mardi 26 juillet 2022

La pensée de Bakounine

 

Bakounine pose dans ses écrits les fondements du socialisme libertaire. L'idée centrale de Bakounine gravite autour de la liberté, bien suprême que le révolutionnaire doit rechercher à tout prix. Pour lui, à la différence des penseurs du siècle des Lumières et de la Révolution française, la liberté n'est pas une affaire individuelle mais une question sociale.

Dans Dieu et l'État, publié à titre posthume par ses amis Elisée Reclus et Carlo Cafiero, il réfute Jean-Jacques Rousseau : le bon sauvage (qui aliène sa liberté à partir du moment où il vit en société) n'a jamais existé. Au contraire, c'est le fait social qui crée la liberté : « La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d'autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. » La véritable liberté n'est pas possible sans l'égalité de fait (économique, politique et sociale). La liberté et l'égalité ne peuvent se trouver qu'en dehors de l'existence d'un Dieu extérieur au monde ou d'un État extérieur au peuple. L'État, le Capital et Dieu sont les obstacles à abattre.

L'hostilité de Bakounine (et bien sûr de l'ensemble des anarchistes) envers l'État est définitive. Il ne croit pas qu'il soit possible de se servir de l'État pour mener à bien la révolution et abolir les classes sociales. Qu'il s'agisse d'un État ouvrier, du gouvernement des savants ou des « hommes de génie couronnés de vertu » comme il l'écrit au cours de sa polémique contre Mazzini, l'État, quel qu'il soit, est un système de domination qui crée en permanence ses élites et ses privilèges. Le pouvoir étatique est forcément utilisé contre le prolétariat dans la mesure où celui-ci ne peut pas administrer tout entière l'infrastructure étatique et doit déléguer cette gestion à une bureaucratie. La formation d'une « bureaucratie rouge » lui semble donc inévitable.

L'athéisme de Bakounine trouve lui aussi sa base dans la recherche de la liberté pour l'humanité : « Dieu est, donc l'homme est esclave. L'homme est libre, donc il n'y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons. » écrit-il

Un autre aspect important de la pensée de Bakounine concerne l'action révolutionnaire. À la différence des marxistes qui préconisent l'intervention d'une avant-garde (le Parti, par exemple) devant guider la masse populaire sur le chemin de la révolution, l'organisation bakouninienne, même si elle est secrète, se donne uniquement le droit de soutenir la révolte, de l'encourager, en favorisant l'auto-organisation à la base. Cette conception n'est pas très différente de celle défendue plus tard par les anarcho-syndicalistes au sein d'organisations de masse. Si les marxistes attribuent au prolétariat industriel le rôle de seule classe révolutionnaire, lui opposant une paysannerie par essence réactionnaire, Bakounine estime au contraire que seule l'union entre les mondes rural et industriel est riche de potentialités révolutionnaires, la révolte anti-étatique de la paysannerie trouvant sa complémentarité dans l'esprit de discipline des ouvriers. 

Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Bakounine

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