Dans les 100aines d'emails que je reçois chaque semaine, 2 sujets reviennent toujours
Une bonne partie concerne les soucis relatifs à l'école (reconnaissance du surdouement, aménagements, sauts de classe) & l'autre touche aux fameux tests de QI.
En France, seuls 2 types de tests sont reconnus & validés pour mesurer l'efficience intellectuelle (notamment par l'Education Nationale, lorsqu'il faut demander une prise en compte de la précocité intellectuelle de l'enfant) :
o le K-ABC
o les tests de Wechsler
Ces derniers sont les plus largement utilisés par les psychologues & ils se déclinent sous 3 formes, en fonction de l'âge du sujet :
- le WPPSI, qui est la forme pré-scolaire du test. Il s'adresse aux enfants de l'âge de 2 ans & 6 mois, à 7 ans & 3 mois
- le WISC, qui concerne les enfants de 6 ans à 16 ans & 11 mois
- le WAIS, qui s'adresse aux jeunes & aux adultes, de 16 ans à 79 ans & 11 mois
Ainsi pour les enfants, le WPPSI &
le WISC sont utilisés, selon leur âge. Certains enfants, compris dans la
fourchette 6 ans / 7 ans & 3 mois, peuvent aussi bien passer le
WPPSI que le WISC, mais dans ce cas-là, il est toujours préférable de
passer un WISC !
Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement
car le Wisc est beaucoup plus complet & fin dans l'analyse des
atouts comme des difficultés de l'enfant que peut l'être le Wppsi. Il
analyse avec précision les différentes composantes de l’intelligence.
Autre raison : ce sera LE test exigé par
l'Education Nationale & par les écoles spécialisées en cas de
demande d'aménagements, de sauts ou glissements de classe, d'intégration
de classes EIP, etc.
Pour ces même raisons, lorsque l'enfant n'a passé qu'un Wppsi étant
petit, il est toujours fortement conseillé de lui faire passer un Wisc
par la suite (pour avoir une photographie la plus précise possible de
ses capacités cognitives, & pour avoir de quoi argumenter face à
l'école).
C'est la raison pour laquelle je vais
aujourd'hui vous parler du WISC, échelle d’intelligence de Wechsler pour
enfants & non du WPPSI ! Il est par voie de conséquence LE test de
référence pour les enfants
Les tests sont révisés grosso-modo tous
les 10 ans, & la version actuelle en vigueur en France pour le Wisc
est la 4ème édition (d'où le nom Wisc-IV), depuis 2004.
Ce qui signifie que toutes les versions antérieures (Wisc-III, par
exemple) ne doivent plus être utilisées en passation depuis cette date.
Or en 2013 encore il y a des
psychologues qui se permettent de faire passer des bilans en utilisant
le Wisc-III (je viens même de voir le cas en janvier 2014 d'une jeune
psy faisant des bilans avec le Wppsi-R, c'est à dire dépassé depuis
2002, soit 12 ans !!!)
Il faut bien comprendre qu'un bilan réalisé avec le Wisc-III après 2004 n'a strictement aucune valeur.
Peu importent les arguments du psy, peu
importent ses moyens, il se doit s'il propose de faire des bilans
psychométriques d'avoir la dernière version en date. Surtout quand
celle-ci a aujourd'hui plus de 10 ou 12 ans...
Renseignements pris auprès de l'ECPA
& après recherches complémentaires de mon côté, il n'y a
malheureusement rien (aucun cadre juridique, j'entends) qui puisse
obliger un psy à utiliser la version actuelle d'un test.
Rien, si ce n'est sa "conscience professionnelle", dixit l'ECPA (cela semble presque ironique !? )
Dans la mesure où en France il n'y a pas d'Ordre des psychologues, chacun est libre de faire comme bon lui semble (c'est pourquoi il y a tant de soucis avec les psychologues scolaires bien souvent, en terme de comptes-rendu notamment).
Méfiance donc amis lecteurs ! Renseignez-vous bien avant de vous lancer dans un bilan psychologue (qui a non seulement un coût pour la famille, mais aussi un incidence sur l'enfant). Tous les psy ne sont pas dotés d'une éthique professionnelle irréprochable & lorsque certains parents se font avoir avec une version qui n'a plus lieu d'être depuis des années, ils se retrouvent sans moyen de pression, puisque la loi n'impose rien au praticien du point de vue de la version d'un test.
Un délai de 2 ans est à respecter entre
la passation de 2 tests identiques de même version (entre 2 Wppsi-III, 2
Wisc-IV, 2 Wais-IV) !
La répartition des résultats se fait
selon une courbe de distribution normale de l'intelligence (également
appelée courbe de Gauss).
La moyenne est établie à 100, avec un écart-type de 15 points
La répartition est la suivante :
- 2,5% de la population présente un QI Total ≤ 70 & donc, un retard mental (dont 0,13% présente un QI Total ≤ 55)
- 95% de la population présente un QI
Total compris entre 70 & 130 (de l'intelligence faible à
l'intelligence supérieure, en passant par la norme, norme qui peut être
moyenne basse ou moyenne haute)
- 2,5% de la population présente un QI Total ≥ 130 & donc un haut potentiel intellectuel (dont 0,13% présente un QI Total ≥ 145, pouvant être qualifié de Très Haut Quotient Intellectuel. Soit à peine plus d'1‰. Ce taux tombe alors à 0,025% pour un score à partir de 150, soit seulement un peu plus d'1 personne sur 5000 !)
Le Wisc-IV a été étalonné sur 1100
enfants & adolescents. Il se passe sur une durée allant de 60 à 80
minutes en moyenne, pour les subtests principaux ; mais un bilan
psychologique ne comprend pas qu'un Wisc, il faut y ajouter des tests de
personnalité (type TAT).
On compte bien souvent 3 heures de passation avec un enfant pour avoir le temps de tout faire sereinement
Ce test est bâti sur 10 subtests principaux, & 5 subtests qui ne sont qu'optionnels. En effets ces subtests complémentaires peuvent très bien ne pas être passés par votre petit ; ce sera laissé à l'appréciation du psychologue. Il faut aussi savoir que les substitutions, lorsqu'elles ont lieu, doivent être motivées par une raison précise qui doit être notée sur le compte-rendu.
L'apparition de notes additionnelles permettant de détailler davantage le profil de l'enfant, si besoin, par la prise en compte de la vitesse d’exécution pour le subtest "Cubes" (les fameux cubes de Kohs), les stratégies de présentation spatiale pour le subtest "Barrage", la différence entre les performances au subtest "Mémoire des chiffres" à l’endroit ou en ordre inverse, etc. est également quelque chose qui n'apparaissait pas dans le Wisc-III
Ces subtests sont notés par notes standard allant de 1 à 19, leur moyenne étant fixée à 10 & leur distribution étant comme suit :
- de 1 à 6 : déficitaire (= inférieur à la norme)
- 7 : faible
- 8 à 12 : compris dans la norme
- 13 : fort
- 14 à 19 : supérieur (on considère cependant que le seuil du surdouement s'exprime dans ces scores de subtest lorsque ≥ 16)
L'ordre d’administration des subtests
est toujours le même. Il est défini par le manuel de passation du
Wisc-IV & chaque subtest commence toujours avec un exemple. Puis
l'enfant doit appliquer le principe mis en avant par cet exemple, &
évoluera dans le subtest par niveau progressif de complexité des items
(les items étant les questions à l'intérieur de chaque subtest)
Le QI Total (= QIT), également appelé QI global (limité à 160) s’obtient à partir de 4 indices :
◈ l'ICV (Indice de Compréhension Verbale), qui est limité à 155
◈ l'IRP (Indice de Raisonnement Perceptif), qui est limité à 155
◈ l'IMT (Indice de Mémoire de Travail) , qui est limité à 150
◈ l'IVT (Indice de Vitesse de Traitement) , qui est limité à 150
il est important de souligner que le QI Total est une note composite, totalement distincte de la somme des notes standard !
Une lectrice pensait (légitimement, au vu de la façon dont le psychologue qui a bilanté son fils a rempli la feuille qui lui a été remise) que le QI Total de son garçon était de 167... or il est plafonné sur échelle de Wechsler à 160 & surtout, il ne s'agissait là que de l'addition des notes standard.
Il arrive fréquemment que le QI Total ne soit pas interprétable. Pourquoi ?
Et bien parce que le psychologue considère alors les résultats des
indices comme étant hétérogènes. C'est à dire que l'écart entre eux est
trop élevé pour qu'un QI Total ait un sens & soit représentatif des
véritables capacités cognitives de l'enfant.
Attention, il est TOUJOURS calculable,
mais il n'aura tout simplement pas de sens. En cas d'hétérogénéité, il
sera non significatif. Il n'y a donc aucun intérêt à le donner puisqu'il
ne reflète pas les véritables capacités cognitives de l'individu
A partir d'un écart de 15 points (un écart-type en fait), il est communément admis qu'il y a "hétérogénéité" dans les résultats. Si l'écart est de 0 à 14 points, on parlera alors de résultats "homogènes" & le QIT sera calculé sans problème. Mais surtout, plus important encore, il aura une valeur, un sens
Il faut cependant veiller à ne pas comprendre l'homogénéité comme un impératif d'écart faible entre les 4 indices
On prend principalement en compte l'écart existant entre l'ICV
(Compréhension Verbale) & l'IRP (Raisonnement Perceptif). Il est
effectivement extrêmement fréquent d'avoir un IVT (Vitesse de
Traitement) bien plus faible que les 3 autres indices.
De même il n'est pas rare, lorsque
certains indices plafonnent (c'est à dire atteignent le seuil maximum
mesurable), d'avoir d'énormes écarts entre l'indice le plus haut &
l'indice de plus bas des quatre
Par exemple, des profils de ce type sont assez fréquents chez les EIP :
ICV 155
IRP 130
IMT 118
IVT 103
Dans ce cas précis, les 25 points séparant l'ICV de l'IRP ne permettent bien entendu pas de calculer un QI Total qui puisse être représentatif.
L'analyse du psychologue se basera donc sur d'autres points, les résultats à observer pouvant être :
- le niveau global par le biais du QI
Total, à la condition donc que les 2 principaux indices soient homogènes
(QIT qui, je le répète une fois encore, n'est pas une moyenne
arithmétique, mais un score global compensé !!! En d'autres termes, il est une moyenne statistique)
- les niveaux spécifiques par le biais des indices
- les notes standards à chacun des subtests (qu'ils soient obligatoires ou optionnels)
- les points forts & les points faibles de l'enfant (à savoir la
répartition des notes standards par rapport à la moyenne du sujet, dans
chaque domaine)
- les notes additionnelles
- l’analyse qualitative & clinique (attitude de l'enfant face aux épreuves, face à la difficulté)
Dans le cas de résultats hétérogènes
(voire très hétérogènes), le psychologue essaiera de comprendre la cause
de ces écarts & s'il ne parvient pas à définir ce qui est à
l'origine, il conseillera probablement de faire d'autres bilans (comme
un bilan orthoptique, psychomoteur, orthophonique afin de faire un tour
complet de l'enfant). Ces bilans complémentaires peuvent aussi être
requis en cas de suspicion de troubles associés (Dys, TDA / TDA-H, TED,
etc.)
Il existe en outre 2 indices que l'on pourrait qualifier d'alternative au QI Total :
o l'IAG (Indice d'Aptitude Générale)
o l'ICC (Indice de Compétence Cognitive)
Le psychologue pourra ainsi calculer l'IAG ou l'ICC s'il estime que ceux-ci pourraient apporter quelque chose au bilan
Pour l'IAG, il s'agit d'une note
composite optionnelle, calculée à partir de la note standard des 3
subtests obligatoires de l'ICV & des 3 trois subtests obligatoires
de l'IRP. Sa moyenne est établie à 100 & son écart-type est de
14,99.
Son intérêt : obtenir une note globale moins sensible à la mémoire de
travail & à la vitesse de traitement que peut l'être le QI Total. On
recommande notamment son calcul pour les enfants souffrant d’atteintes
neuropsychologiques affectant la mémoire ou le temps de réponse.
L'utilisation de l'IAG permettrait, selon ses partisans (dont fait
partie le Pr Jacques Grégoire, docteur en psychologie & responsable
de l'adaptation française de cette nouvelle version du Wisc), une
estimation plus stable & plus représentative du facteur g, rendant
mieux compte du niveau de compétence intellectuelle.
Jacques Grégoire précise cependant :
Pour constituer une information utile au diagnostic, il est nécessaire que l'IAG représente une mesure suffisamment homogène & différenciée du QI Total. Si ce n'est pas le cas, l'IAG est une mesure de peu d'intérêt.
De même, l'ICC se calcule avec les subtests obligatoires de l'IMT & de l'IVT !
A noter que certains psychologues en France préfèrent exprimer les résultats en rang percentile ! Vous trouverez dans ce billet tout ce qu'il faut pour décrypter cette présentation des scores
Autre point qui peut dérouter les parents : de plus en plus de psychologues choisissent de donner les résultats chiffrés dans un intervalle de confiance.
Il peut être de 95% comme de 90%, selon
le choix du professionnel. Ce qui a le grand défaut à mon sens de
compliquer encore un peu plus la lecture du bilan par des non-initiés
en les noyant sous de multiples chiffres tout en ne se mouillant pas
trop (pour le psy)
Ainsi un QI global de 142 qui sera
exprimé dans un intervalle de confiance de 95% se présentera de cette
façon : QI compris entre 133 & 146. Le même QIT de 142, s'il est
présenté dans un intervalle de 90% ira de 134 à 145
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