Nous ne partageons pas le côté religieux de Tolstoï, mais son
approche est intéressante dans la mesure où, de son propre aveu, il fut
nihiliste pendant plus de trois décennies, pour finalement trouver une
voie épurée du christianisme. Il est intéressant également de considérer
un angle anarchiste au christianisme. Il est dit par certains que le
“Christ” (dont l’existence historique est des plus aléatoires…), fut le
premier anarchiste ; comment l’eût-il pu en étant asservi à une “volonté
divine” ? Néanmoins, certains préceptes et principes peuvent être vu
comme une forme “d’anarchisme” si on fait abstraction du référant
permanent à “l’autorité divine suprême”… Mais le peut-on ?… Le texte
ci-dessous est un extrait du livre de Tolstoï “Le salut est en vous”
(1893), qui a au moins le mérite de fustiger toutes les églises et les
réduit au rang de pseudos.
Quand on lit ce Tolstoï-là, il nous fait penser au grand
réalisateur russe Andreï Tarkovsky, dont le panthéisme cinématographique
atteignit une dimension épique, quasi “tolstoïenne” dans un de ses
chefs-d’œuvre : “Andreï Roublev” (1966), Tarkovsky qui disait entre
autre que “c’est évident que l’art est incapable d’enseigner quoi que ce
soit à qui que ce soit, car en quatre mille ans, l’humanité n’a rien
appris du tout…”
Pour apprendre, il faut essayer de s’immiscer dans l’origine et lâcher prise…
L’angle d’approche de Tolstoï est intéressant… Indubitablement…
~ Résistance 71 ~
Inutilité de la violence pour faire disparaître le mal
Léon Tolstoï
Extrait du “Salut est en vous” (1893)
Alphonse Karr, un écrivain français oublié aujourd’hui, a dit un jour
en essayant de prouver l’impossibilité de l’abolition de la peine de
mort : « Que messieurs les assassins commencent par nous donner
l’exemple.» Et j’ai souvent entendu ce mot d’esprit cité par des
personnes qui croyaient vraiment qu’elles utilisaient un argument
convaincant et sensé contre la suppression de la peine de mort.
Cependant, il n’y a pas de meilleur argument contre la violence des
gouvernements.
« Que les assassins commencent en nous donnant l’exemple, » disent
les défenseurs de l’autorité du gouvernement. Les assassins disent la
même chose, mais avec plus de justice. Ils disent : « Que ceux qui se
sont placés eux-mêmes comme professeurs et guides nous montrent
l’exemple par la suppression de l’assassinat légal, et nous les
imiterons. » Et ils ne disent pas cela en guise de provocation, mais
très sérieusement, car tel est en réalité la situation.
«Nous ne pouvons pas cesser d’utiliser la violence alors que nous
sommes entourés par ceux qui commettent des actes de violence.» Il n’y a
pas de barrière plus insurmontable à l’heure actuelle contre le progrès
de l’humanité, et l’établissement d’un système qui sera en harmonie
avec sa conception actuelle de la vie, que cette argument erroné.
Ceux qui ont des positions d’autorité sont pleinement
convaincus que les hommes doivent être influencés et contrôlés par la
force seule, et par conséquent, pour préserver le système actuel, ils
n’hésitent pas à l’employer. Et cependant, ce même système n’est pas
supporté par la violence, mais par l’opinion publique, l’action de
laquelle est compromise par la violence. L’action de la violence est en fait d’affaiblir et de détruire ce qu’il cherche à supporter.
Au mieux, la violence n’est pas employée comme un véhicule pour les
ambitions de ceux dans des places élevées, condamnés dans la forme
inflexible que l’opinion publique a probablement répudié et condamné il y
a longtemps; mais il y a cette différence, qu’alors que l’opinion
publique rejette et condamne tout acte qui est opposé à la loi morale,
la loi supportée par la force répudie et condamne seulement un nombre
limité d’actes, semblant ainsi justifier tous actes d’un tel ordre qui
n’ont pas été inclus dans sa formule.
Depuis le temps de Moïse, l’opinion publique a considéré la cupidité,
la luxure et la cruauté comme des crimes, et les a condamnés comme
tels. Elle condamne et désavoue chaque forme que cette cupidité peut
prendre, non seulement l’acquisition de la propriété d’un autre homme
par la violence, la fraude et la ruse, mais aussi l’abus cruel de la
richesse. Elle condamne toute formes de luxure, que ce soit l’impudicité
avec une maîtresse, une esclave, une femme divorcée, ou avec sa femme;
elle condamne la cruauté non seulement envers les êtres humains mais
envers les animaux. Alors que la loi, basée sur la violence, s’attaque
seulement à certaines formes de cupidité, telles que le vol et la
fraude, et certaines formes de luxure et de cruauté, telles que
l’infidélité conjugale, l’assaut et le meurtre; et elle semble ainsi
appuyer (tacitement) ces manifestations de la cupidité, de la luxure et
de la cruauté qui ne tombe pas dans ses limites étroites.
La violence démoralise l’opinion publique, et en plus, elle
entretient dans l’esprit des hommes la conviction pernicieuse qu’ils
avancent non par l’impulsion d’un pouvoir spirituel, – ce qui les
aiderait à comprendre et réaliser la vérité en les amenant plus près de
cette force morale qui est la source de tous les mouvements progressifs
de l’humanité,- mais par ce même facteur qui non seulement entrave notre
progrès vers la vérité, mais nous l’enlève. C’est une erreur
fatale, dans la mesure où elle inspire dans l’homme du mépris pour le
principe fondamental de sa vie,- l’activité spirituelle,- et le conduit à
transférer toute sa force et son énergie sur la pratique de la violence
extérieure.
C’est comme si les hommes voulaient mettre en branle une locomotive
en tournant ses roues avec les mains, ne sachant pas que l’expansion de
la vapeur était le principe moteur réel, et que l’action des roues était
l’effet et non la cause. Si de leurs mains et leviers ils bougeaient
les roues, ce n’est encore qu’un semblant de mouvement, ou brisant les
roues et les rendant inutiles.
La même erreur est faite par ceux qui souhaitent changer le monde par la violence.
Des hommes affirment que la vie chrétienne ne peut s’établir que par
la violence, parce qu’il y a encore des nations non civilisées en dehors
du monde chrétien, en Afrique, en Asie (quelques-uns voient même les Chinois comme une menace à notre civilisation), et parce que, selon les
nouvelles théories de l’hérédité, il existerait dans la société des
criminels congénitaux, sauvages et irrémédiablement vicieux.
Mais les sauvages que nous trouvons dans nos propres communautés, et
ceux par-delà sa borne, avec qui nous nous menaçons nous-mêmes et les
autres, n’ont jamais cédé par la violence, et ne s’y rendent pas
maintenant. Un peuple n’en a jamais conquis un autre la violence seule.
Si les victorieux se trouvait à un niveau de civilisation plus bas que
les conquis, ils adoptaient toujours les mœurs et coutumes de ces
derniers, n’essayant jamais de leur imposer leurs méthodes de vie. C’est par l’influence de l’opinion publique, et non par la violence, que les nations sont réduites à la soumission.
Quand un peuple a accepté une nouvelle religion, sont devenus
Chrétiens, ou Mahométans, ce n’est pas arrivé parce que c’était rendu
obligatoire par ceux au pouvoir (la violence produit exactement le
résultat opposé) mais parce qu’ils étaient influencés par l’opinion
publique. Les nations contraintes par la violence à accepter la religion des conquérants ne l’ont jamais réellement fait.
La même chose peut être dite de tous les éléments sauvages dans toutes les communautés; ni
la sévérité, ni la clémence dans les questions de châtiments, ni la
modification du système de prison, ni l’augmentation du nombre de
policiers, n’ont diminué ou accru le total des crimes, qui ne diminuera
qu’avec l’évolution de notre façon de vivre. La rudesse n’a
jamais réussi à supprimer les vendettas, ou la coutume du duel dans
certains pays. Peu importe le nombre de ses compagnons qui peuvent être
mis à mort pour vol, le Tcherkess continue de voler par vanité. Aucune
fille ne mariera un Tcherkess qui n’a pas prouvé son audace en dérobant
un cheval, ou au moins un mouton. Quand les hommes ne se battront plus
en duel et que les Tcherkess cesseront de voler, ce ne sera pas par peur
d’un châtiment (le danger de la peine de mort ajoute au prestige de
l’audace), mais parce que les mœurs publiques auront subit un
changement. La même chose peut être dite de tous les autres crimes. La
violence ne peut jamais supprimer ce qui est contenu dans la coutume
générale. Si l’opinion publique ne faisait que désapprouver la violence,
elle détruirait tout son pouvoir.
Ce qui arriverait si la violence n’était pas employée contre des
nations hostiles et les éléments criminels de la société, nous ne savons
pas. Mais que l’utilisation de la violence ne dompte ni l’un ni l’autre
nous le savons à travers une longue expérience.
Et comment pouvons-nous espérer assujettir, par la violence,
des nations dont l’éducation, les traditions, et même l’enseignement
religieux tend à glorifier la résistance au conquérant et l’amour de la
liberté comme les plus nobles des vertus ? Et comment est-il possible
d’extirper le crime par la violence au cœur des communautés, où le même
acte considéré comme criminel par le gouvernement est transformé en un
exploit héroïque par l’opinion publique ?
Les nations et les races peuvent être détruites par la violence –
cela est déjà arrivé. Mais elles ne peuvent pas être assujetties.
Le pouvoir qui transcende tous les autres et qui a influencé
les individus et les nations depuis que le monde a commencé, ce pouvoir
qui est la convergence de l’invisible, de l’intangible, des forces
spirituelles de l’humanité, est l’opinion publique.
La violence sert mais affaiblit cette influence, la désintègre, et la
remplace par une autre, non seulement inutile mais pernicieuse au bien-être de
l’humanité.
Pour gagner tous ceux qui sont en dehors des rangs chrétiens, tous
les zoulous, (…), les chinois, que plusieurs considèrent barbares, et
les barbares parmi nous, il n’y a qu’une seule façon. C’est par la
diffusion d’un mode chrétien de pensée, ce qui ne peut être accompli que
par une vie chrétienne, des actions chrétiennes, un exemple chrétien.
Mais plutôt que d’utiliser cette seule façon de gagner ceux qui sont
resté en dehors des rangs chrétiens, les hommes de notre époque ont fait
exactement le contraire.
Pour convertir les nations barbares, qui ne nous font aucun mal, et
que nous n’avons aucune raison d’opprimer, nous devons, par-dessus tout,
les laisser en paix, et agir sur eux simplement en leur montrant un
exemple des vertus chrétiennes de patience, douceur, tempérance, pureté
et amour fraternel. A la place de cela, nous commençons par saisir
leur territoire, et établir de nouveaux marchés pour notre commerce,
dans le seul but de faire avancer nos propres intérêts – En fait nous
les volons; nous leur vendons du vin, du tabac, et de l’opium, et de
cette façon nous les démoralisons; nous établissons nos propres coutumes
parmi eux, nous leur enseignons la violence et ses leçons; nous leur
enseignons la loi animale des querelles, cette forme la plus basse de
l’avilissement humain, et nous faisons tout pour cacher les vertus
chrétiennes que nous possédons. Puis, leur ayant envoyé une
foule de missionnaires, qui bredouillent un absurde jargon clérical,
nous citons les résultats de nos tentatives pour convertir les infidèles
comme une preuve indubitable que les vérités du christianisme ne sont
pas adaptables à la vie de tous les jours.
Pour ce qui est de ceux que nous appelons criminels, et qui vivent parmi
nous, tout ce qui a été dit s’applique aussi bien à eux. Il n’y a
qu’une façon de les convertir, et c’est par le moyen d’une opinion
publique bâtie sur le vrai christianisme, accompagné par l’exemple d’une
vie chrétienne sincère. Et à la place de l’évangile chrétien, quand par
l’exemple nous emprisonnons, exécutons, guillotinons et pendons; nous
encourageons les masses dans des religions idolâtres calculées pour les
abrutir; le gouvernement autorise la vente de poisons qui détruisent le
cerveau – le vin, le tabac, l’opium; la prostitution est légalisée; nous
accordons la terre à ceux qui en ont le moins besoin; entourés de
misère, nous étalons dans nos amusements une extravagance débridée; nous
rendons ainsi impossible quelques semblances de vie chrétienne, et nous
faisons de notre mieux pour détruire les idées chrétiennes déjà
établies; puis, après avoir tout fait pour démoraliser les hommes, nous
capturons et confinons les hommes comme des bêtes en des endroits d’où
ils ne peuvent pas s’échapper, et où ils deviendront encore plus brutaux
que jamais; ou nous tuons les hommes que nous avons démoralisés, et
ensuite les utilisons comme un exemple pour illustrer et prouver notre
argument que les gens peuvent seulement être contrôlés par la violence.
C’est ainsi que fait le médecin ignorant, qui, ayant placé son
patient dans les conditions les plus insalubres, ou lui ayant administré
des drogues poisons, prétend que son patient a succombé à la maladie,
alors que s’il avait été laissé à lui-même il se serait rétabli depuis
longtemps.
La violence, que les hommes regardent comme un instrument pour
supporter la vie chrétienne, au contraire, empêche le système social
d’atteindre son complet et parfait développement. Le système social est
tel qu’il est, non pas à cause de la violence, mais malgré celle-ci.
Par conséquent, les défenseurs du système social existant se trompent
eux-mêmes quand ils disent que, puisque la violence contient tout juste
les éléments anti-chrétiens de la société en respect, sa subversion et
la substitution de l’influence morale de l’opinion publique nous
laisseraient impuissant en face d’eux. Ils sont dans l’erreur, parce que
la violence ne protège pas l’humanité; mais elle prive les hommes
de la seule chance possible d’une défense effective par l’établissement
et la propagation du principe de vie chrétien.
«Mais comment quelqu’un peut mettre au rebut la protection tangible
et visible du policier avec son bâton et faire confiance à l’invisible,
intangible opinion publique ? Et, de plus, son existence même n’est-elle
pas problématique ? Nous sommes tous familiers avec l’ordre actuel des
choses; qu’il soit bon ou mauvais nous connaissons ses défauts, et y
sommes habitués; nous savons comment nous conduire, comment agir dans
les conditions actuelles; mais qu’arrivera t-il quand nous aurons
renoncé à l’organisation présente et que nous serons confinés à quelque
chose d’invisible, intangible, et complètement inconnu ?»
Les hommes ont peur de l’incertitude dans laquelle ils plongeraient
s’ils renonçaient à l’ordre courant des choses. Certainement, si notre
situation était assurée et stable, il y aurait lieu de craindre les
incertitudes du changement. Mais loin de profiter d’une position solide,
nous savons que nous sommes au bord de la catastrophe.
S’il nous faut connaître la peur, que ce soit avant quelque chose de
réellement apeurant, plutôt que devant ce que nous imaginons pourrait
l’être.
En craignant de faire un effort pour échapper des conditions qui nous
sont fatales, seulement parce que le futur nous est obscur et inconnu,
nous sommes comme les passagers d’un vaisseau qui coule qui s’entasse
dans une cabine et refuse de le laisser, parce qu’ils n’ont pas le
courage d’entrer dans le bateau qui les amènerait sur la rive; ou comme
des moutons, qui apeuré d’un feu qui s’est déclaré dans la cours de la
ferme, se blottissent dans un coin et ne sortent pas par la porte
ouverte.
Comment pouvons-nous, sur le seuil d’une guerre sociale choquante et
désolante, devant laquelle, comme ceux qui s’y préparent nous le disent,
les horreurs de 1793 sembleront bien minces, parler sérieusement des
dangers qui menacent de la part des indigènes du Dahomey, des zoulous et
autres qui demeurent qui vivent très loin, et qui n’ont pas l’intention
de nous attaquer; ou à propos des quelques milliers de malfaisants
voleurs et meurtriers – des hommes que nous avons contribué à
démoraliser, et dont le nombre n’est pas diminué par toutes nos courts,
prisons et exécutions ?
De plus, cette anxiété, que la protection visible de la police soit
renversée, se limite principalement aux habitants des villes –
c’est-à-dire à ceux qui vivent dans des conditions artificielles et
anormales. Ceux qui vivent au milieu de la nature et ont affaire avec
ses forces ne requièrent pas une telle protection; ils réalisent comment
la violence est peu avantageuse pour nous protéger des dangers réels
qui nous entourent. Il y a quelque chose de morbide dans cette peur, qui
provient principalement de la condition fausse dans laquelle la plupart
d’entre nous a grandi et continue de vivre.
Un médecin des aliénés racontait comment, un jour d’été, alors qu’il
s’apprêtait à quitter l’asile, les patients l’ont accompagné jusqu’à la
porte qui menait à la rue.
« Venez avec moi à la ville ! » leur a-t-il proposé.
Les patients se sont mis d’accord et un petit groupe est allé avec
lui. Mais plus ils allaient par les rues où ils rencontraient leurs
compatriotes qui avaient toute leur raison, allant et venant librement,
plus ils devenaient timides, et se pressaient autour du médecin.
Finalement, ils ont prié d’être ramenés à l’asile, à leur vieux mode de
vie d’aliénés, à leurs gardiens et leurs manières rudes, leurs camisoles
de force et leur confinement solitaire.
Ainsi en est-il de ceux dont la christianité attend d’être mise
en liberté, à qui elle offre la voie rationnelle non entravée du futur,
le siècle qui vient; ils se serrent les uns contre les autres et
s’attachent à leurs habitudes d’aliénés, à leurs usines, courts,
prisons, leurs exécuteurs et leurs guerres.
Ils disent: « Quelle sécurité y aura-t-il pour nous quand
l’ordre existant aura été balayé ? Quelle sorte de lois prendra la place
de celles sous lesquelles nous vivons maintenant ? Nous ne ferons pas
un seul pas vers le changement avant que nous sachions exactement
comment notre vie sera organisée » C’est comme si un découvreur allait
insister sur une description détaillée d’une région qu’il est sur le
point d’explorer. Si l’individu, en passant d’une période de sa
vie à une autre, pouvait lire le futur et savoir juste qu’est-ce que
toute sa vie sera, il n’aurait aucune raison de vivre. Et ainsi en
est-il de la carrière de l’humanité. Si, sur le point d’entrer dans une
nouvelle période, un programme détaillant les incidents de son existence
future était possible, l’humanité stagnerait.
Nous ne pouvons pas connaître les conditions du nouvel ordre
des choses parce qu’il nous faut les élaborer pour nous-mêmes. La
signification de la vie consiste à découvrir ce qui est caché, puis de
conformer notre activité à notre nouvelle connaissance..
C’est la voie de l’individu comme c’est celle de l’humanité.
Source : https://resistance71.wordpress.com/2017/09/28/societe-contre-letat-et-son-monopole-de-la-violence-lopinion-publique-comme-pouvoir-ultime-leon-tolstoi/
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3 commentaires:
Dans ce texte, Tolstoï oppose l'usage de la force (étatique) et l'opinion publique (qu'il associe aux valeurs morales chrétiennes).
Je développe en affirmant qu'il existe deux catégories de chef :
- celui qui conseille, sans pouvoir de coercition, sans punition (ce sont les chefs des peuples dits "primitifs", comme les Amérindiens, les Bochimans, et aussi comme les anarchistes modernes);
- et le chef qui ordonne, avec pouvoir de coercition, c'est-à-dire usage de la force (police, gendarmerie, armée, prison, etc). Ce sont les chefs d’État (roi, empereur, pharaon, président de la république, etc.) tout autant que les caïds de la maffia.
Je cite un extrait en fin de texte ; celui qui fait référence à la peur du changement de la part des soumis :
« Quelle sécurité y aura-t-il pour nous quand l’ordre existant aura été balayé ? Quelle sorte de lois prendra la place de celles sous lesquelles nous vivons maintenant ? Nous ne ferons pas un seul pas vers le changement avant que nous sachions exactement comment notre vie sera organisée ».
Forcément, cela fait écho à la démarche d'éducation populaire (chère aux anarchistes comme Francisco Ferrer) et aux ateliers constituants créés par Étienne Chouard.
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