Oui, quel week-end. La machine s'emballe, la machine s'enflamme, la machine se réveille, enfin !
Tu en auras mis du temps, toi mon pays pour te dresser et pour dire stop.
Il t'en aura fallu du temps à comprendre et à accepter que depuis plus de 200 ans tu te trompais, ils te trompaient.
Et pourtant des le début les choses étaient écrites, prévisibles, inéluctables.
C'est vrai qu'ils ont vraiment mis les formes et pris toutes les précautions pour que tu ne te rendes compte de rien. Ils ont même été jusqu'à te déclarer constitutionnellement seul souverain alors que tu ne l'as jamais été. Pas un jour, pas une minute, pas une seconde.
Il fallait que tu en aies l'illusion pour que leur spoliation fonctionne et elle a fonctionné à merveille.
Tout a commencé par l'arnaque de la révolution de 1789 qu'ils t'ont vendue comme une victoire, comme ta victoire.
La réalité c'est que ce n'est pas toi qui a gagné, c'est eux. Eux qui se sont servis de toi pour que tu les débarrasses de cette monarchie qui les empêchait, qui les encombrait, qui les bridait dans leur course aux gains, au pouvoir.
Déjà, là, tu ne fus que l'outil de leur spoliation. Déjà, là, tu ne récupéras que les miettes qu'ils te vendirent comme étant de la manne. C'est là que leur tromperie prit corps et que Sieyès (dit l'abbé), déjà sûr de son fait et de son bon droit tout fraîchement acquis par d'autres (toi), déclara sans aucune vergogne le 7 septembre 1789 devant l'assemblée constituante :
« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »
Tu vois mon pays, c'est écrit depuis le début et comme à cette époque très peu savaient lire, ils se sont bien gardé d'ébruiter et de propager cette déclaration pourtant si importante à la compréhension de ce qui arrive aujourd'hui.
Tu vois mon pays, tu découvres aujourd'hui que tu n'es pas une démocratie et que tu ne l'as jamais été.
Tu es un régime représentatif puisqu'une vraie démocratie n'est jamais représentative.
L'équation est simple, soit le peuple est souverain, soit il ne l'est pas.
Et ton peuple mon pays ne l'est pas. Lui, il est électeur, lui, il délègue, il sous-traite et, au final, il se plaint depuis toujours d'être sous-traité.
Je sais, mon pays, tu dois te dire qu'un peuple qui permet ça, qu'un peuple qui autorise ça, est un peuple bien idiot et c'est vrai que sur le fond comme sur la forme, tu n'es pas loin d'avoir raison.
Tu dois pourtant prendre en compte une circonstance atténuante, une autre esbroufe, une autre arnaque.
Celle du fameux "élection = démocratie". Celle-là, avec le temps, est devenue encore plus abjecte que la première.
Tu veux que je te la raconte mon pays ?
Allez, j'y vais.
L'élection désigne le meilleur.
Le meilleur en grec (pays où la démocratie est née) se dit "Aristos".
Tu te retrouves donc avec deux mots qui s'opposent : Aristos qui définit le meilleur et Démos qui lui définit le peuple.
Qui gouverne ? Le peuple ou les élus ?
Les élus, donc le produit de l'élection.
L'élection n'est donc pas démocratique, mais aristocratique. Les férus de ton histoire pourront aisément vérifier que l'élection était bel et bien l'outil en usage dans l'aristocratie pour désigner en leur sein leur représentant (les meilleurs d'entre eux).
Donc le peuple n'est pas souverain, il ne peut l'être puisqu'en élisant, il a donné sa voix, donc son pouvoir citoyen.
C'est pour cette raison qu'il ne lui reste que ses yeux pour pleurer entre deux élections et tu as sûrement remarqué que c'est ce qu'il fait systématiquement avec beaucoup de régularité et d'assiduité entre tous les scrutins.
Tu vois mon pays, ils sont tellement malins, ceux qui te gouvernent, qu'ils ont construit un système qui contient dans l'unique acte "citoyen" reconnu, les ingrédients de son impuissance. En d'autres termes et pour être sûr que tu m'as bien compris, je dirais que l'impuissance de ton peuple réside dans l'élection. Je sais cela peut paraître énorme mais les faits et les textes sont là, celui qui élit perd sa souveraineté et celui qui s'abstient la conserve.
Tu commences à comprendre d'où vient le malaise qui te traverse depuis si longtemps et qui aujourd'hui commence à s'exprimer.
Et c'est normal parce que c'est sans aucun doute la partie la plus malsaine de ton histoire.
Une petite synthèse s'impose.
Pour que l'esbroufe de la représentation, donc du régime représentatif, fonctionne, il faut que le peuple la valide. C'est cette validation qui la rend légitime. Donc création de l'élection.
But réel de l'élection ?
Confisquer au citoyen son pouvoir de citoyen.
Comment convaincre le citoyen de se défaire de son pouvoir ?
En lui vendant comme un droit durement acquis et le baptiser "Droit de vote" le fait que ce combat pour le droit de vote fait de l'élection un devoir.
Là, on touche au sublime de la manipulation parce qu'avec cette esbroufe on fait passer toutes les formes (raisons) d'oppositions à l'élection (perte de souveraineté, libre arbitre, etc... ) du stade de combat citoyen, moral et éthique, au stade de lâcheté, d'irrespect et d'irresponsabilité.
J'ai toujours adoré ce décalage, cette confusion nourrie par le système qui consiste à étiqueter les citoyens qui refusent de céder leur pouvoir, pour en conserver l'usage, en les traitant de lâches et d'irresponsables. Alors que, dans le même temps, toujours, le même système porte aux nues les électeurs qui eux se déresponsabilisent en se défaisant de leur pouvoir au profit d'un tiers. La cerise sur le gâteau étant que les mandats que les électeurs confient à leurs représentants sont des mandats non impératifs, donc des mandats qui n'engagent à rien et en rien.
Tu vois mon pays, ce n'est pas par hasard si tes élites ne
sont jamais condamnées. On ne condamne jamais des irresponsables. Là où
c'est beaucoup moins drôle, c'est que ce sont ces mêmes irresponsables qui
te gouvernent.
Pour finir avec ce sujet, je ne peux faire l'impasse sur la différence fondamentale qu'il y a entre "vote" et "élection". Les deux n'ont rien à voir, pour faire simple et court et, comme je t'ai déjà longuement parlé de l'élection, je vais te parler de ton référendum de 2005.
Pour finir avec ce sujet, je ne peux faire l'impasse sur la différence fondamentale qu'il y a entre "vote" et "élection". Les deux n'ont rien à voir, pour faire simple et court et, comme je t'ai déjà longuement parlé de l'élection, je vais te parler de ton référendum de 2005.
Tu te
rappelles, ce moment où ton peuple a choisi en conscience de dire "non" à
cette formule d'union européenne qui aujourd'hui met l'Europe toute
entière sur des charbons ardents.
Voilà, oui, le vote c'est ça et ça c'est de la démocratie, de la vraie.
Là où ça part en couille, c'est quand le régime représentatif qui (mais on l'a déjà vu) est l'antithèse de la démocratie oublie tous les artifices qu'il a mis plus de 200 ans à construire, et qui passe outre la volonté souveraine du peuple en se torchant avec le résultat de son vote.
C'est là que tu comprends qu'il ne reste à ton peuple plus que le devoir d'élire et que son droit de vote est une chimère perdue dans les abîmes d'une vaste mascarade et d'une vaste illusion.
Tu vas sûrement me demander : "Mais comment on fait, Philippe, pour en sortir de ça ?" et je vais te répondre que pour en sortir, Montesquieu , dans L'esprit des lois, en 1748, nous donne la clé :
Voilà, oui, le vote c'est ça et ça c'est de la démocratie, de la vraie.
Là où ça part en couille, c'est quand le régime représentatif qui (mais on l'a déjà vu) est l'antithèse de la démocratie oublie tous les artifices qu'il a mis plus de 200 ans à construire, et qui passe outre la volonté souveraine du peuple en se torchant avec le résultat de son vote.
C'est là que tu comprends qu'il ne reste à ton peuple plus que le devoir d'élire et que son droit de vote est une chimère perdue dans les abîmes d'une vaste mascarade et d'une vaste illusion.
Tu vas sûrement me demander : "Mais comment on fait, Philippe, pour en sortir de ça ?" et je vais te répondre que pour en sortir, Montesquieu , dans L'esprit des lois, en 1748, nous donne la clé :
"Le suffrage par le
sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de
celle de l'aristocratie. Le sort est une façon d'élire qui n'afflige
personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir
sa patrie."
Mon pays, je me rends compte que j'ai énormément de choses à te dire et j'espère que tu prendras le temps de me lire jusqu'au bout.
Tu t'es peut-être demandé pourquoi je t'appelais "mon pays" et non pas "ma nation" ou "ma patrie" ?
C'est simple, pour moi les notions de nation et de patrie sont des notions guerrières donc malsaines.
Souvent, les gens se qualifient ou se traitent de patriote ou de nationaliste. Ces deux notions sont toujours brandies comme des étendards, comme des boucliers, comme des noms d'oiseux, comme des tares, comme des absolus. Tu vois, rien de tout ça n'est très sain et rien de tous ça ne pousse à la fraternité. Ils ont pourtant osé la graver sur le fronton de ta république. Je sais, c'est drôle et Audiard aurait dit : "Les cons, ça ose tout....".
Il est temps pour moi d'en venir enfin au pourquoi de ma lettre ouverte.
Tu brûles, tu t'embrases et tu as bien raison de le faire.
Ils ont franchi toutes les limites et se sont affranchis de toutes les notions morales.
Ils en sont arrivés à transgresser eux-mêmes les règles qu'ils avaient mises en place pour se protéger entre eux. Ils ont tellement perdu leur nord qu'ils ne sont même plus en capacité de prendre un cap et de le tenir, même s'ils revendiquent le contraire.
Ils ne voient pas que tu réformes par toi-même, sans eux et qu'ils ne font pas partie de tes projets. Donc, ils te reprochent de ne pas vouloir les laisser te réformer.
Ils refusent et ils refuseront d'accepter que ta version de ta réforme corresponde au préambule de cette lettre ouverte que je t'écris aujourd'hui.
Pour eux la réforme correspond à tout autre chose. Elle correspond à la définition Que Henri Maler et Mathias Reymond donnent dans leur ouvrage : "Médias et mobilisations sociales" :
Mon pays, je me rends compte que j'ai énormément de choses à te dire et j'espère que tu prendras le temps de me lire jusqu'au bout.
Tu t'es peut-être demandé pourquoi je t'appelais "mon pays" et non pas "ma nation" ou "ma patrie" ?
C'est simple, pour moi les notions de nation et de patrie sont des notions guerrières donc malsaines.
Souvent, les gens se qualifient ou se traitent de patriote ou de nationaliste. Ces deux notions sont toujours brandies comme des étendards, comme des boucliers, comme des noms d'oiseux, comme des tares, comme des absolus. Tu vois, rien de tout ça n'est très sain et rien de tous ça ne pousse à la fraternité. Ils ont pourtant osé la graver sur le fronton de ta république. Je sais, c'est drôle et Audiard aurait dit : "Les cons, ça ose tout....".
Il est temps pour moi d'en venir enfin au pourquoi de ma lettre ouverte.
Tu brûles, tu t'embrases et tu as bien raison de le faire.
Ils ont franchi toutes les limites et se sont affranchis de toutes les notions morales.
Ils en sont arrivés à transgresser eux-mêmes les règles qu'ils avaient mises en place pour se protéger entre eux. Ils ont tellement perdu leur nord qu'ils ne sont même plus en capacité de prendre un cap et de le tenir, même s'ils revendiquent le contraire.
Ils ne voient pas que tu réformes par toi-même, sans eux et qu'ils ne font pas partie de tes projets. Donc, ils te reprochent de ne pas vouloir les laisser te réformer.
Ils refusent et ils refuseront d'accepter que ta version de ta réforme corresponde au préambule de cette lettre ouverte que je t'écris aujourd'hui.
Pour eux la réforme correspond à tout autre chose. Elle correspond à la définition Que Henri Maler et Mathias Reymond donnent dans leur ouvrage : "Médias et mobilisations sociales" :
"Au terme de "réforme", ce n'est plus l'idée d'amélioration qui est associée, mais n'importe quelle transformation, pour peu qu'elle épouse les contours de la "modernisation" capitaliste."
Oui, ils
sont pris dans leur propre piège et ils veulent t'y maintenir. Ils font
valoir une pseudo-lutte contre le réchauffement climatique. Mais ils ne
prennent aucune sanction contre les 100 entreprises mondiales qui
rejettent à elles seules plus de 70% des gaz à effets de serre. Ils se
planquent derrière des "on ne peut rien faire" pour cacher leur
faiblesse, leur impuissance, leur lâcheté. Plus simplement, Ils préfèrent prélever à la pompe plutôt que de prélever à la racine.
Les faits sont ceux-là et toi, mon pays, dans ton intégralité, tu ne rejettes que 1,2% des rejets de la planète. Alors oui, il faut faire plus, il faut faire mieux, mais il faut surtout raison retrouver et tes élites sont définitivement passées de l'autre coté du miroir.
J'aimerais aussi te parler de tes journalistes. De ceux qui s'occupent de ton information. Comme j'ai dirigé un long temps l'agence du magazine La Rue à Strasbourg, j'ai toujours eu tendance, depuis, à avoir un regard bienveillant sur cette profession. C'est dû au fait que, pour repousser le plus longtemps possible la fermeture du magazine, nous avions tous accepté de bosser sans aucune rémunération les 6 derniers mois. Décision qui nous avait permis de sortir 6 numéros de plus; donc décision qui nous avait permis de fournir 6 mois de plus du travail à des SDF et à des primo-arrivants.
Quand je me souviens de l'intégrité, de l'éthique, de l'engagement sans réserve de mes collègues d'alors et que je les compare aux margoulins qui salissent cette profession aujourd'hui je t'avoue que j'ai honte pour eux. Parce que, certes, il faut manger mais dans ce métier très exigeant, le prix de la gamelle ne peut être la priorité, et donc supplanter, toutes les règles déontologiques.
Voilà, mon pays, je crois que j'ai fait le tour des choses que j'avais à te dire. Une dernière chose peut-être ?
Ta violence va encore prendre de l'ampleur, parce que ta violence est le fruit des injustices induites par ce régime faussement représentatif et par les aliénations totales qui sont les pré-requis au productivisme et au consumérisme qui régissent et massacrent aujourd'hui la planète.
J'aimerais être rassurant avec ceux de tes habitants qu'elle choque déjà profondément. Je ne le ferais pas. Simplement, cela serait minimiser ce qui arrive. Les injustices sont légions, fortes et profondes. Comme la violence n'est qu'une réponse à l'injustice, elle sera donc légion, forte et profonde.
Voilà, je crois que tout est dit...
A Ostwald (67)
Philippe Drenntel
55 ans.
Père de 5 enfants.
Sans emploi.
Les faits sont ceux-là et toi, mon pays, dans ton intégralité, tu ne rejettes que 1,2% des rejets de la planète. Alors oui, il faut faire plus, il faut faire mieux, mais il faut surtout raison retrouver et tes élites sont définitivement passées de l'autre coté du miroir.
J'aimerais aussi te parler de tes journalistes. De ceux qui s'occupent de ton information. Comme j'ai dirigé un long temps l'agence du magazine La Rue à Strasbourg, j'ai toujours eu tendance, depuis, à avoir un regard bienveillant sur cette profession. C'est dû au fait que, pour repousser le plus longtemps possible la fermeture du magazine, nous avions tous accepté de bosser sans aucune rémunération les 6 derniers mois. Décision qui nous avait permis de sortir 6 numéros de plus; donc décision qui nous avait permis de fournir 6 mois de plus du travail à des SDF et à des primo-arrivants.
Quand je me souviens de l'intégrité, de l'éthique, de l'engagement sans réserve de mes collègues d'alors et que je les compare aux margoulins qui salissent cette profession aujourd'hui je t'avoue que j'ai honte pour eux. Parce que, certes, il faut manger mais dans ce métier très exigeant, le prix de la gamelle ne peut être la priorité, et donc supplanter, toutes les règles déontologiques.
Voilà, mon pays, je crois que j'ai fait le tour des choses que j'avais à te dire. Une dernière chose peut-être ?
Ta violence va encore prendre de l'ampleur, parce que ta violence est le fruit des injustices induites par ce régime faussement représentatif et par les aliénations totales qui sont les pré-requis au productivisme et au consumérisme qui régissent et massacrent aujourd'hui la planète.
J'aimerais être rassurant avec ceux de tes habitants qu'elle choque déjà profondément. Je ne le ferais pas. Simplement, cela serait minimiser ce qui arrive. Les injustices sont légions, fortes et profondes. Comme la violence n'est qu'une réponse à l'injustice, elle sera donc légion, forte et profonde.
Voilà, je crois que tout est dit...
A Ostwald (67)
Philippe Drenntel
55 ans.
Père de 5 enfants.
Sans emploi.
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