Si le "capitalisme est le moins mauvais des systèmes", il reste
"mauvais" et il nous faut donc inventer un nouveau système qui soit
"bon".
Par "mauvais", je comprends :
- pour la majeure partie des humains (mais très rentable pour la minorité propriétaire des moyens de production)
-
mais aussi pour l'environnement puisque l'exploitation abusive des
ressources de la planète met en danger les générations futures (nos
enfants et petits-enfants).
Je distingue également plusieurs formes de capitalisme :
-
celui des XVIIIème et XIXème siècles où les ouvriers étaient traités
comme des serfs (avec des violences policières, l'interdiction des
syndicats, l'usage de briseurs de grèves ...);
- celui du milieu du
XXème siècle où les luttes syndicales avaient permis aux travailleurs
d'obtenir des droits pour humaniser leur labeur et obtenir des
protections en cas de maladie, accident, vieillesse;
- et celui que
nous connaissons depuis une trentaine d'années que je qualifierais de
"capitalisme financier" et qui consiste à délocaliser les capitaux et
donc la production vers les pays où la main d’œuvre est la moins
coûteuse possible (retour aux "briseurs de grèves").
Avant d'envisager une alternative au "capitalisme", il faut définir ce que recouvre ce terme.
Étymologiquement,
"capitalisme" provient du mot latin « caput », qui signifie « la tête
», à l'origine la tête de bétail (le cheptel).
Cela permet
d'utiliser le terme pas seulement pour le monde industriel contemporain
(depuis la révolution industrielle du XVIIIème siècle) mais aussi pour
ce qui existait avant :
- les troupeaux détenus par les éleveurs (nomades ou sédentaires)
- et les terres agricoles détenues par les propriétaires terriens (seigneurs aristocrates ou ecclésiastiques).
Défini ainsi, le capitalisme peut être confondu avec la notion de propriété privée. Mais c'est simplificateur, caricatural.
Heureusement,
certains économistes comme le Français Bernard Friot, apportent un
éclairage très pertinent. Il distingue ce qui est fondamental, de mon
point de vue :
- la propriété privée lucrative
- et la propriété privée d'usage.
Cette distinction permet d'éclairer la citation (hélas tronquée) de Pierre-Joseph Proudhon "La propriété, c'est le vol."
En réalité, Proudhon n'interdit pas la propriété privée mais condamne la séparation entre :
- la propriété de l'outil de production par un "capitaliste" (propriété lucrative)
- et le travail fourni par le "salarié" (qui n'est pas propriétaire de son outil de production).
Pour
l'anecdote, le mot "capitalisme" est apparu en France au milieu du XIXe
siècle et c'est justement Pierre-Joseph Proudhon qui l'emploie le
premier, en 1852, dans sa correspondance privée.
(cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitalisme#Ambigu%C3%AFt%C3%A9s_de_significations)
Karl
Marx se rendra quant à lui célèbre par son ouvrage "Le Capital.
Critique de l'économie politique" paru en 1867. (cf.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Capital).
Mais il ne faut
surtout pas faire l'amalgame entre les deux hommes. Ils seront en
constante opposition. Les recommandations de l'un (Marx) vont aboutir à
un État centralisateur et dictatorial ; les recommandations de l'autre
(Proudhon) ne seront que très brièvement ou trop partiellement
appliquées (syndicalisme, système mutualiste, fédéralisme, anarchisme politique).
(En
ce qui concerne le duel entre Marx et Proudhon : cf.
https://www.histoire-en-citations.fr/citations/proudhon-la-propriete-c-est-le-vol)
Quand on utilise la formule "Le capitalisme est le moins mauvais des
systèmes", on sous-entend généralement l'opposition entre le marxisme et
le capitalisme. Mais il existe deux autres grandes familles de systèmes
:
- d'abord le fascisme qui réunit l'autoritarisme de l’État
(avec généralement un militaire à sa tête) et la concentration des
richesses dans les mains de grands possédants [qu'on peut assimiler à
l'Ancien régime monarchique, féodal]
- et l'anarchisme politique
(tellement caricaturé et diffamé que dans le langage courant il est
devenu synonyme de désordre ... alors que le terme exact pour désordre
est anomie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Anomie) et que l'anarchisme
("absence de chef") doit être compris comme étant synonyme de démocratie
("le pouvoir [directement] au peuple [sans chef au-dessus avec un pouvoir coercitif]").
C'est dans cette direction que se trouve la solution selon moi.
Et
c'est à la lecture de penseurs anarchistes du siècle dernier (Proudhon,
Kropotkine, Bakounine ...) ou contemporains (David Graeber, Noam
Chomsky, Cornelius Castoriadis ...) que je suis en train de me
consacrer.
Pour en revenir à Proudhon, et à l'inflation évoquée plus
haut, il tenta de créer une banque nationale pratiquant des prêts sans
intérêts, similaire d'une certaine façon aux mutuelles d'aujourd'hui.
La
clé de voûte de l'économie étant la monnaie, il est crucial de
déterminer (c'est un choix politique) qui est habilité à créer la
monnaie.
La dérive de notre société actuelle, c'est que l'immense
majorité de la monnaie en circulation (de l'ordre de 98% quand on
compare l'économie réelle et l'économie financière; mais déjà plus de
90% pour les prêts aux particuliers) est de la monnaie scripturale créée
ex nihilo par les banques privées.
C'est délirant, de mon point de vue.
Selon
moi (ainsi que de l'avis d'économistes et de penseurs politiques dont
je suis en train de découvrir les ouvrages), seule la banque publique,
centrale, devrait être autorisée à créer de la monnaie.
Les
banques privées, pour leur part, devraient être cantonnées à un rôle
d'établissement financier ne pouvant prêter que de la monnaie déjà en sa
possession (contre rémunération étant donné la prise de risque et la
nécessité de rémunérer leur personnel) mais absolument pas autorisées à
créer de la monnaie.
Cela reste toutefois un sujet théorique à approfondir pour moi, notamment :
- en lisant "5000 ans de dette" par David Graeber
-
en écoutant les conférences de Stéphane Laborde sur la TRM, "théorie
relative de la monnaie" (https://www.youtube.com/watch?v=PdSEpQ8ZtY4)
- et en me documentant sur le chartalisme (https://fr.wikipedia.org/wiki/Chartalisme).
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