“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans
la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la
société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux
qui le subissent. La société n’est plus un. Nous indivisés, une totalité
une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~
“La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation
économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est
politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive
du politique, l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes.”
~ Pierre Clastres, directeur de recherche en anthropologie politique au CNRS, 1974 ~
« La machine de l’État est oppressive par sa nature même, ses
rouages ne peuvent fonctionner sans broyer les citoyens, aucune bonne
volonté ne peut en faire un instrument du bien public ; on ne peut
l’empêcher d’opprimer qu’en le brisant. »
~ Simone Weil ~
“L’identification de la vie à la survie est l’un des mensonges fondateurs de la civilisation marchande.”
~ Raoul Vaneigem ~
Retour à la vie, tout simplement
Résistance 71
4 décembre 2019
Tous les mouvements radicaux de rébellion depuis des siècles jusqu’à
aujourd’hui, incluant le mouvement des Gilets Jaunes de novembre 2018,
ont une chose en commun: la volonté du retour à une vie symbiotique
naturelle, faite d’entraide et de complémentarité bien ordonnée plutôt
que de continuer sur le chemin de cette vie sociale factice,
parasitique, celui de la division, du vol, du viol, chemin parfaitement
anti-naturel et donc par essence anti-humain, qui nous a été
initialement imposé par la division politique de la société, menant à la
sortie et au maintien du pouvoir décisionnaire des humains hors du
corps social des groupements organisés et volontairement assemblés.
Une fois la division mise en place, la logique évènementielle
inhérente nous a mené au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui,
celui de la dictature du fétichisme marchand, monde de la division
entretenue artificiellement, de la tromperie, du mensonge, de la
veulerie, de la marchandisation à outrance de tout et de tout le monde.
Tout y a un prix, tout se vend et s’achète, y compris la vie humaine
dans un grand marché de la réification absolue, pour le seul profit du
plus petit nombre.
Demain 5 décembre 2019, le grand mouvement social de grève
générale reconductible qui va déferler sur la France ne luttera pas
contre “le gouvernement Macron”, mais contre la société du spectacle
marchand planétaire ayant durci inexorablement sa dictature dans la
course folle qui la mène à son auto-destruction. Le grand mouvement qui
s’annonce n’est pas un épiphénomène de lutte contre des mesures
avilissantes au sein de la société française, mais le nième jet de la
rébellion sociale dans sa longue continuité universelle, après l’amorce
récente faite par le mouvement des Gilets Jaunes depuis novembre 2018.
Ce que nous allons vivre à partir de demain est, doit être, le grand
départ de la société de l’avoir pour un retour vers la société de l’être
; un grand rejet du monde marchand et de ses crimes et turpitudes, pour
un élan collectif vers la vie organique, celle de notre nature humaine
profonde de la satisfaction de nos besoins sans contraintes ni
avilissements. Comme le dit superbement Raoul Vaneigem, cette lutte
radicale dont nous devons faire l’expérience est de fait la lutte pour
retrouver en nous-mêmes les racines du vivant. Les seules qui vaillent
et rien d’autre aujouterions-nous.
Le système mis en place a passé des siècles à persuader les masses,
parfois à grand renfort de science tronquée ou incomplète érigée en
dogme, qu’il “n’y avait pas d’alternative”, que l’État et le capitalisme
étaient l’aboutissement de notre évolution et que nous devions nous en
satisfaire parce que rien d’autre ne fonctionne pour gouverner et
agencer l’humanité dans sa modernité achevée. Il continue aussi à
dépenser des milliards chaque année pour nous convaincre par médias et
financements “scientifiques” interposés, du bienfondé des raisonnement
fallacieux émis en la circonstance par ses caciques à la botte.
Or, il n’en est rien. Ce système n’est en rien inéluctable, il n’est
qu’une “option” imposée et maintenue par la force. Il ne tient qu’à nous
de mettre à bas ce dogme éculé, ayant prouvé toujours et encore sa
totale inefficacité et perversité au profit exclusif d’un petit nombre
de privilégiés, lui-même dépendant du système mis en place pour sa
survie politique et économique. A ce stade, le système prévaut sur
l’humain, les têtes sont interchangeables mais la machine continue de
broyer les vies du commun quelques soient les pilotes et les sbires en
charge. Le système étant fondé sur la division et donc sur le rapport
dominant/dominé, il corrompt par nature toute velléité de changement
dans un grand mouvement d’auto-préservation. L’État et son acolyte du
capital ne peuvent en aucun cas être “rendus plus vertueux” ou “servir
l’intérêt commun” puisqu’ils sont radicalement (à leur racine), ancrés
dans la disparité, l’antagonisme, l’inégalité et l’injustice. On ne peut
au mieux en son sein, que changer la température ambiante de la
dictature appliquée pour le faire perdurer à l’encontre de toute loi
naturelle.
Pour retrouver harmonie, complémentarité, égalité, justice, entraide
et fraternité, ces caractéristiques primordiales de la société humaine
organique et véritable, le système doit être mis à bas dans tous ses
mécanismes. Ainsi, comme nous l’avons dit depuis des années déjà, il est
clair qu’il n’y a pas de solution à nos problèmes au sein du système,
il n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir. Tout doit partir, pour
que nous puissions réaliser notre retour vers la vie organique, celle
nous faisant vivre pleinement et non plus survivre en attendant cette
mort, seule certitude définitive de notre réalité organique. Alors, pour
vivre enfin heureux en attendant la mort (bien à toi Pierre):
A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !
Il est devenu évident pour qui veut voir et comprendre, que tout le
reste n’est que réformisme béat, reculer pour mieux sauter, bref… n’est
que pisser dans un violon !
Réflexion => Coopération => Action => Émancipation
Qu’on se le dise !
Pour mieux y parvenir:
Comprendre et transformer sa réalité, le texte:
Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »
+
4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:
Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être
Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche
Manifeste pour la Société des Sociétés
Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie
“L’État est une société d’assurance mutuelle entre le propriétaire
terrien, le général militaire, le juge, le prêtre et plus tard, le
capitaliste, afin de soutenir l’autorité de l’un l’autre sur le peuple
et pour exploiter la pauvreté des masses tout en s’enrichissant
eux-mêmes.
Telle fut l’origine de l’État, telle fut son histoire et telle est son essence actuelle.”
~ Pierre Kropotkine ~
“On peut dire qu’il n’y a pas encore eu de révolution dans
l’histoire, il ne peut y en avoir qu’une qui serait une révolution
définitive. Le mouvement qui semble achever la boucle en entame déjà une
nouvelle à l’instant même où le gouvernement se constitue. Les
anarchistes, Varlet en tête, ont bien vu que gouvernement et révolution
sont incompatibles au sens direct. Il implique contradiction, dit
Proudhon, que le gouvernement puisse être jamais révolutionnaire et cela
pour la raison toute simple qu’il est gouvernement.’ […]
S’il y avait une seule fois révolution, en effet, il n’y aurait plus
d’histoire. Il y aurait unité heureuse et mort rassasiée.“
~ Albert Camus ~
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