jeudi 27 mai 2021

A la façon de Jacques Attali, le "prophète"


L'authenticité du texte fait polémique comme on peut le lire dans les commentaires rédigés par des internautes : https://www.amazon.fr/LAvenir-vie-Salomon/dp/222150237X

Jacques Attali a bien entendu démenti avoir jamais écrit ce texte et l'AFP a rapporté sa déclaration.  Mais certains internautes prétendent que ce passage était présent dans la première édition du livre (aujourd'hui introuvable). 

Le mieux est d’aller vérifier ce qu’il a écrit en 1981 ; selon l’expression latine d’Horace « verba volant, scripta manent » (les paroles s’envolent, les écrits restent).

Dans la deuxième édition de "L’avenir de la vie" - Entretiens avec Michel Salomon, collection Les Visages de l’avenir, éditions Seghers, 1981, voici ce que l'on peut réellement trouver :

A la page 273, on retrouve un bref passage de la citation :

« Dès qu’on dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société. »

Pages 274-275, Jacques Attali dit :

« L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures. Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste, c’est la liberté et la liberté fondamentale, c’est le suicide ; en conséquence le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société. Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettent d’éliminer la vie lorsqu’elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la vie future. »


 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour info et en réponse à ceux qui s'interrogent, il y a eu une seconde édition du livre de Michel Salomon, expurgée des éléments les plus dérangeants. Les propos cités dans ce post et attribués au bienfaiteur de l'humanité Attali, ne figurent plus dans la nouvelle édition du livre, devenu d'ailleurs bizarrement "introuvable".

Anonyme a dit…

J'ai acquis cet ouvrage pour l'interview de Attali, de plusieurs pages, dans lequel ce grand économiste et ancien conseiller du président François Mitterrand, recommande, en tant que socialiste (je cite), que les retraités soient euthanasiés avant qu'ils ne constituent une charge trop lourde pour la société industrielle que nous vivons.

Anonyme a dit…

Dans ce recueil d'entretiens, Jacques Attali développe un certain nombre d'opinions et d'analyses personnelles qui peuvent effectivement donner matière à débat.
Il est inexact d'affirmer que Jacques Attali ait pu appeler dans ce livre au "génocide des vieux".

En revanche, force est de reconnaître que Jacques Attali s'est attaché à y présenter la perspective de l'euthanasie et/ou de l'assistance au suicide des personnes âgées comme une réalité incontournable et indiscutable, quels que puissent être les choix de société effectués par ailleurs.

Au coeur de l'analyse de Jacques Attali, on retrouve l'idée que, dans un futur proche, les considérations financières devraient fort logiquement prendre l'ascendant sur le principe du respect intangible de la vie humaine.

Raisonnant "en terme de coûts pour la collectivité", Jacques Attali est convaincu que, "du point de vue la société, il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle ne se détériore progressivement".

Jacques Attali pense de ce fait que l'euthanasie, "qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future", permettant ainsi de supprimer la vie "lorsqu’elle sera [devenue] trop insupportable ou économiquement trop coûteuse".

Vous trouverez ci-dessous de longs extraits de la conversation entre Jacques Attali et Michel Salomon dont il est question ici. Je vous invite à prêter attention aux séquences dans lesquelles Jacques Attali utilise les formules "je crois", ou encore "je pense" :

Extraits (p.268-274) :

« Mais dès qu’on dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société.

D’où je crois que dans la logique même de la société industrielle, l’objectif ne va plus être d’allonger l’espérance de vie, mais de faire en sorte qu’à l’intérieur même d’une durée de vie déterminée, l’homme vive le mieux possible mais de telle sorte que les dépenses de santé seront les plus réduites possible en terme de coûts pour la collectivité.

Alors apparait un nouveau critère d’espérance de vie : celui de la valeur d’un système de santé, fonction non pas de l’allongement de l’espérance de vie mais du nombre d’années sans maladie et particulièrement sans hospitalisation.

En effet, du point de vue de la société, il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle ne se détériore progressivement.

C’est parfaitement clair si l’on se rappelle que les deux tiers des dépenses de santé sont concentrées sur les derniers mots de vie.

De même, cynisme mis à part, les dépenses de santé n’atteindraient pas le tiers du niveau actuel (175 milliards de francs en 1979) si les individus mouraient tous brutalement dans des accidents de voiture.

Ainsi force est de reconnaître que la logique ne réside plus dans l’augmentation de l’espérance de vie mis dans celle de la durée de vie sans maladie. (...)

L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures.

Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste c’est la liberté et la liberté fondamentale c’est le suicide ; en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société.

Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d’éliminer la vie lorsqu’elle sera trop insupportable ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante.

Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future. "