lundi 23 mars 2015

Chronique d’un éveil citoyen – Episode 5 : L’influence du Capital

par Alban Dousset
mardi 1er juillet 2014

Résumé l’épisode précédent : L’étude des lobbies m’avait conduit jusqu’au plus nébuleux d’entre eux (le lobby financier) et jusqu’à un mensonge d’ampleur historique et culturelle (la démocratie). Après une série de plaidoyers au sujet de cette mystérieuse démocratie, je dois cheminer le long de notre parcours historique pour comprendre la dimension du lobby financier, le Capital dirait Marx, et l’effroyable mensonge sémantique qu’il porte en son sein, le mensonge de la démocratie « moderne ».
Suite aux conseils d’Etienne Chouard, la voix d’Henri Guillemin a guidé ma relecture de l’histoire. Ce conférencier, qui se qualifie lui-même de « catholique de gauche », permet de redécouvrir les rapports de forces politiques qui sont soigneusement gommés des manuels scolaires et des documentaires historiques. La mise en perspective d’Henri Guillemin donne à l’histoire une réelle profondeur politique et économique.
Sur l’épisode de la Commune (Première partie sur treize) :
http://www.youtube.com/watch?v=dMGNcmx_bEg&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=45
Sur l’épisode de l'autre avant guerre - 1871-1914 (Première partie sur treize) :
http://www.youtube.com/watch?v=d65aVl7s6RA&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=82
Sur l’épisode de l'affaire Dreyfus (Première partie sur trois) :
http://www.youtube.com/watch?v=fOS15c03yFw&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=58


Les visioconférences d’Henri Guillemin permettent également de dresser des portraits rigoureux de personnages historiques trop souvent déformés par le système éducatif.
Sur Jean-Jacques Rousseau (Première partie sur deux) :
http://www.youtube.com/watch?v=Re6ij1QfrhY&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=17
Sur Voltaire :
http://www.youtube.com/watch?v=21wbMNUzHzw&index=16&list=PL3FE0F0801FEAED00
Sur Blaise Pascal (Première partie sur deux) :
http://www.youtube.com/watch?v=S04w8pBBoCA&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=64
Sur Robespierre (Première partie sur trois) :
http://www.youtube.com/watch?v=bLS33mS78ls&index=19&list=PL3FE0F0801FEAED00
Et enfin sur Napoléon (Première partie sur dix-huit) :
http://www.youtube.com/watch?v=HulrS2WHYP4&index=26&list=PL3FE0F0801FEAED00
D’autres visioconférences d’Henri Guillemin sont disponibles sur la chaîne YouTube de xXxEdithPiafxXx : http://www.youtube.com/channel/UCcuXQ_oZ4REyjjf4e39hyew
Elle traite notamment de personnages tels que Jules Vallès, Marie Antoinette, Danton, Alphonse de Lamartine, Arthur Rimbaud, Charles Péguy, Émile Zola, Chateaubriand, Gustave Flaubert, Victor Hugo, Jean Jaurès, Lénine, Trotsky, Satline, Pétain, Charles De Gaulle, Louis-Ferdinand Céline, Léon Tolstoi…
Dans l’interview « Henri Guillemin Intime », ce dernier répond à la question « D’où vous vient ce besoin de démystification ? »
« J’ai été furieux en grandissant de m’apercevoir que l’on m’avait mis dans la tête des idées fausses et pas seulement sur les écrivains. […] Ça m’a rendu fou furieux, c’est vrai. Alors je me suis déchaîné contre les gens qui vous « montent sur la cervelle ». C’est pas une expression de moi, c’est une expression de Victor Hugo : « on pourra toujours me monter sur le dos (il y aura toujours des gens plus fort que moi) mais on ne me montera jamais sur la cervelle ! ». Alors, le fond de mon travail, c’est ça : c’est me battre contre les idées fausses que l’on m’a mis dans la tête. Et elles courent partout ces idées fausses, surtout en histoire. Quand je regarde les fameuses revues historiques, qui ont une grande clientèle aujourd’hui, il y en a plusieurs... Quand je regarde ce qu’elles disent ces revues ! C’est exactement monstrueux ! C’est une histoire de « bonne compagnie », une histoire « convenable », une histoire « officielle ». Celle dont Simone Weil disait « L’histoire officielle, c’est l’histoire raconté par les assassins. » Je voudrais essayer de dire au gens : « Attention, on vous ment. ».
Puis Henri Guillemin répond à la question : « Pour réaliser cette démystification, comment travaillez-vous ? »
« Avec des documents, avant tout avec des documents. Je sais bien que l’on me reproche de mal interpréter les documents mais c’est une question d’interprétation. Quand je pars dans une histoire, dans une étude sur quelqu’un : je vais à la base. C’est-à-dire, quels sont les documents de base ? Qu’est-ce qu’on connait, qu’est-ce qu’on a comme source d’information ? »
Malgré les années qui me séparent de lui, je partage sa fureur pour les idées fausses que l’on a déposé dans ma tête. De plus, j’apprécie énormément sa démarche factuelle. Son travail, auquel je rends hommage, m’a notamment permis de comprendre et mesurer :
  • Que la rivalité qui opposait Voltaire et Rousseau n’était pas strictement « philosophique » comme on nous l’enseigne mais nettement politique (Rousseau soutenant la souveraineté populaire et Voltaire soutenant la souveraineté d’une oligarchie bourgeoise.)
  • Que la révolution française n’est pas une victoire populaire mais une victoire de la bourgeoisie.
  • Que la Commune de Paris est une révolte d’essence populaire matée dans le sang par le pouvoir bourgeois en s’appuyant sur le pouvoir germanique.
  • Que Robespierre était probablement le plus républicain des révolutionnaires et non le personnage fanatique que l’on nous dépeint.
  • Que l’ascension de Napoléon est moins lié à ses talents de général militaire qu’à ses accointances avec les milieux financiers et son ambition dévorante.
  • La guerre 14-18 était essentiellement liée à des raisons économiques et de politique intérieure.
Pour reprendre à mon tour l’expression d’Hugo, je suis fondé à penser que les « démocraties modernes » sont des « totalitarismes soft » qui ont abandonné notre dos pour nous « monter sur la cervelle ».
On peut monter sur la cervelle d’un individu jusqu’à lui donner l’illusion de sa propre liberté d’opinion. Cette illusion est mise en lumière par Noam Chomsky dans la « la fabrication du consentement » [ Partie 1 : http://www.youtube.com/watch?v=TjIGPD-6QBk et Partie 2 : http://www.youtube.com/watch?v=fUR28bl1y28 ]
Ce « totalitarisme soft » et sa « fabrication du consentement » raisonne avec la sinistre vision que déploie [Serge Carfantan à la façon d']Aldous Huxley dans son roman « Le meilleur des mondes » :
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclu du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.
Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »
Un jeune avocat français, nommé Adrien Abauzit a produit trois conférences majeures traitant de cette manipulation de l’opinion publique à des fins politiques :
La première s’intitule : « Qu’est-ce-que l’anti-France ? »
http://www.youtube.com/watch?v=k5aMq7sBNbQ
La seconde s’intitule : « Déracinement et surmoi : Chaines de l'esclavage contemporain. »
http://www.youtube.com/watch?v=SaJpNfGRmvY
La troisième s’intitule : « Sortir la France de la matrix. »
http://www.youtube.com/watch?v=CX65FquLEJ0
Dans sa conférence « Déracinement et surmoi : Chaines de l'esclavage contemporain. », Adrien Abauzit distingue deux piliers, deux têtes de l’idéologie dominante : le libéralisme-libertaire et le libéralisme-identitaire :
« Il y a donc une rivalité qui est réelle entre les deux têtes de l’idéologie dominante. Ce n’est pas parce qu’il y a une rivalité entre elles que réellement ces deux têtes défendent des intérêts qui sont différents. Il y a un petit parallèle historique qui peut nous aider à comprendre : c’est la cour sous Louis XV. Sous Louis XV, il y avait deux partis à la cour. Il y avait le parti des philosophes et le parti des dévots qui se sont menés une guerre à mort. Mais quel que soit le vainqueur de ce combat, c’était les intérêts de la cour qui inévitablement seraient défendus et les intérêts profonds du peuple français qui seraient marginalisés. Et bien aujourd’hui, c’est exactement pareil, quel que soit le vainqueur entre le libéralisme-identitaire et le libéralisme-libertaire, ce seront les intérêts de l’oligarchie mondialiste qui seront défendus et les intérêts du peuple français qui seront marginalisés. C’est une fausse opposition en somme, c’est une opposition qui est complètement factice. Donc, nous avons cette idéologie dominante qui est bicéphale et qui fait intérioriser un ordre des choses aux individus et qui s’attaque d’une certaine façon à leurs esprits. »
Si je ne suis pas d’accord avec l’exhaustivité des positions défendues lors de ses conférences, j’adhère sans réserve à cet extrait dans lequel il décrit le théâtre politique français. Ainsi, que la morale des « identitaires » ou des « libertaires » avance ou recule, c’est toujours le libéralisme qui est défendu. Or, c’est dans le dogme du libéralisme que se niche le « néolibéralisme économique » déployé dans les années 1980 sous l’influence de Reagan et Thatcher.
Dans l’épisode 4, j’annonce que le raisonnement qui me conduit à penser que le lobby financier est le plus puissant sera présenté dans cet épisode. Les racines de ce lobby sont présentes dans la philosophie des lumières et s’illustrent par la phrase de Voltaire : « L’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre, qui fait travailler le grand, est nourri par lui et le gouverne. »
Ma conviction que le lobby financier/bancaire, c’est-à-dire le Capital, est le lobby dominant repose sur deux éléments :
  • Le premier, largement illustré par Henri Guillemin, est l’idée que la puissance du Capital réside dans son ancienneté mais, surtout, dans sa stimulation des conflits armés et la résolution sanglante des révoltes populaires (Cf la Commune) au cours de l’histoire. Dans une conférence conjointe avec Etienne Chouard, Laurent Henninger, historien de la guerre déclare : « Cette question de dire quel est le temps de guerre et quel est le temps de paix : c’est le point central de la notion (avec un S majuscule) de Souveraineté. » [Cf : http://www.youtube.com/watch?v=k0fHC0iyouU ]
  • Le second est illustré par la conférence d’Adrien Abauzit : « Déracinement et surmoi : Chaines de l'esclavage contemporain. ». L'hyper-dominance du Capital s’incarne dans l'invulnérabilité politique du dogme de néolibéralisme économique. Car ce « dogme du néolibéralisme économique » (libre circulation des capitaux ; nivellement par le bas des salaires ; suppression de services publics…) n’est rien d’autre que la condition d’une croissance transnationale du Capital jusqu’à l’appropriation des services publics et l’accroissement de l’endettement public tout en limitant l’influence du facteur Travail…
Pour conclure sur une touche humoristique, je vous recommande ce dessin animé qui cadre relativement bien avec le sujet des lobbies financiers/bancaires : http://www.youtube.com/watch?v=QNbC...
Victor Hugo disait : « L’enfer des pauvres est fait du paradis des riches. »
J’ajoute en écho : « Les enfers sociaux sont fait des paradis fiscaux. »

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