Le 11 septembre 1990, le président George H. W. Bush a prononcé devant
le Congrès un discours historique dévoilant une idée qui a été pendant
longtemps considérée comme irréaliste : «Nous nous trouvons aujourd’hui à
un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe
Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare de s’orienter vers
une période historique de coopération. De cette période difficile, notre
cinquième objectif, un nouvel ordre mondial peut voir le jour : une
nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche
de la justice et plus sûre dans la quête de la paix.» Depuis, l’idée
d’un nouvel ordre mondial, régi par des lois communes, a été médiatisée.
Un projet aussi important ne peut naître du jour au lendemain bien
évidement, c’est le fruit des travaux successifs et accumulés de
plusieurs hommes de pouvoir qui se sont succédé pendant plusieurs
années. Après la destruction des deux tours de Wall Streets, le
lendemain du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont estimé qu’il était
urgent d’accomplir le projet, ils ont décidé alors de passer la vitesse
supérieure. Selon le professeur Pierre Hillard, auteur du livre La
marche irrésistible du nouvel ordre mondial paru au éditions
François-Xavier de Guibert en 2007, «le but est de créer de grands blocs
géo-économiques standardisés européens, nord-américains,
sud-américains, asiatiques, etc. au sein desquels les nations seraient
broyées et dont la réunion constituerait l’armature d’une gouvernance
mondiale.»
Dans le meilleur des mondes qu’on nous promet, la politique mondiale
sera approuvée par une Assemblée parlementaire au sein des Nations unies
(APNU) (voir le site officiel de l’ONU www.unpacampaign.org). En ce qui
concerne le système financier, le FMI a déjà annoncé la monnaie
planétaire (le Bancor) qui sera gérée par une Banque centrale mondiale
«Reserve accumulation and International Monetary Stability» (voir le
rapport du FMI publié le 13 avril 2010). Quant à la sécurité, elle sera
assurée par une armée internationale nommée OTAN. Cependant, le projet
ne peut pas être concrétisé sans uniformiser les peuples en leur
imposant la même culture qui les amène à adopter la même tournure
d’esprit favorable au gouvernement mondial.
Des blocs continentaux supranationaux
Si l’on y réfléchit bien, la lecture du professeur Pierre Hillard est
tout à fait cohérente. Une union nord-américaine (UNA) composée du
Canada, des États-Unis et du Mexique, sur le modèle de l’Union
européenne a fait débat en mars 2005 entre les chefs d’Etat des pays
concernés. Les médiats américains commencent à parler d’un éventuel
référendum ayant pour but la fusion des trois pays. L’Union des nations
sud-américaines (Unasur) s’inspire également de l’Union européenne. Elle
regroupe douze Etats d’Amérique du Sud, le traité constitutif a été
signé le 23 mai 2008. Le continent africain n’a pas échappé non plus au
phénomène. L’Union africaine (UA) a été créée en 2002 à Durban en
Afrique du Sud, elle aussi est copiée sur le modèle européen.
Au Moyen-Orient, le 25 mai 1981, sous la pression des Etats-Unis, le
Conseil de coopération du Golfe (GCC) a vu le jour. Il avait pour
objectif d’imposer une politique identique aux six monarchies du Golfe :
Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis.
Le Conseil se rapproche de plus en plus du modèle de l’Union européenne.
Dans ce contexte, afin de stopper la progression du projet de l’Empire
anglo-saxon, le 4 octobre 2011, le Premier ministre russe, Vladimir
Poutine, a exprimé sa volonté de créer une Union eurasiatique
supranationale qui serait capable de devenir l’un des pôles les
importants au monde. Mais, il n’empêche que ce n’est pas une solution en
faveur des Etats.
En luttant contre le gouvernement mondial, il ne faut surtout pas
dissoudre les Etats dans de grands blocs continentaux, sinon on aboutira
au même résultat, la mort de la souveraineté nationale. Pour le moment,
l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) créée le 15 juin 2001,
regroupant six pays membres (Russie, Chine, Kazakhstan, Kirghizistan,
Tadjikistan Ouzbékistan) et quatre pays observateurs (Iran, Inde,
Pakistan, Mongolie) reste l’une des rares unions non supranationales qui
lutte0 contre le gouvernement mondial.
L’Union européenne, un laboratoire d’essais
En 1998, Roger Garaudy a publié un livre singulier aux éditions Vent du
large. L’auteur de « L’Avenir, mode d’emploi » parle, sans aucun
embarras, d’une occupation politique de l’Europe : « Depuis
l’acceptation du traité de Maastricht (07 février 1992), plus de 70% des
décisions politiques fondamentales ne sont plus prises par le Parlement
mais par les commissions de technocrates de Bruxelles qui n’ont à
répondre devant personne, sauf devant douze premiers ministres se
réunissant quelques heures tous les six mois pour entériner des
orientations décidant du destin de 340 millions de personnes. » En
réalité, Roger Garaudy a tout à fait raison. Rappelons-le, le traité de
Lisbonne (13 décembre 2007), passé en France par voie parlementaire et
non par référendum, a confirmé la primauté du droit européen sur le
droit national. Aujourd’hui, l’Union européenne peut signer des traités
reconnus internationalement sans le moindre avis des citoyens. L’éminent
philosophe français n’hésite pas à dire que l’Europe de Maastricht est
une Europe américaine.
En effet, le 8 mars 1992, le New-York Times a publié un document émanant
du Pentagone où l’on pouvait lire : « Le département de la Défense
affirme que la mission politique et militaire des Etats-Unis, dans la
période de l’après guerre froide, sera de s’assurer qu’il ne soit permis
à aucune superpuissance rivale d’émerger en Europe occidentale, en
Asie, ou sur le territoire de la C.E.I. (Communauté des États
indépendants). La mission des Etats-Unis sera de convaincre les rivaux
éventuels qu’ils n’ont pas besoin d’aspirer à un rôle plus important ni
d’adopter une position plus agressive, les dissuader de défier notre
suprématie ou de chercher à renverser l’ordre politique et économique
établi. »
La Rive Sud de la Méditerranée annexée à l’Europe
Le 12 mai 2004, la Commission des communautés européennes a déclaré : «
Le concept qui se trouve ancré dans la politique européenne de voisinage
est celui d’un cercle de pays partageant les valeurs et objectifs
fondamentaux de l’Union européenne et s’engageant dans une relation de
plus en plus étroite allant au-delà de la coopération, c’est-à-dire
impliquant un niveau d’intégration économique et politique important. »
En fait, la politique européenne de voisinage a été lancée en 2003 suite
aux résultats insatisfaisants du Processus de Barcelone déclenché en
1995. En 2007, les européens ont décidé d’accélérer leur démarche en
créant l’Union pour la Méditerranée. L’objectif affiché sur la vitrine
était renforcer la coopération entre l’Union européenne et les pays du
Maghreb et du Proche-Orient.
Cependant, l’Allemagne voulait à tout prix être le leader du bloc
européen dans le nouvel ordre mondial. Le 02 juillet 2004,
l’hebdomadaire allemand Der Spiegel raconte que, lors de la 40è
Conférence de Munich sur la politique de sécurité dans le cadre de
l’OTAN, Joschka Fischer, ministre allemand chargé des affaires
étrangères a déclaré que l’Union européenne et les États-Unis devraient
combiner leurs compétences pour mettre en œuvre une nouvelle initiative
afin de mieux gérer leurs intérêts aux Moyen-Orient. Joschka Fischer
souhaitait commencer, dans un premier temps, un processus méditerranéen.
Voici les points qu’il voulait aborder : la sécurité, la politique,
l’économie, le droit, la culture et la société civile.
Le Moyen-Orient sur la trace de l’Europe
A l’instar de l’Europe, le Moyen-Orient doit être remodelé. De fait, il
faut diviser certains Etats pour mieux sculpter le bloc continental.
Dans son article «La manipulation du Kosovo », publié le 17 août 2008
sur le site Mecanopolis, le professeur Pierre Hillard a écrit : «Il
serait ridicule de croire, parce que l’on est musulman, que
l’indépendance du Kosovo est un gage donné à l’Islam. Premièrement, les
Kosovars sont à peu près aussi pratiquants que les Ardèchois, et,
surtout, parce que la proclamation unilatérale de l’indépendance du
Kosovo a été mise en scène par les médias atlantistes, et que cette
décision n’a pas été prise par les intéressés, mais par l’Allemagne et
les Etats-Unis. La destruction de la fédération de Yougoslavie entre
dans un vaste plan de recomposition territoriale et économique des
Balkans en liaison avec la Mer noire et le Proche-Orient.» À présent, on
essaye de nous vendre la bombe nucléaire en Iran (du copier coller de
ce qu’on avait fait pour l’Irak) et l’instauration de la démocratie en
Syrie (du copier coller de ce qu’on avait fait pour la Libye).
En réalité, l’Empire anglo-saxon veut redessiner la carte du
Moyen-Orient. Pour cela, il doit avant tout anéantir la résistance la
plus solide représentée par l’Iran et ses alliés : le Hizbollah, la
Syrie et le Jihad islamique palestinien. Il est devenu urgent de
l’anéantir, car elle gagne de plus en plus du terrain au détriment
d’Israël, la base avancée de l’Empire, selon l’expression de Jacob Cohen
l’auteur du livre Le printemps des Sayanim, publié aux éditions
L’Harmattan en 2010. Un système d’intoxication médiatique a été mis en
place, le mot d’ordre est la diabolisation de l’Iran. On essayera de
nous présenter les chiites comme les méchants et les sunnites comme les
bons.
Les musulmans doivent s’entretuer au profit de l’Empire. Les mercenaires
et les idiots utiles animeront volontiers le Colisée. L’Empire fera
d’une pierre deux coups, l’opposition la plus solide sera éliminée et
les Russes et les Chinois devront se soumettre ou du moins négocier, car
les mondialistes auront sous contrôle la plupart des réserves
d’hydrocarbures ainsi que les voies de communication, notamment le
détroit d’Ormuz et le Canal de Suez.
Le Vatican II de l’Islam
Une fois qu’on aura neutralisé la résistance, les promoteurs du nouvel
ordre mondial essayeront de réformer l’Islam et de le soumettre à
l’idéologie mondialiste. On dira aux musulmans : «Vous n’avez qu’un
choix entre l’Islam intégriste (religion des chocs des civilisations,
made in CIA) et l’Islam mondialisé (nouvelle religion, made in CIA).»
C’est pourquoi, nos éminents cheikhs de zaouia, qui se sont transmis
leur savoir de père en fils depuis la naissance de l’Islam, sont
appelés, plus que jamais, à promouvoir la vraie spiritualité de l’Islam.
Dans son article «Le nouvel ordre mondial à l’assaut de l’Islam», paru
le 28 mars 2011 sur le site Mecanopolis, le professeur Pierre Hilliard a
écrit : «Parler de l’intégration du monde musulman à l’axe
euro-atlantique et aux principes du nouvel ordre mondial signifie que
cela ne peut se faire qu’à la condition de modifier radicalement leurs
référents religieux, et, par ricochet, politiques, économiques, sociaux
et psychologiques. La mystique mondialiste veut imposer son baptême
permettant la mise en forme d’un panthéisme. La création d’un «Etat
sacré de l’Islam» et d’un (Conseil représentatif tournant) en mesure de
modifier la religion de l’intérieur correspond à l’instauration d’un
Vatican II de l’Islam.» Le futur pape des musulmans, ou plutôt khalife
est censé les exhorter à ratifier l’idéologie du nouvel ordre mondial au
niveau du parlement mondial des religions prévu à Bruxelles en 2014
(voir le site officiel www.parliamentofreligions.org).
Demain quelle culture ?
La culture représente un pilier important sans lequel l’édifice du
nouvel ordre mondial ne peut se tenir droit. Les mondialistes ont un
objectif clair : des citoyens du monde indifférenciés, des citoyens pour
qui le profit est une fin en soi, des citoyens qui consomment tous
pareil comme du bétail, des citoyens abrutis par la télévision, des
citoyens programmés à la soumission par les nouvelles religions. Dans le
nouveau monde, il est interdit d’avoir comme références des personnes
comme l’Emir Abdelkader ou Lala Fathma Nsumer. Dans le nouveau monde,
les idoles de la masse sont des joueurs de football et des chanteurs de
pop.
Tel est le dessein machiavélique tramé par des groupes de pression qui,
sous couvert de démocratie et de respect des droits de l’homme,
fomentent pour l’asservissement total de l’espèce humaine au service
d’une poignée de néo-prophètes des temps modernes qui ont jugé le moment
propice de faire main basse sur tout ce qui bouge. Mais allons-nous
tous succomber aux sirènes du nouveau désordre mondial ? L’un des plus
fervents opposants au mondialisme de nos jours, le sociologue Alain
Soral, auteur du best-seller Comprendre l’Empire, publié aux Éditions
Blanche en 2011 avoue qu’il ne croit guère aux nations refermées sur
elles-mêmes et soutient que la résistance passe par des nations à la
fois souveraines et solidaires. Alain Soral a tout à fait raison, la
solution serait une coopération entre les Etats opposés au gouvernement
mondial tout en respectant l’histoire et la culture de chacun d’entre
eux.
Source : https://www.elwatan.com/archives/contributions-archives/le-mondialisme-en-guerre-contre-le-nationalisme-27-05-2012