lundi 29 juin 2020

Ni Dieu ni maître : une histoire de l’anarchisme - La suite de la série documentaire de Tancrède Ramonet


Ni Dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme, la suite ?
 
Ni Dieu ni maître est une série documentaire réalisée par Tancrède Ramonet. A partir d’images d’archives inédites ou méconnues et d’entretiens avec les plus grands historiens du mouvement social, elle raconte pour la première fois l’histoire de l’anarchisme de ses origines à nos jours.
Les deux premiers épisodes de la série, La Volupté de la destruction (1840-1914) et La Mémoire des vaincus (1911-1945) se terminaient avec la défaite des anarchistes dans la Guerre d’Espagne.
Or l’histoire de l’anarchisme ne s’arrête pas là. Bien au contraire !
Elle se prolonge:
  • Dans des événements aussi importants que ceux évoqués dans les deux premiers épisodes (depuis les révoltes de Mai 68 jusqu’à l’insurrection au Rojava, en passant par le Summer of love, le geste punk, le soulèvement au Chiapas ou la bataille de Seattle) ;
  • Avec des figures tout aussi importantes que celles décrites dans la première partie de son histoire comme Albert Camus, Murray Bookchin, Hakim Bey ou Abdullah Ocalan ;
  • Avec des idées et des pratiques nouvelles qui sont venues enrichir encore l’arsenal révolutionnaire du mouvement libertaire (éco-anarchisme, guérilla urbaine, black bloc, zone autonome temporaire, etc.)..
Bref, l’anarchisme n’existe pas qu’en noir et blanc, et son histoire n’est pas seulement celle de perdants, même magnifiques.
Elle continue en couleurs et se poursuit jusqu’à aujourd’hui.
Et il est essentiel de la faire connaître.
Mais comme ARTE, qui avait diffusé les deux premiers épisodes, ne veut pas diffuser la suite de cette histoire, après plusieurs mois de blocages, nous avons décidé de la produire nous-mêmes.
 Ecoutez plutôt Tancrède Ramonet, le réalisateur, vous en parler :

 


La suite de Ni Dieu ni maître se fera donc en deux épisodes : Des Fleurs et des pavés (1945-1969) et Les Réseaux de la colère  (1965-2011).
En voici les résumés:
Épisode 3 : Des Fleurs et des pavés (1945-1969)
Au sortir de la 2ème Guerre Mondiale, l’anarchisme connaît un gigantesque reflux. Quelques grandes personnalités comme Bertrand Russel ou Albert Camus n'en continuent pas moins de défendre et promouvoir son idéal.
Et petit à petit, dans le cœur de la Guerre Froide, ils sont rejoints par de nombreux socialistes ou communistes dont les yeux se dessillent sur la réalité du socialisme soviétique à la suite du Printemps de Prague. A l’instar de Murray Bookchin en effet, à la fin des années 50, de plus en plus de révolutionnaires se tournent vers l’anarchisme et contribuent à lui donner un nouvel écho.
Grâce à eux, des organisations formelles ou informelles - comme les Diggers de San Francisco -  voient le jour ; de nouveaux symboles, à l’image du  A cerclé inventé en 1964 par le groupe des Jeunes Libertaires de Paris, sont créés ; de nouveaux mouvements de masse se forment qui mettent en cause stalinisme et capitalisme et essaient de changer le monde.
Et c’est ainsi qu’à partir de l’année 1967 puis tout au long de 1968, l’anarchisme que l’on avait cru moribond, réoccupe le devant de la scène. Il inspire le Summer of Love  aux États-Unis d’Amérique, il se diffuse dans le mouvement Provos  à Amsterdam et il innerve, autour du joli mois de mai, toutes les grandes grèves étudiantes et ouvrières en France, mais aussi en Italie, en Allemagne et jusqu’au Mexique.
Comme un symbole de ce triomphe, les anarchistes se rassemblent et organisent, pour la première fois depuis des décennies, à Carrare, un nouveau Congrès International. Ils espèrent profiter de la situation.
Hélas, ce qui devait être un nouveau temps fort de l’histoire de l’anarchisme et signer son retour sur le devant de la scène, n’est que le théâtre vaines polémiques. Divisés, les anarchistes sont donc condamnés à devoir regarder passer, sans pouvoir le prendre, le train des tentatives révolutionnaires de la fin des années 60.


(archive: occupation d'un immeuble à Londres en 1969)
Episode 4 Les Réseaux de la colère (1965-2011)
Comme au temps de la propagande par le fait, au début des années 70, l’anarchisme est repris par ses vieux démons. Tenté, un temps, de retourner à la violence armée, il s’inspire de la stratégie mise en place par les Tupamaros en Uruguay pour étendre à toutes les grandes métropoles occidentales une nouvelle forme de lutte armée : la guérilla urbaine.
Partout, des groupes se forment et passent à l’action : les Angry Brigades au Royaume Uni, le Mouvement du 2 juin en Allemagne de l’ouest, Action Directe en France, le Weather Underground aux États Unis d’Amérique, autant de nom qui font à nouveau trembler le monde. Et avec eux, le nom de l’anarchisme redevient synonyme de désordre et de chaos.
Il effraie d’autant plus qu’au même moment, le mouvement punk conquiert la scène internationale et mène, à sa manière, contre l’industrie musicale mais aussi et plus largement contre l’ordre établi, une véritable guérilla culturelle. S’il contribue à populariser auprès d’une nouvelle génération les slogans, les symboles et même les pratiques libertaires, il subit aussi de plein fouet la répression généralisée qui s’abat partout, au tournant des années 80, sur le mouvement révolutionnaire.
Dès lors, avec la chute du Mur de Berlin et le triomphe du néo-libéralisme, les anarchistes ne vont plus avoir d'autre choix, que de recourir à l’anonymat et avancer masqués.
Et c'est ainsi qu’avec l’EZLN et le sous-commandant Marcos au Mexique, au cœur du Black bloc qui parvient à mettre en échec le G7 de Seattle en 1999, ou au sein du mouvement des Indignés qui s’étend de Madrid à New York et de Tel Aviv à Buenos Aires, l'anarchisme a inspiré autour de l’an 2000, sans que l’on ne le sache vraiment, toutes les nouvelles formes de résistance.
Mais c’est bien lui qui, des quartiers insurgés d’Athènes au Rojava et de la ZAD de Notre Dame des Landes au cœur des dernières grandes mobilisations sociales, incarne aujourd’hui la critique dernière du capitalisme et donc, pour tous les pouvoirs, le véritable ennemi.



(archive: manifestation lors du contre sommet du G20 en 2009)

À quoi va servir le financement ?

Malgré les soutiens de LCP et du CNC, nous sommes loin de réunir les fonds necessaires pour terminer cette série.
Les archives qui seront dans ces deux derniers épisodes sont en effet très chères, et nous devons interviewer de nouveaux historien.ne.s aux quatres coins du monde.
Nous avons donc besoin de vous.
Pour pouvoir terminer une première version des films et les diffuser en France sur La Chaîne Parlementaire, il  nous faut au moins 15 000 euros.
Mais ce ne serait là qu'un début.

À propos du porteur de projet

Tancrède Ramonet est auteur de documentaires et chanteur dans le groupe ACHAB.
Diplômé en Philosophie (Sorbonne), en Economie (Paris-Dauphine), en Création documentaire (La Havane) et en Production internationale (EURODOC), il a fondé la société indépendante Temps noir avec laquelle il réalise aussi Ni Dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme.

Temps noir est une société de production audiovisuelle indépendante de documentaires et de fictions.
Depuis 2002, date de sa création, Temps noir a produit de nombreux films autour de problématiques sociales, historiques, artistiques et culturelles.
Les films de Temps noir, aux contenus forts et aux profondes exigences formelles, interrogent notre monde et rencontrent toujours leur public. Leurs succès d’audience comme leur présence dans les plus prestigieux festivals témoignent du désir toujours renouvelé de Temps noir de conjuguer engagement, popularité et excellence.
Tancrède Ramonet et Temps noir ont obtenu en 2006 le Prix du meilleur jeune producteur français et en 2010 le Prix du meilleur producteur français.

Source https://fr.ulule.com/anarchisme/

6 commentaires:

Je a dit…

"Arte qui a diffusé les deux premiers épisodes, pour des raisons qu'on ignore, a refusé de diffuser les deux suivants".
Vraiment ? Comme c'est étonnant !
Que l'anarchisme soit associé au passé, voire à un passé violent, arrange bien évidemment les personnes au pouvoir aujourd'hui. Alors, surtout, il ne faut pas parler de l'anarchisme au présent, ni de l'anarchisme comme projet de société enfin pour le peuple et non pour une oligarchie d'exploiteurs.

Je a dit…

Peter Lamborn Wilson dit Hakim Bey (الحكيم signifiant « Le Sage » en arabe , « M. le Juge » en turc), né à New York en 1945, est un écrivain politique et poète américain se qualifiant d'« anarchiste ontologiste » et soufi. Il est connu pour ses théories au sujet des zones d'autonomie temporaires (TAZ, dans son livre Temporary Autonomous Zone), ses écrits sur le mysticisme et la culture pirate, ainsi que pour ses incitations au terrorisme poétique. Certains auteurs le considèrent comme le père idéologique des hackers.

Proche de l'anarchisme mystique, il a écrit plusieurs essais sur les traditions des sociétés secrètes chinoises (Tong). Il a également écrit sur des personnages comme Charles Fourier et Friedrich Nietzsche et les liens entre le soufisme et l'ancienne culture celtique.

Après des études à l'université Columbia, Peter Lamborn Wilson aurait passé plusieurs années en Inde, au Népal, au Pakistan et en Afghanistan. Il aurait alors étudié le tantrisme, le soufisme ainsi que les enseignements de la Nimatullahi. À partir de 1974, il travaille en Iran à l'Académie impériale iranienne de philosophie au côté de Seyyed Hossein Nasr avant d'être contraint de quitter le pays à la chute du chah Mohammad Reza Pahlavi, en 1979. Une période de sa vie dont il tire son pseudonyme Hakim Bey.

Dans les années 1980, ses idées évoluent d'une forme de guénonisme néo-traditionnel vers une synthèse de l'anarchisme et des idées situationnistes qu'il décrit comme anarchisme ontologique ou immédiatisme (en). Publiant alternativement sous le pseudonyme Hakim Bey ou sous vrai nom Peter Lamborn Wilson, il est essentiellement édité par Autonomedia (en), à Brooklyn, New York.

En 2010, Peter Lamborn Wilson a quitté le monde urbain et technologique et dit ne plus disposer que d'un téléphone fixe. Il parle de Zone d'Autonomie Pastorale et réclame une forme de luddisme séculariste, inspiré aussi bien de Henri David Thoreau, des Amish et de l'anabaptisme, que du luddisme et des néo-luddites contemporains.

Bey a influencé certains auteurs de science-fiction cyberpunk comme Bruce Sterling (par exemple pour son roman Islands in the Net, titre français : Les Mailles du réseau). Son concept de zone d'autonomie temporaire a eu une grande influence sur la culture rave et techno des années 1990, et TAZ est considéré comme le livre emblématique formulant le discours politique de rassemblements comme les teknivals ou Burning Man.

Je a dit…

Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire, pays de Galles), et mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth, au pays de Galles, est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.

Russell est considéré comme l'un des philosophes les plus importants du XXe siècle. Sa pensée peut être présentée selon trois grands axes.

La logique est le fondement des mathématiques : Russell est, avec Frege, l'un des fondateurs de la logique contemporaine. Son ouvrage majeur, écrit avec Alfred North Whitehead, a pour titre Principia Mathematica. À la suite des travaux d'axiomatisation de l'arithmétique de Peano, Russell a tenté d'appliquer ses propres travaux de logique à la question du fondement des mathématiques (cf. logicisme).

Il soutient l'idée d'une philosophie scientifique et propose d'appliquer l'analyse logique aux problèmes traditionnels, tels que l'analyse de l'esprit, de la matière (problème corps-esprit), de la connaissance, ou encore de l'existence du monde extérieur. Il est ainsi le père de la philosophie analytique. Jules Vuillemin le fera connaître en France.

Il écrit des ouvrages philosophiques dans une langue simple et accessible, en vue de faire partager sa conception d'une philosophie rationaliste œuvrant pour la paix et l'amour. Il s'engage dans de nombreuses polémiques qui lui valent le qualificatif de « Voltaire anglais » ou de « Voltaire du XXe siècle », défend des idées proches du socialisme de tendance libertaire et milite également contre toutes les formes de religion, considérant qu'elles sont des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l'ignorance. Il organise le tribunal Sartre-Russell contre les crimes commis pendant la guerre du Viêt Nam.

Son œuvre, qui comprend également des romans et des nouvelles, est couronnée par le prix Nobel de littérature en 1950, en particulier pour son engagement humaniste et comme libre penseur. Enfin, il devient membre du Parlement britannique.

Je a dit…

Albert Camus, né le 7 novembre 1913 à Mondovi (aujourd’hui Dréan), près de Bône (aujourd’hui Annaba), en Algérie, et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin dans un accident de voiture, dans l'Yonne en France, est un écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français. Il est aussi journaliste militant engagé dans la Résistance française et, proche des courants libertaires, dans les combats moraux de l'après-guerre.

Son œuvre comprend des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des films, des poèmes et des essais dans lesquels il développe un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurde de la condition humaine mais aussi sur la révolte comme réponse à l'absurde, révolte qui conduit à l'action et donne un sens au monde et à l'existence. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1957.

Dans le journal Combat, il prend position aussi bien sur la question de l'indépendance de l'Algérie que sur ses rapports avec le Parti communiste algérien, qu'il quitte après un court passage de deux ans. Il proteste successivement contre les inégalités qui frappent les musulmans d'Afrique du Nord, puis contre la caricature du pied-noir exploiteur, ou prenant la défense des Espagnols exilés antifascistes, des victimes du stalinisme et des objecteurs de conscience. En marge de certains courants philosophiques, Camus est d'abord témoin de son temps et ne cesse de lutter contre les idéologies et les abstractions qui détournent de l'humain. Il est ainsi amené à s'opposer à l'existentialisme et au marxisme, sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes de communistes et sa rupture avec Jean-Paul Sartre.

Je a dit…

Murray Bookchin, né le 14 janvier 1921 et mort le 30 juillet 2006, est un militant et essayiste écologiste libertaire américain. Il est considéré aux États-Unis comme l'un des penseurs marquants de la Nouvelle gauche (New Left).

Il est le fondateur de l'écologie sociale, école de pensée qui propose une nouvelle vision politique et philosophique du rapport entre l’être humain et son environnement, ainsi qu'une nouvelle organisation sociale par la mise en œuvre du municipalisme libertaire.

L'influence de ses idées sur le dirigeant kurde Abdullah Öcalan a conduit à l'élaboration du confédéralisme démocratique, modèle adopté par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à partir de 2005, puis par le Parti de l'union démocratique (PYD) en Syrie, où il connait un début de mise en œuvre dans les cantons du Rojava.

Je a dit…

Abdullah Öcalan, connu sous le surnom d'Apo (signifiant « oncle » en kurde), né le 4 avril 1949 dans le village de Ömerli (Amara en kurde, rattaché à la ville de Halfeti), est un homme politique kurde de nationalité turque. Il est le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan et l'initiateur du confédéralisme démocratique.

Öcalan fonde en 1978 le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sur la base d'un programme revendiquant un Kurdistan unifié, indépendant et socialiste. Son organisation lance une lutte armée prolongée en 1984, avant qu'il ne propose plusieurs trêves au cours de la décennie suivante. Au cours des années 1990, il abandonne ses revendications maximalistes, donnant désormais la priorité à une solution politique, pacifique et démocratique à la question kurde.

Le parti est considéré terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne, entre autres. Öcalan est arrêté en 1999 et emprisonné en Turquie, où il est condamné à la peine de mort pour terrorisme. La sentence n'est cependant pas mise à exécution, le pays abolissant la peine capitale en 2002. Sa peine est alors commuée en prison en vie ; il est détenu sur l'île d'İmralı. En 2008, ses avocats et Amnesty International dénoncent des tortures à son encontre par les gardiens.

Au cours de ses premières années de prison, où il développe une relation épistolaire avec le penseur libertaire Murray Bookchin, il élabore l'idée d'un confédéralisme démocratique, théorisant une société fédéraliste et communaliste en dehors des structures étatiques, où démocratie directe, écologisme et féminisme sont liés. Elle est mise en pratique, depuis la guerre civile syrienne, au « Rojava » (simplification de Rojavayê Kurdistan, Kurdistan occidental ou Kurdistan Ouest), région kurde autonome de la Syrie, par le Parti de l'union démocratique, proche du PKK.