lundi 3 avril 2017

Mélenchon, Poutou, Arthaud : ce qui les différencie

Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon et Nathalie Arthaud.
Le créneau de la gauche radicale est occupé par trois candidats aux idées a priori communes. Mais derrière le combat anti-libéral et la défense des travailleurs se cachent de véritables lignes de fracture.
«Un camp social archi-divisé». Au micro de France Inter, mardi, Philippe Poutou, reconnaissait que le créneau de la gauche radicale était déjà bien encombré. De fait, les différences entre ses positions et celles de Nathalie Arthaud sont bien floues pour les non-initiés. Quant à la question de savoir pourquoi les deux ne se rallient pas à Jean-Luc Mélenchon, elle revient régulièrement dans la bouche des intervieweurs. Rude mission, en effet, que d'expliquer les distinctions fondamentales entre les trois qui empêchent la mise en commun de leurs idées.

● Des divisions sur l'héritage communiste

Dimanche, au meeting de Nathalie Arthaud, à Aubervilliers (93), l'évocation du nom de Philippe Poutou provoquait une moue désapprobatrice chez les sympathisants de Lutte Ouvrière (LO). Les différences entre leur candidate et celui du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ne sautent pourtant pas aux yeux. Pour l'assemblée présente, la distinction se fait en un point essentiel: l'emploi ou non du mot «communisme». Eliès, 16 ans, reproche au NPA d'avoir «retiré le terme communiste. Nous, (Lutte Ouvrière, ndlr) à on a pas à mentir sur ce qu'on est pour appâter des voix». À chaque meeting, sur le pupitre, un écriteau stipule en grosses lettres: «Nathalie Arthaud, candidate communiste».
Le NPA s'est jadis appelé la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). En 2009, celle-ci s'auto-dissout pour agréger un faisceau plus large de combats: l'anticapitalisme d'abord mais aussi l'antiracisme, l'écologie en passant par le féminisme et le socialisme. L'occasion d'ôter le mot «communisme» qui fait tâche: «c'est associé à l'URSS et ce n'est pas un modèle pour nous», rappelle Alain Krivine, deux fois candidat LCR à la présidentielle (1969 et 1974).
Comme en 2012, le Parti communiste français (PCF) s'est mis au service de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle sous l'étiquette de La France Insoumise. Toutefois, le PCF n'a plus rien de révolutionnaire, Lutte Ouvrière l'accuse même d'être un parti «bourgeois». La base militante du PCF a choisi, en novembre, de soutenir celui qui veut «mettre fin aux diktats des logiques financières au profit de l'humain» et qui, pour ne rien gâcher, est en mesure de réaliser un score à deux chiffres. Nulle référence à l'URSS dans les discours de Mélenchon qui préfère se concentrer sur les expériences strictement françaises: 1789, la constitution jacobine de Robespierre en 1793, la Commune de Paris ...

● Des champs d'action et des objectifs différents

Sur le papier, NPA et LO veulent renverser l'État et ce, en menant bataille hors du cadre des institutions: dans la rue. Mais le choix du terrain des luttes diffère selon les partis. Du côté de LO, le combat se situe dans les usines, tandis qu'au NPA l'on milite aussi bien du côté des ZAD de Bure ou de Notre-Dame des Landes.
Dans son programme, Philippe Poutou expose les problèmes de la société puis liste rouge sur blanc les solutions: 100% d'énergie renouvelables en 2050, désarmement de la police française, légalisation du cannabis, égalité des salaires hommes-femmes, etc...
Du côté de Nathalie Arthaud, chaque problème est résolu par une seule et même solution: l'avènement du communisme. Pour Pierre Royan de LO, le mot est donc tout sauf bénin «C'est fondamental. Car derrière les mots, ce sont des idées et lorsque les opprimés prennent conscience de ces idées, elles deviennent des armes». Il relève que le NPA «noie la lutte des classes dans d'autres combats».
Chez Jean-Luc Mélenchon, le programme l'Avenir en commun est ficelé depuis fin 2016 et propose pour chaque problème une série de «mesures» destinées à le régler. Si le député européen a pour habitude de soutenir les grèves et les diverses manifestations comme celles contre la loi Travail, son principal domaine d'action reste la politique institutionnelle. Avec un objectif: prendre le pouvoir.

● Les «références nationalistes» de Mélenchon unanimement dénoncées

Nathalie Arthaud et Philippe Poutou militent dans l'ombre de la figure majeure de la gauche radicale: Jean-Luc Mélenchon qui frôle les 14% dans les sondages et fédère, des souverainistes au Parti communiste. Alain Krivine rappelle que Jean-Luc Mélenchon est «fondamentalement institutionnel» et que là réside leur «vrai désaccord» même s'il dit ne pas «le considérer du tout comme un ennemi».
Sur le site du NPA, figure tout de même un communiqué qui taxe Mélenchon de «références nationalistes». Il lui est reproché de plus parler qu'aux Français, de jouer au «sauveur suprême», de faire entonner La Marseillaise et agiter les drapeaux bleu-blanc-rouge à ses meetings. «Le drapeau tricolore c'est la révolution française mais c'est aussi la guerre d'Algérie», soupire Alain Krivine.
LO se montre plus acerbe encore contre Mélenchon: Nathalie Arthaud lui reproche «d'opposer les pays les uns les autres» et donc, de bafouer l'Internationale ouvrière. La candidate communiste se dit «écœurée» des «accents nationalistes» du leader de la France Insoumise.

Source  : http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/03/29/35003-20170329ARTFIG00136-melenchon-poutou-arthaud-ce-qui-les-differencie.php
Vidéo supplémentairehttp://video-streaming.orange.fr/actu-politique/nathalie-arthaud-et-philippe-poutou-quelles-differences-entre-lo-et-le-npa-VID0000000Ihht.html

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