Nous allons rendre hommage aujourd'hui à Jean Lefèvre, comte d'Ormesson [qui] est un écrivain et journaliste français (Paris 1925-Neuilly-sur-Seine 2017), neveu de Wladimir d'Ormesson.
Né à Paris le 16 juin 1925, Jean d'Ormesson
est issu d'une lignée de conseillers d'État, de contrôleurs généraux
des finances, d'ambassadeurs de France et de parlementaires. Sa mère,
avec laquelle il a vécu dans le château de Saint-Fargeau, appartient à
une famille catholique et monarchiste; son père, ambassadeur, nommé par Léon Blum, le fait voyager en Bavière, en Roumanie, au Brésil... Normalien, agrégé de philosophie, il entre en 1950 à l'Unesco, où il devient l'assistant de Jacques Rueff au Conseil international de la philosophie et des sciences humaines nouvellement créé, qu'il dirigera plus tard, puis il embrasse sa carrière littéraire en 1956 avec L'amour est un plaisir, puis devient enfin rédacteur en chef de la revue Diogène entre 1971 et 1974, qu'il a créée avec Roger Caillois, dont le premier numéro est sorti en 1953. Il avait épousé en 1962 Françoise, la fille de Ferdinand Béghin, ancien magnat du sucre et de la presse, un temps propriétaire du Figaro. De leur union naquit Héloïse d'Ormesson, qui, après avoir appris le métier d'éditeur aux États-Unis puis chez Denoël, a fondé en 2004 une maison d'édition qui porte son nom.
Mais, après plusieurs échecs, ayant peu de goût pour le masochisme, Jean d'Ormesson faisait ses adieux à la littérature en publiant Au revoir et merci, en 1966. Mais c'est en 1971 que débute réellement sa carrière littéraire, avec la parution de "La Gloire de l'Empire", Grand prix du roman de l'Académie française. Touche à tout, il est aussi secrétaire général, puis président du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'U.N.E.S.C.O. Il a été directeur du Figaro de 1974 à 1977. Ses attaques contre ceux qu'on désignait à droite comme les «socialo-communistes» lui ont même valu, pendant la guerre du Vietnam, d'être la cible d'une chanson de Jean Ferrat, Un air de liberté (1975). Ses romans à l'élégance ironique oscillent entre évocation historique et parcours philosophique (Au plaisir de Dieu, 1974; Mon dernier rêve sera pour vous, 1982; le Vent du soir, 1985; Histoire du Juif errant, 1991 ; la Douane de mer, 1993; Une autre histoire de la littérature, 1997; le Rapport Gabriel,
1999). Au lieu de se plier aux conventions du genre romanesque, à
l'intrigue et à ses personnages, le roman, entre récit et essai, s'ouvre
aux digressions, aux anecdotes et aux souvenirs personnels, et devient
le matériau d'une méditation sur le temps qui passe. Pour le narrateur
d'Au plaisir de Dieu (1974), les ombres du passé suffisent à évoquer les aventures des hommes, depuis les croisades jusqu'à nos jours.
C'est à l'âge de 48 ans qu'il entre sous la Coupole au fauteuil de Jules Romains (18 octobre 1973). Il devient alors le benjamin de l'Académie française. Pour Jean d'Ormesson, la littérature occidentale est née de L'Iliade et de L'Odyssée
où sont déjà présents les thèmes de la guerre, des voyages, de l'amour,
de l'amitié, des passions. Mais, il ne fait pas que parler de lui-même
et transmet à la nouvelle génération des réflexions philosophiques comme
"Le Rapport Gabriel" ou encore "Presque rien sur presque tout". Par ailleurs, il soutient la candidature de Marguerite Yourcenar qui deviendra la première femme académicienne, le 6 mars 1980. Plus tard, Michel Mohrt, Maurice Rheims, Jean-Marie Rouart ou Simone Veil lui devront une large part de leur élection à l'Académie française. Au moment où la Coupole semblait se tourner vers les sciences sociales, celui que l'on appelait familièrement Jean d'Ormesson ne cessa de donner sa voix aux romanciers, permettant également l'élection d'Erik Orsenna, Jean-Christophe Rufin ou François Weyergans.
En 2003, "C'était bien" raconte la vie de l'auteur et anticipe même sa mort. Avec "Une fête en larme"
en 2005, il tente l'originalité et, toujours en se mettant en scène, il
se met à raconter son roman idéal à un journaliste. Enfin en 2006, il
se laisse aller et publie "La Création du monde", roman d'un nouveau genre pour lui et très attendu par la critique littéraire. En 2007, il dédie à sa fille Héloïse le recueil Saveur du temps, constitué de chroniques parues dans les journaux depuis soixante ans. En 2009, il publie coup sur coup deux ouvrages, "L'Enfant qui attendait un train", un album jeunesse, et "Saveur du temps", le deuxième tome de ses chroniques au Figaro. En 2010, l'extraordinaire succès de la Bibliothèque idéale
– choix de textes de référence de la littérature française qu'il
préfaça –, qui séduisit plus de 1,5 million de lecteurs, montra à quel
point il était encore la grande signature de ce quotidien.
En 2012, il joue le rôle du Président de la République au côté de Catherine Frot dans "Les délices du palais" de Christian Vincent. Intellectuel engagé à droite, il fut l'une des rares personnalités à soutenir Nicolas Sarkozy
en 2012. En 2013, il évoque son cancer de la vessie qui lui a coûté 8
mois de souffrances et de séjours à l'hôpital mais dont il est en
rémission. En 2014, épuisé par la maladie, il sort tout de même un
nouveau roman "Comme un chant d'espérance". Le 17 avril 2015, l'académicien intègre la plus prestigieuse des collections littéraires, la «Bibliothèque de la Pléiade». Enfin, en 2016 il publie ses dernières œuvres : Je dirai malgré tout que cette vie fut belle et le Guide des égarés.
Au
fil des ans, il était devenu le prof de lettres des Français, qui lui
vouaient – pas seulement dans les milieux bourgeois – un véritable
culte. Jean d'Ormesson est disparu dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017, à l'âge de 92 ans, il aimait la vie et parlait de la mort qui est au bout "grâce à Dieu".
Je vous conseille ces lectures que j'ai utilisées pour faire cet article :
et Véronique HOTTE, « ORMESSON JEAN D' (1925-2017) », Encyclopædia
Universalis [en ligne], consulté le 05 décembre 2017.
Merci !
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