Qui est cet homme étonnant qui a accordé le droit de vote aux femmes (1945), instauré l'élection du président de la République au suffrage universel (1946/1958) et créé la Sécurité Sociale (en 1945) offrant ainsi la santé même aux plus démunis de ses compatriotes ?
Quel paradoxe que celui qui ait apporté les plus grands progrès démocratiques et sociaux à la France soit un militaire de carrière !
Charles de Gaulle, communément appelé le général de Gaulle, né le à Lille et mort le à Colombey-les-Deux-Églises, est un militaire, résistant, homme d'État et écrivain français.
Chef de la France libre puis dirigeant du Comité français de Libération nationale pendant la Seconde Guerre mondiale, président du Gouvernement provisoire de la République française de 1944 à 1946, président du Conseil des ministres français de 1958 à 1959, instigateur de la Ve République fondée en 1958, il devient le 18e Président de la République française du au . Il est le premier à occuper la magistrature suprême sous la Cinquième République.
Élevé dans une culture de grandeur nationale, Charles de Gaulle choisit la carrière d'officier. Il est fait prisonnier lors de la Première Guerre mondiale. Il sert et publie dans l'entourage de Philippe Pétain, prônant l'usage des divisions blindées dans la guerre moderne auprès de personnalités politiques. En mai 1940, colonel, il est placé à la tête d'une division blindée et mène plusieurs contre-attaques pendant la bataille de France ; il est promu général de brigade à titre temporaire le . Il est nommé sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale dans le gouvernement Reynaud, pendant l'exode de 1940.
Il rejette l'armistice demandé par Pétain à l'Allemagne nazie. De Londres, il lance, à la BBC, l'appel du 18 juin 1940 au peuple français pour résister et rejoindre les Forces françaises libres. Condamné à mort, et déclaré déchu de la nationalité française par décret du 8 décembre 1940 par le régime de Vichy, il veut incarner la légitimité de la France et être reconnu en tant que puissance par les Alliés. Ne contrôlant que quelques colonies mais reconnu par la Résistance, il fusionne, en 1943, la France libre au sein du Comité français de Libération nationale, dont il finit par prendre la direction. Il dirige le pays à la Libération. Favorable à un exécutif fort, il s'oppose aux projets parlementaires des partis et démissionne en 1946. Il fonde le Rassemblement du peuple français (RPF), mais son refus de tout compromis avec le « régime des partis » l'isole dans une « traversée du désert » à l'écart de toute responsabilité.
De Gaulle revient au pouvoir lors de la crise du 13 mai 1958, pendant la guerre d'Algérie. Investi président du Conseil, il fait approuver la Ve République par un référendum. Élu président de la République, il veut une « politique de grandeur » de la France. Il affermit les institutions, la monnaie (nouveau franc) et donne un rôle de troisième voie économique à un État planificateur et modernisateur de l'industrie. Il renonce par étapes à l'Algérie française, malgré l'opposition des Pieds-Noirs et des militaires, qui avaient favorisé son retour. Il décolonise aussi l'Afrique noire, en y maintenant l'influence française. De Gaulle prône l'« indépendance nationale » en rupture avec le fédéralisme européen et le partage de Yalta : il préconise donc une « Europe des nations » impliquant la réconciliation franco-allemande et qui irait « de l'Atlantique à l'Oural », réalise la force de dissuasion nucléaire française, retire la France du commandement militaire de l'OTAN, pose un veto à l'entrée du Royaume-Uni dans la Communauté européenne, soutient le « Québec libre », condamne la guerre du Viêt Nam et reconnait la Chine communiste.
Sa vision du pouvoir, c'est-à-dire un chef directement approuvé par la Nation, l'oppose aux partis communiste, socialiste, centristes pro-européens et d'extrême droite. Ils critiquent un style de gouvernance trop personnel, voire un « coup d'État permanent », selon la formule de François Mitterrand contre lequel de Gaulle est réélu en 1965 au suffrage universel direct. Il surmonte la crise de mai 68 après avoir semblé se retirer, convoquant des élections législatives qui envoient une écrasante majorité gaulliste à l'Assemblée nationale. Mais en 1969 il engage son mandat sur un référendum (sur la réforme du Sénat et la régionalisation) et démissionne après la victoire du « non ». Il se retire dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Églises où il meurt dix-huit mois plus tard.
Charles de Gaulle, considéré comme l'un des dirigeants français les plus influents de son siècle, est aussi un écrivain de renom. Il a notamment laissé des Mémoires de guerre, où il affirme s'être toujours « fait une certaine idée de la France », jugeant que « la France ne peut être la France sans la grandeur ».
Legs historique
La Constitution de 1958
dure maintenant depuis plus d'un demi-siècle, avec des modifications.
« L'homme de Londres » est entré dans un passé mythique où, pour les
Français, il incarna à lui seul l'opposition au Régime de Vichy.
Les années que l'économiste Jean Fourastié a nommées les Trente Glorieuses
(1945-1975) ont laissé aux Français le souvenir d'une époque, sinon
heureuse (deux guerres coloniales), au moins de croissance et de
prospérité. « Nous ne sommes pas les plus riches,
nous ne sommes pas les plus puissants, mais je vous garantis que nous
sommes parmi les plus heureux », affirma Georges Pompidou
lors de vœux usuels de nouvel an aux Français. Or la fin de cette
période heureuse se trouve correspondre à peu près à celle de De
Gaulle : difficile dans ces conditions de séparer objectivement ce qui
est dû à l'homme et à son dauphin désigné de ce qui est dû au contexte
économique.
De façon plus anecdotique, le premier président de la Ve
République apparaît en revanche aujourd'hui comme un des derniers
grands hommes capables de faire l'histoire, lui qui a su souvent mener
les événements au lieu de se laisser mener par eux. Bien des traits de
sa personnalité avaient entraîné une sympathie des Français envers sa
personne : d'abord son vocabulaire non conventionnel pour un homme
politique de l'époque et de cet âge (« culbute », « chienlit »), ses boutades146 (« Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? »147),
son sens de la repartie (au cours d'une conférence de presse, il
répondit à un journaliste dont la question était simplement « Comment
allez-vous ? » : « Je ne vais pas mal. Mais rassurez-vous : un jour je
ne manquerai pas de mourir »148) ; à Louis Vallon, qui s'était écrié « Mort aux cons ! » au cours d'une réunion, au temps du RPF, de Gaulle répondit : « Vaste programme ! »149,
son mépris affiché des partis politiques, enfin, sa défiance envers une
droite qui ne l'aimait pas et le lui fit voir en 1969, comme envers une
gauche qui n'avait jamais vraiment soutenu le projet de participation des salariés aux bénéfices de leur entreprise qui lui était cher (conformément à sa politique directement inspirée du catholicisme social150). De Gaulle, c'était, dans un esprit très « Astérix », un de ces « petits qui ne se laissent pas avoir par les grands »151. On ne s'étonnera pas de sa déclaration selon laquelle son livre préféré était Cyrano de Bergerac. Et il fit un jour cette remarque ironique : « Au fond, vous savez, mon seul rival international, c'est Tintin ! »152,153
Le général de Gaulle a planifié et modernisé la recherche et l'industrie par l'impulsion de l'État.
C'est de son époque que datent le début des grands programmes qui ont
fait la force de l'industrie française et qui trouvent leur
aboutissement aujourd'hui dans de grands champions français ou
européens : dans l'aéronautique, la Caravelle a donné naissance à Airbus Industrie ; dans l'industrie spatiale, la création du Centre national d'études spatiales (CNES) en 1961, le programme spatial français des « Pierres Précieuses » et la fusée Diamant, premier lanceur construit en dehors des États-Unis et de l'URSS, ont abouti à la naissance d'Arianespace et de l'Agence spatiale européenne ; dans l'industrie nucléaire, la création du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en 1945 a permis à la France de contrôler l'ensemble de la filière nucléaire avec la société Areva ; dans l'industrie informatique154, les objectifs du Plan Calcul (1966) ne furent pas atteints, mais, notamment grâce à la création de l'IRIA (devenu INRIA) en 1967, la France est le seul pays européen qui ait réussi à conserver un constructeur informatique purement européen, Bull, qui fabrique aujourd'hui des superordinateurs et, rapproché avec Atos, forme un champion européen de l'informatique.
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En France, la sécurité sociale a été définie juste après la Seconde Guerre mondiale, par le Conseil national de la Résistance sous l'influence de Pierre Laroque et d'Ambroise Croizat.
Selon l'ordonnance du 4 octobre 1945 :
« art. 1er — Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. »
La Sécurité sociale figure explicitement dans le préambule de la constitution de la Quatrième République française qui « garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs » (alinéa 11), préambule repris à son compte par la Constitution de la Cinquième République.
La Sécurité sociale en France comporte actuellement quatre branches pour le régime général :
branche maladie (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), déclinée au niveau régional, avec la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT), et local, avec la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) couvre pécuniairement une partie des conséquences d'une maladie, d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle (AT/MP), mais aussi d'une maternité ou d'une paternité ; La Cnamts comprend aussi un secteur médical et un secteur social ;
branche famille (Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), et ses organismes locaux : les Caisses d'allocations familiales) ;
branche recouvrement (Agence centrale des organismes de sécurité sociale ACOSS, et ses organismes locaux, les Unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales (Urssaf)) ;
branche vieillesse (Caisse nationale d'assurance vieillesse CNAV et ses organismes locaux, les seize CARSAT).
Une cinquième branche, relative à la lutte contre la dépendance (Caisse nationale Solidarité Autonomie) a été créée par une loi du 30 juin 2004. La CNSA a été mise en place en mai 2005 et a pris officiellement ses fonctions le 1er janvier 2006. C'est à la fois une caisse chargée de répartir les moyens financiers et une agence d'appui technique. Les ASSEDIC, en France, ne font pas partie proprement dit de la sécurité sociale, bien que couvrant le risque chômage. Le financement de la Sécurité sociale repose essentiellement sur les cotisations sociales. Ce mode de financement contraste avec celui des pays nordiques ou dits libéraux qui utilisent le financement par l'impôt2. Commencée à la fin des années 1970, la politique d'exonération des cotisations accordées aux entreprises avait pour but de diminuer le coût du travail, pour les jeunes tout d'abord et notamment les apprentis puis pour les salariés les moins qualifiés. Depuis la loi du 25 juillet 1994, toute nouvelle exonération doit être compensée intégralement par l'État. D'une manière générale, on assiste en France à une augmentation du financement de la Sécurité Sociale par l'impôt. La contribution sociale généralisée (CSG) a ainsi été créée en 1991. Pour les revenus d'activité, le taux de 7,5 % s’applique à une assiette égale à 97 % du salaire brut. Sont également soumis à la CSG, avec des taux différents, les revenus de remplacement (allocations chômage, retraites), les revenus du patrimoine et les produits de placement, les revenus de jeux. D'autres impôts servent également à financer le régime général de la sécurité sociale : taxes sur les contrats d'assurance automobile, sur les alcools, sur le chiffre d'affaires des grossistes pharmaceutiques... Au total, les cotisations sociales ne représentent plus que les deux tiers du financement du régime général de la Sécurité sociale en France.
Le suffrage universel a été prévu, en France dans les constitutions suivantes :
Constitution de la Convention (1793-1795) : Cette constitution n'a jamais été appliquée mais prévoyait l'application du suffrage universel masculin aux élections législatives et mettait en place l'usage du référendum.
Constitution du Consulat et du Premier Empire (1799-1815) : La constitution consulaire du 22 frimaire an VIII permettait le recours au plébiscite (référendum), dont Napoléon Bonaparte usa à plusieurs reprises, pour modifier la constitution et établir le régime impérial.
Constitution de la Deuxième République (1848-1852) : Élection du Président de la République au suffrage universel masculin. Le suffrage « universel » est établi par la Deuxième République en 1848, mais il exclut quand même les femmes, les militaires, le clergé et les Algériens. Le corps électoral, jusque-là restreint par le suffrage censitaire, passe de néanmoins de 246 000 à plus de 9 millions.
Constitution du Second Empire (1852-1870) : Permettait le recours au référendum, grâce à Napoléon III, dans la tradition du Premier Empire (Napoléon I) ; en outre, s'agissant du Corps législatif, l'article 36 de la Constitution de 1852 disposait que « les députés sont élus par le suffrage universel ».
Constitution de la Troisième République (1875-1940) : Élections de l'Assemblée nationale, et, pour l'essentiel, du Sénat, au suffrage universel masculin.
Constitution de la Quatrième République (1946-1958) : Élection du Parlement au suffrage universel masculin et féminin.
Constitution de la Cinquième République (depuis 1958) : Élection du Président de la République (à partir de 1962) et du Parlement au suffrage universel et possibilité d'avoir recours au référendum.
Un suffrage qui exclut une partie de la population en raison de son sexe (les femmes) n'est pas universel puisque réservé aux hommes, ce qui est une discrimination sexiste.
Lors du suffrage universel direct, on vote directement pour choisir son représentant.
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