Quand on est né dans un monde où certains mots sont si anciens qu’ils semblent naturels, on peine à imaginer un monde nouveau qui se passerait d’eux.
Tel est le mot État.
Je déplore cela qu’il demeure urbi et orbi dans le vocabulaire révolutionnaire.
Et si on dit "l’État c’est nous", alors pourquoi ne pas dire "nous" ?!?
Méfions nous des termes globalisants qui désignent une entité à laquelle on accorde le pronom ”il” ou ”elle” comme si c’était une personne, et dont on parle comme si c’était un être de chair : avec cette grammaire là, on en arrive vite à dire ”La France a adhéré à l’OTAN”, ce n’est qu’un exemple parmi des millions.
Le but de la démocratie n’est pas d’instituer le contrôle de l’État par le demos mais de donner le pouvoir, tout le pouvoir, tous les pouvoirs, au demos, donc aux individus qui le composent. Point n’est besoin d’une béquille lexicale, d’un rouage anonymisant entre le un qui codécide et la codécision.
La langue française use de termes globalisants, tel, autre exemple, le peuple, qui, désignant une collection d’individus, tend à faire oublier l’individu.
L’important, c’est le un, avec un corps, des émotions, une vie, un esprit, un cœur, une intelligence, des contradictions et des erreurs, bref : la personne.
Ne doit être souverain que ce qui est de chair, nulle abstraction ne doit être tolérée au-dessus de ce qui vit.
Le but de la démocratie, c’est de donner un vrai sens au mot égalité, un sens universel, dont découlent tous les autres : ->
La vraie égalité, c’est le partage de tous les pouvoirs entre toutes et tous, et en parts rigoureusement égales, et cette égalité là , c’est la démocratie.
Le mot État est alors obsolète, ou dangereux.
Ana Sailland
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