J'ai sélectionné à votre intention les quatre premières pages d'un remarquable petit livre de Jean-Claude Michéa : L'enseignement de l'ignorance ( éditions Climats ).
Voici un homme venu du communisme et de la gauche, et qui en est revenu, sans pour autant virer à droite, ou ce qu'il appelle ainsi, car il n'est pas certain qu'entre madame Vallaud-Belkacem, et M. Luc Chatel il y ait, tant que cela, de différences fondamentales.
Jean-Claude Michéa écrit un ouvrage extrêmement utile, qui développe l'analyse ci-dessous qui donne le ton général de son discours. Il faut le lire attentivement, ainsi que ceux qui refusent l'inéluctabilité d'une chute finale de la civilisation occidentale. La recherche d'une troisième voie, salvatrice passe par des révisions déchirantes ( pour certains ) qui se refusent à choisir, ( et à se perdre par là ) entre de faux ennemis, et vrais jumeaux, entre le sida, et ...la grippe espagnole.
J'ai pour des commodités techniques préféré publier ci-dessous le texte des premières pages, séparées des notes qui les explicitent.
On retrouvera ces quatre pages en leur état original en photographies de cet article.
Le Scrutateur.
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« En 1979, Christopher Lasch, l'un des esprits les plus pénétrants de ce siècle, décrivait en ces termes le déclin du système éducatif américain :
« L'éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne, qui a réussi à créer un niveau sans précédent d'éducation formelle, a également produit de nouvelles formes d'ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l'histoire de leur pays, de faire des déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires. »
Vingt ans après, il faut bien admettre que la plupart de ces critiques s'appliquent également à notre propre situation. Bien entendu, il ne s'agit pas là d'une coïncidence. La crise de ce qui s'appelait autrefois l'« École républicaine » n'est pas séparable de celle qui affecte désormais la société moderne dans son ensemble. Elle participe, à l'évidence, du même mouvement historique qui, par ailleurs, défait les familles, décompose l'existence matérielle et sociale des villages et des quartiers, et d'une façon générale emporte progressivement avec lui toutes les formes de civilité qui, il y a quelques décennies encore, marquaient une part importante des rapports humains. Ce constat, en lui-même tout à fait banal, risquerait cependant de demeurer sans conséquences (ou même de conduire à des conséquences ambiguës), si nous ne parvenions pas, en même temps, à saisir la nature de cette société moderne, c'est-à-dire à comprendre quelle logique préside à son mouvement. C'est alors seulement qu'il sera possible de mesurer à quel point les présents progrès de l'ignorance, loin d'être l'effet d'un dysfonctionnement regrettable de notre société, sont devenus au contraire une condition nécessaire de sa propre expansion.
Les pages qui suivent ont pour but d'étayer brièvement cette hypothèse, dont je suis bien conscient que certains la trouvent déjà parfaitement invraisemblable! »
Jean-Claude Michéa.
( in L'enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes. Pages 13 à 16 ).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Mich%C3%A9a
Source : http://www.lescrutateur.com/2015/06/l-enseignement-de-l-ignorance-par-jean-claude-michea.html
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