voyons à quel point l’électroménager, l’électronique et l’informatique, et les innombrables appareils électriques fournissant des services très divers (lampes, pompes, ascenseurs, volets roulants, horloges…) représentent autant de domestiques quasi-gratuits cachés un peu partout !

Je a dit…

La conclusion de cette affaire est évidemment indicible en démocratie : ce n’est pas seulement le mode de vie de M. Dassault ou de la Reine d’Angleterre qui est devenu « non durable » si nous nous mettons sur le terrain de la physique, mais bien celui de chacun(e) d’entre nous, ouvrier(e)s d’usine, agents de nettoyage et caissier(e)s de supermarché compris.

L’effort à fournir pour que notre espèce adopte un mode de vie « durable » (au sens de : pouvant être perpétué plusieurs siècles au moins sans implosion du système) ne peut être mis exclusivement sur les épaules des gros bourgeois : avec plus de 7 milliards d’hommes sur terre, et surtout plus d’un milliard d’Occidentaux, les « modestes » des pays industrialisés – une partie de la Chine comprise – devront s’y mettre également, car eux aussi contribuent déjà à dépasser les possibilités physiques de la planète.

Il y a quand même une bonne nouvelle : une division de l’énergie fossile consommée par 4 dans l’Hexagone, ce qui est nécessaire pour régler le problème climatique, signifie encore, à technologie constante, une bonne centaine « d’équivalent esclave » par Français. Ce ne serait pas vraiment le retour à l’âge de pierre, contrairement aux affirmations de certains !

Je a dit…

Plus loin dans son entretien, Etienne Chouard parle du GIEC fondé par Ronald Reagan et Margaret Thatcher ... donc, à ce titre, suspect.

D'autant plus que les médias de masse et les experts de ce GIEC fonctionnent par injonction à penser comme eux. Quiconque contredit ou simplement émet des doutes sur leurs conclusions est traité de "négationniste" ou de "révisionniste". Le contraire d'une démarche scientifique ouverte.

Mais qu'est-ce que ce GIEC ?

Je a dit…

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat — en anglais IPCC pour Intergovernmental Panel on Climate Change — est un organisme intergouvernemental, ouvert à tous les pays membres de l'ONU.

Il « a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue ».

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat

Je a dit…

Historique

Le GIEC a été créé en novembre 1988, à la demande du G7, par deux organismes de l’ONU : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

La décision du G7 avait été prise sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, afin d'empêcher une agence de l’ONU, soupçonnée de militantisme écologique, de mettre la main sur l’expertise climatique.

Le météorologiste suédois Bert Bolin a joué un rôle important lors de sa création et l'a dirigé de 1988 à 1997. Les autres membres fondateurs sont le canadien Maurice Strong et le britannique John T. Houghton.

En 2007 le prix Nobel de la paix a été attribué au GIEC et conjointement à Al Gore.

En mars 2018 la France a annoncé augmenter sa contribution au GIEC d'un million d'euros par an ce qui porte son soutien à hauteur de 15% des contributions des Etats au GIEC.

Je a dit…

Crédibilité

Les publications officielles du GIEC ont pour objet de proposer une synthèse des connaissances scientifiques. Ces synthèses incluent les publications qui font l'unanimité et celles qui sont contestées par des scientifiques. Ces rapports sont le fruit d'un long débat qui aboutit à un consensus : l'approbation de la version finale du rapport par tous les scientifiques et tous les gouvernements faisant partie du GIEC (la quasi-totalité des pays du monde sont représentés et ont signé l'approbation de la version finale, y compris les États-Unis).

Selon l'économiste Rémy Prudhomme, pourfendeur du « réchauffisme », le rapport du GIEC est principalement écrit par des scientifiques qui auraient été choisis par les gouvernements et par quelques « militants peu ou pas scientifiques ». Ensuite vient un rapport résumé d'une centaine de pages, qui serait préparé conjointement par des « bureaucrates » et des scientifiques. Puis un résumé pour les décideurs politiques d'une trentaine de pages. Celui-ci serait rédigé presque uniquement par des diplomates et des militants.

Je a dit…

Critique épistémologique et conservatisme

Le GIEC, par sa structure hybride de politique et de science, serait condamné à ne produire que des résultats scientifiques sujets à caution. D'autres considèrent que le GIEC soutiendrait, en raison même de l'interférence politique, une position de consensus a minima qui ne reflète que très partiellement l'état actuel de la recherche, et qu'il aurait tendance à sous-estimer les effets du réchauffement.

Selon David Spratt, un homme d'affaires australien et analyste des politiques du climat, les politiques de lutte et d'adaptation au réchauffement climatique, déjà largement insuffisantes, s’appuieraient sur un cadre scientifique très largement optimiste. Le GIEC serait ainsi incapable de communiquer efficacement sur l'urgence que représente la crise climatique en cours, ce qui remettrait en cause la capacité de notre civilisation à s'adapter. Aucune étude complète n'a été menée à ce sujet ; cependant un questionnaire non publié montre que, moins de 50 % des scientifiques sont en accord avec les résultats du GIEC. Une part importante (18 %) d'entre eux considèrent que le GIEC est conservateur et une autre part importante (17 %) d'entre eux considèrent que le GIEC est optimiste. Ainsi, la hausse du niveau de la mer est de 18 à 59 centimètres pour le GIEC ; alors que la valeur haute de la fourchette est de 1 à 5 mètres dans la littérature. La désintégration de la calotte glaciaire du Groenland se produira pour un réchauffement global de 1,9 à 4,6 °C ; alors que la fourchette, en 2012, est plutôt de 0,8 °C à 3,2 °C. La banquise arctique ne devait pas disparaître avant la fin du XXIe siècle d'après le GIEC ; elle est en cours de désintégration et selon certains experts devrait disparaître d'ici 2020 à 2030.

La confusion vient de ce que le GIEC est un organisme expert. Il doit donner une réponse à des questions politiques, posées par les gouvernements, pour l'élaboration desquelles il a été créé. Il ne publie pas dans les journaux scientifiques, il sélectionne, en fonction des connaissances disponibles, les éléments qui lui semblent être les plus significatifs pour éclairer l'action publique. Les connaissances générales et leurs incertitudes sont intégrées les unes aux autres pour éclairer un problème qui se pose pour le politique, et non seulement pour le scientifique. La neutralité de l'expertise est donc cruciale. C'est donc l'examen de la structure du GIEC qui permet de savoir si l'expertise produite est vulnérable aux biais.

Je a dit…

Les époux Lydia et Claude Bourguignon sont également cités.

brève présentation du Dr Claude Bourguignon

Ingénieur agronome français, docteur ès sciences (biologie et biochimie), ancien chercheur à l’INRA. Fondateur du Laboratoire LAMS – Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols. Nombreuses missions de régénération et préservation des sols agricoles dans plusieurs pays, sur plusieurs continents. Remarquables conférences en Suisse, en particulier pour le bureau de consultants COMPOSTDIFFUSON Snc Lausanne (années 1990) dont j’étais l’un des fondateurs, sous mandats de l’Etat de Vaud – Suisse dans les années 1990.

Vie des sols agricoles, fertilité : combat des BOURGUIGNON : https://planethumus.com/vie-des-sols-agricoles-fertilite-combat-des-bourguignon/

Je a dit…

(Re)Lire l'article du 3 décembre 2014 :

Claude et Lydia Bourguignon : « Médecins de la terre », ils aident les paysans à produire sans pesticides

Source : https://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2014/12/claude-et-lydia-bourguignon-medecins-de.html

Je a dit…

Il faudra aussi que je ré-écoute Jean-Pierre Petit au sujet de ses panneaux solaires thermiques qu'il préfère largement aux panneaux photovoltaïques.

Plus faciles à fabriquer, ils peuvent chauffer de l'eau, qui fera tourner des turbines, produira de l'électricité (notamment dans les pays désertiques de la ceinture mondiale tropicale) qui pourra ensuite être envoyée partout dans le monde par électricité continue.

Voilà le site de ce scientifique que j'ai découvert voici des décennies quand il parlait des OVNI et de la propulsion MHD (magnéto-hydro-dynamique) : https://www.jp-petit.org/