mardi 24 mars 2015

Départementales : la grosse arnaque !

par Michel DROUET (son site)
dimanche 22 mars 2015

 
Vous avez été un peu plus d’un électeur sur deux à voter dimanche, soit un score légèrement amélioré par rapport à 2011, encore faudra-t-il prendre en compte les votes blancs ou nuls pour avoir une idée précise des suffrages exprimés avant de se réjouir. Pas très glorieux comme résultat.

Quelles ont été les motivations des votants ?

On peut penser que certains se seront déplacés pour voter comme d’habitude pour le parti pour lequel ils avaient l’habitude de voter, sans se poser de question.
Certains auront voté pour protester devant l’impuissance des partis traditionnels, sans se douter que ce sera la même chose avec les nouveaux venus.
D’autres seront allés voter non par conviction, mais seulement pour faire barrage aux précédents.
Enfin, l’attrait de la nouveauté introduite par la parité homme/femme aura sans doute provoqué quelques votes supplémentaires ainsi que l’épouvantail du vote obligatoire.
N’en déplaise à ceux qui vont se réjouir de ce résultat, il n’en reste pas moins que le taux d’abstention aux cantonales est beaucoup plus important que pour toutes les autres élections (sauf les européennes), ce qui veut bien dire que le rôle cette collectivité territoriale est largement méconnu, en particulier dans les zones urbaines, ou que son utilité est contestée.

Peu d’électeurs se sont posé la question de l’utilité des conseils départementaux…

Il n’y a pas si longtemps, l’UMP parlait de la fusion des conseils régionaux et départementaux, projet annulé par le PS et ses alliés qui malgré tout a relancé l’idée de la suppression des conseils généraux avant de décider de les conserver sous la pressions des lobbies des élus : comprenne qui pourra. Encore que rien n’est figé puisque le projet de loi sur la répartition des compétences entre conseils départementaux et régionaux n’étant pas encore voté, rien n’empêche que les conseils départementaux nouvellement élus consacrent dans le futur leur temps à inaugurer les chrysanthèmes ou au contraire voient leurs compétences augmenter. Tout est possible !

Une curieuse impression…

Tout cela laisse penser que les motivations des électeurs auront été souvent étrangères aux compétences qui seront au final exercées par les conseils départementaux. C’est tout de même un exercice particulier que de convoquer 44 millions d’électeurs pour leur demander d’élire des représentants dont on ne sait pas au moment où on vote quelles seront leurs attributions. J’y vois pour ma part un risque de dérive totalitariste : « puisque nous avons été élus, nous sommes donc légitimes et il ne vous reste plus qu’à être les spectateurs de nos décisions et payer les impôts qu’on vous demandera », semble-t-on nous dire au travers de ce simulacre de démocratie.
A ce rythme on vous demandera bientôt de prendre modèle sur la téléréalité en tapant 1 ou 2 sur votre portable : ça coûtera moins cher.

Quelles seront les conséquences de votre vote ?

…Puisque vous êtes nombreux à ne pas connaître les compétences des futurs conseils départementaux…
Vous avez de fait donné votre feu vert à l’embauche d’un peu plus de 4000 conseillers départementaux qui seront payés grâce à vos impôts, qui vont dépenser environ 3.20 € par an et par habitant pour leurs dépenses de communication et qui auront besoin de petites mains, toujours payés par vos impôts, directement issus des partis politiques et qui ne sont pas forcément compétents pour gérer des compétences mais qui savent y faire pour protéger les élus et favoriser leur réélection, ainsi que des services destinés au fonctionnement des assemblées (chauffeurs, huissiers, secrétariats, hôtesses d’accueil, etc…).
Certains d’entre vous disent que les dépenses de personnel et de fonctionnement des collectivités locales sont trop élevées, mais sont quand même allés voter… Où est la logique ? Trop de fonctionnaires ? Pas forcément, mais trop d’élus, certainement !
En donnant une légitimité à cette collectivité territoriale dont on pourrait se passer au travers des 4000 élus et sans doute autant de « collaborateurs politiques », vous avez évité un plan social qui aurait touché directement les partis politiques notamment leurs ressources financières : vous êtes bien bons !
On comprend mieux pourquoi tous les élus et tous les partis se sont opposés à la disparition des conseils généraux. Ce n’est pas pour cette fameuse gestion de proximité et le pseudo contact avec les citoyens, mais simplement pour conserver un système qui fait les choux gras de tous les élus et partis politiques et qui maintient l’entre soi, le corporatisme et le conservatisme dont l’ultime expression est celle des sénateurs.
Ce n’est pas demain que le paysage administratif français sera lisible et efficace et moins coûteux.

Une autre organisation était-elle possible ?

Oui, en supprimant le conseil départemental, c’est-à-dire les élus et les collaborateurs. Elle consistait à transférer à la Région les compétences en matière de routes, de collèges et de transports, tout en organisant sous forme d’agences départementales (pour éviter les transferts géographiques de personnels) ces compétences pour garder la gestion de proximité. Pour les compétences sociales, la gestion par une agence départementale à laquelle les élus communaux participeraient serait à même de suppléer la gestion par des élus départementaux. Enfin, les intercommunalités (élargies) prendraient en charge la gestion des affaires de proximité et gèreraient les maisons de services publics.
C’est simple, mais les élus et les partis ancrés dans leurs corporatismes et leurs intérêts de boutique n’en veulent pas et les citoyens ne sont pas suffisamment au fait de ce qui se joue dans leur dos subissent et vont voter en croyant que c’est pour leur bien.

Un chiffre pour finir…

En supprimant le conseil départemental dans mon département, les économies réalisables (indemnités d’élus, collaborateurs des partis, communication, etc.,…) se chiffrent à 11 millions d’euros par an, soit le prix d’un collège….

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