mercredi 30 mars 2022

Jean-Paul Brighelli - Comment l'école fabrique des crétins ?

 Jean-Paul Brighelli, enseignant et essayiste français, auteur de La fabrique du crétin : vers l’apocalypse scolaire, aux éditions L’Archipel est l'invité d'André Bercoff.


 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=xpPuloQdY0Q

Le niveau baisse ; cela a été pensé, cela a été voulu de très longue date. Pas par des individus mais par le système lui-même qui avait besoin de ce type d'école. 

Preuve directe : la conférence de Lisbonne en 1999-2000 qui détermine qu'il faut 90% de gens à culture nulle, des con-sommateurs, et 10% de cadres. C'est écrit noir sur blanc. Pour que ce soit énoncé en 2000, il fallait que ce soit sur les rails bien avant.

Dans ses investigations, Jean-Paul Brighelli est remonté aussi loin qu'il a pu, jusqu'en 1963-64, sous De Gaulle. Le problème, c'est que De Gaulle se fichait de l'éducation; il ne s'intéressait qu'au régalien. C'est donc l'administration, les fonctionnaires dans leurs bureaux, la DGESco, qui s'est chargé de ce chantier. En 1963, le directeur de la DEGSco était René Haby. C'était l'homme-lige de Valéry Giscard d'Estaing, tous deux membres du "bloc européen" ("européiste", "atlantiste", "pro-américain") dans le dos de De Gaulle. Ce sont des continuateurs de Jean Monnet (agent de la CIA) qui vont d'ailleurs faire tomber De Gaulle en 1969. 

René Haby crée la Commission Rouchette chargée de décider quel français doit on apprendre à l'école. Jusque-là, il s'agissait de la langue française littéraire, celle définie au XVIIème siècle. Mais la langue orale qui est choisie, plus pauvre, permettant de construire moins de compréhension, moins de réflexion. L'ultime exemple de la dégringolade est formulée par un député de LREM qui a déclaré que la langue française c'est Aya Nakamura.

Jadis on apprenait la langue telle qu'elle avait été codifiée il y a quatre siècles par l'Académie Française. Mais, pour ces décideurs, le peuple n'a pas besoin de parler un bon français. Pour consommer pour travailler, le peuple n'a pas besoin de parler un bon français. En revanche, 10% fréquentent les bons établissements, sur Paris par exemple. Et confisquent le savoir. Des élites qui s'autoreproduisent, ce n'est pas sain. Ils pratiquent l'entre-soi. Ce n'est plus une aristocratie (de "aristos", les meilleurs), c'est une oligarchie (le petit nombre qui dirige le grand nombre, comme souhaité par Voltaire). 

Symboliquement, on est "en 1788" (à la veille d'un changement de régime). Néanmoins, "grâce" aux médias, cette situation affligeante (pour le peuple) va perdurer. On a sciemment voulu que le peuple soit ignorant. On lui a donné le RMI, puis le RAS, bientôt le salaire universel, tout juste pour s'acheter un canapé et une pizza surgelée.

En 1974, René Haby devient ministre de l'Education et là, à trois mois d'intervalle, deux décrets sont promulgués : 

- le collège unique (où tous les élèves sont mélangés, ce qui va pousser les enseignants à s'occuper des plus faibles et ainsi toute la classe va s'aligner sur le rythme/le niveau le plus faible)

- et le regroupement familial pour les familles d'immigrés (ce qui va provoquer l'intégration d'enfants qui ne parlent presque pas français dans les classes des collèges uniques) provoquant une baisse  considérable du niveau scolaire de l'ensemble.

Aujourd'hui 98,5% des enfants ont le baccalauréat ... Cela indique le niveau de cet examen. Les consignes (officielles !) sont de hausser la note. Comme il y a beaucoup de "lèche-culs", on se retrouve avec des centres d'examen qui font du zèle : 15/20 de moyenne, des élèves qui ont 21/20 de moyenne générale, des mentions "très bien" qui ne valent rien. 

Les néo-libéraux qui investissent le champ politique dans les années 1970, entre les deux chocs pétroliers, ont trouvé des auxiliaires pédagogiques parmi les soixante-huitards. Il n'y a pas plus collabos que les soixante-huitards ! Ces "pédagos" leur ont fourni les armes. Au lieu de recevoir un enseignement vertical du savoir, le "savoir" est construit horizontalement. Réforme Jospin 1989. Lorsqu'on sort une loi, c'est que les conditions sont déjà conformes. Les "pédagos" ont considéré que tous les enfants sont tous des génies, des Blaise Pascal ou des Amadeus Mozart, et vont être capables de reconstruire tout le savoir. Mais ça ne marche pas. Alors on baisse les exigences sans remettre en cause la méthode. Des Mozart de la racailles, des génies par le bas. Et on empêche les parents d'aider les enfants (sauf dans les beaux quartiers). Et les IUFM ont été créés en 1991 (toujours Jospin) pour "faire éclore les compétences" , tout en empêchant la transmission du savoir (dans les écoles du peuple). Il n'y a plus de "savoir" mais du "savoir faire", du "savoir être". Les compétences, c'est Fillon, ministre de l’Éducation qui les a mises en place. Et Vallaud-Belkacem a achevé ce qui restait à détruire. Quant à Blanquer (l'actuel ministre) c'est Dr Jekyll et Mister  Hyde : il distribue les Fables de la Fontaine aux élèves de CM2 et a dédoublé les classes de CP mais n'arrive pas à imposer la méthode syllabique (sauf sur Paris) une méthode alphasyllabique pour apprendre à lire et à écrire. C'est la seule méthode qui marche pour ceux qui n'ont pas de "background" (contexte, environnement) culturel chez eux.

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