jeudi 26 mai 2022

Législatives 2022 : ​Philippe de Chazournes se présente en "expert du doute"

Le Dr Philippe de Chazournes se présente aux élections législatives. Une surprise pour le grand public, plus habitué à le voir porter une voix différente de celle de ses confrères depuis de nombreuses années, et notamment ces deux dernières au plus fort de la crise sanitaire. Ses prises de position éloignées des messages gouvernementaux lui ont valu d’être convoqué devant l’ordre des médecins. Cette candidature "surprise" qui prend racine justement dans ces nombreuses années d’anticonformisme, le médecin généraliste la voit comme la possibilité de s’exprimer "sans coupure" au montage. Face aux hommes politiques qui ont réponse à tout, il se voit plutôt comme un expert du doute. Il nous explique les ressorts de sa candidature dans la 6ème circonscription de l'île de la Réunion. 

Par Ludovic Grondin - Publié le Mardi 24 Mai 2022

"Ces trois semaines vont être intéressantes", entrevoit le candidat aux côtés de Ketty Lisador, sa suppléante dans la 6ème circonscription 
 
Quelles ont été vos motivations pour être candidat ? 

Ma motivation première : c’est de pouvoir m’expliquer en direct, dans un débat, ce dont on est privé depuis deux ans, pour parler sans coupure et sans interruption, d’un certain nombre de choses qui se passent maintenant, qui se sont passées et bien au-delà de la crise covid. C’est un vrai acte politique avec un grand P, comme pour un certain nombre de résistants présents dans d’autres circonscriptions de La Réunion

Etait-ce une décision mûrement réfléchie ?

C’est une décision prise il y a quinze jours mais mûrement réfléchie depuis trente ans (rires). J’ai été le premier étonné de ma candidature. C’est enfin un bon moyen d’obliger les médias à organiser un débat. Ce sera le cas sur Réunion la 1ère le 2 juin, avec un temps de parole défini, avec toute la courtoisie et le respect qu’on doit avoir envers chacun. Mais au moins les gens entendront ce que j’ai à dire et je pense que beaucoup, dont vous, serez très surpris de l’argumentaire que l’on développera. Je suis un peu le candidat surprise. Ce n’était pas du tout prévu. Mais vu la gravité de la situation, je crois qu’on ne peut pas rester silencieux. Outre cette crise sanitaire, il y a plein d’autres choses qui concernent les Réunionnais. Tout le monde a bien compris que je ne serai pas un homme politique traditionnel. Outre le fait qu’il s’agisse d’un challenge intéressant parce qu’on apprend plein de choses, comme le pouvoir des gros partis par exemple, alors que les petits candidats ont de petits moyens… Mais ce n’est pas grave, on saura s’exprimer avec la vérité, du moins ce qu’on pense être la vérité. 

Ce que je réclame depuis deux ans c’est un live sur les deux grandes chaînes télé, je n’ai pas cessé de le dire, à une heure de grande écoute, sans coupure, face à l’ARS, face à l'Ordre parce qu’on a plein de choses à dire. Et vous verrez que les gens vont être assez étonnés lorsque ce n’est pas du ".gouv". On est très loin d’être des complotistes. Les complotistes, je ne suis pas sûr qu’ils ne soient pas dans un autre camp. Et les médias ont leur part de responsabilité sur ce qui n’a pas été dit. 

C’est un challenge intéressant en fin de carrière pour faire de la santé publique, la vraie, et puis arrêter de faire peur aux gens comme c’est en train d’être le cas avec la variole. Quand on vous montre des images hier à des heures de grande écoute dans le JT avec des gros boutons de partout et qu’on vous dit : "non, ne vous inquiétez pas, c’est pas grave !", alors dans ce cas-là on ne montre pas les images ! Si vous voulez, il y a une intention de faire peur - et notamment auprès des enfants - avec des images qui restent gravées longtemps.

Pour moi en fait c’est très dur de me présenter parce que ce n’est pas mon monde. Quand je vois les batailles dans les journaux entre les candidats, selon les circonscriptions (rires)…. Par contre, si je suis élu, je le ferai avec passion et je le considérerai comme un vrai travail, en ne faisant rien d’autre à côté parce que je pense qu’on a tous quelque chose à apporter à la société, en fonction de ses compétences, ses connaissances, ses doutes. Je dis partout que "je suis un expert du doute". C’est le rôle d’un médecin d’être dans le doute parce que sinon, on n’est pas médecin. On peut être ministre mais on n’est pas médecin ! Je n’ai réponse à rien mais très rapidement on peut avoir réponse à tout si on est bien entouré, avec des bons conseils, de bons informateurs et pas forcément des élus de la place, que ça soit ici ou en métropole, qui ne sont, à mon avis, pas de bons représentants. 

Ces trois semaines vont être intéressantes. Je ne me prends pas la tête. Je ne me regarde pas dans le miroir chaque jour pour savoir si je vais être élu. Mais si je suis élu, je peux vous dire que je ferai tout pour que les lois s’adaptent et soient vraiment pour les Réunionnais, La Réunion, que j’adore depuis 35 ans. Ce pays est magnifique dans sa diversité, ses cultures. Je n’ai pas forcément la plus grande légitimité mais je pense que personne n’a la légitimité. je me considère comme ayant tout encore à découvrir à La Réunion. Je n'en connais qu’une toute petite partie mais certainement beaucoup plus qu’un certain nombre de politiques, de par mes expériences transversales et hiérarchiques. 

Le ministère de l’Intérieur impose à chaque candidat d’entrer dans une case politique, quel a été votre choix ? 

C’est un véritable scandale qui a été publié. Je viens de faire une demande au ministère de l’Intérieur et à la préfecture. Je me présente sous la bannière "Ensemble pour les libertés" de Martine Wonner  mais on a été obligé de créer une sorte de coalition informelle avec deux autres partis : la "Ruralité" de Jean Lasalle et ce parti dont j’ignorais l’existence mais qui me paraît très intéressant : c’est le parti d’Antoine Waechter : le Mouvement écologiste indépendant, car je considère que l’écologie ne doit pas dépendre de la politique. 

Donc, à la préfecture j’ai coché la case "écologiste indépendant" à la demande de Martine Wonner. Le problème, c’est que le ministère de l’Intérieur m’a mis en "extrême de gauche" et ça je ne peux pas le supporter. Ils ont intérêt à changer. Moi-même, mon étiquette je ne la connais pas ! 

 

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