J'ai posé la question à une de mes relations (qui s'apparente à un stéréotype puisqu'elle "vérifie" ses informations auprès de Conspiracy Watch ...) sur la définition qu'elle donnait au mot "complotiste" (un mot qu'elle emploie régulièrement) :
- "Est-ce que ce mot recouvre un aspect psychiatrique ou bien désigne-t-il des opposants politiques ?"
Voici les liens qu'elle m'a fournis pour répondre à ma question.
1) https://www.caminteresse.fr/histoire/dou-viennent-les-theories-du-complot-168255/
2) https://www.clemi.fr/fr/ressources/nos-ressources-pedagogiques/ressources-pedagogiques/dou-viennent-les-theories-du-complot.html
3) https://mastersts.hypotheses.org/290
Dans ma méthodologie, la première chose que je vérifie est "Qui me parle ?". Un journal, une station de radio ou une chaîne de télévision a bien un propriétaire. Le journaliste qui s'exprime est conforme à l'esprit de ce média, sinon il est licencié et devient chômeur. C'est donc le propriétaire, l'idéologie de ce média, qui m'intéresse. L'information est disponible dans Le Monde Diplomatique, ici : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA#&gid=1&pid=1
Dans le cas de "Ça m'intéresse", le magazine de vulgarisation scientifique appartient à Prisma Media qui est à 100% la propriété de Vivendi qui est à 27% la propriété du groupe Bolloré (actionnaire principal) qui est la propriété de Vincent Bolloré (milliardaire français, 14ème fortune de France). L'article parlant des "complotistes" n'étant pas un article scientifique (objectif) mais un article politique, il reflète une opinion subjective. C'est ce que Vincent Bolloré souhaite transmettre à ses lecteurs. Il s'inscrit dans ce qu'Etienne Chouard nomme "Pravda des milliardaires" (pravda signifiant "vérité" en russe) en référence à l'organe officiel de propagande de l'ancienne Union Soviétique.
La deuxième source, CLEMI, le Centre pour L’Éducation aux Médias et à l'Information, est un service du Réseau Canopé, opérateur public sous tutelle du ministère français de l'Éducation nationale, donc sous autorité du Ministre de l’Éducation Nationale, lui-même sous l'autorité du Premier Ministre, et enfin du Président de la République. C'est un organe (parmi d'autres) de la propagande officielle ; en l'occurrence celle destinée aux élèves par l'intermédiaire des enseignants. L'article est signé Damien Leloup, journaliste au Monde, c'est-à-dire un employé des propriétaires du journal Le Monde, à savoir : du milliardaire français Xavier Niel (13ème fortune de France), du milliardaire tchèque Daniel Křetínský et du banquier Mathieu Pigasse.
La troisième et dernière source est "Contrepoints - Le carnet du master « Sciences-société » - Université de Strasbourg" présenté comme des réflexions, partages, idées adossées à la recherche en études de
sciences, des étudiant·e·s du master « Sciences-société » de
l'université de Strasbourg. L'article intitulé "Causes et motivations du complotisme" est signé Guilhem Fuchs ; et c'est le seul article qu'il a publié dans ce carnet collectif. Ce n'est donc pas un article universitaire (au sens professoral), comme j'aurais pu le croire a priori, mais un article personnel rédigé par un étudiant d'université.
Contenu des articles :
Les deux premiers articles sont, à peu de choses près, des listes de ce que les auteurs nomment des "théories du complot" ; sous-entendant qu'elles sont toutes fausses, sans démontrer pourquoi.
Voici une liste des "théories" pré-supposées fausses (et présentées dans ce but de façon caricaturale/simpliste) :
- le coronavirus est créé par Bill Gates dans le but de nous injecter un vaccin bourré de nanoparticules qui seront activées par
la 5G.
- le Pizzagate et les élites américaines pédophiles dont le couple Clinton et
ses proches accusés depuis 2013 de prendre part à des fêtes pédophiles dans une pizzeria de
Washington.
- Le covid ? Un coup des lobbys de l’industrie pharmaceutique (« Big Pharma ») qui veulent s’emparer de nos cerveaux
- Les masques ? Les tests PCR ? Ils nous empoisonnent !
- les Illuminati ; un sujet que le magazine Ça m'intéresse détaille
En latin, illuminati signifie « illuminés », au sens d’«
éclairés par la connaissance ». Mais avec 30 millions d’entrées sur
Google, le mot cristallise aujourd’hui à lui seul deux siècles de
fascination-répulsion pour la culture du secret et l’ésotérisme, naguère
assumés par des entités (jésuites, templiers,
kabbalistes, rose-croix, Sages de Sion, etc.) que les Illuminati ont
supplantées. Un mythe à la postérité aussi durable qu’a été éphémère
l’existence des Illuminati de Bavière entre 1776 et 1785.
Historiquement, cette franc-maçonnerie dissidente, parmi bien d’autres,
est fondée par un obscur théologien allemand converti aux idées
rationalistes des Lumières (d’où leur nom). Elle est dissoute par le
prince de Bavière sans avoir dépassé quelques centaines d’adeptes. La
seconde vie des Illuminati, purement fantasmatique cette fois, débute
en 1797 en France sous la plume de l’abbé jésuite Augustin Barruel. Dans
un pamphlet contre-révolutionnaire (Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme), il dénonce une conjuration de la franc-maçonnerie
contre le roi et l’Église derrière la Révolution française. Il n’est
pas le premier. Mais sa grande innovation consiste à faire intervenir,
derrière les maçons, la « secte » (le mot est de lui) des Illuminati
agissant à l’insu des loges officielles dans des arrière-loges occultes.
Barruel invente la structure à étages de la conspiration, qui sépare
les acteurs visibles – idiots utiles – des vrais maîtres, invisibles. Il
crée ainsi le logiciel à succès du récit complotiste tel qu’il se
renouvelle jusqu’à nos jours, adaptable à volonté, capable de conquérir
des audiences allant de l’extrême-droite à l’extrême-gauche. Par une
sorte de copier-coller commode, les Illuminati deviennent donc les stars
du genre. Ils restent, en 2021, l’une des clés de voûte du méga-complot
d’un « nouvel ordre mondial ».
- la conférence Bilderberg qui dirige en secret le monde. Créé en 1954, en
pleine guerre froide, par le milliardaire américain David Rockefeller,
l’ancien diplomate polonais Joseph Retinger et le prince Bernhard des
Pays-Bas, ce club ultra-fermé (et réel) reçoit les dirigeants politiques
et les magnats de l’économie (de Margaret Thatcher à Bill Clinton, en
passant par Angela Merkel, Emmanuel Macron ou les PDG de Total et
d’Amazon)
- Avec le masque, vous risquez de vous empoisonner au dioxyde de carbone ! C’est un piège à microbes ! Il fait aussi chuter le taux d’oxygène dans le sang…
- Le port obligatoire du masque
dans l’espace public, emblématique de la crise liée à la Covid, suscite
des rumeurs portées par des discours contestataires fortement
médiatisés.
- les chemtrails, ou « traînées chimiques ».
- les tests PCR qui mettraient la barrière hémato-encéphalique en danger…
- Des enfants seraient victimes d’un vaste réseau de pédophiles riches et
puissants. Ceux-ci prélèveraient le sang de leurs esclaves sexuels afin
de produire une substance anti-vieillissement, l’adrénochrome, destinée à
l’élite mondiale. Élite qui serait… sataniste !
- Ceux qui, dans l’ombre, tirent les ficelles, auraient fabriqué le coronavirus avec un but caché : imposer à la population les vaccins à ARN messager,
une nouvelle technologie qui implanterait, ni vu ni connu, des
micropuces dans notre organisme. Après cela, il n’y aurait plus qu’à
activer le réseau des antennes 5G récemment déployées (drôle de hasard
!) pour nous contrôler ! L’objectif est de nous ficher, mais aussi de
s’emparer de notre cerveau pour nous transformer en esclaves du « nouvel
ordre mondial ».
- les attentats du 11 septembre 2001 ou commis au cours l’année 2015 en France ont donné naissance à des dizaines d’entre elles.
- des siècles d’assassinats politiques nourrissent l’idée que JFK a pu
être tué par la CIA ou le FBI,
- et l’existence des programmes de
surveillance d’Internet de la NSA (National Security Agency) américaine a
facilité le développement de théories du complot sur la 5G.
Le troisième article répond à mon attente de définition du terme "complotisme". Il est en deux parties et définit le complotisme comme des "critiques adressées à la science moderne et aux gouvernements actuels."
1) La première partie associe le terme "complotisme" aux pseudo-sciences et affirme que la théorie la plus caractéristique est le "platisme". Cette théorie est détaillée et, en fin de chapitre, l'auteur évoque aussi le "créationnisme". De façon simpliste, il oppose donc science à croyance religieuse, et associe complotisme à cette dernière (c'est-à-dire à une croyance non-scientifique).
2) La deuxième partie considère naïvement que "les institutions étatiques se reposent en grande partie sur la production de résultats scientifiques". Comme, selon l'auteur, les "complotistes" ont de la défiance vis-à-vis de la science, il en ont aussi vis-à-vis des gouvernements qui, eux, seraient "scientifiques". Cette partie traite de la suspicion vis-à-vis d’un contrôle gouvernemental, doublé de l'accusation portée envers les institutions de falsification et de dissimulation.
Le complotisme serait donc la conséquence de l'incrédulité vis-à-vis de la science moderne.
C'est enfantin.
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