jeudi 2 juin 2022

L'anarchie est-elle forcément athée ?

L’athéisme occidental est clairement anticlérical, donc anticatholique puisque c’est historiquement la religion et l’Église dominantes en Occident.

Mais l’anarchisme ne se contente pas de vouloir changer de chefs (comme les « révolutionnaires » bourgeois), il a pour objet de se passer de chefs.

J’ajoute que l’anarchisme est tout aussi multiple que les hiérarchies/les autoritarismes. Certaines formes sont accompagnées de spiritualité (avec des guides spirituels, avec des croyances et éthiques religieuses) d’autres sont athées.

Pour preuve/comme exemple, je vais encore citer un extrait du livre de Francis Dupuis-Déri et Thomas Déri « L’anarchie expliquée à mon père ». Cet extrait (issu de la page 117) parle de la rencontre entre l’anarchisme façon "société première" et l’anarchisme moderne, occidental, du XIXème siècle, athée.

Francis : [...] Mais du côté des anarchistes que je connais, j’ai vu très peu de discussions ou de débats au sujet de la religion et de Dieu. Il est en général pris pour acquis que les anarchistes sont athées et que la religion est un problème plutôt qu’une solution. La question se complique lorsqu’il est question d’alliances entre des anarchistes et des militantes et militants des luttes de résistance autochtones dans les Amériques. Souvent, en effet, ces luttes s’inspirent fortement de la spiritualité traditionnelle autochtone, des valeurs comme la solidarité et l’entraide et des pratiques délibératives traditionnelles. Dans les faits, respecter sincèrement cette mouvance s’avère difficile pour des anarchistes de tradition occidentale, plutôt matérialistes et méfiants envers toute forme de croyance et de pratique spirituelle. Une militante anarchiste anthropologue, Erica Lagalisse, a constaté, lors d’une tournée au Québec de deux Autochtones du Guatemala organisée par des  anarchistes, que les camarades trouvaient très impressionnants les témoignages de l’homme, Juan, qui avait une expérience du syndicalisme révolutionnaire, mais restaient mal à l’aise face à la femme, Magdalena, qui rapportait plusieurs expériences militantes en insistant sur les pratiques et leurs significations spirituelles. De très nombreuses femmes
autochtones en Amérique latine sont des actrices importantes des luttes de résistance et de contestation, mais leur militantisme va souvent de pair avec une intense spiritualité. Erica Lagalisse propose donc un nouveau concept, l’«anarch a-indigénisme» (plutôt qu’«anarch o-indigénisme») en référence à l’anarch a-féminisme, pour souligner l’importance de ces
femmes.

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