Même si depuis 2016, le Confédéralisme Démocratique originel du
Rojava a été dilué, espérons-le temporairement, par compromis politique
dans des conditions de guerre, rien n’empêche de retourner à sa pureté
de base. Maintenant est l’opportunité. Il est important de soutenir le
Rojava, comme de soutenir la Palestine, la lutte du Hezbollah au Liban
et les Zapatistes du Chiapas (ainsi que tous les mouvements de
libération de l’oppression étatico-marchande dans le monde) contre
l’impérialisme et la domination coloniale génocidaire. Nous avons
traduit ci-dessous, le communiqué de Tekoşîna Anarşîst suite a
l’effondrement de l’état syrien début décembre 2024.
~ Résistance 71 ~
“Nous portons un nouveau monde dans nos cœurs !”
Déclaration de l’organisation Têkoşîna Anarşîst, organisation anarchiste révolutionnaire travaillant dans la région Nord-Est de la Syrie (Rojava) au sujet du renversement de Bachar al-Assad et ce qui pourrait arriver ensuite.
7 décembre 2024
Site de Têkoşîna Anarşîst : https://tekosinaanarsist.noblogs.org
Le régime est tombé, la guerre continue
Les rêves révolutionnaires des millions de Syriens qui ont rempli les rues en 2011 sont finalement devenus une réalité : le régime est tombé. Après des décennies de la dynastie Assad, aujourd’hui, nous nous réveillons dans une Syrie sans gouvernement central. L’état syrien s’est effondré.
Nous, en tant qu’anarchistes et révolutionnaires, ne pouvons rien faire d’autre que de célébrer le fait qu’il y ait un tyran de moins. Salut à cela ! Mais après plus de 7 jours à vivre la révolution, nous avons appris une leçon impopulaire : la victoire n’est juste que le premier pas de la transformation sociale dont nous avons besoin. Parce que chaque victoire n’est qu’un simple pas vers le prochain combat.
Fort heureusement, le mouvement de libération kurde possède des décennies d’expérience et ils sont plus qu’heureux de nous la faire partager. Et pas seulement ça, ils ont aussi 12 ans de leçons pratiques à avoir mené une société révolutionnaire dans le Nord-Est syrien, avec la libération des femmes, une écologie sociale et une confédération de gouvernements populaires locaux comme boussole de la construction d’un socialisme libertaire. Ceci n’est pas exempt de failles ni d’erreurs, mais c’est déjà bien plus que ce que toutes les autres révolutions libertaires ont fait.
Dans le même temps, les succès militaires de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) contre le régime (NdT : ne pas oublier que ces mercenaires “djihadistes” de l’OTAN n’auraient jamais eu ces succès sans le soutien direct de la Turquie et des Yanks), ainsi que leur gouvernance autoritaire islamiste à Idlib, ont ouvert une opportunité pour leur leader d’influencer les manchettes des agences de presse du monde. La société de l’information du XXIème siècle oublie aussi vite qu’elle descend et déroule ses écrans, nous allons devoir rafraîchir votre mémoire. Aujourd’hui, qui se souvient de la libération de la ville de Manbij des griffes de Daesh ? Qui parlent des djihadistes qui kidnappèrent et trafiquèrent les femmes Yazidis de Sengal dans tout le monde salafiste ? Et qui se souvient des femmes qui déclarèrent la victoire des Forces de Défense Syrienne (FDS, NdT : forces armées de différents groupes du nord de la Syrie, incluant les Kurdes des YPG/YPJ et soutenues par les Etats-Unis, qui soutiennent aussi l’autre côté du conflit…) à Raqqa, qui fut la capitale (syrienne) de l’EI/Daesh ?
Pour ceux qui ont oublié, nous vous rappelons que les YPJ (NdT : Forces de Défenses des Femmes kurdes) combattent toujours, menant le front de la révolution des femmes au Rojava ; un front qui est une fois de plus attaqué par des forces de la Turquie par procuration, ralliées sous le nom ironique d’Armée Nationale Syrienne (ANS, NdT : coalition de mercenaires essentiellement “djihadistes” créée par la Turquie en 2017), coalition de gangs criminels contrôlés par la Turquie. Aujourd’hui, ils menacent la villes multi-culturelle de Manbij, grand exemple de pluralisme et de gouvernance locale intégrés au système de l’Administration Autonome Démocratique du Nord-Est Syrien (AADNES)
La révolution du Rojava n’est pas pour les seuls Kurdes, mais s’étend aussi aux populations arabes, arménienne, assyrienne (chrétienne), syriaques, turkmènes, circassienne et autres groupes ethniques qui sont présents ici. Les forces arabes du Conseil Militaire de Deir Ezzor entrèrent dans la ville sous la liesse populaire, prenant en compte le vide sécuritaire que les soldats du régime créèrent en se sauvant. Le système confédéral du Nord-Est syrien est un modèle testé empiriquement qui peut servir de fondation à une Syrie révolutionnaire. Omar Aziz, un anarchiste bien connu de Damas a travaillé pour une alliance confédérale (NdT : par association volontaire) des conseils locaux, les proposant comme la colonne vertébrale de la révolution syrienne. Il a été arrêté et est mort dans les prisons du régime Assad en février 2013. Nous ne l’avons pas oublié et nous chérissons ses paroles et son expérience anarchistes et comme révolutionnaire ici, en Syrie.
Tous les révolutionnaires syrien en exil, arabes, kurdes et autres, portent la responsabilité de s’assurer du succès de la révolution. Aussi, les anarchistes, communistes, féministes, écologistes et autres révolutionnaire internationalistes, doivent se sentir responsables de la défendre. Nous avons une magnifique opportunité de donner un exemple aux mouvements révolutionnaires partout dans le monde, du Kurdistan au Myanmar en passant par le Chiapas et la Palestine. Les états-nations sont la pierre angulaire de la modernité capitaliste et seule une confédération mondiale des mouvements révolutionnaires populaires peut les défier avec succès. L’alternative est une descente dans l’autoritarisme, l’occupation impérialiste et la haine fondamentaliste. Nous ne laisserons pas cela se produire.
Unité Protection du Peuple
Vers une nouvelle révolution syrienne !
En tant qu’anarchistes, nous devons aussi apporter une réponse à la question de l’état-nation. Tout en appelant à la fin des états et des frontières, nous avons besoin de pousser non seulement nos critiques, mais aussi nos propositions et nos solutions. Nous ne devons pas seulement le faire en théorie, mais en pratique, nous organisant avec les communautés locales et les mouvements sociaux pour construire le pouvoir populaire.
Les forces autoritaires, comme HTS ou la Turquie d’Erdogan, vont toujours utiliser la force pour imposer leur contrôle en des temps d’instabilité. La seule manière de contrer cela est par l’organisation populaire, une société civile forte et éthique, bâtissant l’auto-défense du peuple et ne culture révolutionnaire. Nous devons atteindre un niveau de solidarité internationale pour défier le nationalisme et le chauvinisme qui nous divisent et qui servent de manière trompeuse la légitimation du système de l’état-nation de la modernité capitaliste. Avec la gouvernance locale et les modèles confédéraux, défions les systèmes centralisés et les frontières des états-nations, qui ne font qu’amener et perpétuer l’oppression et la violence sur la diversité. Avec les organisations de femmes sur le front pour défier l’oppression patriarcale, base fondamentale des systèmes autoritaires.
Depuis le printemps arabe de 2011 (NdT : un rappel ici à TA… Ceux-ci furent organisés par les services occidentaux sous financement Soros and Co, scénario bien connu de toutes les “révolutions colorées”…), nous avons vu bien des tentatives révolutionnaires au Moyen-Orient, mais aucune n’a réussi à mettre en place une solution libératrice (NdT : ces tentatives n’étaient pas faites pour cela, mais pour changer les régimes au profit du système étatico-marchand, si depuis avant et après 2011, le Confédéralisme Démocratique fut un succès parce qu’il a émané de véritables sources populaires non corrompus, il a depuis 2015-6 été “récupéré” en partie par le système puisque la révolution du Rojava fut contrainte de faire des concessions à l’empire pour simplement pouvoir survivre en négociant un soutien aérien contre Daesh ce qui eut pour résultat la compromission de l’autonomie de la région, aujourd’hui même selon les sources mêmes de TA, les troupes yankees patrouillent dans Kobané, la ville symbole du Rojava, pour soi-disant “faire réfléchir” les Turcs… source : dernière MaJ du 24/12 https://tekosinaanarsist.noblogs.org/category/war-updates/), sombrant encore et encore dans de nouvelles formes d’oppression tyrannique. Que faire après la chute d’un tyran pour empêcher un autre tyran de prendre sa place ? Il y a une petite fenêtre d’opportunité à saisir quand un régime s’effondre. Une brève période révolutionnaire où le peuple peut reprendre le pouvoir entre ses mains, empêchant ainsi une nouvelle forme de pouvoir centralisé et autoritaire de s’imposer. Nous devons être prêts à saisir cette opportunité quand elle se présente.
Assurons-nous que la révolution syrienne, ainsi que le mouvement de libération kurde qui a été depuis des années le fer de lance de la résistance démocratique dans la région, deviennent un exemple pour plus de révolutions à venir ! Combattons ensemble pour construire ce nouveau monde que nous portons tous dans nos cœurs !
Têkoşîna Anarşîst media center,
7 décembre 2024
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Têkoşîna Anarşîst sur Résistance 71
Textes fondateurs pour un changement politique
Le Confédéralisme Démocratique
EZLN_Chiapas_Une-communaute-en-armes-tikva-honig-parnass
150-ans-de-la-commune-de-paris-Recherche-esprit-communard-desesperement
Autonomies Chiapas-Rojava (Pierre Bance, 2022)
A lire absolument : La commune du Rojava
Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)
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