Yves Cochet aborde sa vision de l'effondrement systémique et le projet
politique qui pourrait l'accompagner.
Il y évoque notamment les concepts de l’Anthropocène, d'effondrement,
des points de rupture du système, de la décroissance et la transition
etc...
Cet entretien a été réalisé en novembre 2013.
Source : https://youtu.be/s7VdTtU1w5Q
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18 commentaires:
Yves Cochet, né le 15 février 1946 à Rennes (Ille-et-Vilaine), est un homme politique français, membre des Verts puis d'Europe Écologie Les Verts. Il est député du Val-d'Oise de 1997 à 2002, puis de la 11e circonscription de Paris de juin 2002 à décembre 2011. Il est président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée nationale durant ce dernier mandat. Il est député européen de 2011 à 2014.
Ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement : 10 juillet 2001 – 6 mai 2002 (9 mois et 26 jours)
Formation initiale : Après des études de mathématiques, il devient enseignant-chercheur à l’INSA de Rennes (Institut national des sciences appliquées de Rennes) en 1969. En juin 1971, travaillant avec Maurice Nivat, il soutient sa thèse de troisième cycle de mathématiques, intitulée « Sur l’algébricité des classes de certaines congruences définies sur le monoïde libre ».
Yves Cochet est président de l'institut Momentum : "L'anthropocène et ses issues" (site : http://www.institutmomentum.org/)
L'Anthropocène est un terme relatif à la chronologie de la géologie proposé pour caractériser l'époque de l'histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre.
Ce terme a été popularisé à la fin du XXe siècle par le météorologue et chimiste de l'atmosphère Paul Josef Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995, pour désigner une nouvelle époque géologique, qui aurait débuté selon lui à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle, et succéderait ainsi à l'Holocène.
L'Anthropocène serait la période durant laquelle l'influence de l'être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu'elle est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer la lithosphère.
L'Anthropocène est un concept de plus en plus utilisé dans les médias et la littérature scientifique mais toujours discuté par la communauté scientifique géologique – spécifiquement au sein de la commission internationale de stratigraphie de l'Union internationale des sciences géologiques (UISG) – qui détermine les subdivisions de l'échelle des temps géologiques.
Depuis 2005, un groupe international d'experts scientifiques, le Group on Earth Observations (GEO), a été mis en place pour observer la Terre et mesurer notamment les conséquences des activités humaines.
Sur l'effondrement, "collapse" en anglais, lire : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/11/modelisation-des-croissances-et-declins.html
Après l'effondrement, il y aura une désorganisation institutionnelle et des résiliences locales de "débrouillardise".
Espérons que l'effondrement ne sera pas brutal (comme Mad Max), que ce ne sera pas une catastrophe.
Deux postures face à l'effondrement imminent :
- individualiste (on se prépare sans se préoccuper des autres : "Sauve qui peut !")
- ou un accompagnement collectif pour minimiser les effets de l'effondrement.
Vers 2025-2030, il devrait y avoir un phénomène terrible (écologique, financier, etc.), un choc psychologique pour que les décideurs, enfin, puissent prendre des décisions fortes, radicales, à la hauteur des problèmes qui se posent.
Un projet de société intéressant est celui de Totnes : les "villes en transition". C'est une solution locale reproductible un peu partout.
Ce n'est pas un retour à l’État féodal; au contraire on y retrouve la solidarité, la régression verte, etc.
Murray Bookchin est un penseur écologiste et libertaire/anarchiste qui propose un exemple de ce que pourrait être la société après l'effondrement avec sa fédération de communes autosuffisantes (énergie, alimentation).
Yves Cochet pense que l'Union Européenne n'existera plus en 2030; qu'elle sera remplacée par une fédération de républiques locales (autosuffisantes en termes alimentaires et énergétiques, etc.)
On en reviendra probablement avec des technologies moins complexes, venant de moins loin, qu'on pourra produire mais aussi réparer localement.
Sobriété, durabilité, réparabilité ... c'est le projet de la décroissance écologique et pacifique.
La "vie bonne", ce n'est pas la surconsommation, c'est l'amitié.
Il est possible que le monde de la finance qui n'a pas été régulé s'effondre à nouveau comme en 2008 mais de manière encore plus importante.
La solution pour être plus résilient, plus résistant à l'effondrement qui va inévitablement venir, c'est d'être le plus autosuffisant localement, avec de la démocratie et de la solidarité locales.
C'est un immense défi social, écologique et technique.
La culture, la cosmologie, le vivre-ensemble n'est pas universelle mais propre à des groupes humains.
Que ce soit à 3.000, 10.000 ou 300.000, il va falloir à nouveau se "raconter des histoires". Ce ne sera plus possible à 500 millions d'Européens.
La civilisation, ce n'est pas la surconsommation matérielle; c'est le vivre-ensemble. En Europe, ce sera une mosaïque de Constitutions.
Moins de biens, plus de liens.
L'avenir, ce n'est pas la croissance ou la décroissance; l'avenir c'est la décroissance choisie ou la décroissance subie.
Actuellement, 80% de nos richesses matérielles sont extraites du sous-sol. Mais ces ressources sont en quantité limitée donc épuisables et non renouvelables.
Yves Cochet (qui est député européen) voit bien l'avenir de l'Union Européenne comme une fédération de petites républiques non pas avec 28 gros États-nations mais peut-être avec 280 républiques locales.
Il s'inscrit là dans la philosophie politique de Claude-Adrien Helvétius (philosophe du XVIIIème siècle que j'affectionne) mais sous-estime le pouvoir centralisateur, bureaucratique, marchand, de l'Union Européenne qui a été conçue pour les industries multinationales et pour les banques :
- interdiction du contrôle des mouvements de capitaux (article 63 à 66 du Traité de l'Union Européenne);
- et interdiction aux États d'emprunter à leur banque centrale et donc obligation d'emprunter à des taux d'intérêts supérieurs aux banques privées (article 123 du Traité de l'Union Européenne);
- sans oublier l'article 42 qui incite les États-membres à se placer sous commandement militaire états-unien au sein de l'OTAN.
Tout est dans la répartition des pouvoirs en fait, puisque les termes se confondent. Doit-on donner plus de pouvoir à la structure horizontale (c'est ce que je souhaite), ou à l'inverse, à la structure verticale (l'institution fédérale).
En d'autres termes : subsidiarité ascendante ou subsidiarité descendante ?
Pour moi, toute concentration de pouvoir induit un risque d'abus de pouvoir.
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