Auteur(s): Pierre-Antoine Pontoizeau, pour FranceSoir
TRIBUNE — Est-ce un hasard si, en même temps, le parti En Marche et
le gouvernement attaquent de manière très coordonnée les trois
détenteurs des secrets qui font l'intimité et la dignité humaines dans
une société civilisée ? Depuis deux ans déjà, le secret médical a été
bafoué, obligeant chacun à des conversations sur sa vaccination. Le
rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l’Église a donné
l’occasion au ministre de l'Intérieur de remettre en cause le secret le
plus précieux de celui qui veut confesser ses péchés. "Aucune loi n'est
au-dessus de celles de La République", nous dit-il. Très récemment le
bâtonnier et doyen de l’ordre des avocats de Paris, Pierre-Olivier Sur,
s’est ému du projet de loi brisant le secret de la défense. Médecins,
prêtres et avocats seront demain des délateurs zélés en macronie.
La destruction des secrets
Il
est difficile de croire au hasard. Le viol du secret médical a été
encore souhaité concernant l'état de santé des enfants à l'école. Le
Conseil constitutionnel a temporairement préservé ce secret pour quelque
temps. Toutefois, la macronie a bien eu l'intention de faire de l'état
de santé et de cette vaccination le moyen de briser le tabou du secret
médical jusque dans l’école au profit des responsables d’établissement.
Et, le laissez-passer sanitaire entame la descente aux enfers du traçage
permanent, violant le secret de l’état de santé de chacun qui
subordonnera de plus en plus des droits.
Il est difficile de croire au hasard quand, à l'occasion du rapport
Sauvé, le ministre stigmatise les prêtres et la confession. La
République ne cohabite pas avec les cultes. Non. Elle les supervise et
sa loi s’impose sans aucun respect pour les dogmes et les pratiques
religieuses. Le temple du secret qui permet au criminel et à bien
d’autres pécheurs de soulager leur conscience n’existerait plus. Le
prêtre devra dénoncer celui qui se confesse, mélangeant les affaires de
César et de Dieu pour cette fois, alors que tous professaient : rendons à
César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu pour défendre une
laïcité n’ayant plus de compte à rendre à l’Église. Maintenant, c’est à l’Église de rendre des comptes à la République et aux prêtres de trahir le secret de la confession sous la menace des lois de la République.
Il
est difficile de croire au hasard quand le bâtonnier se sent obligé
d’écrire pour demander au ministre de l’Intérieur d’expliquer ce qu’il
en est de ce projet de loi. Il obligerait de trahir le secret de la
défense que l’avocat doit à son client : autre confession s’il en est.
La loi prévoit des exceptions au secret, qui de fait n’en sera plus un.
En effet, le financement du terrorisme, la corruption et la fraude
fiscale feraient exception. Le premier pas franchit, qui déterminera
alors les limites du secret ? La République.
Écorner les secrets au nom de la pureté, de la transparence et de l’efficacité
La
macronie et le parti En Marche dévoilent là leur vrai visage, celui
d’un authentique parti totalitaire qui veut briser toutes les libertés,
tous les secrets, tout ce qui fait l’intimité, la dignité et la primauté
de l’être humain sur l’État. En brisant le secret médical, en attaquant
le secret de la confession, en légiférant pour des exceptions au secret
de la défense, la macronie montre ce qu’elle est : un parti totalitaire
qui veut imposer sa pureté, sa transparence absolue, comme au bon temps
de Robespierre, au nom de l’efficacité et de toutes sortes de luttes
qui légitimeraient de violer toutes nos libertés.
Il n’y a que
les régimes totalitaires dans l’histoire de l’Occident qui ont pratiqué
de la sorte pour se donner tous les pouvoirs, pour briser toutes les
résistances, pour faire de chacun un individu quelconque, propriété de
l’État. L’homme dénudé, violé, sans défense, totalement vulnérable face à
un État tout puissant. Voilà le progrès, voilà le rêve étatique de la
toute-puissance de la technocratie macronienne contre chacun.
Que faut-il de plus pour entrer en lutte contre un mouvement stalino-nazi ?
Le
hasard n’existe pas. Comment pouvons-nous accepter que toute notre
civilisation humaniste soit de nouveau attaquée, comme dans les années
trente, sans réagir ? Les motifs sont les mêmes. Être efficace, lutter
contre des extrémistes et des terroristes, isoler les porteurs de
maladies. On se rappellera les juifs isolés dans leur ghetto parce
qu’ils étaient porteurs du typhus ! (CQFD ?). Ce fut le début du
cauchemar. Jusqu’où les Français peuvent-ils être aveuglés et manipulés,
retournés dans leur conscience et leurs valeurs profondes pour accepter
qu’on dise à un médecin de refuser des soins, de dénoncer un bien
portant, de violer son serment au quotidien ? Jusqu’où peuvent-ils
accepter que la République devienne la religion d’État, sans rien
au-dessus. Antigone faisant valoir les lois sacrées, de nouveau
assassinées. Quel symbole quand nous savons que des milliers de
personnes n’ont pas eu de sépulture digne de ce nom. Et les prêtres
seront comme les popes sous Staline, qui devaient collaborer, dire,
dénoncer. La macronie, demain, c’est un pouvoir où rien ne sera plus
jamais intime. Jusqu’où les avocats pourront-ils accepter de devoir eux
aussi trahir leur client ?
Comprenons-nous bien ce que fait la
macronie en cette fin de quinquennat ? Il serait important que les élus
visibles : Zemmour, les Le Pen, Dupont-Aignan, Philippot,
mais aussi à cette occasion les humanistes de droite et de gauche, se
rejoignent pour dire non à la destruction du secret. Les prétextes
fallacieux sont des pures manipulations. Sans secret, chacun devra
rendre des comptes de tout pour tout selon les caprices d’un État qui
décidera seul de ce qui est bien ou non. Le secret est au centre de la
dignité de la personne humaine. Il est capital pour une civilisation de
liberté. Il est tellement crucial que ces attaques coordonnées ne
laissent planer aucun doute sur le projet autoritaire-totalitaire de
ceux qui nous gouvernent. Le secret est absolu, il n’a pas d’exception.
Alors,
soyons au clair dans nos têtes. L’avocat doit-il dénoncer son client,
le prêtre son paroissien et le médecin son patient ? Pensez une seconde
qu’il suffit de changer le motif pour que tout cela devienne
instantanément une vraie dictature. Dénoncer ceux qui pensent ceci,
dénoncer ceux qui pratiquent cela, dénoncer les libres penseurs, les
chrétiens, les récalcitrants de toute sorte, les non-vaccinés
aujourd’hui, les consommateurs d’alcool demain, ou les conducteurs à
essence encore après. "Qui veut faire l’ange fait la bête", disait
Pascal. Il faut redouter cette quête de la société pure et parfaite qui
nous a conduit, déjà, à la Terreur révolutionnaire, au Goulag et aux
camps de concentration.
Source : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/les-secrets-en-marche-et-ses-gros-sabots
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire