En 1998, un doctorant de l’université de Yale, Michael Mann publia une courbe de reconstruction des températures au cours des 1 000 dernières années basée sur des enregistrements indicatifs (« des proxis ») tels que les cernes des arbres, les coraux et les carottes de glace, etc.
Cette courbe qui occultait l’ « optimum médiéval » et le « petit âge glaciaire » visait à montrer que le réchauffement actuel était sans précédent depuis 1000 ans ; elle devint célèbre sous le nom de courbe en « crosse de hockey » (Reconstitution des températures du dernier millénaire dans l’hémisphère nord (Mann, et al, 1999)
Elle fut mise en avant dans le troisième rapport d’évaluation du GIEC (2001), mais n’apparaîtra plus dans les rapports ultérieurs.
Les travaux de Mann et de ses collègues furent contestés par deux scientifiques, un statisticien Stephen McIntyre et un économiste Ross McKitrick, qui publièrent deux articles critiquant la méthodologie statistique employée pour la reconstruction paléoclimatique des températures (notamment un article publié en février 2005 dans la revue Geophysical Research).
Les critiques de McIntyre sont à l’origine du « climategate » survenu en novembre-décembre 2009 (juste avant la COP15 de Copenhague), où des e-mails issus du Climatic Research Unit (CRU) ont été piratés. En particulier un message de Phil Jones, directeur du CRU, dans lequel il expliquait avoir eu recours à une astuce pour masquer le déclin de températures des dernières décennies (lire à ce sujet l’article de la BBC du 2 novembre 2011).
Une nouvelle courbe en crosse de hockey commentée dans « The Time » par Michael Mann lui-même
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC (AR6) qui vient d’être publié fait apparaître une courbe montrant l’évolution des températures mondiales au cours des 2000 dernières années. Cette courbe apparaît en page 7 du résumé à l’intention des décideurs sous le titre :
« L’influence humaine a réchauffé le climat à un rythme sans précédent au moins au cours des 2000 dernières années »
La ressemblance avec la courbe en crosse de hockey du troisième rapport d’évaluation du GIEC est frappante. Michael Mann en fait d’ailleurs lui-même l’apologie dans un article du journal The Time du 9 août 2021. Il décrit cette crosse de hockey comme étant « encore plus longue, avec une lame plus tranchante » (Sic). Selon lui, « Le réchauffement récent n’est pas seulement sans précédent au cours des deux derniers millénaires, mais peut-être au cours des cent derniers millénaires. »
Pour mieux illustrer son propos, il présente dans l’article du Time deux courbes, la sienne (1998), et celle du dernier rapport d’évaluation du GIEC (2021).
Cette nouvelle courbe en crosse de Hockey ne figure que dans le résumé à l’intention des décideurs, la partie notoirement politique du rapport qui doit être approuvé mot à mot et à l’unanimité. On ne la retrouve pas dans le rapport principal ce qui laisse planer un doute sur sa signification scientifique, d’autant que comme la courbe de Mann elle ne prend pas en compte les périodes de réchauffement romaine et médiévale ni le petit âge glaciaire. Comme le note Henri Masson, Professeur (émérite) à l’Université d’Antwerpen dans un article publié par le site Sciences Climat & énergie, « elle sous-tend l’usage politique que le GIEC entend en faire, comme une arme de manipulation de masse visant à alerter les médias et les gens terrorisés ».
Steve McIntyre s’est remis au travail
Du coup, Steve McIntyre s’est remis à l’ouvrage en publiant sur son site Climate audit plusieurs articles (ici et là) analysant cette nouvelle crosse de hockey qui semble dériver des travaux de Darrell Kaufman publiés le 30 juin 2020 dans la revue Nature (on trouvera sur le site Skyfall une traduction en français de l’article de McIntyre).
Comme pour la courbe de Mann, les principales critiques de McIntyre portent sur les erreurs, voire les manipulations résultant d’une mauvaise utilisation des « proxies », les auteurs de ces reconstructions de température sur un et deux millénaires évitant de fournir les données sous-jacentes :
Il est difficile pour les lecteurs peu familiarisés avec le sujet d’apprécier pleinement l’extrême incohérence des données « proxy » sous-jacentes, étant donné la fausse précision du diagramme du GIEC.
Steve McIntyre 11 août 2021 (Climate audit)
Il convient naturellement d’attendre que Steve McIntyre (et d’autres scientifiques) aient terminé ce travail de réanalyse pour porter un jugement définitif sur cette nouvelle courbe. Mais il est déjà douteux que des températures portant sur de si longues périodes puissent être fournies avec une telle précision (+/- 0,25 degré d’incertitude). Le fait que cette courbe n’apparaisse que dans le seul résumé à l’intention des décideurs porte à croire qu’elle n’est qu’un instrument de propagande destiné à forcer les décideurs politiques à accélérer leur agenda de décarbonation de l’économie mondiale.
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