mardi 24 août 2021

La Monnaie Miraculeuse (film VF)

Alors qu'il voit ses concitoyens accablés par les conséquences de la crise économique mondiale de 1929, Michael décide de proposer une issue. Fraîchement élu maire de Wörgl, petite commune autrichienne, il instaure une monnaie locale. 

D'abord sceptiques, ses administrés se l'approprient très vite. Les effets positifs sont immédiats car thésauriser cette monnaie ne présente aucun intérêt. Par conséquent, chacun l'utilise et stimule ainsi l'économie locale. Enthousiastes, les commerçants approuvent sa mise en place. 

Alors que les idées nazies progressent dans l'opinion, la paix sociale revient à Wörgl. Dans les communes voisines, certains demandent à adhérer au système - au grand dam du gouvernement autrichien...

 


Source : https://runtube.re/w/jPq9jxP6T6VmZYy9ZTi625

6 commentaires:

Je a dit…

La Monnaie miraculeuse (Das Wunder von Wörgl) est un film autrichien de 2018 réalisé par Urs Egger.

Le film retrace une histoire vraie basée au Tyrol en 1932 dans le village de Wörgl. Alors que le national-socialisme est endémique et que la Grande Dépression fait rage, la petite commune de Wörgl doit faire face à de grandes difficultés financières. Le maire Michael Unterguggenberger, résolument opposé à l'idéologie nazie, réussit à convaincre le conseil municipal, puis les habitants du village à tenter l'expérience d'une monnaie solidaire ou Monnaie fondante. Cette initiative conduira à la prospérité à l'échelle locale et à la réduction du chômage à zéro.

Le « miracle de Wörgl » attise la curiosité et le succès se répand rapidement dans la région via la presse régionale et certaines communes leur emboîtent le pas. L'initiative est tellement innovante que le maire de la commune allemande de Bad Tölz en Haute-Bavière s'enquiert de la faisabilité en Allemagne, ainsi que le Premier ministre français Daladier qui manifeste son intérêt.

Pourtant, le gouvernement et la Banque nationale autrichienne considèrent cette monnaie comme une menace au contrôle et à la stabilité des schillings autrichiens, ainsi qu'à leurs prérogatives. Le maire est traduit en justice et le "Schwundgeld" est interdit d'utilisation.

PS : Pour ne pas faire concurrence au monopole bancaire, les utilisateurs de cette monnaie (dans le film) la désignaient par l'expression "certificat de travail".
PS #2 : "Schwund Geld", en autrichien, se traduit par "Jeter l'argent par les fenêtres".

Je a dit…

Une monnaie fondante est une monnaie qui se déprécie avec le temps selon un coût de demeurage fixe. L'idée d'une telle monnaie a été mentionnée en 1916 par Silvio Gesell dans son ouvrage L'Ordre économique naturel. Un exemple connu de monnaie fondante est la wära, en circulation en 1931 à Schwanenkirchen, une petite ville minière de Bavière. La Banque WIR fondée en 1934 a, elle aussi, utilisé ce système de monnaie fondante jusqu'en 1948. Plus récemment, en 2003 une autre monnaie fondante régionale a été créée en Bavière, le Chiemgauer.

Dans son essai L'argent mode d'emploi (2009), Paul Jorion souligne que Keynes « estimait que d'un point de vue strictement technique le principe [d'une telle monnaie] était « irréprochable » et que l'avenir aurait sans doute beaucoup de choses à apprendre des idées de Silvio Gesell ».

Je a dit…

Jean Silvio Gesell (né le 17 mars 1862 à Saint-Vith aujourd'hui en Belgique, autrefois en Prusse - mort le 11 mars 1930 à Oranienburg dans la coopérative Eden en Allemagne) était un commerçant, théoricien monétaire et initiateur de la monnaie franche.

En 1916, il publie son ouvrage majeur L'Ordre économique naturel. Il y présente sa théorie de la monnaie franche qui le rendra célèbre, laquelle consiste en la mise en circulation d'une monnaie fondante c'est-à-dire qui se déprécie à intervalle fixe (tous les mois ou tous les deux mois...).

Influencé par la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, proche des anarchistes Gustav Landauer et Erich Mühsam, il est en 1919, commissaire du peuple aux finances de l'éphémère gouvernement d'Ernst Niekish lors de la République des conseils de Bavière.

Je a dit…

Dans la nature tout est soumis au changement rythmique du « Devenir et Disparaître » (Werden und Vergehen) - seule la monnaie semble soustrait au caractère passager de ce monde. Puisque la monnaie, contrairement aux marchandises, ne « rouille » ni ne « s'abîme », le détenteur peut attendre, jusqu'à ce que les marchandises soient assez bon marché pour lui. Des commerçants sont forcés d'abaisser leurs prix, puis ils doivent couvrir leurs frais par des crédits. Le possesseur de monnaie fait payer ce besoin par l'intérêt. Ces rentrées d'intérêts ne profitent toutefois pas à la communauté, mais sont prêtés à nouveau (intérêts composés). De cette façon, de plus en plus de monnaie est extrait du flux économique. Des richesses « improductives » sont accumulées où elles ne sont pas nécessaires. À l'opposé, la monnaie « gagnée » est enlevé à la population active. Pour surmonter cette position dominante, la monnaie, dans son essence, doit imiter la nature.

La monnaie doit « rouiller » conformément à la proposition de Gesell, ce qui signifie qu'elle doit perdre périodiquement de sa valeur. Aussitôt qu'elle est « éphémère », elle n'a plus de position dominante (« liquidité ») sur le marché par rapport au travail humain et aux produits, de telle sorte qu'elle doit se mettre au service du marché, sans intérêts. Ainsi, la monnaie sert à l'homme, et pas l'homme la monnaie.

La réévaluation sur le niveau antérieur doit avoir lieu à l'aide de « la monnaie libre » (Freigeld). Chacun serait ainsi désireux de ne pas garder sa monnaie trop longtemps. Celui qui n'a pas besoin de biens, peut ainsi payer régulièrement ses dettes, ses factures, son loyer, etc. Ainsi, de la monnaie est disponible à tout moment et pour tous.

C'est pourquoi Gesell lui a donné le nom « monnaie libre » (Freigeld). Il est à tout moment librement disponible, car personne ne serait stupide au point d'accepter une perte de valeur progressive vers zéro. Une telle monnaie est une vraie monnaie, car la monnaie doit servir d'instrument d'échange, et ne pas paralyser l'économie par son accumulation.

Je a dit…

Par la circulation monétaire constante, sa quantité peut être dosée de telle sorte que le pouvoir d'achat de la monnaie, ainsi que les prix, restent stables. Il y aurait toujours des fluctuations naturelles des prix par le fait d'innovations permanentes. Les produits démodés seraient retirés rapidement du marché, ne serait-ce que par leur don aux nécessiteux. Il n'y aurait pas ainsi de fluctuations importantes dans l'économie, ni déflation ni inflation. D'après Gesell, les désordres sociaux dus à un chômage élevé seraient également éliminés de façon durable.

La découverte d'un ordre « naturel » de la monnaie, ressenti comme tel par Gesell, a changé sa vie du tout au tout. Il est devenu un réformateur social, ses réflexions furent une contribution importante à la résolution de la question sociale. Ses premiers écrits en seront la conséquence (Die Reformation im Münzwesen als Brücke zum sozialen Staat, Nervus rerum et Die Verstaatlichung des Geldes). Suivirent une abondance de brochures, de livres et d'essais en allemand et en espagnol.

En 1900, Gesell s'installe à Neuchâtel (Suisse), pour se consacrer à l'agriculture et, en tant qu'autodidacte, à l'étude de la théorie économique. Son principal livre parut en 1916 Die natürliche Wirtschaftsordnung durch Freiland und Freigeld (L'ordre économique naturel fondé sur l'affranchissement du sol et de la monnaie), a été traduit en plusieurs langues et réédité de nombreuses fois.

Je a dit…

Peu de temps après, deux expériences réussies d'argent libre ont lieu à Schwanenkirchen dans la forêt bavaroise et Wörgl au Tyrol. L'expérience d'argent libre (Wära-Freigeldexperiment) mise en œuvre par le Dr. Nordwall sur l'île de Norderney, appartient également à cette série d'études pratiques d'économie libre.

Ces projets pouvaient faire front aux mauvaises conséquences de la crise de l'économie mondiale dans les années 1930. Les idées de Gesell fonctionnèrent très bien. Toutefois, les responsables ont fait l'erreur d'imprimer de « véritables billets » faisant ainsi concurrence aux banques nationales. Ainsi, les projets purent être interdits.

Selon des critiques, les banques ont fait cela dans leur propre intérêt, et non pas dans l'intérêt de la population qui s'appauvrit immédiatement à nouveau. Partout dans le monde on entendra parler de ces projets ; particulièrement en France et aux États-Unis où on désira les imiter, pour contrôler les crises intérieures.

Les deux principales limites de ces expériences sont, selon la plupart des économistes [sous-entendu "employés de banques"]:

- le caractère local de ces monnaies, qui interdisent tout échange commercial avec l'extérieur.

- la fongibilité de ces monnaies, qui interdisent toute épargne et donc tout investissement.

Ces deux limites décisives expliquent pourquoi toutes les expériences de «monnaies naturelles» furent très limitées dans le temps (quelques mois) et dans l'espace (quelques villages). [si on "omet" bien sûr la pression des banques sur les gouvernements/législateurs pour interdire, avec violence si nécessaire, cette concurrence insupportable à leurs yeux, puisque bénéfique au peuple].