Auparavant
ouverte à tous les enfants, l’instruction en famille (IEF) fait, depuis
la rentrée 2022, l’objet d’une demande d’autorisation préalable suite à
la loi « séparatisme » de 2021. A partir de la rentrée, il va être très
compliqué pour les familles de faire l'école à la maison. Face à cette
attaque d'un droit constitutionnel, 57 familles ont décidé de rentrer en
résistance, dont certaines sont poursuivies en justice à ce motif.
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En
2021, la loi « séparatisme » était votée et entérinait définitivement
la privation de l’instruction en famille. Ce texte avait profondément
révolté les familles ayant choisi ce mode d’éducation qui évoquaient
«une atteinte grave et particulièrement injuste à une liberté publique,
qui générerait beaucoup de souffrances et une perte de chance pour notre
pays». | Après
une mise en application à la rentrée de septembre 2022 qui incluait
tout de même un régime dérogatoire assoupli pour les enfants pratiquant
déjà l’IEF, leur permettant alors d’obtenir une autorisation de
plein-droit, la réforme finale entrera en vigueur au mois de septembre
2024. Aujourd’hui, selon les chiffres de l’Institut des hautes études de
l’éducation et de la formation, on estime qu’entre 50 000 et 60 000
enfants sont instruits en famille. | À
compter du 1er mars et jusqu’au 31 mai, toutes les familles souhaitant
faire bénéficier à leurs enfants de l’école à la maison ’devront déposer
des demandes d’autorisation préalables selon quatre critères définis et
restrictifs. | Dès
septembre 2024, il faudra désormais justifier de « l’état de santé de
l’enfant ou son handicap », de « la pratique d’activités sportives ou
artistiques intensives», de «l’itinérance de la famille en France ou
l’éloignement géographique de tout établissement scolaire public », ou
de «l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet
éducatif ». | Ce
dernier concernant ainsi toutes les familles souhaitant pratiquer l’IEF
pour des raisons personnelles, idéologiques, morales, philosophiques…
finalement libertaires, individuellement, comme collectivement. Face à
ce qu’elles considèrent comme une injustice, les associations et
collectifs ont tenté de rentrer en contact avec les députés, les
services académiques, et « rétablir la vérité », mais en vain. | «
Certaines décident de quitter le pays, ça va jusque là. D’autres
scolarisent leurs enfants contre leur gré, mais c’est une démarche
difficile. Des familles choisissent de passer hors radar et d’autres de
s’opposer frontalement en entrant en désobéissance civile », détaille
Marianne Cramer, qui se trouve dans cette situation, comme 56 autres
familles en France. « Ce n’est pas évident, il faut être assez solide
pour s’afficher et ça fait peur, puisque la menace sous-jacente, c’est
que l’on nous retire nos enfants. » | Pour
les familles, assumer de faire l’école à la maison est une prise de
position politique et ne les concerne pas exclusivement. Il s’agit bien
là de défendre une liberté, collective, qui leur paraît « cruciale pour
la démocratie ». | Cet
acte fort d’opposition à la loi a d’ailleurs valu à 28 d’entre elles
d’être poursuivies pénalement. Deux procès en tribunal correctionnel ont
eu lieu, où les quatre parents se sont vus condamnés respectivement à
des amendes avec sursis de 500 euros par personne et 300 euros par
personne. « On constate que les peines sont légères, car le risque
encouru est de 7500 euros d’amende et 6 mois d’emprisonnement. Cela
démontre à quel point les juges ne savent pas quoi faire de nous. Ils ne
peuvent que constater que l’on ne met pas en danger nos enfants. Il y a
deux ans encore, on les éduquait simplement à la maison », précise la
membre d’Enfance Libre pour La Relève et La Peste. |
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