Pourquoi l'UPR a échoué ?
Le 23 avril 2017, à l'issue du premier tour du scrutin des élections
présidentielles françaises, ce sont des dizaines de milliers de
sympathisants et militants de l'UPR qui ont été sonnés par la sanction
sévère des électeurs à l'égard de leur candidat François Asselineau. A
peine 0,92 % des votes exprimés ont profité à l'UPR, malgré un programme
de rétablissement de notre indépendance nationale aux accents
quasi-révolutionnaires. François Asselineau déclarera alors à l'issue du
scrutin : "j'ai fait ce que j'ai pu". Et c'est ici que je compte débuter mon analyse, car le président de l'UPR n'a pas fait ce qu'il a pu, mais ce qu'il a voulu...
Qu'on s'entende bien ici : j'ai moi-même voté pour l'UPR, et je connais
parfaitement son fonctionnement et les idées défendues. Je ne blâme pas
M. Asselineau d'être la personne qu'il est. Je lui dois - je resterai
toujours honnête à ce sujet - mon éveil sur les questions de
souveraineté et mon intérêt pour le droit de façon générale. Ses
conférences ultra pédagogiques sur l'histoire et le fonctionnement de
l'U.E et l'euro ainsi que sa volonté d’interagir avec son public en font
un homme politique remarquable qui méritait sincèrement un peu plus de
reconnaissance des électeurs. Même M. Mélenchon accorde moins
d'importance au peuple qu'il prétend défendre, en se bornant à donner
des meetings avant de s'éclipser laissant ses partisans sur leur faim
(ou leur enthousiasme religieux).
Une fois cela dit, quelles sont les raisons de l'échec de l'UPR ? Il n'y en a qu'une à un premier niveau d'observation : la censure.
Une censure qui sévit désormais depuis 10 années (l'UPR a été fondée le
25 mars 2007) et qui n'a jamais cessé d'indigner profondément les
sympathisants de cette formation politique, aujourd'hui plus solide en
nombre d'adhérents que la plupart de ses concurrents, excepté le F.N, le
P.S et L.R.
En mai 2014, l'UPR revendiquait déjà 5000 adhérents et clôturait l'année 2015 avec le double encore de ce chiffre. A la veille du scrutin, plus de 25.000 personnes adhéraient à l'UPR. Ce n'est donc pas une petite formation politique, mais au contraire, une puissante organisation militante. En témoigne le fameux trolling des sympathisants d'Asselineau sur à peu près tout ce que la toile dispose de pages consacrées au débat politique, autant que le nombre d'affiches de propagande qui ont fleuri partout en France ces dernières années. Même en se désintéressant de la personnalité, du parcours et des idées de M. Asselineau, il est difficile pour tout observateur un peu honnête de le ranger dans la très commode case de "petit candidat". Il n'en était pas un du tout.
En mai 2014, l'UPR revendiquait déjà 5000 adhérents et clôturait l'année 2015 avec le double encore de ce chiffre. A la veille du scrutin, plus de 25.000 personnes adhéraient à l'UPR. Ce n'est donc pas une petite formation politique, mais au contraire, une puissante organisation militante. En témoigne le fameux trolling des sympathisants d'Asselineau sur à peu près tout ce que la toile dispose de pages consacrées au débat politique, autant que le nombre d'affiches de propagande qui ont fleuri partout en France ces dernières années. Même en se désintéressant de la personnalité, du parcours et des idées de M. Asselineau, il est difficile pour tout observateur un peu honnête de le ranger dans la très commode case de "petit candidat". Il n'en était pas un du tout.
Mais alors, comment se fait-il qu'une telle organisation, forte d'un
puissant moteur militant et idéologique, ne soit jamais parvenue à
renverser le climat de censure (et de calomnies) qui sévissait contre
elle ? C'est là que nous devons creuser vers un deuxième niveau de
réflexion pour comprendre que M. Asselineau n'a pas fait " tout ce qu'il a pu" comme il le prétend, mais bien ce qu'il a voulu.
Puisque le problème principal se situait dans l'accès à une
médiatisation minimale des propositions de François Asselineau afin
d'obtenir une notoriété suffisante pour rassurer l'électorat (et pour le
moins, le réinformer correctement sur la question européenne), le seul
objectif qui aurait dû être celui de l'UPR depuis sa création (où disons
depuis courant 2012-2013 où le réservoir militant commençait à offrir
des perspectives), aurait dû être de briser cette censure.
Bien entendu, M. Asselineau n'a évidemment jamais souhaité subir cette
omerta médiatique, mais pour autant, a-t-il réellement fait tout ce
qu'il pouvait pour l'enrayer ?
S'il est manifeste que la communication de l'UPR s'est profondément améliorée dans les formes au fil des années, elle est restée cantonnée aux réseaux sociaux sur internet, ainsi que sur des médias alternatifs ou de petites radios communautaires. Cependant, au vu des millions de Français qui restaient ignorants de ses propositions, car restant cantonnés au ron-ron du "mainstream médiatique", les passages radio et web de l'UPR étaient insuffisants. L'enjeu, rappelons-le, n'était pas la promotion de François Asselineau ou même de l'UPR, mais bien de renverser l'establishment politico-médiatique qui asservit le peuple français dans l'U.E et l'euro par voie de propagande essentiellement.
La question éthique, morale, et en fin de compte politique sous-jacente,
n'est pas légère. Soit nous sommes en Démocratie, et dans ce cas, il
n'est pas nécessaire de se dépasser dans sa communication pour faire
entendre ses idées à l'ensemble de la population (surtout pour une
organisation politique aussi bien structurée que l'UPR), soit tout
indique que nous subissons exactement les mêmes phénomènes de propagande
qu'ont connu les allemands ou les russes dans leur histoire récente, et
dans ce cas, il n'y a aucun doute sur la nature totalitaire du régime
auquel nous sommes assujettis. Et c'est dans ce cadre que la Légitimité
d'une authentique Révolution peut intervenir (si tant est qu'elle vise à
assainir profondément les choses sur le plan démocratique).
Seulement pour M. Asselineau (et cela malgré son éducation sur
l'Histoire), la révolution est forcément violente et sanglante. Je n'ai
pas retrouvé le passage, mais c'est bien un propos qu'il tient dans une vidéo qu'il publiera quelques jours après le premier tour des présidentielles.
Sans aller jusqu'à dire que ces bouleversements insurrectionnels
n'attisent pas des comportements irrationnels ou violents d'une partie
des insurgés (comme il en va des forces qui s'y opposent), il y a eu
dans l'Histoire récente, des épisodes qui méritent notre attention. Le
dernier en date est le renversement de la présidente de la Corée du Sud,
Park Geun-hye grâce à une mobilisation puissante, durable et pacifique
des citoyens coréens. Si l'on remonte dans le temps encore un peu, la
Thaïlande a connu aussi un réel épisode révolutionnaire
il y'a quelques années, avec des sit-in récurrents organisés dans la
Capitale au point que l'Armée (pratiquant volontiers l'ingérence
politique dans ce pays) a fini par réprimer durement (mais sans succès
durable) ces mobilisations populaires. Si l'on remonte encore un peu
dans le temps, la révolution tunisienne
n'a pas pris à proprement parlé, de détours sanglants. Bien entendu, la
répression autant que la contestation était forte, mais au final,
malgré le fait que 338 Tunisiens ont perdu la vie durant ce moment, la
révolution tunisienne reste considérée comme essentiellement
non-violente. Il en va de même pour la Marche du Sel
initiée en 1930 par Mohandas Karamchand Gandhi. Si elle n'aboutira pas à
l'expulsion du colon britannique dans un premier temps, elle n'en
restera pas moins un remarquable exercice de protestation politique
non-violente avec des accents profondément révolutionnaires. D'autres
épisodes de l'Histoire du Monde, chaque fois différents dans leur
contexte propre, témoignent que la Révolution n'est pas forcément
synonyme de sang versé.
Tout dépend de ce que l'on veut et comment l'on s'organise.
Une organisation politique très structurée peut jouer de tout un arsenal
de moyens de pression profondément populaires pour mettre en sérieuse
difficulté un gouvernement félon au pouvoir.
Mais M. Asselineau, pour des raisons très diverses, ne tient absolument pas à ce que l'UPR soit une "Union Populaire Révolutionnaire". L'UPR
est ainsi l'un des rares partis politiques qui ne publie aucun journal
pour se faire connaître des citoyens et susciter des adhésions. Il n'y a
pourtant rien de fondamentalement "révolutionnaire" à une telle
démarche, mais c'est tout de même un minimum quand les médias nous
ferment leur porte, que de répondre par son propre organe de presse
militant.
M. Asselineau n'a pas non plus souhaité s'inspirer de M. Mélenchon sur
sa communication de plein air. C'est pourtant excessivement astucieux.
Rien de mieux pour se faire connaître du plus grand nombre que de
conférencer directement sur les places publiques. Même le Général de
Gaulle (pourtant cité à maintes reprises par François Asselineau) avait
produit son célèbre discours de Bayeux en plein air. Est-il nécessaire d'ajouter que le président de l'UPR, répugne à organiser des manifestations ou des "buzz"
(pourtant très attractifs pour les journalistes), qui pourraient de
très loin permettre à ses partisans de se réunir et démontrer qu'ils
existent ? J'ajoute pour être précis (et certains m'accuseront sans
doute de vouloir faire un rattrapage quelconque) avoir envoyé un sms à
M. Asselineau quelques jours avant la fin de sa campagne, pour lui
proposer en tant qu'activiste indépendant, d'organiser un sit-in sous
les fenêtres de la Maison de la Radio ou sévissent nombre de chiens de
garde (comme Patrick Cohen), où, à n'en pas douter, nombre de de ses
sympathisants auraient été ravis de venir faire une petite démonstration
de force... dans le calme républicain. J'attends encore aujourd'hui sa
réponse à mon message.
Nous pourrions ajouter que lorsque certains de ses partisans ont eu l'audace de décrocher symboliquement des drapeaux européens
et les restituer à la gendarmerie la plus proche pour démontrer
l'absence de soustraction frauduleuse, François Asselineau s'est montré
excessivement critique. Oublie-t-il, lui, l'homme féru d'Histoire que
toutes les Révolutions ont besoin de symboles ? Que l'on décrochait des
emblèmes nazis ou soviétiques en d'autres époques ?
Je pourrais ajouter un certain nombre d'exemples concernant sa
difficulté à sortir du bois de lui-même, comme le fait qu'il ne se soit
jamais rendu à des mouvements populaires relativement spontanés (comme Nuit Debout),
ce qui lui aurait permis de se faire connaître de nombreux réseaux
militants et associatifs, pas forcément hostiles du reste. De même, en
tant qu'opposant ultra légaliste du Régime, il pouvait tout à fait
instituer une pression judiciaire et médiatique sur les traîtres et les
criminels en col blanc ayant contribué à des intelligences contre les
intérêts fondamentaux de la nation, au financement du terrorisme ou
encore à des crimes contre l'Humanité. C'est une façon de se montrer
agressif vis à vis de l'oligarchie, tout en restant sur le terrain de la
Loi.
Il n'y a donc eu en 10 années d'existence, aucun mouvement populaire
initié par l'UPR. Aucun organe de presse interne, aucune attaque
judiciaire en règle contre les responsables de crime de sang ou de haute
trahison, aucun "buzz", rien qui n'ait permis à ce parti politique d'exister en-dehors d'internet et
des conférences données par M. Asselineau dans quelques salles
municipales ou privées. C'est le niveau zéro de la communication
politique. Ce ne sont pas quelques minutes cumulées d'espace médiatique
sur les grands médias qui pouvaient rattraper des années de censure...
consentie indirectement. De même qu'un tel score électoral écarte
d'entrée de jeu la faute imputée au "vote utile" de certains de ses sympathisants.
Alors bien sûr, M. Asselineau maintiendra qu'il a fait ce qu'il a pu et
trouverait sans doute à tous les exemples cités, de quoi nuancer voire
s'opposer à ma grille de lecture de la communication de l'UPR. Et bien
sûr, il n'existe aucune Révolution ou même communication militante qui
soit parfaite. Mais bien que je sois de ceux qui reconnaissent au
président de l'UPR d'exceller dans ses qualités de pédagogue et d'homme
d'Etat potentiel, je lui refuse une quelconque autorité sur les
questions de militantisme. Ça n'est pas son domaine, que ce soit dans sa
personnalité, son regard éthique sur la question (n'oublions pas qu'il
aspire au pouvoir), ou encore son expérience de vie. Et ce ne sont pas
ses bras droits choisis pour leur discipline qui changeront quoi que ce
soit à ce problème structurel de l'UPR. Enfin, comme M. Asselineau aime à
qualifier les initiatives qui sortent un peu des sentiers battus comme "farfelues"
et de nature à nuire au sérieux de son discours, je rappelle à titre
d'exemple, que des gens aussi sérieux que Lénine ou Charles de Gaulle
lui-même, ont soutenu toutes les formes de résistance qui se réclamaient
d'eux, encore une fois dans des époques et circonstances très
différentes. Certes, les militants du quotidien ne sont pas tous des Pic
de Mirandole, mais mépriser leurs initiatives, c'est quelque part,
s'écarter de ce qui est souvent bien plus audible pour le Peuple.
Les partisans de l'UPR ont fait ce qu'ils ont pu et ont donné beaucoup
de cœur à l'ouvrage. Et quelque part, je suis autant déçu pour mes
espérances de prompte Libération de la France au regard des résultats du
premier tour (et sans nul doute du second à venir) de l'élection
présidentielle 2017, mais aussi finalement pour la douche glaciale que
tous ces fervents militants ont reçu après tant d'efforts pour
interpeller les Français. Coller des affiches, tracter, et bien plus
encore, j'ai donné. J'ai par conséquent un immense respect pour ceux qui
donnent de leur temps et leur motivation à un tel militantisme.
M. Asselineau n'évoluera jamais sur ces questions de communication
populaire. Son Bureau National restera aussi à l'image du président de
l'UPR, c'est à dire timorée lorsqu'il s'agit de faire monter la pression
d'un cran jusque dans l'espace public. Il n'y a donc rien à attendre
des instances dirigeantes de cette formation politique. Comme d'autres
avant et après moi, j'ai quitté l'UPR en 2012 justement parce que j'ai
vite compris les limites de ce parti. Cela ne m'a pas empêché de voter
pour François Asselineau et de lui renouveler mon soutien en tant
qu'électeur pour son chemin de croix et les sacrifices qu'il a consenti
dans le but de libérer notre pays, mais j'adresse tout de même une mise
en garde aux partisans de l'UPR :
N'attendez rien du chef, faites tout ce qu'il désapprouve tant que cela
n'a rien de criminel, violent ou mensonger sur le plan idéologique. Si
votre objet est bien de Libérer la France (et non défendre votre
boutique comme une nouvelle Eglise parmi tant d'autres), alors la voie
de la Révolution reste la meilleure option. A plus forte raison quand
nous savons quel sera notre pain blanc durant les cinq prochaines
années. La Révolution suppose mobilisation populaire réelle (soit loin
des réseaux sociaux), créativité et spontanéité. Elle exige que les
symboles de la Dictature tombent, et une désobéissance assumée à toutes
les forces (même en apparence au service de la France) qui vous
intimeraient de vous borner à coller des affiches et distribuer des
tracts pour faire valoir votre liberté d'expression. Se faire entendre
suppose d'aller bien au-delà de ce militantisme à papa.
Quoi qu'il arrive, la Révolution commencera le jour où les grands médias
publics seront assiégés pacifiquement par des milliers de citoyens en
colère. François Asselineau s'interdit même d'y songer, faut-il que ses
militants s'interdisent aussi cette option ?
Avec mes amitiés résistantes à tous ceux qui maintiennent la lutte contre la tyrannie,
Sylvain Baron
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