Quelque 150 parlementaires UMP et UDI ont adressé un courrier à
François Hollande lui demandant le retrait de la réforme du collège,
jugée comme «un naufrage» pour la nation. Le président continue lui de
défendre le texte.
Ils qualifient la réforme du collège de «naufrage pour la nation». Plus de 150 parlementaires UMP et UDI, dont Bruno Le Maire, Bernard Accoyer, Eric Woerth ou encore Hervé Morin, demandent dans une lettre au président François Hollande le retrait de la réforme portée par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale.
Hors de question, a répondu ce mercredi le chef de l'Etat.
Dans ce courrier, les signataires
dénoncent «une majorité de gauche qui propose de couper la langue
française de ses racines en réduisant l'enseignement du latin à de
simples notions de civilisation». Ils s'offusquent également du fait «de
rendre facultatif l'enseignement des Lumières au collège» et «de
fragiliser l'apprentissage de l'allemand en France en supprimant les
classes bilangues» dans lesquelles anglais et allemand sont enseignés
dès la sixième.
«Monsieur le président, qui soutient cette réforme ? Personne, et
surtout pas les enseignants. Qui s'en inquiète ? Tout le monde. Vous
vous honoreriez donc à tirer les conséquences des inquiétudes profondes
que suscite ce projet de réforme du collège en le retirant»,
concluent-ils. Ce mercredi matin, le président de l'UDI Jean-Christophe
Lagarde a soutenu l'initiative en évoquant un «attentat contre la
République» sur «Le Figaro».
Mais la demande des parlementaires ne semble avoir aucune chance
d'aboutir. «J'entends le concert des immobiles, ce sont souvent les plus
bruyants, ceux qui au nom de l'intérêt général supposé défendent leurs
intérêts particuliers. Eh bien non, c'est terminé», a lancé François
Hollande devant des jeunes au Conseil économique, social et
environnemental (CESE) à Paris. Ceux qui «défendent avec la plus grande
énergie» ces enseignements» savent bien que ces options étaient le
moyen d'accéder à certains établissements plutôt qu'à d'autres», a-t-il
détaillé.
Et le président de poursuivre : «Il y aura à partir de cette réforme
davantage d'enseignement des langues, mais pour tous les élèves». «Pour
ceux qui veulent apprendre l'allemand, ils pourront l'apprendre dès la
cinquième et, s'ils le choisissent en première langue, dès le cours
préparatoire», a souligné François Hollande. Quant au latin et au grec,
ce sont, selon lui, des «disciplines essentielles qui étaient
aujourd'hui proposées par options» et qui s'inscriront désormais «dans
le parcours des jeunes collégiens».
Manifestation des enseignants le 19 mai prochain
Plus tôt dans la journée, Najat Vallaud-Belkacem avait également
sèchement répondu. «A chaque fois que la gauche cherche à faire de
l'égalité, la droite lui reproche de faire du soi-disant nivellement par
le bas», répliquait la ministre de l'Education,
en visite dans un lycée près du Bourget (Seine-Saint-Denis). «Je sais
que certains ne voudraient réserver cette réussite scolaire qu'à
quelques uns, c'est précisément ce qui oppose la gauche et la droite»,
a-t-elle continué, pointant du doigt les réformes scolaires menées entre
2002 et 2012.
En plus de la fronde des parlementaires de la droite et du centre, la réforme du collège fera face à l'épreuve de la rue, le 19 mai prochain.
L'intersyndicale FSU, FO, SNALC, CGT et Sud a appelé début avril les
enseignants à la grève. Selon ces syndicats, le texte est «fondé sur
l'autonomie des établissements et la multiplication des hiérarchies
intermédiaires sous l'autorité du chef d'établissement» et une «mise en
concurrence» entre les différentes disciplines, enseignants et
établissements.
Quelles sont les principales mesures de la réforme ?
- Les collèges devront prévoir 20 % de temps pour du travail en petits groupes.
- Un accompagnement personnalisé pour tous les élèves
- Nouveaux enseignements de pratiques interdisciplinaires (EPI) à partir de la 5e.
- Création de 4 000 emplois à temps plein
- Apprentissage de la deuxième langue vivante avancée d'un an (5e au lieu de 4e) avec 2,5 heures de cours par semaine.
- Les classes bilangues (enseignant anglais et allemand) supprimées en
6e, comme les classes européennes (à partir de la quatrième, avec une
matière enseignée en anglais)
- Le latin et le grec deviennent obligatoires via un EPI Langues et cultures de l'antiquité.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
13 commentaires:
"Nivèlement par le bas" ou "égalité des chances"; cela dépend sans doute du point de vue. Mais force est de constater que ...
Derrière le discours humaniste, ne faut-il pas y voir un leurre pour gommer les différences de niveau culturel (sous-entendu culture française) entre les élèves issus de l'immigration africaine et nord-africaine et les élèves d'origine française ou plus largement européenne ? Qui a intérêt à flatter les futurs électeurs issus de minorités ethniques ?
L'école doit être ambitieuse pour sa nation. Nous devons éviter à nos enfants de devenir de simples électeurs manipulables, de simples consommateurs manipulables, de simple contribuables aveugles.
Arrêtons de nous disperser à l'école primaire.
L'enseignement du français puis l'enseignement des mathématiques devraient être exclusifs à l'école primaire.
La moitié du temps est utilisé à faire autre chose : arts plastiques, musique, sport, histoire, géographie, sciences, etc, etc.
Bon, le texte qui est débattu ci-dessus porte sur le collège mais, si les bases (connaissance du français) étaient maîtrisées, on n'aurait pas besoin de polémiquer sur la difficulté ou le prétendu "élitisme" de telle ou telle matière.
En supprimant l'option "latin-grec", la Ministre veut sans doute empêcher les classes regroupant les meilleurs élèves au collège. Les bons élèves se retrouveront donc dans des classes dites "hétérogènes", c'est-à-dire bruyantes, plus difficiles à gérer par l'enseignant, et stagneront. Mais ne vous inquiétez pas pour les fils et filles des politiciens professionnels. Ils habitent dans les beaux quartiers de Paris. On n'y trouve pas des élèves avec la casquette à l'envers ou un vocabulaire vulgaire ou inconvenant.
Mais, de toute façon, cette dispute entre droite et gauche demeure un grand Guignol; chacun flattant son prétendu électorat, son "cheptel". Les enfants des politiques haut placés dans la hiérarchie de leur parti, de droite ou de gauche, étudieront ensemble, bien loin des collèges populaires. Cela ne les concerne pas directement, en réalité. Ils brassent de l'air.
A titre personnel, j'aime et trouve très utile l'étymologie. Comprendre les mots, leur origine (souvent latine ou grecque, en français) permet de mieux comprendre les notions, d'éveiller le sens critique, d'être moins manipulable. Par exemple : "démocratie". Le pouvoir au peuple. Mais ce n'est pas le peuple qui décide en France; ce sont les représentants du peuple. Comme les décisions prises par ces "représentants", une fois élus, vont souvent à l'encontre des promesses électorales, nous ne pouvons pas dire que nous sommes dans une démocratie (au sens étymologique). Nous sommes dans un régime représentatif, une oligarchie. Nous, les citoyens, sommes privés du pouvoir de faire les lois. Les lois se décident entre industriels, financiers et politiques dont les campagnes, de plus en plus à grande échelle, coûteuses, éloignées de la réalité du terrain, sont financées par ces mêmes industriels et banquiers.
Un citoyen, membre à part entière de la cité, devrait pouvoir contribuer à la rédaction des lois. Au lieu de cela, il transfère son pouvoir à un très petit nombre de personnes, qu'il a été obligé de choisir parmi un petit nombre de candidats. Qui a choisi ces candidats ? Ces candidats ont été investis par des partis politiques, les mêmes qui ont écrit les règles, le mode de scrutin. Vous me suivez ...
Désolé pour tout ce bavardage. C'est un sujet qui me passionne.
Bravo Jé!... malheureusement peu de personnes veulent réfléchir à ce qu'il se passe aujourd'hui... c'est ce qui fait que nous sommes entrain de laisser flinguer la France à petit feu... sans aucun doute!
Enregistrer un commentaire